Après six mois de guerre, la paix entre Israël et les Palestiniens semble éloignée comme jamais

Un jeune Palestinien inspecte un appartement endommagé à la suite d'un bombardement israélien nocturne à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 4 avril 2024, dans le contexte du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (AFP)
Un jeune Palestinien inspecte un appartement endommagé à la suite d'un bombardement israélien nocturne à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 4 avril 2024, dans le contexte du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (AFP)
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Publié le Vendredi 05 avril 2024

Après six mois de guerre, la paix entre Israël et les Palestiniens semble éloignée comme jamais

  • Les pourparlers de paix israélo-palestiniens sont au point mort depuis 2014
  • L'Israélienne Hila Fenlon, dont le village de Netiv Haasara touche presque la frontière nord avec la bande de Gaza, pense elle aussi que la paix sera possible un jou

KIBBOUTZ BERRI: Les souffrances, les morts et les destructions considérables après six mois de guerre à Gaza donnent le sentiment aux Israéliens et aux Palestiniens que la paix longtemps espérée entre leurs deux peuples est désormais éloignée comme jamais.

L'agriculteur israélien Yarden Zemach raconte qu'il se sentait en sécurité quand il cueillait des avocats avec des Palestiniens le 5 octobre, deux jours avant l'attaque sans précédent du Hamas en Israël.

Mais après les violences qui ont coûté la vie à son frère dans leur kibboutz de Beeri, situé à environ quatre kilomètres à l'est de la barrière dressée par Israël le long de sa frontière avec la bande de Gaza, cet homme de 38 ans voit désormais les Palestiniens de l'autre côté comme une menace.

"Peut-être que la paix sera possible dans de nombreuses années, mais pas maintenant", dit-il à côté de maisons incendiées.

L'attaque de commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d'Israël le 7 octobre a entraîné la mort de 1.170 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.

Les opérations militaires israéliennes lancées en représailles sur la bande de Gaza ont fait plus de 33.000 morts, en majorité des femmes et des mineurs, selon le ministère de la Santé du Hamas.

"(Nos souffrances) n'ont fait qu'augmenter après le 7 octobre", après les 33.000 morts et "après les destructions et le siège" complet imposé depuis par Israël, déplore la Palestinienne Fidaa Musabih, dont la maison dans le nord de Gaza a été détruite par un bombardement.

«Plus rien à perdre»

"Comment je peux espérer que la paix revienne? Nous n'avons plus rien à perdre", dit-elle.

Les pourparlers de paix israélo-palestiniens sont au point mort depuis 2014.

Sur les plus de 250 personnes enlevées au cours de l'attaque du Hamas et emmenées comme otages, 130 sont toujours détenues dans la bande de Gaza, parmi lesquelles, selon l'armée israélienne, 34 sont mortes.

Côté israélien comme côté palestinien, on essaie de "décrire tout ce qui se passe de manière à montrer que l'autre partie ne peut pas être un partenaire", explique Khalil Chikaki, chercheur au Centre palestinien de recherche sur les politiques et les enquêtes.

Depuis le 7 octobre, la violence s'est intensifiée aussi en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.

"Cela montre la profondeur de la haine entre nous et eux, ce qui éloigne la possibilité d'une paix", estime le Palestinien Tarek Ali, qui travaille près de Ramallah, siège de l'Autorité palestinienne.

Murs «pas assez hauts»

Un sondage réalisé début mars par l'Institut d'études de sécurité nationale (INSS), basé à Tel-Aviv, a révélé que le soutien des juifs israéliens à une solution de paix fondée sur la coexistence de deux Etats avait atteint un plus bas sans précédent, à 35%. Une chute brutale comparé à 2022, quand environ 49% des personnes interrogées étaient pour la création d'un Etat palestinien.

En revanche, le soutien des habitants de Gaza pour la solution à deux Etats a augmenté, d'après une enquête d'opinion du Centre palestinien de recherche sur les politiques et les sondages, passant de 35% en décembre à 62% en mars.

"Au sein de la population, l'initiative pour la paix est toujours là, aujourd'hui comme par le passé, et elle le sera probablement encore plus une fois que la guerre sera derrière nous", estime M. Chikaki.

Pour Denis Charbit, politologue à l'Université libre d'Israël, l'ampleur de la guerre et l'inquiétude de la communauté internationale ont offert aux deux parties une nouvelle possibilité de faire la paix: "il s'agit d'une chance infime, mais d'une chance tout de même", a-t-il ajouté.

L'Israélienne Hila Fenlon, dont le village de Netiv Haasara touche presque la frontière nord avec la bande de Gaza, pense elle aussi que la paix sera possible un jour. Mais dans cette localité frappée dans les premiers instants de l'attaque du 7 octobre, les habitants juge cette perspective encore lointaine.

"Dans le passé, j'ai cru que la paix signifierait que ces murs devraient disparaître", dit Mme Fenlon, debout devant les imposantes barrières de béton qui séparent Gaza de Netiv Haasara: "Le 7 octobre, ils nous ont prouvé que ces murs n'étaient peut-être pas assez hauts."


Israël rejette une enquête de l'ONU l'accusant de «génocide» à Gaza

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
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  • "Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué
  • Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens

JERUSALEM: Israël a "rejeté catégoriquement" mardi le rapport d'une commission d'enquête internationale indépendante des Nations unies qui l'accuse de commettre un "génocide" dans la bande de Gaza depuis octobre 2023.

"Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre Benjamin Netanyahu et d'autres responsables israéliens.

En riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, Israël a lancé une offensive dans la bande de Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste palestinien a pris le pouvoir en 2007.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU et est vivement critiquée par Israël, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produit à Gaza et continue de (s'y) produire", a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

Elle a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, Benjamin Netanyahu et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

Le ministère des Affaires étrangères israélien a accusé les auteurs du rapport de "servir de relais au Hamas", affirmant qu'ils étaient "connus pour leurs positions ouvertement antisémites — et dont les déclarations horribles à l'égard des Juifs ont été condamnées dans le monde entier."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien.

L'ONU y a déclaré la famine, ce qu'Israël dément.


«Gaza brûle», déclare le ministre israélien de la Défense après des frappes intenses

Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
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  • "Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas"
  • "Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée"

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza.

"Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas", a déclaré M. Katz sur X.

"Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée", a-t-il ajouté.

 


Le Qatar est le seul pays capable d'être un médiateur concernant Gaza, souligne Rubio

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  • Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza
  • "Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar"

TEL-AVIV: Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza, malgré une frappe israélienne ciblant des dirigeants du Hamas dans l'émirat.

"Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar," a déclaré M. Rubio aux journalistes alors qu'il se rendait à Doha depuis Israël.