Une offensive sur Rafah inquiète les travailleurs humanitaires

Des Palestiniens déplacés inspectent le site d'une frappe israélienne sur un camp de tentes, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe islamiste palestinien Hamas, à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 22 avril 2024 (Photo, AFP).
Des Palestiniens déplacés inspectent le site d'une frappe israélienne sur un camp de tentes, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe islamiste palestinien Hamas, à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 22 avril 2024 (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 23 avril 2024

Une offensive sur Rafah inquiète les travailleurs humanitaires

  • De son côté, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, n'a eu de cesse de le répéter: il y aura une opération sur Rafah
  • L'organisation britannique a publié, aux côtés de douze ONG un appel au cessez-le-feu le 3 avril, rappelant que 1,3 million de civils, dont au moins 610.000 enfants, sont à Rafah

JERUSALEM: Entre casse-tête logistique et incertitudes, les ONG s'inquiètent d'une opération militaire israélienne de grande ampleur sur Rafah, petite ville de la bande de Gaza surpeuplée et ravagée par plus de six mois de guerre.

"On s'est préparé à devoir déployer plus ou moins d'aide en fonction de la situation, mais la réalité, c'est qu'on a aucune idée de ce à quoi s'attendre", explique Bushra Khalidi, chargée de plaidoyer pour Oxfam.

L'organisation britannique a publié, aux côtés de douze ONG un appel au cessez-le-feu le 3 avril, rappelant que 1,3 million de civils, dont au moins 610.000 enfants, sont à Rafah "directement dans la ligne de tir"

De son côté, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, n'a eu de cesse de le répéter: il y aura une opération sur Rafah.

Après six mois de frappes et de combats acharnés, le mouvement islamiste palestinien conserverait quatre bataillons dans la grande ville de l'extrême sud de la bande de Gaza, à la frontière avec l'Egypte.

Israël dit plancher sur différents plans d'évacuation, évoquant notamment "des îles humanitaires".

Le ministre de la Défense Yoav Gallant a fait savoir qu'il étudiait une "série de mesures à prendre en préparation des opérations à Rafah, en particulier sur l'évacuation des civils".

Les ONG interrogées par l'AFP disent ne pas avoir été informées de ces mesures; et l'armée israélienne n'a pas été en mesure de répondre à l'AFP concernant ses échanges avec les acteurs humanitaires.

Le ministère a déjà acquis 30.000 tentes, dont le tiers doit être déployé dans les deux prochaines semaines près de Rafah, selon des sources à la presse israélienne, sans qu'on sache exactement de quel côté de la frontière entre la bande de Gaza et l'Egypte.

"Je n'ai aucune idée de ce que ce projet signifie", a commenté le directeur du bureau des affaires humanitaires (Ocha), Andrea de Domenico.

Suspendre les opérations 

"Certes on ne sait pas exactement quelle forme prendra cette offensive, mais ce qui est certain, c'est qu'il va y avoir d'une part une réduction de l'aide disponible et d'autre part, énormément de gens qui se déplacent", pose Jean-Raphaël Poitou, responsable Moyen-Orient d'Action contre la faim (ACF).

A Rafah, passée d'environ 250.000 habitants à plus d'1,3 million, les Gazaouis auraient peu d'options: renverser les murs et barbelés qui séparent la ville de l'Egypte, tenter de remonter au nord de la bande de Gaza - ce que l'armée interdit pour l'heure -, ou se ruer vers la mer Méditerranée.

"Rafah est minuscule, c'est comme un village, et donc une opération dans un endroit si exigu et si densément peuplé ne peut mener qu'à un carnage de masse", avertit Mme Khalidi.

Oxfam craint notamment de devoir suspendre ses activités à Rafah, où se trouvent la moitié de ses bureaux et des bâtiments hébergeant ses équipes.

Mme Khalidi explique qu'il est difficile d'anticiper où les services pourraient se déporter quand environ 60% des immeubles ont été détruits ou endommagés sur l'ensemble de la bande de Gaza et que le territoire est encore bombardé, ou truffé de bombes non explosées.

Scenario catastrophe

D'autres organisations craignent pour le réseau d'acheminement d'aide, un sujet sur lequel elles s'opposent aux autorités israéliennes depuis le début de la guerre.

Une offensive "nous couperait de notre artère vitale: le passage de Rafah", explique Ahmed Bayram, porte-parole de l'ONG Norwegian Refugee Council (NRC) au Moyen-Orient.

Ce terminal est en effet le point d'entrée dans Gaza le plus utilisé. Il permet de desservir l'ensemble du territoire où les réserves de nourriture comme de médicaments sont épuisées depuis des mois et où plus rien n'est produit.

"Nos équipes ont déjà du mal à faire face aux besoins croissants sur le terrain", décrit-il.

Et d'énumérer les difficultés: les pénuries de tout, y compris énergétiques, l'explosion du nombre de blessés, un système de soins à terre, reposant presque uniquement sur des hôpitaux de campagne à Rafah...

Combats au sol

"Les conditions actuelles ne permettent pas de mener des opérations humanitaires à l'échelle requise, alors imaginez ce qu'entraîneraient des combats au sol dans Rafah, ce serait un saut dans l'abîme", résume à l'AFP un employé des Nations unies à Jérusalem.

Interrogé par l'AFP lors d'un point presse au siège des Nations unies à New York, M. de Domenico a ajouté que l'ouverture du point de passage d'Erez (nord) devrait être accompagné de la sécurisation d'un entrepôt de stockage à proximité.

Selon lui, l'effort fourni par les humanitaires devra être "gigantesque".

Pas question néanmoins de prendre l'initiative de mettre d'ores et déjà sur pied des camps d'accueil d'urgence: "nous n'allons pas précipiter le mouvement ou l’encourager", a-t-il expliqué.

"Nous devons nous tenir prêts à fournir de l'aide humanitaire là où les gens se trouveront mais les Nations unies ne participent pas à des déplacements forcés", abonde l'employé des Nations unies à Jérusalem.

"D'ailleurs il n'y a pas vraiment la place de le faire".


L'armée israélienne dit avoir tué trois membres du Hezbollah dans le sud du Liban

Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah. (AFP)
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  • "Les terroristes ont participé à des tentatives visant à rétablir les infrastructures" du mouvement libanais, en violation de l'accord de cessez-le-feu de novembre 2024
  • Puis dans un autre communiqué, l'armée a précisé avoir tué "un terroriste" dans la région de Jwaya, qui avait "activé des agents (du Hezbollah) au sein des services de sécurité libanais".

JERUSALEM: L'armée israélienne a déclaré avoir tué dimanche trois membres du Hezbollah dans le sud du Liban, Beyrouth faisant état également de trois morts dans des frappes israéliennes dans la région.

"Depuis ce matin (dimanche), l'armée a frappé trois terroristes du Hezbollah dans plusieurs zones du sud du Liban", a précisé l'armée israélienne dans un communiqué.

"Les terroristes ont participé à des tentatives visant à rétablir les infrastructures" du mouvement libanais, en violation de l'accord de cessez-le-feu de novembre 2024, a-t-elle ajouté.

L'armée a ensuite affirmé avoir "éliminé" deux d'entre eux "en moins d'une heure", dans les régions de Yater et Bint Jbeil (sud du Liban).

Puis dans un autre communiqué, l'armée a précisé avoir tué "un terroriste" dans la région de Jwaya, qui avait "activé des agents (du Hezbollah) au sein des services de sécurité libanais".

Le ministère libanais de la Santé avait auparavant fait état de trois morts dans des frappes israéliennes à Yater, Safad Al-Battikh et Jwaya.

Un cessez-le-feu est en vigueur depuis novembre 2024 après plus d'un an d'hostilités entre Israël et le mouvement islamiste libanais, en marge de la guerre à Gaza.

Malgré cette trêve, Israël mène régulièrement des frappes au Liban, notamment dans le sud, bastion du Hezbollah, affirmant viser des membres et des infrastructures du mouvement libanais pour l'empêcher de se réarmer.

Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah.

L'armée libanaise est censée achever d'ici la fin de l'année le démantèlement, prévu par l'accord de cessez-le-feu, des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe pro-iranien, et tarir les sources de financement de la formation islamiste.

Israël maintient cinq positions dans la zone, malgré son retrait du territoire libanais prévu par l'accord de cessez-le-feu.

Dans un discours samedi, le chef du Hezbollah, Naim Qassem, qui a rejeté à plusieurs reprises la perspective d'un désarmement du mouvement, a déclaré que celui-ci "ne permettra pas à Israël d'atteindre son objectif" de mettre fin à la résistance, "même si le monde entier s'unit contre le Liban".

 


Un an après la chute d’Assad, les Syriens affichent un fort soutien à al-Chareh

Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
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  • Un sondage révèle un optimisme croissant et un large soutien aux progrès du gouvernement après la chute d’Assad
  • L’Arabie saoudite apparaît comme le pays étranger le plus populaire, Trump reçoit également un soutien marqué

LONDRES : Alors que les Syriens ont célébré cette semaine le premier anniversaire de la chute de Bachar Al-Assad, une enquête menée dans le pays révèle un soutien massif au nouveau président et place l’Arabie saoudite comme principal partenaire international apprécié.

L’ancien président avait fui le pays le 8 décembre 2024, après une offensive éclair de l’opposition jusqu’à Damas, mettant fin à 14 ans de guerre civile.

La campagne était menée par Ahmad al-Chareh, aujourd’hui président du pays, qui s’efforce de stabiliser la Syrie et de rétablir des relations avec ses partenaires internationaux.

Ces efforts ont été salués dans un sondage récemment publié, montrant que 81 % des personnes interrogées ont confiance dans le président et 71 % dans le gouvernement national.

Les institutions clés bénéficient également d’un fort soutien : plus de 70 % pour l’armée et 62 % pour les tribunaux et le système judiciaire.

L’enquête a été menée en octobre et novembre par Arab Barometer, un réseau de recherche américain à but non lucratif.

Plus de 1 200 adultes sélectionnés aléatoirement ont été interrogés en personne à travers le pays sur une large gamme de sujets, notamment la performance du gouvernement, l’économie et la sécurité.

Le large soutien exprimé envers al-Chareh atteint un niveau enviable pour de nombreux gouvernements occidentaux, alors même que la Syrie fait face à de profondes difficultés.

Le coût de la reconstruction dépasse les 200 milliards de dollars selon la Banque mondiale, l’économie est dévastée et le pays connaît encore des épisodes de violence sectaire.

Al-Chareh s’efforce de mettre fin à l’isolement international de la Syrie, cherchant l’appui de pays de la région et obtenant un allègement des sanctions américaines.

Un soutien clé est venu d’Arabie saoudite, qui a offert une aide politique et économique. Le sondage place le Royaume comme le pays étranger le plus populaire, avec 90 % d’opinions favorables.

Le Qatar recueille lui aussi une forte popularité (plus de 80 %), suivi de la Turquie (73 %).

La majorité des personnes interrogées — 66 % — expriment également une opinion favorable envers les États-Unis, saluant la décision du président Donald Trump d’assouplir les sanctions et l’impact attendu sur leur vie quotidienne.

Après sa rencontre avec al-Chareh à Washington le mois dernier, Trump a annoncé une suspension partielle des sanctions, après en avoir déjà assoupli plusieurs volets.

Le sondage montre que 61 % des Syriens ont une opinion positive de Trump — un niveau supérieur à celui observé dans une grande partie du Moyen-Orient.

En revanche, l’enthousiasme est bien moindre concernant les efforts américains pour normaliser les relations entre la Syrie et Israël.

Seuls 14 % soutiennent cette démarche, et à peine 4 % disent avoir une opinion favorable d’Israël.

Lors du chaos provoqué par la chute d’Assad, l’armée israélienne a occupé de nouveaux territoires dans le sud de la Syrie et a mené de fréquentes attaques au cours de l’année écoulée.

Plus de 90 % des Syriens considèrent l’occupation israélienne des territoires palestiniens et les frappes contre l’Iran, le Liban et la Syrie comme des menaces critiques pour leur sécurité.

Dans Foreign Policy, Salma Al-Shami et Michael Robbins (Arab Barometer) écrivent que les résultats de l’enquête donnent des raisons d’être optimiste.

« Nous avons constaté que la population est pleine d’espoir, favorable à la démocratie et ouverte à l’aide étrangère », disent-ils. « Elle approuve et fait confiance à son gouvernement actuel. »

Mais ils notent aussi plusieurs sources d’inquiétude, notamment l’état de l’économie et la sécurité interne.

Le soutien au gouvernement chute nettement dans les régions majoritairement alaouites.

La dynastie Assad, au pouvoir pendant plus de 50 ans, était issue de la minorité alaouite, dont les membres occupaient de nombreux postes clés.

L’économie reste la principale préoccupation : seuls 17 % se disent satisfaits de sa performance, et beaucoup s’inquiètent de l’inflation, du chômage et de la pauvreté.

Quelque 86 % déclarent que leurs revenus ne couvrent pas leurs dépenses, et 65 % affirment avoir eu du mal à acheter de la nourriture le mois précédent.

La sécurité préoccupe aussi : 74 % soutiennent les efforts du gouvernement pour collecter les armes des groupes armés et 63 % considèrent l’enlèvement comme une menace critique.

À l’occasion de l’anniversaire de la chute d’Assad, lundi, al-Chareh a affirmé que le gouvernement œuvrait à construire une Syrie forte, à consolider sa stabilité et à préserver sa souveraineté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël mène une série de frappes contre le Hezbollah au Liban

Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
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  • Israël a frappé vendredi plusieurs sites du Hezbollah au sud et à l’est du Liban, ciblant notamment un camp d’entraînement de sa force d’élite al-Radwan, malgré le cessez-le-feu conclu en novembre 2024
  • Ces raids interviennent alors que l’armée libanaise doit achever le démantèlement des infrastructures militaires du Hezbollah le long de la frontière israélienne d’ici le 31 décembre

BEYROUTH: Israël a mené une série de frappes aériennes contre le sud et l'est du Liban vendredi matin, selon les médias officiels, l'armée israélienne affirmant viser des objectifs du Hezbollah pro-iranien dont un camp d'entrainement.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe islamiste libanais, Israël continue de mener des attaques régulières contre le Hezbollah, l'accusant de se réarmer.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani), les raids de vendredi, qualifiés en partie de "violents", ont visé une dizaine de lieux, certains situés à une trentaine de km de la frontière avec Israël.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a affirmé avoir "frappé un complexe d'entrainement" de la force d'élite du Hezbollah, al-Radwan, où des membres de la formation chiite apprenaient "l'utilisation de différents types d'armes", devant servir dans "des attentats terroristes".

L'armée israélienne a également "frappé des infrastructures militaires supplémentaires du Hezbollah dans plusieurs régions du sud du Liban", a-t-elle ajouté.

L'aviation israélienne avait déjà visé certains des mêmes sites en début de semaine.

Ces frappes interviennent alors que l'armée libanaise doit achever le démantèlement le 31 décembre des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord, conformément à l'accord de cessez-le-feu.

Les zones visées vendredi se trouvent pour la plupart au nord du fleuve.

Le Hezbollah a été très affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe.