L'Égypte nie avoir discuté avec Israël d’une offensive à Rafah

Un vendeur de pain pousse son chariot devant les décombres d’un bâtiment effondré à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 23 avril 2024. (AFP)
Un vendeur de pain pousse son chariot devant les décombres d’un bâtiment effondré à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 23 avril 2024. (AFP)
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Publié le Mercredi 24 avril 2024

L'Égypte nie avoir discuté avec Israël d’une offensive à Rafah

  • Diaa Rashwan, chef du service d’information de l’État égyptien, a réfuté ce qui a été affirmé dans l’un des principaux journaux américains
  • L’Égypte s’est opposée à plusieurs reprises au déplacement des Palestiniens de Gaza et met en garde contre toute opération militaire à Rafah

LE CAIRE: L’Égypte nie avoir tenu des discussions avec Israël au sujet d’une offensive dans la ville palestinienne de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.

Diaa Rashwan, chef du service d’information de l’État égyptien, a réfuté ce qui a été affirmé dans l’un des principaux journaux américains, selon lequel l’Égypte a discuté avec Israël de ses projets d’offensive à Rafah.

M. Rashwan a réaffirmé l’opposition totale de l’Égypte à cette opération, position annoncée à plusieurs reprises par les responsables politiques du pays, qui estiment que cette opération conduira à de nouveaux massacres, à des pertes humaines massives et à une destruction généralisée.

Il a ajouté que les avertissements répétés de l’Égypte sont parvenus à la partie israélienne par tous les moyens depuis qu’Israël a proposé de mener une opération militaire à Rafah. Ces avertissements mentionnent les pertes attendues et les répercussions négatives sur la stabilité de l’ensemble de la région.

Alors qu’Israël envisage de mener cette opération à laquelle l’Égypte, la plupart des pays du monde et leurs institutions internationales s’opposent, les efforts de l’Égypte depuis le début de l’agression israélienne se focalisent sur la conclusion d’un accord de cessez-le-feu et sur l’échange de prisonniers et de détenus, a précisé M. Rashwan.

Ce dernier a indiqué que l’Égypte cherchait à faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza, en particulier dans le nord et dans la ville de Gaza, ainsi que l’évacuation des blessés et des malades pour qu’ils soient soignés en dehors de cette région.

L’Égypte s’est opposée à plusieurs reprises au déplacement des Palestiniens de Gaza et met en garde contre toute opération militaire à Rafah.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Législatives en Irak: la liste du Premier ministre remporte une large victoire, selon son entourage

La liste chiite Coalition pour la reconstruction et le développement de M. Soudani a remporté "une victoire majeure", a affirmé un responsable proche du Premier ministre, tandis que deux autres sources proches ont indiqué qu'elle s'était assurée environ 50 sièges au Parlement, y devenant ainsi le principal bloc. (AFP)
La liste chiite Coalition pour la reconstruction et le développement de M. Soudani a remporté "une victoire majeure", a affirmé un responsable proche du Premier ministre, tandis que deux autres sources proches ont indiqué qu'elle s'était assurée environ 50 sièges au Parlement, y devenant ainsi le principal bloc. (AFP)
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  • La liste chiite Coalition pour la reconstruction et le développement de M. Soudani a remporté "une victoire majeure"
  • La commission électorale irakienne devrait annoncer les premiers résultats officiels de ce sixième scrutin depuis la chute de Saddam Hussein dans le courant de la soirée

BAGDAD: La liste du Premier ministre irakien, Mohamed Chia al-Soudani, a remporté une large victoire aux élections législatives tenues mardi, ont déclaré mercredi à l'AFP des sources proches de sa formation politique.

La liste chiite Coalition pour la reconstruction et le développement de M. Soudani a remporté "une victoire majeure", a affirmé un responsable proche du Premier ministre, tandis que deux autres sources proches ont indiqué qu'elle s'était assurée environ 50 sièges au Parlement, y devenant ainsi le principal bloc.

La commission électorale irakienne devrait annoncer les premiers résultats officiels de ce sixième scrutin depuis la chute de Saddam Hussein dans le courant de la soirée.

M. Soudani, qui espère obtenir un second mandat, s'est imposé sur la scène politique irakienne après avoir été porté au pouvoir il y a trois ans grâce au soutien d'une alliance regroupant des partis et factions chiites tous liés à l'Iran.

Les Irakiens ont voté mardi pour élire leur Parlement, avec une participation ayant dépassé 55% selon la commission électorale, un taux inattendu pour ce scrutin surveillé de près par Téhéran et Washington, entre lesquels Bagdad s'emploie à maintenir l'équilibre.

Ce taux de participation marque une forte hausse par rapport au record historiquement bas de 41% aux précédentes élections de 2021.

Les élections ouvrent la voie à la désignation d'un nouveau président - poste largement honorifique réservé à un Kurde - et d'un Premier ministre - traditionnellement chiite - choisi après de longues tractations. Un sunnite occupera le poste de président du Parlement.

Une majorité absolue étant de fait impossible à obtenir pour une seule liste, M. Soudani, si sa victoire est confirmée, devra former une alliance pour assurer sa reconduction.

Dans les parlements précédents, les partis de la majorité chiite ont conclu des accords de compromis pour travailler ensemble et former un gouvernement.


Le Liban accuse Israël de menacer la stabilité alors que les forces de l’ONU préparent leur retrait

Une ambulance de la Croix-Rouge libanaise passe devant des véhicules blindés de la Force intérimaire des Nations unies au Liban lors d'une patrouille près de Marjayoun, dans le sud du Liban, l'année dernière. (AFP)
Une ambulance de la Croix-Rouge libanaise passe devant des véhicules blindés de la Force intérimaire des Nations unies au Liban lors d'une patrouille près de Marjayoun, dans le sud du Liban, l'année dernière. (AFP)
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  • Un émissaire de l’ONU accuse Israël de compromettre les « progrès durement acquis » en sapant la souveraineté et l’intégrité territoriale du Liban par des frappes aériennes et des violations frontalières
  • Le commandant de l’armée libanaise a présenté au gouvernement son deuxième rapport d’étape sur un plan visant à étendre l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire et à réserver le port d’armes aux seules institutions étatiques

NEW YORK: Le Liban a averti que les frappes aériennes et violations frontalières israéliennes risquent de compromettre les progrès réalisés vers la stabilité dans le sud du pays, alors que la mission de maintien de la paix des Nations unies entame sa phase préparatoire en vue d’un retrait progressif.

S’exprimant devant la Quatrième Commission de l’Assemblée générale de l’ONU, le représentant permanent du Liban, Ahmad Arafa, a salué le renouvellement récent du mandat de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL) en vertu de la résolution 2790 du Conseil de sécurité, qui prolonge son mandat jusqu’au 31 décembre 2026, avant un retrait « ordonné, sûr et coordonné » dans l’année suivante.

« Les Forces armées libanaises œuvrent sans relâche pour assurer la pleine application de la résolution 1701 », a rappelé Arafa, évoquant le texte qui avait mis fin à la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah.

Cette résolution appelle au désarmement de toutes les milices au Liban, y compris le Hezbollah, que les États-Unis considèrent comme une organisation terroriste et dont ils exigent la démilitarisation.

L’accord de cessez-le-feu de novembre 2024 avec Israël prévoit également le désarmement du Hezbollah et l’établissement d’un monopole étatique sur les armes. Si Israël et plusieurs pays y voient une exigence de désarmement total du Hezbollah, le mouvement chiite affirme que cette obligation ne concerne que le sud du Liban.

Arafa a précisé que le commandant de l’armée libanaise avait remis au Conseil des ministres son deuxième rapport d’avancement sur le plan visant à étendre l’autorité de l’État à tout le territoire et à limiter la détention d’armes aux seules institutions légitimes.

Il a toutefois accusé Israël de compromettre les « progrès durement acquis » par des violations continues de la souveraineté libanaise — frappes aériennes, occupation persistante de certaines zones et création de « prétendues zones tampons ».

Selon Arafa, la FINUL a rapporté plus de 7 000 violations de l’espace aérien libanais par Israël depuis la cessation des hostilités en novembre dernier. Ces frappes, a averti la mission onusienne, violent la résolution 1701, « menacent la sécurité des civils et sapent les avancées vers une solution politique et diplomatique ».

Le Liban a également dénoncé les attaques israéliennes visant le personnel et les positions de la FINUL, qualifiées de « violation flagrante du droit international ».

Arafa a exprimé sa gratitude envers la direction de la FINUL et les pays contributeurs de troupes pour leur « dévouement et leurs sacrifices » depuis la création de la mission en 1978, appelant à éviter tout « vide sécuritaire » durant la période de transition à venir, tout en préservant la stabilité et le respect de la souveraineté nationale.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


«Le sang coulait encore»: le calvaire des réfugiés d’El-Facher arrivés au Tchad

Les FSR, en guerre contre l’armée régulière depuis avril 2023, ont pris le contrôle le 26 octobre de cette ville du Darfour, une région de l'ouest du Soudan déjà ensanglantée dans les années 2000. (AFP)
Les FSR, en guerre contre l’armée régulière depuis avril 2023, ont pris le contrôle le 26 octobre de cette ville du Darfour, une région de l'ouest du Soudan déjà ensanglantée dans les années 2000. (AFP)
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  • "Ils ont appelé sept infirmiers et les ont réunis dans une pièce. Nous avons entendu des coups de feu et j’ai vu le sang couler sous la porte", raconte avec émotion à l’AFP l'adolescent de 16 ans
  • La vidéo, comme de nombreuses autres filmées par les FSR lors de leur entrée dans la ville, a été partagée sur les réseaux sociaux

TINE: Après 11 jours de trajet, Mounir Abderahmane atteint enfin le camp de Tiné, dans la province du Wadi Fira au Tchad, après avoir fui El-Facher, au Soudan, le 25 octobre.

Lorsque des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont envahi la ville, il veillait son père, militaire dans l'armée régulière blessé quelques jours plus tôt, à l'hôpital saoudien.

"Ils ont appelé sept infirmiers et les ont réunis dans une pièce. Nous avons entendu des coups de feu et j’ai vu le sang couler sous la porte", raconte avec émotion à l’AFP l'adolescent de 16 ans.

La vidéo, comme de nombreuses autres filmées par les FSR lors de leur entrée dans la ville, a été partagée sur les réseaux sociaux. Mounir quitte aussitôt la ville avec son père, qui mourra quelques jours plus tard sur la route qui devait le mener au Tchad.

Les FSR, en guerre contre l’armée régulière depuis avril 2023, ont pris le contrôle le 26 octobre de cette ville du Darfour, une région de l'ouest du Soudan déjà ensanglantée dans les années 2000.

Deux semaines après la prise de la ville, les réfugiés atteignent le Tchad, à plus de 300 km de là. Une poignée d’entre eux, accueillis dans le camp de transit de Tiné, livrent leurs témoignages à l’AFP.

"Coques d'arachides" 

Après 18 mois de siège, tous évoquent une intensification des bombardements à partir du 24 octobre, précédant l’entrée des paramilitaires.

Terrés dans des abris de fortune, des dizaines de personnes s’y entassent pour échapper aux drones. Ils n’ont pour seule nourriture "que des coques d’arachides", raconte Hamid Souleymane Chogar, 53 ans. Le 26 octobre, il s’échappe de sa cachette, "chaque fois que je montais prendre l’air, je voyais dans la rue de nouveaux cadavres, souvent des habitants du quartier que je connaissais", confie-t-il.

Il profite d’une accalmie nocturne pour fuir. Estropié en 2011 lors d'une précédente guerre "à cause des Janjawids" - des milices arabes ayant longtemps persécuté les tribus non arabes du Darfour –, il est hissé sur une charrette qui zigzague dans la ville entre les débris et les cadavres. Leur progression se fait sans parole ni lumière, pour ne pas alerter les paramilitaires.

Alors que les phares d’un véhicule des FSR balayent la nuit, Mahamat Ahmat Abdelkerim, 53 ans, se précipite dans une maison avec sa femme et ses six enfants. Le septième a été tué deux jours plus tôt dans une attaque de drone. "Il y avait une dizaine de cadavres, tous des civils. Leur sang coulait encore", explique-t-il derrière ses lunettes noires, qui cachent un œil gauche perdu quelques mois plus tôt lors d’un bombardement.

Mouna Mahamat Oumour, 42 ans, fuit avec ses trois enfants lorsqu’un obus frappe le groupe. "Quand je me suis retournée, j’ai vu le corps de ma tante déchiquetée. On l’a couverte d’un pagne et on a continué", raconte-t-elle en larmes. "Nous avons marché sans jamais nous retourner", ajoute-t-elle.

Arrivés au sud de la ville, au niveau de la tranchée construite par les paramilitaires pour l'encercler, les cadavres s’accumulent. "Ils remplissent la moitié de ce fossé de deux mètres de large et de trois mètres de haut", détaille Hamid Souleymane Chogar.

Des dizaines ? Des centaines ? Impossible d’estimer leur nombre en pleine nuit, dans cet espace qui s’étend à perte de vue.

Des analyses faites par le laboratoire de l'université américaine de Yale à partir d’images satellites croisées avec des vidéos postées par les FSR, évoquent la présence de nombreux corps dans cette tranchées et sur le talus voisin.

Samira Abdallah Bachir, 29 ans, a emprunté un autre passage, elle a dû descendre dans la tranchée, sa fille de deux ans dans les bras, ses deux autres enfants, âgés de 7 et 11 ans, marchant derrière elle. "On devait éviter les corps pour ne pas marcher dessus", décrit-elle.

Un système de racket 

Une fois sortis de la ville, les réfugiés subissent un nouveau calvaire. A chaque check-point sur les deux principales routes permettant de quitter la ville, les témoignages évoquent de nouvelles violences, viols et vols contre les populations civiles.

Après s'être fait voler son téléphone et son argent, Mahamat Ahmat Abdelkerim doit payer à chaque nouveau check point. "Les FSR ont des téléphones qu’ils mettent sur haut-parleur pour que nous contactions nos proches pour qu’ils nous envoient de l’argent", décrit-il.

Les sommes payées à chaque barrage varient entre 500.000 et un million de livres soudanaises selon les témoignages, soit entre 700 et 1.400 euros.

D’autres témoignages évoquent les ciblages ethniques des FSR. Ils disent "Vous êtes des noirs, des esclaves" raconte un réfugié tout juste arrivé à Tiné. "Ils mettent certains hommes de côté, les dépouillent et tirent au hasard sur eux."

Difficile de savoir combien de Soudanais réussiront à se réfugier au Tchad dans les prochaines semaines. Environ 90.000 personnes ont déjà fui la ville d’El-Facher depuis sa conquête par les paramilitaires, selon les derniers chiffres de l’ONU

Le HCR évoque de son côté "90.000 arrivées dans les trois prochains mois" alors que les violences se poursuivent au Darfour et que les affrontements entre l’armée et les paramilitaires poussent la population à fuir dans la région du Kordofan.

"Des relocalisations sont en cours pour permettre de désengorger le camp de transit de Tiné et accueillir de nouveaux réfugiés", précise Ameni Rahmani, 42 ans, responsable de projet de Médecins Sans Frontières (MSF) à Tiné.

"Les arrivées augmentent encore faiblement mais nous sommes prêts à intensifier notre réponse et à renforcer nos équipes sur place."

Côté soudanais, après s’être retiré du Darfour-Nord suite à des attaques de drones sur des structures médicales depuis deux semaines, MSF prévoit d’y redéployer ces prochains jours ses équipes.

Le conflit au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, en a déplacé près de 12 millions d'autres et provoqué, selon l'ONU, la pire crise humanitaire au monde.