Grandes manoeuvres d'intoxication avant le Débarquement

Des soldats canadiens débarquent sur la plage de Courseulles en Normandie, le 6 juin 1944, alors que les forces alliées prennent d'assaut les plages normandes le jour J (Photo, AFP).
Des soldats canadiens débarquent sur la plage de Courseulles en Normandie, le 6 juin 1944, alors que les forces alliées prennent d'assaut les plages normandes le jour J (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 06 mai 2024

Grandes manoeuvres d'intoxication avant le Débarquement

  • Avec l'opération Fortitude Sud, les Alliés voulaient faire croire à Hitler et ses généraux que le Débarquement en Normandie n'était qu'une diversion
  • Piliers de Fortitude, plusieurs agents doubles étaient chargés d'alimenter la désinformation

PARIS: Le 6 juin 1944 a donné lieu à de nombreuses opérations de désinformation, la plus aboutie visant à persuader les Allemands que le principal débarquement allié se déroulerait dans le Pas-de-Calais.

Armée fictive 

Avec l'opération Fortitude Sud, les Alliés voulaient faire croire à Hitler et ses généraux que le Débarquement en Normandie n'était qu'une diversion, et que la véritable attaque se passerait dans le Pas-de-Calais. L'objectif était qu'ils y maintiennent le plus de forces possibles, y compris après le 6 juin.

Une armée imaginaire fut créée, le "Premier groupe d'armées des Etats-Unis", censée s'entraîner dans le sud-est de l'Angleterre, avec à sa tête un vrai général, George S. Patton.

Pour berner les avions de reconnaissance de la Luftwaffe, fut installé un décor d'installations militaires, avec chars d'assaut gonflables et campements vides d'où s'échappait de la fumée de poêles. La nuit, un vrai tank laissait des traces de chenilles. L'illusion d'une importante concentration de troupes était entretenue par de faux messages radio.

"Dans les semaines qui précédèrent Overlord (ndlr: le Débarquement en Normandie), les dirigeants du Reich surestimèrent les forces de la coalition d'environ 50%, comme les Alliés l'avaient souhaité", souligne l'historienne Mona Parra.

Agent double «Garbo»

Piliers de Fortitude, plusieurs agents doubles étaient chargés d'alimenter la désinformation.

L'un deux, Juan Pujol Garcia, joua un rôle déterminant. Ce Catalan anti-communiste au passé franquiste, mais qui détestait Allemands et Italiens, avait commencé dès 1941 à envoyer aux Allemands, depuis Lisbonne, de faux renseignements. Recruté par les Britanniques sous l'alias de "Garbo", il continue depuis l'Angleterre son travail d'intoxication, s'appuyant sur un réseau d'informateurs fictifs.

Pour renforcer sa crédibilité auprès des Allemands, il est décidé qu'il va leur annoncer le Débarquement en Normandie - trop tard pour qu'ils puissent réagir - avant de les avertir de l'imminence d'un second débarquement dans le Pas-de-Calais.

La supercherie est si réussie qu'Hitler tardera à donner l'ordre à la 15e armée, basée dans le Pas-de-Calais, de rejoindre le front normand.

"Jusqu'en juillet 1944, les Allemands interprétèrent Overlord comme une feinte masquant l'assaut décisif à venir sur le Pas-de-Calais", selon l'historien Olivier Wieviorka.

Norvège 

L'opération Fortitude Nord, qui elle connut selon M. Wieviorka "un succès limité", voulait faire croire à l'existence d'une "4e armée" au sud de l'Ecosse et en Irlande du Nord, qui se préparerait à débarquer en Norvège. Elle s'appuyait là encore sur de faux trafics radio et des agents doubles qui distillaient de prétendues fuites.

Poupées Rupert 

D'autres leurres ont été utilisés pour induire en erreur les Allemands sur les capacités globales des Alliés, et les attirer loin du lieu du débarquement.

Dans la nuit du 5 au 6 juin, quelque 500 poupées parachutistes en toile de jute, surnommées "Rupert", ont ainsi été larguées par la Royal Air Force au-dessus de la Normandie, derrière les lignes allemandes.

Remplies de sable ou de paille, elles étaient équipées de charges explosives à retardement pour s'auto-détruire à l'atterrissage.

La même nuit, ont eu lieu plusieurs opérations de brouillage des échos radar, comme "Glimmer": des milliers de bandes métalliques ont été larguées au large du Pas-de-Calais, pour placer les soldats allemands en état d'alerte.

Sosie de Montgomery 

Une autre opération visant à semer le doute sur le lieu réel du débarquement, "Copperhead", a fait appel aux talents d'un acteur australien qui servait dans l'armée britannique, Meyrick Edward Clifton James, et qui ressemblait à s'y méprendre au général en chef des troupes alliées, Bernard Montgomery.

Pendant que le comédien suivait des cours intensifs pour corriger sa voix et sa gestuelle, les agents britanniques en Méditerranée propageaient des rumeurs sur l'arrivée prochaine du général, qui viendrait en inspection dans le cadre d'un débarquement dans le sud de la France.

Le 25 mai 1944, le faux "Monty" s'envole peu discrètement pour Gibraltar, où il évoque lors d'une réception un supposé "Plan 303". Il gagne ensuite Alger, puis Le Caire, où il reste enfermé dans sa chambre d'hôtel jusqu'au Jour J.


France : l'ancien Premier ministre Philippe demande encore le départ anticipé de Macron

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  • Allié de M. Macron dont il fut le premier chef de gouvernement de mai 2017 à juillet 2020, Edouard Philippe avait lancé un pavé dans la mare la semaine dernière, après la démission éclair du premier gouvernement de Sébastien Lecornu
  • "Je n'ai pas pris cette position parce que je pensais que je serais populaire ou parce que j'espérais convaincre le président (Macron). Le président, il a envie d'aller au terme de son mandat, et je peux le comprendre"

PARIS: L'ancien Premier ministre français Edouard Philippe a à nouveau réclamé jeudi le départ anticipé du président Emmanuel Macron, pour lui "la seule décision digne qui permet d'éviter 18 mois" de "crise" politique avant la prochaine élection présidentielle prévue pour le printemps 2027.

Allié de M. Macron dont il fut le premier chef de gouvernement de mai 2017 à juillet 2020, Edouard Philippe avait lancé un pavé dans la mare la semaine dernière, après la démission éclair du premier gouvernement de Sébastien Lecornu - reconduit depuis -, en suggérant un départ anticipé et "ordonné" du chef de l'Etat, qui peine à trouver une majorité.

"Je n'ai pas pris cette position parce que je pensais que je serais populaire ou parce que j'espérais convaincre le président (Macron). Le président, il a envie d'aller au terme de son mandat, et je peux le comprendre. Je l'ai dit parce que c'est la seule décision digne qui permet d'éviter 18 mois d'indétermination et de crise, qui se terminera mal, je le crains", a déclaré l'ancien Premier ministre sur la chaîne de télévision France 2.

"Ca n'est pas simplement une crise politique à l'Assemblée nationale à laquelle nous assistons. C'est une crise très profonde sur l'autorité de l'Etat, sur la légitimité des institutions", a insisté M. Philippe.

"J'entends le président de la République dire qu'il est le garant de la stabilité. Mais, objectivement, qui a créé cette situation de très grande instabilité et pourquoi ? Il se trouve que c'est lui", a-t-il ajouté, déplorant "une Assemblée ingouvernable" depuis la dissolution de 2024, "des politiques publiques qui n'avancent plus, des réformes nécessaires qui ne sont pas faites".

"Je ne suis pas du tout pour qu'il démissionne demain matin, ce serait désastreux". Mais Emmanuel Macron "devrait peut-être, en prenant exemple sur des prédécesseurs et notamment le général De Gaulle, essayer d'organiser un départ qui nous évite pendant 18 mois de continuer à vivre dans cette situation de blocage, d'instabilité, d'indétermination", a-t-il poursuivi.

Edouard Philippe, qui s'est déclaré candidat à la prochaine présidentielle, assure ne pas avoir de "querelle" avec Emmanuel Macron. "Il est venu me chercher (en 2017), je ne me suis pas roulé par terre pour qu'il me nomme" à la tête du gouvernement et après avoir été "congédié" en 2020, "je ne me suis pas roulé par terre pour rester".


Motion de censure: Le Pen attend la dissolution avec une «impatience croissante»

 Marine Le Pen a dénoncé jeudi à l'Assemblée nationale l'"année noire fiscale" que représentera pour les Français "l'année blanche" inscrite dans le budget du gouvernement, disant attendre "la dissolution avec une impatience croissante". (AFP)
Marine Le Pen a dénoncé jeudi à l'Assemblée nationale l'"année noire fiscale" que représentera pour les Français "l'année blanche" inscrite dans le budget du gouvernement, disant attendre "la dissolution avec une impatience croissante". (AFP)
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  • Ce budget est "l'acte ultime, nous l'espérons, d'un système politique à bout de souffle", a affirmé la présidente des députés Rassemblement national en défendant la motion de censure de son parti contre le gouvernement de Sébastien Lecornu
  • Elle a dénoncé au passage l'"insondable sottise des postures" qui pourrait le "sauver"

PARIS: Marine Le Pen a dénoncé jeudi à l'Assemblée nationale l'"année noire fiscale" que représentera pour les Français "l'année blanche" inscrite dans le budget du gouvernement, disant attendre "la dissolution avec une impatience croissante".

Ce budget est "l'acte ultime, nous l'espérons, d'un système politique à bout de souffle", a affirmé la présidente des députés Rassemblement national en défendant la motion de censure de son parti contre le gouvernement de Sébastien Lecornu. Elle a dénoncé au passage l'"insondable sottise des postures" qui pourrait le "sauver".

"Poursuite du matraquage fiscal" avec 19 milliards d'impôts supplémentaires, "gel du barème" de l'impôt sur le revenu qui va rendre imposables "200.000 foyers" supplémentaires, "poursuite de la gabegie des dépenses publiques", "absence totale d'efforts sur l'immigration" ou sur "l'aide médicale d'Etat", ce budget "est un véritable musée de toutes les horreurs coincées depuis des années dans les tiroirs de Bercy", a-t-elle estimé.

Raillant le premier secrétaire du PS Olivier Faure, qui a accepté d'épargner le gouvernement en échange de la suspension de la réforme des retraites sans savoir par "quel véhicule juridique" et sans assurance que cela aboutisse, elle s'en est pris aussi à Laurent Wauquiez, le chef des députés LR, qui préfère "se dissoudre dans le socialisme" plutôt que de censurer.

"Désormais, ils sont tous d'accord pour concourir à éviter la tenue d'élections", "unis par la terreur de l'élection", a-t-elle dit.


A peine installé, Lecornu affronte deux motions de censure

Si le gouvernement de Sébastien Lecornu survit, les débats autour du budget, dont le texte a été présenté en Conseil des ministres mardi, pourront enfin commencer à l'Assemblée. (AFP)
Si le gouvernement de Sébastien Lecornu survit, les débats autour du budget, dont le texte a été présenté en Conseil des ministres mardi, pourront enfin commencer à l'Assemblée. (AFP)
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  • Sans recours au 49.3, que M. Lecornu s'est engagé à ne pas utiliser, la bataille entre une gauche désunie, un socle commun fracturé et l'extrême droite s'annonce dantesque, dans des délais très contraints
  • Les socialistes se réservent d'ailleurs la possibilité de censurer le gouvernement au cours des discussions

PARIS: Un dernier obstacle avant d'entamer l'examen du budget: deux motions de censure contre le gouvernement de Sébastien Lecornu, l'une de LFI et l'autre du RN, seront débattues par les députés jeudi matin, et devraient être rejetées, dans un scrutin serré, faute de soutien du PS.

Le Parti socialiste a pris sa décision après avoir obtenu mardi satisfaction sur plusieurs revendications clés, dont l'annonce par le Premier ministre, dans sa déclaration de politique générale, de la suspension de la réforme des retraites.

Un débat commun aux deux motions débutera à 09H00 dans l'hémicycle jeudi, et devrait durer environ deux heures trente. Le scrutin sera ensuite ouvert pour trente minutes sur une motion, puis l'autre.

Si la gauche ne soutiendra pas la motion du RN, la motion insoumise devrait elle recueillir les voix de l'extrême droite ainsi que des députés écologistes et communistes.

Manqueraient alors environ une vingtaine de députés pour atteindre la majorité (289 voix) qui ferait tomber le gouvernement, tout juste nommé dimanche.

"Je pense qu'il manque une poignée de voix et que la sagesse peut revenir à certains", a estimé mardi Marine Le Pen, qui défendra la motion de son groupe et de ses alliés ciottistes. Leur texte défend la nécessité d'une dissolution pour "sortir" le pays "de l'impasse".

Combien de députés franchiront le pas en s'affranchissant de la consigne de leur parti?

Chez les LR "deux ou trois" devraient voter la censure, selon une source au groupe.

"Quelques votes pour" sont également possibles chez les indépendants Liot, selon une source au sein du groupe centriste.

Chez les socialistes, le patron du parti Olivier Faure et le chef des députés Boris Vallaud ont appelé leurs troupes à s'en tenir à la ligne décidée de façon "quasi-unanime".

Mais le député Paul Christophe a fait savoir qu'il censurerait malgré tout: "mon sujet c'est la justice fiscale et le pouvoir d'achat, il n'y a pas d'engagement du gouvernement sur ces sujets", a-t-il dit à l'AFP.

Cinq autres députés ultramarins du groupe PS ont également annoncé censurer.

"Un leurre" 

Le socialiste Pierrick Courbon dit lui hésiter. Il s'inquiète que la suspension de la réforme des retraites, qui passera selon M. Lecornu par un amendement au projet de loi de financement de la sécurité sociale, implique que les socialistes soutiennent ce texte pour qu'il soit adopté. Or "le PLFSS du budget Macron" n'obtiendra "jamais ma voix", confie-t-il à l'AFP.

Un argument d'ailleurs repris en choeur par La France insoumise. "Vous vous apprêtez à commettre une monumentale erreur", a lancé lundi dans l'hémicycle le député Louis Boyard à l'adresse des socialistes.

"Le débat ouvert sur un éventuel décalage de la réforme des retraites est un leurre, comme l'a été avant lui le +conclave+ de François Bayrou", soutient la motion de censure insoumise, qui sera défendue jeudi par Aurélie Trouvé.

Lors de la première motion de censure contre le gouvernement Bayrou, qui n'avait pas abouti, huit socialistes avaient voté pour malgré la consigne de leur parti.

M. Bayrou avait finalement perdu un vote de confiance début septembre, devenant le deuxième Premier ministre à tomber depuis la dissolution de l'Assemblée en 2024, après la censure de Michel Barnier en décembre.

Si le gouvernement de Sébastien Lecornu survit, les débats autour du budget, dont le texte a été présenté en Conseil des ministres mardi, pourront enfin commencer à l'Assemblée.

La commission des Finances s'en emparera lundi, et il devrait arriver dans l'hémicycle vendredi.

Sans recours au 49.3, que M. Lecornu s'est engagé à ne pas utiliser, la bataille entre une gauche désunie, un socle commun fracturé et l'extrême droite s'annonce dantesque, dans des délais très contraints.

Les socialistes se réservent d'ailleurs la possibilité de censurer le gouvernement au cours des discussions.

Un député Horizons résume: "Je ne pense pas que le gouvernement sera censuré demain, mais il sera très fragile."