Combats entre soldats israéliens et le Hamas à Gaza, les civils fuient Rafah

De la fumée s'échappe lors des frappes israéliennes dans l'est de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 13 mai 2024. (AFP)
De la fumée s'échappe lors des frappes israéliennes dans l'est de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 13 mai 2024. (AFP)
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Publié le Lundi 13 mai 2024

Combats entre soldats israéliens et le Hamas à Gaza, les civils fuient Rafah

  • Les plus grandes craintes internationales concernent aujourd'hui la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, et les quelque 1,4 million de Palestiniens qui s'y entassent
  • Israël, qui a juré d'anéantir le Hamas, veut lancer une offensive terrestre à Rafah qu'il considère comme le dernier bastion du mouvement dans le territoire palestinien assiégé

RAFAH: De violents affrontements ont opposé lundi soldats israéliens aux combattants du Hamas dans la bande de Gaza dévastée par plus de sept mois de guerre, les civils palestiniens continuant de fuir les violences principalement à Rafah, menacée d'une offensive majeure.

En pleine guerre déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre contre Israël, les Israéliens ont marqué le Jour du Souvenir en hommage aux soldats morts en service et aux victimes d'attentats lors de plusieurs cérémonies, avant de célébrer le 76e anniversaire de la création de leur Etat le 14 mai 1948.

Alors que les frappes aériennes et les opérations au sol israéliennes dans la bande de Gaza ne connaissent pas de répit, des correspondants de l'AFP et des témoins ont fait état de violents combats entre les soldats et le Hamas à Rafah et à Jabaliya, respectivement dans le sud et le nord de l'étroite bande de terre assiégée par Israël.

Ces dernières 24 heures, au moins 57 Palestiniens ont été tués selon le ministère de la Santé du Hamas dans le territoire palestinien où s'entassent quelque 2,4 millions d'habitants, la plupart menacés de famine d'après l'ONU.

Selon des témoins, les hélicoptères et l'artillerie sont intervenus dans les combats à Rafah, où Israël menace de lancer une offensive terrestre d'ampleur pour détruire selon lui les derniers bataillons du Hamas s'y abritant.

A pied, à bord de voitures ou de camionnettes, des Palestiniens ont continué de fuir des secteurs de Rafah, après avoir démonté leurs tentes et emmené leurs affaires.

Mais d'autres habitants, qui disent ne pouvoir quitter faute de moyens, décrivent une "ville fantôme".

"Depuis le matin, je cherche des miches de pain pour nourrir mes enfants, en vain. Mes enfants sont à la rue et je ne sais pas où les emmener. Rafah est une ville fantôme", raconte Mostafa Dib.

"Ni eau, ni nourriture, rien !" 

"Les boulangeries sont fermées, tous les magasins sont fermés. Nous n'avons ni eau, ni nourriture, rien", dit un autre habitant, Ahmed al-Tawil.

"Les gens fuient. Les rues sont terrifiantes. Le bruit des avions de combat est épouvantable", lance un troisième, Jihad Amer.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a juré d'anéantir le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 et qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne.

Le 7 mai, l'armée israélienne a pénétré avec ses chars dans le secteur est de Rafah, à la frontière sud d'Israël, et pris le point de passage éponyme. Elle a aussi lancé des ordres d'évacuation de quartiers est aux civils dont, a-t-elle dit, 300.000 sont partis.

Quelque 1,4 million de Palestiniens, la grande majorité déplacés par la guerre, sont massés dans cette ville adossée à la frontière fermée de l'Egypte.

La communauté internationale, y compris les Etats-Unis, principal allié d'Israël, ne cessent d'exprimer leurs craintes pour la population civile en cas d'offensive majeure.

Pour le secrétaire d'Etat Antony Blinken, une telle opération ne permettra pas d'éliminer le Hamas. "Nous avons vu le Hamas revenir dans les zones qu'Israël a libérées dans le nord de Gaza (...)".

"Les bombardements partout" 

Des affrontements entre soldats et combattants palestiniens font rage depuis plusieurs jours à Jabaliya et Gaza-Ville (nord), où l'armée a affirmé que le Hamas "tentait de reconstituer ses capacités militaires".

Là aussi, des ordres d'évacuation émis par l'armée ont poussé les Palestiniens à fuir, alors que l'ONU affirme qu'"aucun endroit n'est sûr dans la bande de Gaza".

Le Hamas a affirmé être "engagé dans des combats intenses" à Jabaliya, ville déjà massivement ciblée aux premières semaines de l'offensive israélienne.

"On bouge d'un endroit à l'autre mais les bombardements continuent partout", raconte à l'AFP Mahmoud al-Barsh, un Palestinien arrivé de Jabaliya à Gaza-Ville.

Même à Gaza-Ville, le quartier de Zeitoun (sud-est) est en proie aux combats et sous le feu de l'artillerie et de l'aviation israéliennes, d'après des témoins.

"On a fui la maison avec des bombardements au-dessus de nos têtes et on est partis vers l'ouest de Gaza-Ville", déclare Iman al-Ramlawi, une habitante de Zeitoun.

"1 000 membres du Hamas" soignés en Turquie

La guerre a été déclenchée par l'attaque le 7 octobre de commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d'Israël, qui a fait plus de 1.170 morts, majoritairement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Plus de 250 personnes ont été enlevées durant l'attaque et 128 restent captives à Gaza, dont 36 seraient mortes, selon l'armée.

En riposte, l'armée a lancé des bombardements intenses suivis d'une offensive terrestre le 27 octobre, qui ont ravagé Gaza, déplacé la majorité de la population et provoqué une catastrophe humanitaire avec un lourd bilan humain: 35.091 morts en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Le Hamas n'a jamais donné un bilan des pertes ou des blessés dans ses rangs, mais le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé que "plus de 1.000 membres du Hamas", qu'il qualifie d'"organisation de résistance", étaient hospitalisés en Turquie.

Le ministère de la Santé du Hamas, qui fait état de dizaines de milliers de blessés dans la guerre, a averti que le système de soins à Gaza était sur le point de "s'effondrer" faute de carburant pour faire fonctionner les générateurs des hôpitaux et les ambulances.

L'entrée des aides à Gaza est quasiment bloquée selon l'ONU depuis qu'Israël a fermé le 7 mai le passage de Rafah, une porte d'entrée névralgique pour les convois humanitaires.

 

 


Gaza: le Hamas rencontre les médiateurs au Caire

L'Egypte et le Qatar sont des médiateurs de longue date dans les pourparlers indirects avec Israël et le Hamas pour mettre un terme à la guerre à Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas sur Israël le 7 octobre 2023. (AFP)
L'Egypte et le Qatar sont des médiateurs de longue date dans les pourparlers indirects avec Israël et le Hamas pour mettre un terme à la guerre à Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas sur Israël le 7 octobre 2023. (AFP)
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  • Cette rencontre intervient au lendemain de frappes israéliennes sur Gaza, Israël ayant accusé le Hamas de violations du cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre, ce que le mouvement islamiste a réfuté
  • La source a précisé que la rencontre avec les médiateurs au Caire devrait porter notamment sur "les dizaines de frappes aériennes israéliennes" ayant fait la veille "des dizaines de morts dans la bande de Gaza"

LE CAIRE: Une délégation du Hamas, conduite par Khalil al-Hayya, rencontre lundi au Caire des responsables égyptiens et qataris pour évoquer le cessez-le-feu fragile et l'après-guerre à Gaza, a indiqué à l'AFP une source proche des négociations.

Cette rencontre intervient au lendemain de frappes israéliennes sur Gaza, Israël ayant accusé le Hamas de violations du cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre, ce que le mouvement islamiste a réfuté.

La source a précisé que la rencontre avec les médiateurs au Caire devrait porter notamment sur "les dizaines de frappes aériennes israéliennes" ayant fait la veille "des dizaines de morts dans la bande de Gaza".

L'Egypte et le Qatar sont des médiateurs de longue date dans les pourparlers indirects avec Israël et le Hamas pour mettre un terme à la guerre à Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas sur Israël le 7 octobre 2023.

"Unifier" les mouvements 

Par ailleurs, "la délégation, aux côtés de plusieurs dirigeants du mouvement, tiendra des réunions avec des responsables égyptiens au sujet du dialogue interpalestinien que l'Egypte doit prochainement parrainer", a précisé la source familière des négociations.

L'Egypte a déjà accueilli plusieurs rencontres entre les mouvements politiques palestiniens, notamment les deux principaux groupes politiques palestiniens, le Hamas et le Fatah de Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne.

Ces deux mouvements sont opposés depuis des décennies.

"Ce dialogue vise à unifier le corps politique palestinien et à aborder les grandes questions, notamment l'avenir de la bande de Gaza et la formation d'un comité d'experts indépendants chargé de la gestion du territoire", a déclaré la source, faisant écho à la mise en place d'une autorité de transition formée de technocrates chapeautée par un comité dirigé par le président américain Donald Trump, et proposée par ce dernier.

Le Hamas a déjà fait savoir qu'il ne tenait pas à gouverner la bande de Gaza, ravagée par deux ans de guerre.

Plusieurs responsables politiques palestiniens ont également évoqué ces derniers mois la création d'un groupe de gestionnaires palestiniens, non affiliés, en charge d'administrer le territoire où le Hamas avait pris le pouvoir par la force en 2007.

Une autre source informée a affirmé que "les contacts et efforts des médiateurs ont permis hier soir de rétablir le calme et de réactiver le cessez-le-feu à Gaza", ajoutant que "les médiateurs continueront de suivre et de surveiller les violations israéliennes".


Gaza: la Défense civile annonce un nouveau bilan de 45 morts dans des frappes israéliennes dimanche

La Défense civile de la bande de Gaza a fait état d'au moins 45 personnes tuées dimanche au cours de frappes aériennes israéliennes dans le territoire palestinien, révisant à la hausse un précédent bilan de 33 morts. (AFP)
La Défense civile de la bande de Gaza a fait état d'au moins 45 personnes tuées dimanche au cours de frappes aériennes israéliennes dans le territoire palestinien, révisant à la hausse un précédent bilan de 33 morts. (AFP)
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  • Quatre hôpitaux du territoire palestinien ont confirmé ce bilan de 45 décès à l'AFP, disant avoir reçu morts et blessés
  • L'armée israélienne a déclaré avoir frappé dans la journée des dizaines de cibles du Hamas à travers le territoire palestinien, Israël et le Hamas s'accusant mutuellement de violer un cessez-le-feu parrainé par le président américain Donald Trump

GAZA: La Défense civile de la bande de Gaza a fait état d'au moins 45 personnes tuées dimanche au cours de frappes aériennes israéliennes dans le territoire palestinien, révisant à la hausse un précédent bilan de 33 morts.

L'armée israélienne a déclaré avoir frappé dans la journée des dizaines de cibles du Hamas à travers le territoire palestinien, Israël et le Hamas s'accusant mutuellement de violer un cessez-le-feu parrainé par le président américain Donald Trump, en vigueur depuis le 10 octobre.

"Au moins 45 personnes ont été tuées du fait de frappes aériennes israéliennes sur plusieurs endroits de la bande de Gaza", a indiqué Mahmoud Bassal, le porte-parole de la Défense civile, service de secours opérant sous l'autorité du Hamas.

Quatre hôpitaux du territoire palestinien ont confirmé ce bilan de 45 décès à l'AFP, disant avoir reçu morts et blessés.

L'hôpital Al-Awda à Nuseirat a recensé 24 morts, l'hôpital Al-Aqsa à Deir al-Balah 12, l'hôpital Nasser à Khan Younès cinq et celui d'Al-Shifa à Gaza-ville  quatre.

Des dizaines de blessés ont également été pris en charge par ces hôpitaux. L'armée israélienne a déclaré à l'AFP qu'elle vérifiait les informations concernant les frappes.

Parmi les victimes figure, selon M. Bassal, six personnes tuées quand une frappe israélienne a ciblé "un groupe de civils" dans la ville de Zuwaida (centre).

Il a également fait état de deux autres Gazaouis, dont un journaliste, tués dans la partie ouest de cette ville.

Deux frappes distinctes ont par ailleurs tué six personnes, dont des enfants, près de Nuseirat (centre) et blessé 13 autres, a-t-il indiqué.

Il a aussi fait état d'une femme et deux enfants tués dans une frappe de drone sur une tente abritant des personnes déplacées au nord de Khan Younès (sud).

Dans la soirée, l'armée israélienne a annoncé cesser ses frappes et reprendre l'application du cessez-le-feu.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

 


Mohammed ben Salmane et Emmanuel Macron discutent de l'évolution de la situation à Gaza

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  • Les entretiens ont porté sur la situation dans la bande de Gaza et sur les efforts en cours pour mettre fin au conflit et rétablir la stabilité au Moyen-Orient
  • Le prince Mohammed et M. Macron ont souligné l'importance d'alléger immédiatement les souffrances humanitaires du peuple palestinien et de parvenir à un retrait israélien complet

RIYADH : Le prince héritier Mohammed bin Salman a reçu dimanche un appel téléphonique du président français Emmanuel Macron, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

Les deux dirigeants ont passé en revue la coopération dans divers domaines et ont discuté des développements régionaux et internationaux d'intérêt commun.

Les entretiens ont porté sur la situation dans la bande de Gaza et sur les efforts en cours pour mettre fin au conflit et rétablir la stabilité au Moyen-Orient.

Le prince Mohammed et M. Macron ont souligné l'importance d'alléger immédiatement les souffrances humanitaires du peuple palestinien et de parvenir à un retrait israélien complet.

Ils ont également souligné la nécessité de prendre des mesures concrètes en vue d'une paix juste et durable fondée sur la solution des deux États.