Un institut saoudien s’apprête à lutter contre le crime organisé

Une table ronde portant sur le thème «Améliorer les mécanismes d’application transfrontalière des lois et de recouvrement d’actifs», mercredi à Riyad. (Photo AN/Huda Bashatah)
Une table ronde portant sur le thème «Améliorer les mécanismes d’application transfrontalière des lois et de recouvrement d’actifs», mercredi à Riyad. (Photo AN/Huda Bashatah)
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Publié le Jeudi 16 mai 2024

Un institut saoudien s’apprête à lutter contre le crime organisé

  • Le crime organisé englobe les groupes terroristes, le trafic de drogue, le blanchiment d’argent, le trafic de migrants et la traite des êtres humains
  • Les stratégies nationales doivent inclure une évaluation continue des risques liés à la criminalité financière

RIYAD: Les forces de l’ordre doivent être «largement» plus performantes que les groupes criminels organisés pour empêcher la formation d’alliances criminelles et leur infiltration à travers les frontières, a-t-on appris lors d’un important forum à Riyad sur la lutte contre la corruption.

Dans un discours intitulé «Le renforcement des capacités humaines pour lutter contre la corruption et la fraude»,prononcé mercredi lors du Forum arabe des agences de lutte contre la corruption et des services de renseignement financier, Abdelmadjid ben Abdallah al-Banyan, président de l’université arabe Naif pour les sciences de sécurité, soutientque le développement de stratégies de lutte contre le crime organisé «représente un défi important à la fois pour les personnes qui créent ces initiatives et celles qui les exécutent».

Il ajoute: «Il faut que les individus formés acquièrent des connaissances et des compétences supérieures à celles des organisations criminelles, même les plus compétentes, car les crimes en question sont de nature complexe, souvent orchestrés par des gangs transnationaux sophistiqués qui exploitent le cyberespace et la technologie pour mener leurs activités illégales tout en échappant au contrôle des autorités.»

Le crime organisé englobe les groupes terroristes, le trafic de drogue, le blanchiment d’argent, le trafic de migrants et la traite des êtres humains.

L’université arabe Naif des sciences de sécurité a examiné les programmes de formation spécialisés dans le domaine de la criminalité économique, dans le cadre d’une enquête sur la région arabe en 2018.

«Nous avons constaté une pénurie dans le nombre et le type de programmes disponibles par rapport à d’autres régions du monde», précise M. Al-Banyan.

Une table ronde portant sur le thème «Améliorer les mécanismes d’application transfrontalière des lois et de recouvrement d’actifs», mercredi à Riyad. (Photo AN/Huda Bashatah)
Une table ronde portant sur le thème «Améliorer les mécanismes d’application transfrontalière des lois et de recouvrement d’actifs», mercredi à Riyad. (Photo AN/Huda Bashatah)

En conséquence, l’université – l’organisme scientifique du Conseil des ministres arabes de l’Intérieur – a fait de la lutte contre la criminalité économique l’une de ses principales batailles.

«Nous avons créé plusieurs programmes de maîtrise visant à renforcer les capacités dans ce domaine. Le plus important est indéniablement le programme de maîtrise en intégrité financière, en coopération avec l’université Case Western Reserve aux États-Unis, qui vise spécifiquement à former des experts dans la lutte contre la fraude financière», souligne-t-il.

L’université propose un programme de maîtrise sur la lutte contre les crimes économiques, notamment la corruption et la fraude financière, ainsi qu’un programme de maîtrise sur l’investigation judiciaire numérique, axé sur la lutte contre la cybercriminalité et les activités suspectes en ligne.

L’université a également initié, cette année, un nouveau programme de maîtrise en intelligence artificielle, poursuitAbdelmadjid ben Abdallah al-Banyan.

«Nous envisageons actuellement d’ajouter un nouveau programme de maîtrise en juricomptabilité, qui vise à former les comptables à détecter les pratiques financières frauduleuses et à mener des enquêtes et des examens financiers détaillés», ajoute-t-il.

L’université a signé un protocole d’accord avec la présidence de la sécurité de l’État en 2016, dans le cadre de ses efforts visant à accroître sa collaboration avec des partenaires locaux et internationaux majeurs.

«Nous avons renforcé nos relations avec l’Autorité saoudienne de surveillance et de lutte contre la corruption (Nazaha) et,aujourd’hui, nous assisterons à la signature du protocole d’accord en marge de ce forum», indique-t-il.

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Une table ronde portant sur le thème «Améliorer les mécanismes d’application transfrontalière des lois et de recouvrement d’actifs», mercredi à Riyad. (Photo AN/Huda Bashatah)

L’université s’est associée à l’Office des nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), créant un centre commun àl’intérieur de son siège pour soutenir la communauté internationale et arabe dans la lutte contre le crime organisé, la corruption et le blanchiment d’argent.

Les experts ont souligné que la lutte contre la criminalité économique et financière est une tâche complexe qui nécessite des stratégies nationales claires et une coopération transfrontalière efficace.

Les pays doivent œuvrer de concert pour contrer la menace posée par de tels crimes, qui peuvent nuire gravement aux économies et affaiblir les systèmes financiers.

Hassan Mohamoud, ministre somalien de la Justice et des Affaires constitutionnelles, a déclaré, lors du forum, que la poursuite du conflit en Somalie a favorisé un «paysage complexe en matière de blanchiment d’argent», rendant la coopération internationale indispensable pour identifier et restituer les fonds illicites.

S’exprimant lors d’une table ronde portant sur le thème «Améliorer les mécanismes d’application transfrontalière des lois et de recouvrement d’actifs», M. Mohamoud a déclaré que la coopération judiciaire entre les pays et les secteurs public et privé est essentielle pour résoudre ces problèmes en constante évolution.

«La nécessité de partager des informations sur les flux d’argent transfrontaliers est importante pour lutter efficacement contre le blanchiment d’argent, non seulement en Somalie, mais à l’échelle mondiale», souligne-t-il.

Dans un discours d’ouverture sur les «Stratégies nationales: Évaluation des risques à la lumière de réalités en rapide évolution», Raed Radwan, chef de la Commission palestinienne de lutte contre la corruption, déclare: «Une stratégie nationale oriente les efforts et les ressources de manière équitable et efficace vers la réalisation d’objectifs spécifiques pour réduire la criminalité financière et renforcer l’intégrité et la transparence du système financier et économique.»

Il ajoute que les citoyens ont un rôle important à jouer dans la surveillance et le signalement des crimes, ainsi que dans la sensibilisation aux menaces possibles.

«La formation de perfectionnement est une activité de sensibilisation généralement soutenue par des stratégies nationales. Elle ne se limite pas aux salariés, mais elle doit être accessible aux citoyens qui souhaitent acquérir des connaissances pour devenir des partenaires dans la lutte contre ces crimes», renchérit-il.

Les stratégies nationales doivent également inclure une évaluation continue des risques liés à la criminalité financière.

«Cette base d’évaluation peut fournir aux parties prenantes un aperçu des évolutions auxquelles les auteurs de délits financiers peuvent recourir ou ont déjà recours», indique M. Radwan.

Il ajoute que la stabilité politique et économique est un facteur essentiel pour freiner la montée de la criminalité financière, particulièrement évidente dans les pays instables.

«Les délits financiers érodent la confiance, en plus d’affecterles systèmes économiques et financiers. Ils entraînent ainsi une instabilité du marché et une diminution des investissements. Ils constituent un obstacle à la croissance économique, ce qui provoque des crises financières», soutient-il.

Ce n’est pas aux institutions fondées et mandatées par la loi de lutter contre la corruption et les crimes financiers. Il s’agit plutôt d’une tâche communautaire à laquelle participent divers secteurs de la société, conclut Raed Radwan.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël mène une série de frappes contre le Hezbollah au Liban

Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
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  • Israël a frappé vendredi plusieurs sites du Hezbollah au sud et à l’est du Liban, ciblant notamment un camp d’entraînement de sa force d’élite al-Radwan, malgré le cessez-le-feu conclu en novembre 2024
  • Ces raids interviennent alors que l’armée libanaise doit achever le démantèlement des infrastructures militaires du Hezbollah le long de la frontière israélienne d’ici le 31 décembre

BEYROUTH: Israël a mené une série de frappes aériennes contre le sud et l'est du Liban vendredi matin, selon les médias officiels, l'armée israélienne affirmant viser des objectifs du Hezbollah pro-iranien dont un camp d'entrainement.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe islamiste libanais, Israël continue de mener des attaques régulières contre le Hezbollah, l'accusant de se réarmer.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani), les raids de vendredi, qualifiés en partie de "violents", ont visé une dizaine de lieux, certains situés à une trentaine de km de la frontière avec Israël.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a affirmé avoir "frappé un complexe d'entrainement" de la force d'élite du Hezbollah, al-Radwan, où des membres de la formation chiite apprenaient "l'utilisation de différents types d'armes", devant servir dans "des attentats terroristes".

L'armée israélienne a également "frappé des infrastructures militaires supplémentaires du Hezbollah dans plusieurs régions du sud du Liban", a-t-elle ajouté.

L'aviation israélienne avait déjà visé certains des mêmes sites en début de semaine.

Ces frappes interviennent alors que l'armée libanaise doit achever le démantèlement le 31 décembre des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord, conformément à l'accord de cessez-le-feu.

Les zones visées vendredi se trouvent pour la plupart au nord du fleuve.

Le Hezbollah a été très affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe.


Pluies diluviennes et vents puissants ajoutent au chaos qui frappe Gaza

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
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  • A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre
  • Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza

GAZA: Pelle à la main, des Palestiniens portant des sandales en plastique et des pulls fins creusent des tranchées autour de leurs tentes dans le quartier de Zeitoun, à Gaza-ville, rempart dérisoire face aux pluies torrentielles qui s'abattent depuis des heures.

Dès mercredi soir, la tempête Byron a balayé le territoire palestinien, bordé par la mer Méditerranée, inondant les campements de fortune et ajoutant à la détresse de la population, déplacée en masse depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, le 7 octobre 2023.

A Zeitoun, le campement planté au milieu des décombres a des allures cauchemardesques, sous un ciel chargé de gros nuages gris et blancs.

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes.

Accroupis sur des briques posées dans la boue, un groupe d'enfants mangent à même des faitouts en métal devant l'ouverture d'un petit abri en plastique, en regardant le ciel s'abattre sur le quartier.

"Nous ne savions pas où aller" 

A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre.

"La nuit dernière a été terrible pour nous et pour nos enfants à cause des fortes pluies et du froid, les enfants ont été trempés, les couvertures et les matelas aussi. Nous ne savions pas où aller", raconte à l'AFP Souad Mouslim, qui vit sous une tente avec sa famille.

"Donnez-nous une tente décente, des couvertures pour nos enfants, des vêtements à porter, je le jure, ils ont les pieds nus, ils n'ont pas de chaussures", implore-t-elle.

"Jusqu'à quand allons-nous rester comme ça? C'est injuste", dit-elle en élevant la voix pour couvrir le bruit des gouttes frappant la toile.

Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza.

Le territoire connait généralement un épisode de fortes pluies en fin d'automne et en hiver, mais la dévastation massive due à la guerre l'a rendu plus vulnérable.

"La situation est désespérée", résume Chourouk Mouslim, une déplacée originaire de Beit Lahia, dans le nord de Gaza, elle aussi sous une tente à al-Zawaida.

"Nous ne pouvons même pas sortir pour allumer un feu" pour cuisiner ou se chauffer, déplore-t-elle, avant d'ajouter qu'elle n'a de toutes les manières ni bois, ni gaz.

Dans ce territoire dont les frontières sont fermées, où l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante selon l'ONU, malgré l'entrée en vigueur d'une trêve le 10 octobre, les pénuries empêchent une population déjà démunie de faire face à ce nouveau problème.

Lointaine reconstruction 

Sous les tentes, les plus chanceux bâchent le sol ou le recouvrent de briques pour empêcher que le sable humide ne détrempe leurs affaires. Dans les zones où le bitume n'a pas été arraché, des bulldozers continuent de déblayer les décombres des bâtiments détruits.

Beaucoup de gens restent debout, à l'entrée des abris, plutôt que de s'asseoir une surface mouillée.

"La tempête a eu un impact grave sur la population, des bâtiments se sont effondrés et une grande partie des infrastructures étant détruite, elles ne permettent plus d'absorber cet important volume de pluie", note Mahmoud Bassal, le porte-parole de la Défense civile de Gaza.

Cette organisation, qui dispense des premiers secours sous l'autorité du Hamas, a affirmé que la tempête avait causé la mort d'une personne, écrasée par un mur ayant cédé. Elle a ajouté que ses équipes étaient intervenues après l'effondrement partiel de trois maisons durant les fortes pluies.

La Défense civile a averti les habitants restés dans des logements partiellement détruits ou fragilisés par les bombardements qu'ils se mettaient en danger.

"Les tentes, c'est inacceptable", estime M. Bassal, "ce qui doit être fourni maintenant, ce sont des abris qu'on peut déplacer, équipés de panneaux solaires, avec deux pièces, une salle de bain et toutes les installations nécessaires pour les habitants. Seulement à ce moment-là, la reconstruction pourra commencer".


Les clubs de la Saudi Pro League démentent toute discussion avec Mohamed Salah

Les clubs de football saoudiens n'ont pas envisagé de négocier le transfert de l'attaquant égyptien de Liverpool Mohamed Salah vers la Ligue professionnelle saoudienne, ont déclaré mercredi des sources officielles saoudiennes à Asharq Al-Awsat. (X/@FabrizioRomano)
Les clubs de football saoudiens n'ont pas envisagé de négocier le transfert de l'attaquant égyptien de Liverpool Mohamed Salah vers la Ligue professionnelle saoudienne, ont déclaré mercredi des sources officielles saoudiennes à Asharq Al-Awsat. (X/@FabrizioRomano)
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  • Un article d’Asharq Al-Awsat qualifie d’« rumeurs infondées » les insinuations médiatiques évoquant un possible départ de Salah vers le Royaume
  • Des sources affirment que les grands clubs Al-Hilal, Al-Nassr, Al-Ittihad et Al-Ahli, ainsi qu’Al-Qadisiyah et NEOM, n’ont jamais envisagé de contacter Salah, Liverpool ou son agent

RIYAD : Les clubs saoudiens n’ont à aucun moment envisagé de négocier le transfert de l’attaquant égyptien de Liverpool, Mohamed Salah, vers la Saudi Pro League, ont indiqué mercredi des sources officielles saoudiennes à Asharq Al-Awsat.

Des spéculations médiatiques au sujet de possibles discussions entre Salah et des clubs du Royaume ont émergé plus tôt cette semaine, après que le joueur a critiqué la direction du Liverpool Football Club et l’entraîneur Arne Slot.

Cependant, des sources saoudiennes ont rejeté ces affirmations, les qualifiant de « news promotionnelles » diffusées par l’agent de Salah et son entourage.

Les clubs de la Roshn Saudi League « n’ont entrepris aucune démarche » en ce sens, notamment en raison du contrat actuel de Salah, valable jusqu’à la mi-2027, ont ajouté les sources.

Selon elles, impliquer des clubs saoudiens est devenu une pratique courante chez plusieurs joueurs internationaux en conflit avec leurs clubs, afin d’augmenter leur valeur sur le marché ou de créer un intérêt artificiel.

Les clubs Al-Hilal, Al-Nassr, Al-Ittihad et Al-Ahli, ainsi qu’Al-Qadisiyah et NEOM, n’ont tenu aucune discussion et n’ont même pas envisagé de prendre contact avec Salah, Liverpool ou son agent, ont précisé les sources.

Asharq Al-Awsat a publié mardi un démenti officiel d’une source au sein d’Al-Hilal, qualifiant les informations de « rumeurs sans fondement ».

Le journal a également publié un démenti similaire provenant de sources internes à Al-Qadisiyah, qui ont confirmé que le club, propriété d'Aramco, n'avait aucune intention de recruter Salah.

Omar Maghrabi, PDG de la SPL, a déclaré mercredi lors de son discours au World Football Summit que Salah serait le bienvenu dans le championnat saoudien, mais que les clubs restent les parties responsables des négociations avec les joueurs.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Asharq Al-Awsat