Israël interdit un direct d'AP sur Gaza puis rétropédale sous la pression de Washington

Capture d'écran extraite d'une vidéo AP montrant une vue générale du nord de Gaza vu du sud d'Israël, avant sa saisie par les responsables israéliens le mardi 21 mai 2024 (Photo, AP).
Capture d'écran extraite d'une vidéo AP montrant une vue générale du nord de Gaza vu du sud d'Israël, avant sa saisie par les responsables israéliens le mardi 21 mai 2024 (Photo, AP).
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Publié le Mercredi 22 mai 2024

Israël interdit un direct d'AP sur Gaza puis rétropédale sous la pression de Washington

  • Dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF, Israël se situe à la 101e place sur 180
  • Le 5 mai, Benjamin Netanyahu s'est appuyé sur la loi votée par le Parlement début avril pour annoncer l'interdiction de la chaîne et la fermeture de ses bureaux

 

JERUSALEM: Sous la pression de la Maison Blanche, Israël est revenu mardi soir sur sa décision d'interrompre la retransmission par l'agence américaine AP de sa vidéo en direct de la bande de Gaza ravagée par plus de sept mois de guerre entre Israël et le Hamas.

"Etant donné que le ministère de la Défense souhaite examiner la question des diffusions et le risque pour nos forces, j'ai ordonné d'annuler l'opération et de rendre l'équipement à l'agence AP" jusqu'à ce que le ministère de la Défense se prononce, a indiqué le ministre israélien des Communications Shlomo Karhi.

Cette décision a été annoncée après que le gouvernement américain a indiqué être "en contact direct" avec le gouvernement israélien et lui avoir demandé de rétablir le direct.

Associated Press avait annoncé plus tôt dans la journée que son direct vidéo sur le territoire palestinien avait été coupé par Israël qui accuse l'agence de presse de violer une loi ayant permis aux autorités israéliennes d'interdire la chaîne qatarie Al-Jazeera sur leur territoire.

Cette décision a immédiatement suscité de vives réactions à l'étranger, du secrétaire général de l'ONU, pour qui il s'agit d'un développement "plutôt choquant", à la Maison Blanche qui a demandé à Israël de rétablir le direct vidéo.

AP a attribué la coupure à "une utilisation abusive par le gouvernement" de Benjamin Netanyahu de la loi votée début avril qui permet d'interdire la diffusion en Israël de médias étrangers "portant atteinte à la sécurité" de l'Etat.

AP a déclaré que les autorités avaient saisi sa caméra et son matériel de diffusion.

Après le rétablissement du direct, l'agence a ajouté: "Bien que nous soyons satisfaits de cette évolution, nous restons préoccupés par l'utilisation de la part du gouvernement israélien de la loi sur les radiodiffuseurs étrangers et la faculté des journalistes indépendants à travailler librement en Israël".

En parallèle, dans un article relatant les faits, l'agence a précisé que des agents du ministère des Communications sont arrivés dans l'après-midi sur le site d'AP à Sdérot dans le sud d'Israël, à la lisière de la bande de Gaza, et ont saisi le matériel.

Ces fonctionnaires ont remis à AP un document, signé par le ministre des Communications Shlomo Karhi, alléguant que l'agence violait la nouvelle loi sur la radiodiffusion étrangère, toujours selon l'agence.

«Mises en garde»

Le ministère des Communications a indiqué dans un premier communiqué que "les photographes d'AP photographient régulièrement la bande de Gaza depuis le balcon d'une maison à Sdérot", en mettant aussi "l'accent sur les activités de soldats (israéliens) et l'endroit où ils se trouvent".

Les règles de la censure militaire israélienne imposées à la presse dans le cadre de la guerre à Gaza interdisent la publication d'images ou d'informations susceptibles de permettre de localiser des installations militaires ou des soldats israéliens.

"Le gouvernement israélien a décidé qu'il n'autoriserait pas Al-Jazeera qui soutient le Hamas terroriste à diffuser depuis Israël", souligne le texte, précisant qu'AP, qui compte la chaîne qatarie parmi ses clients, avait reçu "des mises en garde" d'inspecteurs du ministère des Communications mais qu'elle n'en avait pas tenu compte.

«Extrêmement préoccupante»

L'annonce de la coupure avait été dénoncée par l'association de la presse étrangère (FPA) qui y a vu "une décision scandaleuse" et le signe qu'Israël est sur une "pente glissante".

Dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF, Israël se situe à la 101e place sur 180.

"RSF est soulagée du retrait d'une décision scandaleuse mais AP n'aurait jamais dû être empêchée de couvrir Gaza, pas plus que les autres médias. L'interdiction d'Al-Jazeera doit aussi être annulée et la communauté internationale doit lui apporter le même soutien qu'elle a manifesté aujourd'hui", a commenté RSF après le rétablissement du direct.

"La décision d'Israël de restreindre le travail d'AP est extrêmement préoccupante et constitue une attaque claire contre la liberté de la presse", a pour sa part réagi Phil Chetwynd, directeur de l'information de l'AFP, en demandant aux autorités israéliennes de "revenir immédiatement" sur leur décision et "permettre à tous les journalistes de travailler librement et sans entrave".

Les autorités israéliennes ont souvent critiqué la couverture par Al-Jazeera de l'actualité en Israël et dans les Territoires palestiniens où la chaîne compte de nombreux correspondants.

Le 5 mai, Benjamin Netanyahu s'est appuyé sur la loi votée par le Parlement début avril pour annoncer l'interdiction de la chaîne et la fermeture de ses bureaux, pour une période de 45 jours renouvelables.

M. Netanyahu a dans le passé accusé Al-Jazeera d'être "un organe de propagande du Hamas et d'avoir participé activement" à l'attaque sanglante menée en Israël le 7 octobre par le mouvement islamiste palestinien.

Cette attaque a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, majoritairement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Sur les 252 personnes alors emmenées comme otages, 124 sont toujours retenues à Gaza, dont 37 sont mortes selon l'armée.

Israël a juré d'"anéantir" le Hamas et lancé une offensive dans la bande de Gaza, entraînant la mort d'au moins 35.647 personnes, la plupart des civils, selon le ministère de la Santé du gouvernement du territoire palestinien dirigé par le Hamas.

 


L’ancien Premier ministre australien à Netanyahu : « Restez en dehors de notre politique »

L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
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  • Turnbull s’en prend au Premier ministre israélien dans une interview sur Channel 4
  • Les tentatives de Netanyahu de lier le massacre de Bondi à la politique sur la Palestine jugées « contre-productives »

​​​​​​LONDRES : L’ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull a demandé à Benjamin Netanyahu de « rester en dehors de notre politique » après que le dirigeant israélien a établi un lien entre la reconnaissance de la Palestine et la fusillade de masse survenue à Bondi Beach.

Quinze personnes ont été tuées lorsqu’un père et son fils ont ouvert le feu sur des participants célébrant la fête juive de Hanoukka dimanche soir.

Netanyahu a affirmé que la décision de l’Australie de reconnaître l’État palestinien plus tôt cette année avait « jeté de l’huile sur le feu de l’antisémitisme » dans les semaines précédant l’attaque.

Interrogé sur ces propos lors du journal de Channel 4 News au Royaume-Uni, Turnbull a déclaré : « Je dirais respectueusement à “Bibi” Netanyahu : s’il vous plaît, restez en dehors de notre politique.

« Tenir ce type de discours n’aide en rien… et ce n’est pas approprié. »

Turnbull a soutenu la décision du gouvernement de l’actuel Premier ministre australien Anthony Albanese de reconnaître l’État palestinien en août — aux côtés de nombreux autres pays occidentaux — alors que la pression internationale s’intensifiait face à la guerre à Gaza.

Dans un discours prononcé après l’attaque de Bondi, Netanyahu a déclaré : « Il y a quelques mois, j’ai écrit au Premier ministre australien pour lui dire que sa politique jetait de l’huile sur le feu de l’antisémitisme. »

Il a ajouté : « L’antisémitisme est un cancer qui se propage lorsque les dirigeants se taisent. »

Turnbull a rappelé que la grande majorité des pays du monde reconnaissaient la Palestine comme un État et soutenaient une solution à deux États au conflit.

Il a souligné que l’Australie était une société multiculturelle très prospère qui ne pouvait permettre l’importation de conflits étrangers.

« Nous devons veiller à ce que les guerres du Moyen-Orient ou d’ailleurs ne soient pas menées ici », a-t-il déclaré.
« Chercher à les relier, comme l’a fait Netanyahu, n’est pas utile et va exactement à l’encontre de ce que nous voulons accomplir. »

Albanese a également rejeté les propos de Netanyahu lorsqu’on lui a demandé s’il existait un lien entre sa politique sur la Palestine et l’attaque de Bondi.

« L’écrasante majorité du monde considère qu’une solution à deux États est la voie à suivre au Moyen-Orient », a-t-il déclaré aux médias.

« C’est un moment d’unité nationale où nous devons nous rassembler… Nous devons entourer les membres de la communauté juive qui traversent une période extraordinairement difficile. »

Albanese s’est rendu à l’hôpital pour rendre visite à l’homme salué comme un héros pour avoir désarmé l’un des assaillants.

Ahmed Al-Ahmed, commerçant arrivé en Australie depuis la Syrie en 2006, est en convalescence après avoir maîtrisé le tireur.

Albanese a déclaré mardi que les assaillants, Sajid Akram et son fils Naveed, étaient animés par l’idéologie de Daesh.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Attentat de Sydney: le Premier ministre australien rend visite au «héros» de la plage de Bondi

Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
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  • Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants
  • Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump

SYDNEY: Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies.

Dimanche soir, alors qu'une foule était rassemblée sur cette plage de Sydney pour la fête juive de Hanouka, un père et son fils ont ouvert le feu pendant une dizaine de minutes, tuant 15 personnes et en blessant 42 autres.

Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants. Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump.

"Il allait s'acheter un café et s’est retrouvé face à des gens qui se faisaient tirer dessus", raconte M. Albanese après une visite au chevet de M. Ahmed.

"Il a décidé d'agir, et son courage est une source d’inspiration pour tous les Australiens."

L'homme a été touché plusieurs fois à l'épaule après s'être battu avec l'un des assaillants. M. Albanese rapporte qu'il devra "subir une nouvelle intervention chirurgicale" mercredi.

"Au moment où nous avons été témoins d'actes maléfiques, il brille comme un exemple de la force de l'humanité", a salué le Premier ministre. "Nous sommes un pays courageux. Ahmed al Ahmed incarne ce que notre pays a de meilleur."

Alité, des tubes dans le nez, M. Ahmed a brièvement remercié en arabe les personnes le soutenant, dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux mardi matin.

"J'apprécie les efforts de chacun (...). Puisse Allah vous récompenser et vous accorder le bien être", a-t-il déclaré, selon une traduction (en anglais) fournie par la chaîne publique turque TRT World.

Ce père de deux enfants, originaire de Syrie, vit en Australie depuis plus de 10 ans, selon les médias locaux.

Sa mère a déclaré lundi au média australien ABC qu'elle n'avait cessé de "culpabiliser et de pleurer" lorsqu'elle a reçu l'appel lui annonçant que son fils avait été blessé par balle dans "un accident". "Nous prions pour que Dieu le sauve", dit-elle.

Une collecte de fonds en ligne a récolté plus de 1,9 million de dollars australiens (1,1 million d'euros) de dons pour couvrir les frais médicaux de M. Ahmed.


La CPI rejette un appel d'Israël contestant sa compétence

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
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  • Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas
  • Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a rejeté lundi une demande en appel d'Israël qui contestait sa compétence pour enquêter sur des crimes présumés dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre contre le Hamas.

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant.

Ils sont soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza. Famine, meurtre et persécution font partie des chefs d'accusation.

Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas.

Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties".

La Cour examine actuellement une autre contestation israélienne de sa compétence, en plus d'une demande de récusation du procureur Karim Khan.

Elle a dit non en juillet à une demande d'Israël de rejet des mandats d'arrêts, ainsi qu'à l'appel de cette décision en octobre.

Créée en 2002, la CPI poursuit des individus accusés des pires atrocités tels que les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et le génocide.

Israël n'adhère pas au traité de Rome ayant institué la CPI, ce qui ne les empêche pas d'introduire des contestations juridiques auprès de la Cour.

La Cour avait déjà statué en 2021 que sa compétence territoriale s'étendait à Gaza.

Les accusations de génocide commis par Israël envers les Palestiniens dans la bande de Gaza se sont multipliées depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023, après l'attaque du Hamas contre Israël ayant coûté la vie à 1.221 personnes côté israélien, principalement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

Les représailles israéliennes à Gaza ont depuis fait plus de 70.000 morts, selon les chiffres du ministère de la Santé du territoire palestinien contrôlé par le Hamas, que l'ONU considère comme fiables.

Sous fortes pressions américaines, une trêve fragile est en vigueur depuis le 10 octobre.