Fusion de l'audiovisuel public: les opposants pensent à la suite

Un manifestant tient une pancarte avec le logo de la radio française France Inter lors d'une manifestation des syndicats de Radio France, France TV, Ina et France Médias Monde contre le projet du gouvernement français de fusionner Radio France et France TV, place Colette à Paris le 23 mai 2024. (AFP)
Un manifestant tient une pancarte avec le logo de la radio française France Inter lors d'une manifestation des syndicats de Radio France, France TV, Ina et France Médias Monde contre le projet du gouvernement français de fusionner Radio France et France TV, place Colette à Paris le 23 mai 2024. (AFP)
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Publié le Vendredi 24 mai 2024

Fusion de l'audiovisuel public: les opposants pensent à la suite

  • Une grève de 48 heures avait été votée dans les quatre entreprises concernées: France Télévisions, Radio France, l'Ina et France Médias Monde
  • Ce projet commence toutefois à soulever des doutes au sein même de la majorité présidentielle, dans son aile gauche

PARIS: Après deux jours de grève, jeudi et vendredi, les salariés de l'audiovisuel public, Radio France en tête, réfléchissent à la suite de leur mobilisation contre le projet gouvernemental de fusion, dont l'examen à l'Assemblée nationale a été repoussé.

Pour protester contre cette réforme portée par la ministre de la Culture, Rachida Dati, une grève de 48 heures avait été votée dans les quatre entreprises concernées: France Télévisions, Radio France, l'Ina et France Médias Monde (RFI, France 24), dont le sort fait cependant débat jusque dans le camp présidentiel.

Comme la veille, les antennes de Radio France ont été particulièrement perturbées vendredi. De la musique a remplacé les programmes de France Inter, franceinfo, France Culture et d'un grand nombre de locales de France Bleu.

Les perturbations étaient moins visibles à la télé. Le journal de 13h00 de France 2 a toutefois été réalisé avec des moyens limités, avec une seule caméra fixe sur le présentateur Julian Bugier.

Initialement, les députés devaient débattre de cette réforme éclair jeudi et vendredi. Mais, face à l'encombrement de l'ordre du jour, le gouvernement a décidé jeudi de reporter l'examen du texte. Il pourrait avoir lieu la semaine du 24 juin.

«Idée fixe»

Ce contretemps intervient alors que le calendrier voulu par Mme Dati était déjà très serré: une fusion de l'audiovisuel public dès le 1er janvier 2026, après une année de transition sous un régime de holding.

Au lendemain d'un rassemblement de plusieurs centaines de personnes jeudi près du ministère de la Culture, les salariés de l'audiovisuel public ont tenu une assemblée générale vendredi matin à Paris. L'affluence y était moindre, avec moins d'une centaine de personnes.

Les grévistes ont débattu de la suite de la mobilisation d'ici l'examen du texte à l'Assemblée.

"Il y a du travail à faire", a lancé Antoine Chuzeville, représentant syndical SNJ (Syndicat national des journalistes) à France Télévisions.

Il a évoqué les pistes d'un "rassemblement encore plus grand fin juin", d'une "mobilisation des auditeurs et des téléspectateurs", ou d'un travail de persuasion auprès des parlementaires.

Benoît Gaspard, délégué Sud à Radio France, a pour sa part jugé "décevante" la réunion à laquelle les syndicats ont participé jeudi au ministère.

Les membres du cabinet de Mme Dati "ne sortent pas d'une idée fixe: un texte de loi va passer", a-t-il dit. Il a rappelé "l'opposition" des syndicats à "toute forme de rapprochement de nos entreprises".

Doutes 

"Il y a encore des marges de progression: c'est à France Télévisions qu'il y a le plus de salariés, et le moins de grévistes", a toutefois noté M. Chuzeville.

La direction du groupe a assuré qu'il y avait 9,9% de grévistes vendredi (12% jeudi), tous métiers confondus.

En interne, on attribue cette faible mobilisation à une lassitude après plusieurs réorganisations récentes et au fait que la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte Cunci, est favorable à la réforme.

Ce projet commence toutefois à soulever des doutes au sein même de la majorité présidentielle, dans son aile gauche.

"Je ne suis pas convaincu par l'état actuel de la réforme", a lâché le député Renaissance et ancien ministre Clément Beaune, vendredi sur Sud Radio. "Sur un sujet comme ça, je pense qu'il ne faut pas aller trop vite".

Pour sa part, la directrice de France Inter, Adèle Van Reeth, a invité les députés à "visiter" la station. "Je suis sûre que vous repartirez convaincus de tout faire pour préserver la radio publique", a-t-elle dit sur le réseau social X.

"Chiche", lui a répondu le président des députés Renaissance, Sylvain Maillard.

Dans ce climat de turbulences pour l'audiovisuel public, la direction de Radio France a dénoncé une "opération de dénigrement" du Figaro Magazine.

Dans son édition de ce weekend, le magazine reproche à l'audiovisuel public un "manque de pluralisme" qui profite à la gauche, sur la base d'une étude de l'institut "libéral et conservateur" Thomas More.

Il s'agit "d'une étude à la méthodologie hautement questionnable, dont ni le contenu, ni le timing de publication, ne sont neutres", a protesté Radio France dans un communiqué.


France: l'adoption d'un budget compromise après le rejet des députés

Les résultats du vote sur le projet de loi de finances pour 2026 à l'Assemblée nationale, à Paris, tôt dans la matinée du 22 novembre 2025. (AFP)
Les résultats du vote sur le projet de loi de finances pour 2026 à l'Assemblée nationale, à Paris, tôt dans la matinée du 22 novembre 2025. (AFP)
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  • L’Assemblée nationale a rejeté massivement en première lecture le budget 2026, renvoyant le texte au Sénat et illustrant l’extrême fragmentation politique depuis la dissolution de 2024
  • Le gouvernement minoritaire, sous pression pour réduire un déficit public record, peine à trouver une majorité, malgré l’espoir d’un compromis sur fond de tensions entre blocs politiques

PARIS: Les députés français ont rejeté à la quasi-unanimité en première lecture le budget de l'État pour 2026, dans la nuit de vendredi à samedi, un vote inédit depuis des décennies qui augure mal d'une adoption avant la fin de l'année.

Après des semaines de débats parfois houleux sur la fiscalité du patrimoine, ou celle des grandes entreprises, 404 députés ont rejeté la partie "recettes" du texte (un seul a voté pour), emportant ainsi l'ensemble du projet de loi, sans même étudier la partie "dépenses".

En vertu des procédures parlementaires françaises, ce vote renvoie le texte initial du gouvernement à la chambre haute du Parlement, qui s'en saisira la semaine prochaine.

Dans un paysage politique très facturé depuis la dissolution de l'Assemblée nationale décidée par le président Emmanuel Macron en 2024, la difficulté à adopter un budget de l'Etat constitue le sujet majeur à l'origine de la chute des derniers Premier ministres.

Le gouvernement minoritaire de Sébastien Lecornu, un proche d'Emmanuel Macron, se trouve pourtant sous forte pression pour réduire le déficit public, le plus élevé de la zone euro, dont l'ampleur inquiète les marchés financiers.

L'Assemblée avait déjà rejeté en 2024 le budget de l'État, de manière inédite depuis l'adoption de la Ve République en 1958. Mais c'est une première qu'il le soit avec une telle ampleur.

Les groupes de gauche et l'extrême droite ont voté contre, ceux du camp gouvernemental se sont divisés entre votes contre et abstentions. Seul un député centriste a voté en faveur du texte.

- Compromis? -

Si l'exécutif espère toujours une adoption avant la fin de l'année, cela apparaît comme une gageure, en terme de délais comme en terme de majorité pour le voter.

Minoritaire, le quatrième gouvernement en moins d'un an et demi, le sixième depuis la réélection de M. Macron en mai 2022, avait promis de laisser le dernier mot au Parlement pour éviter une censure.

Mais la recherche d'un compromis reste très difficile entre un camp présidentiel fracturé, une gauche traversée de tensions et une extrême droite favorable à une union des droites.

Si elle a vu dans le "plus long débat budgétaire" de la Ve République, un "travail utile", la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a aussi déploré un "certain nombre de mesures inconstitutionnelles, irréalistes ou inapplicables".

Dans le viseur du camp gouvernemental, plusieurs hausses d'impôts, dont un "impôt universel" sur les multinationales, une hausse de taxe sur les rachats d'action, ou une contribution sur les dividendes.

Avec elles, le déficit passerait à "4,1%" du PIB (contre un objectif à 4,7% dans le texte initial), sans elles il serait de "5,3%", a estimé Amélie de Montchalin.

Sur X, elle a dénoncé l'"attitude cynique" des "extrêmes", se disant cependant "convaincue" de la possibilité d'un compromis.

"Le compte n'y est pas", a lancé le chef de files des élus socialistes, Boris Vallaud, estimant les "recettes" insuffisantes pour "effacer" des économies irritantes sur les politiques publiques.

Le PS continuera toutefois à "chercher le compromis", a-t-il assuré.

Les socialistes, qui avaient accepté de ne pas censurer le Premier ministre en échange notamment de la suspension de la réforme des retraites, espéraient que les débats permettent d'arracher une taxe sur le patrimoine des ultra-riches. Mais les propositions en ce sens ont été rejetées.

Si le Parlement ne se prononce pas dans les délais, le gouvernement peut exécuter le budget par ordonnance. Une loi spéciale peut aussi être votée permettant à l'Etat de continuer à percevoir les impôts existants l'an prochain, tandis que ses dépenses seraient gelées, en attendant le vote d'un réel budget.


Narcobanditisme: la porte-parole du gouvernement sera à la marche blanche samedi à Marseille

La porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a annoncé vendredi qu'elle irait à la marche blanche prévue samedi à Marseille en hommage à Mehdi Kessaci, le frère du militant Amine Kessaci engagé contre le narcobanditisme, soulignant que sa présence devait illustrer le "soutien de l'Etat". (AFP)
La porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a annoncé vendredi qu'elle irait à la marche blanche prévue samedi à Marseille en hommage à Mehdi Kessaci, le frère du militant Amine Kessaci engagé contre le narcobanditisme, soulignant que sa présence devait illustrer le "soutien de l'Etat". (AFP)
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  • "Au-delà des actes forts et des engagements du ministre de l'Intérieur et du garde des Sceaux, l'État et singulièrement le gouvernement devaient marquer, symboliquement et humblement, leur soutien et leur solidarité lors de ce rassemblement
  • "Les réflexes partisans n'ont pas leur place dans une telle marche et dans un tel combat", a estimé Mme Bregeon, espérant que les participants seraient "le plus nombreux possible" samedi

PARIS: La porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a annoncé vendredi qu'elle irait à la marche blanche prévue samedi à Marseille en hommage à Mehdi Kessaci, le frère du militant Amine Kessaci engagé contre le narcobanditisme, soulignant que sa présence devait illustrer le "soutien de l'Etat".

Le jeune homme de 20 ans a été assassiné le 13 novembre par deux hommes à moto, et la justice étudie la piste d'"un crime d'intimidation" lié au militantisme de son frère.

"Le gouvernement sera présent et je me rendrai samedi à Marseille en compagnie de mon collègue Vincent Jeanbrun, qui est ministre de la Ville et du Logement", a déclaré Maud Bregeon sur TF1 vendredi, ajoutant que ce drame avait "profondément choqué tous nos concitoyens".

La porte-parole a assuré que son déplacement serait fait "humblement, avec la modestie et la pudeur que cet événement nécessite, sans communication sur place".

Il s'agit, selon elle, de "marquer l'engagement total du gouvernement et le soutien de l'État, du président de la République et du Premier ministre, à cette famille et aux proches de Mehdi Kessaci".

"Au-delà des actes forts et des engagements du ministre de l'Intérieur et du garde des Sceaux, l'État et singulièrement le gouvernement devaient marquer, symboliquement et humblement, leur soutien et leur solidarité lors de ce rassemblement où habitants, élus locaux et nationaux feront bloc contre le narcotrafic", a précisé l'entourage de Maud Bregeon à l'AFP.

La porte-parole retrouvera à Marseille de nombreuses autres personnalités politiques, dont beaucoup issues de gauche, comme Olivier Faure (PS) ou Marine Tondelier (les Ecologistes).

"Les réflexes partisans n'ont pas leur place dans une telle marche et dans un tel combat", a estimé Mme Bregeon, espérant que les participants seraient "le plus nombreux possible" samedi.

Si les courants politiques s'accordent sur le constat, ils s'opposent sur les voies à suivre pour contrer le narcotrafic.

Le député LFI du Nord Ugo Bernalicis a ainsi affirmé sur franceinfo que "ce qu'on demande au gouvernement, c'est pas tant la participation à cette marche, c'est de faire en sorte que les moyens soient à la hauteur des enjeux". Et "le compte n'y est pas", a-t-il dit.

Il a notamment appelé à s'attaquer au "cœur du problème" en légalisant le cannabis, dont la vente est "le moteur financier" des trafiquants, selon lui.

Le député insoumis des Bouches-du-Rhône Manuel Bompard, qui sera présent samedi, a exhorté à un "changement de doctrine complet", demandant par exemple plus de moyens pour la police judiciaire.

"Plutôt que d'envoyer des policiers chasser le petit consommateur, je pense au contraire qu'il faut concentrer les moyens dans le démantèlement des réseaux de la criminalité organisée", a-t-il dit.

Quant à la suggestion du maire de Nice Christian Estrosi d'engager l'armée contre le narcotrafic, Maud Bregeon a rappelé que ce n'était "pas les prérogatives de l'armée" et "qu'on a pour ça la police nationale, la gendarmerie nationale, la justice de la République française".


Une centaine de personnes en soutien à un directeur d'école menacé de mort

Un rassemblement de soutien d'environ 150 personnes se tenait vendredi matin devant une école maternelle située à Rennes, dans l'ouest de la France, dont le directeur a été menacé de mort par une famille refusant que leur fillette soit encadrée par un homme. (AFP)
Un rassemblement de soutien d'environ 150 personnes se tenait vendredi matin devant une école maternelle située à Rennes, dans l'ouest de la France, dont le directeur a été menacé de mort par une famille refusant que leur fillette soit encadrée par un homme. (AFP)
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  • Cet enseignant a porté plainte le 14 octobre "pour des faits de menace de mort datant du 10 octobre", a affirmé jeudi le procureur de la République de Rennes, Frédéric Teillet. Le rectorat a également porté plainte
  • "On reproche simplement au collègue d'être un homme et d'encadrer des jeunes enfants", a déploré Mickaël Bézard, du syndicat Force Ouvrière (FO) des écoles, présent devant l'établissement

RENNES: Un rassemblement de soutien d'environ 150 personnes se tenait vendredi matin devant une école maternelle située à Rennes, dans l'ouest de la France, dont le directeur a été menacé de mort par une famille refusant que leur fillette soit encadrée par un homme.

Cet enseignant a porté plainte le 14 octobre "pour des faits de menace de mort datant du 10 octobre", a affirmé jeudi le procureur de la République de Rennes, Frédéric Teillet. Le rectorat a également porté plainte.

Selon des sources syndicales, la famille n'aurait pas toléré que l'instituteur accompagne la fillette aux toilettes.

"On reproche simplement au collègue d'être un homme et d'encadrer des jeunes enfants", a déploré Mickaël Bézard, du syndicat Force Ouvrière (FO) des écoles, présent devant l'établissement.

"Il n'y a pas d'aspect religieux derrière tout ça" a insisté Fabrice Lerestif, un autre représentant de ce syndicat à l'échelle départementale, reprenant les termes du ministre français de l'Éducation, Édouard Geffray, en marge d’un déplacement la veille près de Lyon (centre-est).

Environ 150 personnes, dont des enseignants d'écoles voisines et une trentaine de parents d'élèves, étaient présents devant l'école, fermée pour la journée. "Soutien à notre collègue", "Parents unis! Respect et soutien total à nos enseignants", clamaient deux pancartes accrochées aux grilles.

Parmi les parents d'élèves, Pierre Yacger est venu avec ses enfants soutenir l'équipe éducative "en qui on a pleinement confiance". Concernant le directeur, "on n'a jamais eu de retour négatif", a-t-il affirmé.

Choqué, l'enseignant est depuis en arrêt de travail. Il est "meurtri par la situation" qui a "eu un impact fort sur l'ensemble de l'école", alors qu'il s'agit d'un établissement "où tout se passe bien", a précisé Mickaël Bézard.

Le corps enseignant demande que la fillette, toujours scolarisée dans cette école, soit changée d'établissement, "pour retrouver aussi un climat serein", a-t-il poursuivi.

"Cette enfant, peut-être, va être scolarisée ailleurs", a estimé Gaëlle Rougier, adjointe à l'éducation à la municipalité de Rennes. "Il va bien falloir poursuivre une médiation avec la famille", a-t-elle ajouté.