Un journaliste israélien menacé pour son enquête sur les intimidations du chef des services de renseignements envers la CPI

Ces révélations surviennent dans un contexte de recul de la liberté de la presse en Israël. (AFP)
Ces révélations surviennent dans un contexte de recul de la liberté de la presse en Israël. (AFP)
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Publié le Vendredi 31 mai 2024

Un journaliste israélien menacé pour son enquête sur les intimidations du chef des services de renseignements envers la CPI

  • Gur Megiddo affirme que les autorités l’ont convoqué pour lui adresser une «menace polie» concernant les conséquences de son enquête
  • Ces révélations surviennent quelques jours après la publication d'un article alléguant que le Mossad aurait tenté de faire pression sur un ancien procureur pour qu'il abandonne les poursuites engagées contre Israël devant la CPI

LONDRES: Un journaliste israélien affirme avoir été menacé par de hauts responsables de la sécurité pour s'assurer qu'il abandonne son enquête sur les allégations selon lesquelles le Mossad aurait intimidé un ancien procureur de la Cour pénale internationale (CPI).

Dans un article publié jeudi, Gur Megiddo, journaliste d'investigation à Haaretz, affirme que des responsables du Mossad ont tenté, il y a quelques années, de bloquer toute couverture médiatique sur cette affaire en utilisant des tactiques d'intimidation.

Cette révélation fait suite à un rapport publié par The Guardian en début de semaine, selon lequel l'ancien chef du Mossad, Yossi Cohen, aurait tenté d'intimider Fatou Bensouda, alors procureure de la CPI. M. Cohen aurait tenté d'empêcher Mme Bensouda d'enquêter sur Israël pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité dans les territoires palestiniens occupés.

Cette enquête, initiée en 2021, a récemment mené Karim Khan, successeur de Fatou Bensouda, à annoncer qu'il cherchait à obtenir un mandat d'arrêt contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, pour les agissements de son pays dans la guerre contre Gaza.

«Début 2022, j'ai tenté de contacter l'ancienne procureure par l'intermédiaire d'une tierce personne la connaissant,» écrit M. Megiddo.

 

«Malgré l'absence de réponse de Mme Bensouda à cette tentative de contact, quelques jours plus tard, alors que j'étais sur le point de publier l'article, j'ai reçu un appel téléphonique d'un haut responsable sécuritaire, me demandant: “Pouvez-vous venir me voir demain?”»

Le journaliste soutient qu’au cours de cette réunion avec deux responsables, il lui avait été demandé de mettre fin à l’enquête ou de faire face aux «conséquences» de ses actions.

«Ce fut une conversation polie, une menace polie», écrit Gur Megiddo. «Le ton était posé, le contenu l'était beaucoup moins. On m'a clairement expliqué que si je publiais l'article, j'en subirais les conséquences et que je risquais de me retrouver à l’intérieur des salles d'interrogatoire des autorités de sécurité israéliennes. En fin de compte, il m’a été sous-entendu que même le simple fait de partager l'information “avec mes amis à l'étranger”, faisant référence aux médias étrangers, aboutirait aux mêmes conséquences», ajoute-t-il.

Les révélations de M. Megiddo semblent corroborer le rapport du Guardian, qui s’inscrit dans le cadre d’une enquête plus vaste. Cette enquête a été menée en collaboration avec les magazines basés en Israël +972 et Local Call sur l'utilisation par Israël de ses agences de renseignement pour surveiller, pirater, faire pression, diffamer et menacer le personnel supérieur de la CPI afin de saboter ses enquêtes relatives à la Palestine.

Après la réunion, Gur Megiddo précise avoir «pris les menaces très au sérieux» et il a décidé de publier une version expurgée de l’article sur laquelle il travaillait, ne rapportant que les voyages de Yossi Cohen au Congo.

Cependant, il a omis de mentionner les efforts de l'agence visant à persuader le président congolais, Joseph Kabila, de soutenir les tentatives de faire pression sur Fatou Bensouda et de perturber les procédures à La Haye.

Ces révélations interviennent dans un contexte de recul de la liberté des médias en Israël. Le magazine +972 et le Mouvement pour la liberté de l'information en Israël ont rapporté qu'en 2023, la censure militaire avait interdit la publication de six cent treize articles – un chiffre record depuis que +972 a commencé à collecter des données en 2011.

Au début du mois de mai, les autorités ont fermé les bureaux du média qatari Al Jazeera après l'adoption d'une loi très controversée accordant à Israël le pouvoir de fermer temporairement des médias étrangers considérés comme une menace pour la sécurité.

La semaine dernière, du matériel appartenant à l'Associated Press a été brièvement saisi, ce qui a entraîné l'intervention du gouvernement américain.


La coalition arabe met en garde contre toute action militaire compromettant la désescalade au Yémen

Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
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  • Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a indiqué que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite pour prendre des mesures urgentes

DUBAÏ : La coalition arabe soutenant le gouvernement yéménite internationalement reconnu a averti samedi que tout mouvement militaire compromettant les efforts de désescalade serait traité immédiatement afin de protéger les civils, a rapporté l’Agence de presse saoudienne.

Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a déclaré que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite visant à prendre des mesures urgentes pour protéger les civils dans le gouvernorat de Hadramout, face à ce qu’il a qualifié de graves violations humanitaires commises par des groupes affiliés au Conseil de transition du Sud (CTS).

Le communiqué précise que ces mesures s’inscrivent dans le cadre des efforts conjoints et continus de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis pour réduire les tensions, faciliter le retrait des forces, remettre les camps militaires et permettre aux autorités locales d’exercer leurs fonctions.

Al-Maliki a réaffirmé le soutien de la coalition au gouvernement yéménite internationalement reconnu et a appelé toutes les parties à faire preuve de retenue et à privilégier des solutions pacifiques, selon l’agence.

Le CTS a chassé ce mois-ci le gouvernement internationalement reconnu de son siège à Aden, tout en revendiquant un contrôle étendu sur le sud du pays.

L’Arabie saoudite a appelé les forces du CTS à se retirer des zones qu’elles ont prises plus tôt en décembre dans les provinces orientales de Hadramout et d’Al-Mahra.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les Émirats arabes unis saluent les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la stabilité au Yémen

Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
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  • Les Émirats arabes unis ont salué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite

DUBAÏ : Les Émirats arabes unis ont salué vendredi les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la sécurité et la stabilité au Yémen, a rapporté l’agence de presse officielle WAM.

Dans un communiqué, les Émirats ont loué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite et dans le soutien de leurs aspirations légitimes à la stabilité et à la prospérité.

Les Émirats ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen, en soulignant leur appui aux efforts contribuant à la sécurité et à la prospérité régionales.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Liban adopte le projet de loi sur le gap financier malgré l’opposition du Hezbollah et des Forces libanaises

Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
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  • Le texte vise à trancher le sort de milliards de dollars de dépôts bloqués et devenus inaccessibles pour les citoyens libanais depuis l’effondrement financier du pays

BEYROUTH : Le Conseil des ministres libanais a approuvé vendredi un projet de loi controversé visant à encadrer la relance financière et à restituer les dépôts bancaires gelés aux citoyens. Cette décision est perçue comme une étape clé dans les réformes économiques longtemps retardées et exigées par le Fonds monétaire international (FMI).

Le texte a été adopté par 13 voix pour et neuf contre, à l’issue de discussions marathon autour du projet de loi dit du « gap financier » ou de récupération des dépôts, bloqué depuis des années après l’éclatement de la crise bancaire en 2019. Les ministres de la Culture et des Affaires étrangères étaient absents de la séance.

La législation vise à déterminer le sort de milliards de dollars de dépôts devenus inaccessibles pour les Libanais durant l’effondrement financier du pays.

Le projet a été rejeté par trois ministres des Forces libanaises, trois ministres du Hezbollah et du mouvement Amal, ainsi que par la ministre de la Jeunesse et des Sports, Nora Bayrakdarian, le ministre des Télécommunications, Charles Al-Hajj, et le ministre de la Justice, Adel Nassar.

Le ministre des Finances, Yassin Jaber, a rompu avec ses alliés du Hezbollah et d’Amal en votant en faveur du texte. Il a justifié sa position par « l’intérêt financier suprême du Liban et ses engagements envers le FMI et la communauté internationale ».

Le projet de loi a suscité une vive colère parmi les déposants, qui rejettent toute tentative de leur faire porter la responsabilité de l’effondrement financier. Il a également provoqué de fortes critiques de l’Association des banques et de plusieurs blocs parlementaires, alimentant les craintes d’une bataille politique intense au Parlement, à l’approche des élections prévues dans six mois.

Le Premier ministre Nawaf Salam a confirmé que le Conseil des ministres avait approuvé le texte et l’avait transmis au Parlement pour débat et amendements avant son adoption définitive. Cherchant à apaiser les inquiétudes de l’opinion publique, il a souligné que la loi prévoit des audits judiciaires et des mécanismes de reddition des comptes.

« Les déposants dont les comptes sont inférieurs à 100 000 dollars seront intégralement remboursés, avec intérêts et sans aucune décote », a déclaré Salam. « Les grands déposants percevront également leurs premiers 100 000 dollars en totalité, le reste étant converti en obligations négociables garanties par les actifs de la Banque centrale, estimés à environ 50 milliards de dollars. »

Il a ajouté que les détenteurs d’obligations recevront un premier versement de 2 % après l’achèvement de la première tranche de remboursements.

La loi comprend également une clause de responsabilité pénale. « Toute personne ayant transféré illégalement des fonds à l’étranger ou bénéficié de profits injustifiés sera sanctionnée par une amende de 30 % », a indiqué Salam.

Il a insisté sur le fait que les réserves d’or du Liban resteront intactes. « Une disposition claire réaffirme la loi de 1986 interdisant la vente ou la mise en gage de l’or sans l’approbation du Parlement », a-t-il déclaré, balayant les spéculations sur une utilisation de ces réserves pour couvrir les pertes financières.

Reconnaissant que la loi n’est pas parfaite, Salam l’a néanmoins qualifiée de « pas équitable vers la restitution des droits ».

« La crédibilité du secteur bancaire a été gravement entamée. Cette loi vise à la restaurer en valorisant les actifs, en recapitalisant les banques et en mettant fin à la dépendance dangereuse du Liban à l’économie du cash », a-t-il expliqué. « Chaque jour de retard érode davantage les droits des citoyens. »

Si l’Association des banques n’a pas publié de réaction immédiate après le vote, elle avait auparavant affirmé, lors des discussions, que la loi détruirait les dépôts restants. Les représentants du secteur estiment que les banques auraient du mal à réunir plus de 20 milliards de dollars pour financer la première tranche de remboursements, accusant l’État de se dédouaner de ses responsabilités tout en accordant de facto une amnistie à des décennies de mauvaise gestion financière et de corruption.

Le sort du texte repose désormais sur le Parlement, où les rivalités politiques à l’approche des élections de 2025 pourraient compliquer ou retarder son adoption.

Le secteur bancaire libanais est au cœur de l’effondrement économique du pays, avec des contrôles informels des capitaux privant les déposants de leurs économies et une confiance en chute libre dans les institutions de l’État. Les donateurs internationaux, dont le FMI, conditionnent toute aide financière à des réformes profondes du secteur. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com