Pyongyang envoie de nouveaux ballons d'ordures et menace Séoul d'une «riposte»

Le dernier lot de ballons poubelles en provenance de Corée du Nord contenait des déchets de papier et de plastique, mais rien de toxique (Photo, AFP ).
Le dernier lot de ballons poubelles en provenance de Corée du Nord contenait des déchets de papier et de plastique, mais rien de toxique (Photo, AFP ).
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Publié le Lundi 10 juin 2024

Pyongyang envoie de nouveaux ballons d'ordures et menace Séoul d'une «riposte»

  • Les lancers de ballons des deux côtés de la frontière ont commencé quand des militants du Sud, dont des transfuges nord-coréens, ont envoyé vers le nord des dizaines de ballons contenant de la propagande contre le régime de Kim Jong Un
  • Le parlement sud-coréen a tenté de bloquer l'action des militants en votant en 2020 une loi qui punit l'envoi de tracts au Nord

SEOUL: La Corée du Nord a de nouveau envoyé des centaines de ballons d'ordures vers la Corée du Sud et averti lundi qu'elle riposterait si Séoul poursuivait sa "guerre psychologique".

Les relations entre les deux Corée traversent une période parmi les plus difficiles depuis des années.

Pyongyang a envoyé ces dernières semaines des centaines de ballons lestés de déchets tels que des mégots de cigarettes, du papier hygiénique, et jusqu'à des excréments d'animaux, vers son voisin du sud, dans ce qu'il décrit comme une réponse à la dissémination de propagande, notamment par tracts ou clefs USB, contre le régime nord-coréen par des militants sud-coréens.

Selon l'armée sud-coréenne une grande partie des ballons-poubelles envoyés dans la nuit de dimanche à lundi ont rencontré des vents contraires.

"Bien qu'ils aient lancé plus de 310 ballons, beaucoup d'entre eux ont volé en direction de la Corée du Nord", a indiqué l'état-major interarmées, ajoutant qu'une cinquantaine de ballons avaient atterri au Sud jusqu'à présent.

Le dernier lot de ballons chargés d'ordures contenait des déchets de papier et de plastique, sans aucune matière toxique, a indiqué l'état-major.

La sœur de Kim et principale porte-parole du gouvernement, Kim Yo Jong, a averti que la Corée du Sud "souffrirait une humiliation amère en ramassant sans cesse des déchets de papier et que ce serait une tâche quotidienne", dans un communiqué publié tôt lundi matin.

Elle a qualifié les tracts des militants sud-coréens de "guerre psychologique" et menacé Séoul de représailles si ses campagnes ne cessaient pas, selon une déclaration citée par l'agence de presse officielle KCNA.

Si Séoul "procède simultanément à la dispersion de tracts et à la diffusion par haut-parleur de provocations au-delà de la frontière, il sera sans aucun doute témoin de la nouvelle riposte" du Nord, a-t-elle ajouté.

"Jusqu'à présent, nous n'avons pas constaté de mouvement particulier au sein de l'armée nord-coréenne", a tempéré un responsable de l'état-major sud-coréen, estimant le niveau de menace exprimé par les déclarations de Kim Yo Jong diffèrent de ce qu'il était dans le passé.

Mais même dans ce cas, "l'armée de Séoul répondra suffisamment à toute nouvelle réplique" nord-coréenne, a-t-il ajouté.

Farine

Les déclarations de la sœur de Kim montrent que "la Corée du Nord hausse le ton pour rejeter la responsabilité de la situation actuelle sur la Corée du Sud et pour justifier ses provocations", a indiqué à l'AFP Kim Dong-yub, professeur à l'université d'études nord-coréennes de Séoul.

Il est probable que l'escalade se poursuive et que "la Corée du Nord fasse quelque chose qui dépasse notre imagination", a-t-il suggéré.

Les Nord-Coréens pourraient faire "quelque chose de créatif comme lancer de la farine, provoquant une panique absolue au Sud, ce qui les réjouira", a-t-il indiqué, une telle attaque pouvant déclencher la crainte d'une attaque biologique en Corée du Sud.

Les lancers de ballons des deux côtés de la frontière ont commencé quand des militants du Sud, dont des transfuges nord-coréens, ont envoyé vers le nord des dizaines de ballons contenant de la propagande contre le régime de Kim Jong Un et des clés USB contenant de la musique K-pop.

En réponse, Pyongyang a envoyé plus d'un millier de ballon, dont certains contenant des sacs d'immondices, ce qui, selon Séoul viole l'accord d'armistice qui a mis fin aux hostilités de la guerre de Corée de 1950 à 1953.

En 2018, durant une accalmie dans les relations, les dirigeants des deux Corées s'étaient mis d'accord pour "cesser complètement tous les actes hostiles", y compris les envois de tracts et les diffusions de propagande.

Le parlement sud-coréen a tenté de bloquer l'action des militants en votant en 2020 une loi qui punit l'envoi de tracts au Nord, mais les militants n'ont pas cessé et la loi a été invalidée par la Cour constitutionnelle l'année dernière au motif qu'elle limitait indûment la liberté d'expression.

La suspension totale de l'accord de 2018 permet à Séoul de reprendre les exercices de tirs réels et de relancer les campagnes de propagande contre le régime du Nord par haut-parleurs le long de la frontière.

Selon Leif-Eric Easley, professeur à l'université Ewha de Séoul, les deux parties font désormais face à une situation risquée.

"Séoul ne veut pas de tensions militaires à la frontière intercoréenne et Pyongyang ne veut pas que des informations extérieures menacent la légitimité du régime des Kim, note-t-il.

"La Corée du Nord a peut-être déjà fait un mauvais calcul, car la démocratie sud-coréenne ne peut pas simplement bloquer les lancements de ballons des ONG comme le ferait une autocratie".


Gaza: les Etats-Unis font pression pour l'adoption de leur résolution à l'ONU lundi

Une Palestinienne marche sous une pluie battante devant des bâtiments détruits par les frappes israéliennes dans le quartier de Sheikh Radwan, à Gaza. (AP)
Une Palestinienne marche sous une pluie battante devant des bâtiments détruits par les frappes israéliennes dans le quartier de Sheikh Radwan, à Gaza. (AP)
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  • Les États-Unis poussent pour l’adoption par le Conseil de sécurité de leur résolution soutenant le plan de paix de Donald Trump pour Gaza
  • Malgré des réticences de certains membres et un texte concurrent présenté par la Russie, Washington met en avant un large soutien arabe et occidental et avertit qu’un rejet ouvrirait la voie à la poursuite du conflit

NATIONS UNIES: Les Etats-Unis ont mis la pression vendredi pour convaincre de la nécessité d'adopter leur projet de résolution endossant le plan de paix de Donald Trump pour Gaza, qui sera mis au vote du Conseil de sécurité de l'ONU lundi.

La semaine dernière, les Américains ont officiellement entamé des négociations au sein du Conseil sur un projet de texte qui "endosse" le plan du président américain ayant permis la mise en place, le 10 octobre, d'un cessez-le-feu fragile dans le territoire palestinien ravagé par deux années de guerre provoquée par une attaque sanglante du mouvement islamiste Hamas. Le texte autorise notamment le déploiement d'une "force de stabilisation internationale" (ISF).

Face aux réserves de certains membres et à la proposition d'un texte concurrent de la Russie, ils ont mis en garde vendredi contre les risques d'un rejet de leur texte et affiché le soutien de plusieurs pays arabes et musulmans.

"Les Etats-Unis, le Qatar, l'Egypte, les Emirats arabes unis, le royaume d'Arabie saoudite, l'Indonésie, le Pakistan, la Jordanie et la Turquie expriment leur soutien conjoint" au projet de résolution américaine autorisant notamment une force internationale dans le territoire palestinien, et espèrent son adoption "rapide", disent-ils dans une déclaration commune.

Ce plan offre "un chemin viable vers la paix et la stabilité, non seulement pour les Israéliens et les Palestiniens, mais pour toute la région", ont-ils insisté.

Le Royaume-Uni a également apporté vendredi son soutien public au texte américain.

Et le Conseil se prononcera lundi à 17H00 (22H00 GMT) sur le texte, ont indiqué vendredi soir plusieurs sources diplomatiques à l'AFP.

Le projet de résolution américain, plusieurs fois modifié, prévoit de donner un mandat jusqu'à fin décembre 2027 à un "comité de la paix" censé être présidé par Donald Trump, organe de "gouvernance de transition" pour administrer Gaza.

Il "autorise" également le déploiement de l'ISF qui pourra utiliser "toutes les mesures nécessaires pour mener son mandat dans le respect du droit international": appui à la sécurisation des frontières en coopération notamment avec Israël et l'Egypte, démilitarisation de Gaza, désarmement "des groupes armés non étatiques", protection des civils, formation d'une police palestinienne...

- Conflit perpétuel" -

La décision de programmer le vote intervient alors que la Russie a fait circuler aux membres du Conseil un projet de résolution concurrente qui n'autorise ni la création d'un "comité de la paix", ni le déploiement immédiat d'une force internationale à Gaza, selon le texte vu vendredi par l'AFP.

Ce texte demande simplement au secrétaire général de l'ONU "d'identifier des options pour appliquer les dispositions" du plan de paix et présenter "rapidement" des "options de déploiement d'une force" à Gaza.

"Nous voulons souligner que notre document ne contredit pas l'initiative américaine", a assuré vendredi dans un communiqué la mission russe à l'ONU.

La "logique" du texte russe est de permettre au Conseil "de définir des modalités claires de déploiement d'un contingent de maintien de la paix et d'établir une administration à Gaza tout en s'assurant que ces modalités sont en accord" avec les normes internationales, a-t-elle ajouté.

Alors que des échanges publics de ce type lors de négociations du Conseil sont plutôt rares, l'ambassadeur américain à l'ONU Mike Waltz a également publié un texte vendredi dans le Washington Post.

"Tout refus de soutenir cette résolution (le texte américain, ndlr) est un vote en faveur de la poursuite du règne des terroristes du Hamas ou en faveur de la reprise de la guerre avec Israël, condamnant la région et sa population à un conflit perpétuel", a-t-il déclaré.

La guerre a été déclenchée par l'attaque du 7 octobre 2023 menée par le Hamas en Israël, qui a entraîné côté israélien la mort de 1.221 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir de chiffres officiels.

Plus de 69.185 Palestiniens ont été tués dans la bande de Gaza par la campagne militaire israélienne de représailles, essentiellement des civils, selon le ministère de la Santé de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas et dont les chiffres sont jugés fiables par l'ONU.


Trump a écrit au président israélien pour lui demander de gracier Netanyahu

Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
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  • "Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël
  • "Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu

JERUSALEM: Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence.

M. Herzog a reçu "ce matin" une lettre de Donald Trump, "l'invitant à envisager d'accorder une grâce" à M. Netanyahu, détaille un communiqué du bureau présidentiel, qui précise que "toute personne souhaitant obtenir une grâce présidentielle doit présenter une demande officielle".

M. Netanyahu est poursuivi dans son pays pour corruption et est régulièrement entendu dans le cadre d'au moins trois procédures judiciaires, dans lesquels aucun jugement n'a encore été rendu.

"Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël, "sa contribution considérable au retour des otages, à la refonte de la situation au Moyen-Orient et à Gaza en particulier, et à la garantie de la sécurité de l'Etat d'Israël", précise le communiqué.

Aussitôt plusieurs personnalités politiques israéliennes ont réagi.

"Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu.

Une députée également d'extrême-droite mais dans l'opposition, Yulia Malinovsky, du parti Israel Beitenou ("Israël est notre maison" en hébreu), a de son côté suggéré que le président américain faisait cette demande dans le cadre d'un accord avec M. Netanyahu sur des sujets relatifs au cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Quant au dirigeant de l'opposition, Yaïr Lapid, du parti centriste Yesh Atid ("il y a un futur", en hébreu), il a taclé M. Netanyahu en écrivan sur X: "rappel: la loi israélienne stipule que la première condition pour obtenir une grâce est l'aveu de culpabilité et l'expression de remords pour les actes commis".

Lors d'un discours au Parlement israélien le 13 octobre, M. Trump avait déjà suggéré qu'une grâce lui soit accordée.

"J'ai une idée. Monsieur le président (Isaac Herzog), pourquoi ne pas lui accorder une grâce? Ce passage n'était pas prévu dans le discours (...) Mais j'aime bien ce monsieur", avait dit le président américain dans son allocution, mettant en avant qu'il a été "l'un des plus grands" dirigeants "en temps de guerre".

 


Famine: l'ONU alerte sur «16 zones critiques» où la situation s'aggrave

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.  L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".  Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations. L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante". Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
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  • Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue
  • "Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM

ROME: Des millions de personnes supplémentaires dans le monde pourraient être confrontées à la famine ou au risque de famine, ont averti mercredi les deux organes de l'ONU dédiés à l'alimentation et à l'agriculture, dans un contexte tendu par la limitation des financements.

Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue.

"Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM, tous deux basés à Rome, dans un communiqué commun.

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.

L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".

Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh.

"Nous sommes au bord d'une catastrophe alimentaire totalement évitable qui menace de provoquer une famine généralisée dans de nombreux pays", a mis en garde Cindy McCain, directrice générale du PAM, citée dans le communiqué, ajoutant que "ne pas agir maintenant ne fera qu'aggraver l'instabilité".

Le financement de l'aide humanitaire est "dangereusement insuffisant", alerte également le rapport, précisant que sur les 29 milliards de dollars nécessaires pour venir en aide aux populations vulnérables, seuls 10,5 milliards ont été reçus, précipitant notamment l'aide alimentaire aux réfugiés "au bord de la rupture".

Le PAM indique avoir réduit son assistance aux réfugiés et aux personnes déplacées en raison des coupes budgétaires et suspendu les programmes d'alimentation scolaire dans certains pays.

La FAO prévient de son côté que les efforts pour protéger les moyens de subsistance agricoles sont menacés et alerte sur la nécessité d'un financement urgent pour les semences et les services de santé animale.

"La prévention de la famine n’est pas seulement un devoir moral – c’est un investissement judicieux pour la paix et la stabilité à long terme", a rappelé le directeur général de la FAO, Qu Dongyu.