Bombardements meurtriers sur Gaza, les Etats-Unis tentent d'imposer une trêve

Les personnes en deuil portent les corps d'hommes palestiniens tués la nuit précédente lors d'un raid de l'armée israélienne sur le village de Kafr Dan en Cisjordanie occupée, lors de leurs funérailles publiques à Jénine le 12 juin 2024. (AFP)
Les personnes en deuil portent les corps d'hommes palestiniens tués la nuit précédente lors d'un raid de l'armée israélienne sur le village de Kafr Dan en Cisjordanie occupée, lors de leurs funérailles publiques à Jénine le 12 juin 2024. (AFP)
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Publié le Mercredi 12 juin 2024

Bombardements meurtriers sur Gaza, les Etats-Unis tentent d'imposer une trêve

  • Le mouvement islamiste palestinien a annoncé mardi avoir donné sa réponse aux médiateurs du Qatar et de l'Egypte, appelant à un «arrêt total de l'agression» à Gaza
  • Ce plan en trois phases avait été annoncé le 31 mai par le président américain Joe Biden, qui l'avait alors présenté comme une proposition israélienne

TERRITOIRES PALESTINIENS: Des bombardements israéliens meurtriers ont visé mercredi plusieurs secteurs de la bande de Gaza, pendant que les Etats-Unis redoublent d'efforts pour imposer un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas palestinien, après plus de huit mois de guerre.

Le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, poursuit au Qatar sa tournée dans la région pendant que les pays médiateurs examinent la réponse du Hamas à un plan prévoyant un cessez-le-feu dans le territoire palestinien, ainsi que la libération d'otages et de prisonniers palestiniens.

Le mouvement islamiste palestinien a annoncé mardi avoir donné sa réponse aux médiateurs du Qatar et de l'Egypte, appelant à un "arrêt total de l'agression" à Gaza.

Ce plan en trois phases avait été annoncé le 31 mai par le président américain Joe Biden, qui l'avait alors présenté comme une proposition israélienne.

Mais Israël ne s'est pas prononcé officiellement sur sa position et poursuit sans répit son offensive, lancée le 7 octobre sur la bande de Gaza en riposte à l'attaque sanglante menée par le Hamas sur son sol.

Pluie de roquettes

La guerre à Gaza a aussi entraîné une flambée de violences en Cisjordanie occupée, où six Palestiniens ont été tués mardi, et à la frontière nord d'Israël avec le Liban, où les échanges de tirs sont quotidiens entre l'armée israélienne et le Hezbollah libanais, allié du Hamas.

L'armée a annoncé qu'environ 160 roquettes avaient été tirées du Liban sur Israël mercredi matin, après qu'une frappe israélienne a tué un important commandant du Hezbollah la veille dans le sud du Liban.

Le mouvement islamiste libanais a revendiqué les tirs de plusieurs "dizaines de Katioucha" ainsi que de missiles guidés.

Pendant ce temps, des bombardements ont visé la bande de Gaza, assiégée par Israël. Dans le nord, sept personnes ont été tuées dans une maison bombardée dans l'est de la ville de Gaza, selon un médecin.

Plusieurs frappes, selon un correspondant de l'AFP, ont visé le centre du territoire, où l'armée israélienne a dit avoir "achevé une opération" dans l'est de Deir al-Balah et l'est d'al-Boureij.

A Rafah, dans le sud, un enfant a été tué dans le bombardement d'une maison, a indiqué un médecin de l'hôpital Nasser. Des témoins ont signalé des tirs d'artillerie dans la partie est de la ville de Khan Younès.

«Crimes contre l'humanité»

Mercredi, une commission d'enquête de l'ONU a estimé qu'Israël était responsable de "crimes contre l'humanité", notamment pour "extermination", dans la bande de Gaza, où la guerre a fait des dizaines de milliers de morts.

L'ambassade d'Israël à Genève a accusé la commission de "discrimination systématique" à son encontre.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort de 1.194 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Sur 251 personnes enlevées, 116 sont toujours retenues en otages à Gaza, dont 41 sont mortes, selon l'armée israélienne.

En riposte, l'armée israélienne a lancé une offensive dans la bande de Gaza qui a fait jusqu'à présent 37.164 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas.

M. Blinken, qui effectue sa huitième tournée au Moyen-Orient depuis le début de la guerre, avait averti mardi que si le Hamas n'acceptait pas la proposition actuellement sur la table, un échec serait "clairement" de sa responsabilité.

Les négociations indirectes se heurtent jusqu'à présent aux exigences contradictoires des deux camps.

Israël refuse de mettre fin à la guerre tant que le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne, ne sera pas éliminé.

Le mouvement islamiste réclame notamment un cessez-le-feu définitif et un retrait total des soldats israéliens de la bande de Gaza.

«Un calendrier»

La réponse du Hamas transmise aux médiateurs contient des "amendements" à la proposition annoncée par Joe Biden, "notamment un calendrier pour un cessez-le-feu permanent et le retrait total des troupes israéliennes de la bande de Gaza", selon une source proche des discussions.

Les Etats-Unis ont indiqué "examiner" cette réponse. "Je ne vais pas fournir de contexte ou de détails sur la réponse qui vient d'arriver et que notre équipe est en train d'évaluer, tout comme nos amis du Qatar et de l'Egypte", a déclaré un porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby.

Des médias israéliens et le site américain Axios ont affirmé que le Hamas avaient rejeté le plan.

Un dirigeant du Hamas, Izzat al-Rishq, a cependant déclaré que la réponse était à la fois "responsable, sérieuse et positive" et qu'elle "ouvrait la voie à un accord".

"Les allégations de médias israéliens quant à la réponse du Hamas témoignent de tentatives visant à soustraire Israël aux obligations de l'accord", a-t-il écrit, laissant entendre que ces indications de presse permettaient à Israël de poursuivre ses frappes.

Antony Blinken a également souligné que le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, lui avait "réaffirmé son engagement" pour un cessez-le-feu, lors d'un entretien lundi.

Le plan prévoit, dans une première phase, un cessez-le-feu de six semaines accompagné d'un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, de la libération de certains otages et de prisonniers palestiniens détenus par Israël.

"L'horreur doit cesser", avait lancé mardi le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, qui participait en Jordanie à une conférence internationale visant à mobiliser des fonds pour l'aide humanitaire dans la bande de Gaza.

L'ONU s'inquiète des risques de famine dans le territoire, où au moins 1,7 million de personnes, sur environ 2,4 millions d'habitants, ont été déplacées à plusieurs reprises par la guerre.


«Gaza brûle», déclare le ministre israélien de la Défense après des frappes intenses

Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
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  • "Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas"
  • "Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée"

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza.

"Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas", a déclaré M. Katz sur X.

"Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée", a-t-il ajouté.

 


Le Qatar est le seul pays capable d'être un médiateur concernant Gaza, souligne Rubio

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  • Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza
  • "Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar"

TEL-AVIV: Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza, malgré une frappe israélienne ciblant des dirigeants du Hamas dans l'émirat.

"Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar," a déclaré M. Rubio aux journalistes alors qu'il se rendait à Doha depuis Israël.

 

 


Forts bombardements sur la ville de Gaza après le soutien de Rubio à Israël

La ville de Gaza a été touchée par des bombardements forts et soutenus dans la nuit de lundi à mardi, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP, au lendemain d'une visite à Jérusalem du secrétaire d'Etat américain qui a réitéré l'appui des Etats-Unis à Israël. (AFP)
La ville de Gaza a été touchée par des bombardements forts et soutenus dans la nuit de lundi à mardi, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP, au lendemain d'une visite à Jérusalem du secrétaire d'Etat américain qui a réitéré l'appui des Etats-Unis à Israël. (AFP)
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  • Marco Rubio a promis lundi au gouvernement de Benjamin Netanyahu le "soutien indéfectible" des Etats-Unis à Israël pour éliminer le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza
  • Quelques heures plus tard, de très fortes frappes se sont fait entendre dans la bande de Gaza, assiégée et affamée, selon des témoins

GAZA: La ville de Gaza a été touchée par des bombardements forts et soutenus dans la nuit de lundi à mardi, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP, au lendemain d'une visite à Jérusalem du secrétaire d'Etat américain qui a réitéré l'appui des Etats-Unis à Israël.

Marco Rubio a promis lundi au gouvernement de Benjamin Netanyahu le "soutien indéfectible" des Etats-Unis à Israël pour éliminer le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza.

Quelques heures plus tard, de très fortes frappes se sont fait entendre dans la bande de Gaza, assiégée et affamée, selon des témoins.

"Il y a des bombardements massifs et incessants sur la ville de Gaza et le danger ne cesse d'augmenter", a déclaré à l'AFP Ahmed Ghazal, un habitant de cette zone.

Cet homme de 25 ans a décrit une "explosion qui a violemment secoué le sol du quartier" peu après 01H00 locale mardi (22H00 GMT lundi).

"J'ai couru dans la rue, sur le site de la frappe", "trois maisons" d'un bloc résidentiel "ont été complètement rasées". "De nombreuses personnes sont emprisonnées sous les débris et on peut entendre leurs cris."

Le porte-parole de la Défense civile de la bande de Gaza, Mahmoud Bassal, a déclaré à l'AFP que "les bombardements se (poursuivaient) intensément dans toute la ville de Gaza", précisant que "le nombre de morts et de blessés (continuait) d'augmenter".

"Il y a des morts, des blessés et des personnes disparues sous les décombres suite à des frappes aériennes israéliennes visant un bloc résidentiel près de la place Al-Shawa dans la ville de Gaza", a-t-il détaillé, évoquant "un massacre majeur".

La Défense civile avait fait état de 49 Palestiniens tués lundi, dont plus de la moitié à Gaza-ville, où l'armée a intensifié ses attaques avec l'objectif de s'en emparer.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

Le déplacement de M. Rubio dans la région intervient après une attaque israélienne inédite le 9 septembre au Qatar contre des chefs du Hamas.

Rassurer Doha 

Après Jérusalem, M. Rubio se rend mardi à Doha, où il devrait rencontrer le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, afin de "réaffirmer le soutien total des Etats-Unis à la sécurité et la souveraineté du Qatar après l'attaque israélienne", selon le département d'Etat.

La frappe aérienne au Qatar, pays médiateur entre Israël et le Hamas et qui abrite la plus grande base aérienne américaine de la région, avait provoqué de rares critiques de Donald Trump contre Israël.

Le président américain a assuré lundi à des journalistes dans le Bureau ovale qu'Israël "ne frappera pas au Qatar".

Réunis lundi à Doha après l'attaque israélienne, les dirigeants arabes et musulmans ont appelé à "revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël et à engager des poursuites à son encontre".

Le secrétaire d'Etat américain s'est montré pessimiste quant à la possibilité d'une solution "diplomatique" à Gaza, qualifiant le Hamas d'"animaux barbares".

L'offensive israélienne à Gaza a suivi l'attaque du 7-Octobre qui a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts à Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire. L'ONU y a déclaré la famine, ce qu'Israël dément.

M. Rubio a aussi affiché la solidarité des Etats-Unis avec Israël avant un sommet coprésidé par la France et l'Arabie saoudite le 22 septembre à l'ONU, destiné à promouvoir la reconnaissance d'un Etat de Palestine, au côté d'Israël.

Une initiative largement symbolique dans la mesure où Israël s'oppose fermement à la création d'un tel Etat auquel aspirent les Palestiniens.

En soirée, le secrétaire d'Etat a rencontré à Jérusalem des familles d'otages, selon un responsable du département d'Etat. Sur les 251 personnes enlevées durant l'attaque du 7-Octobre, 47 sont encore retenues à Gaza, dont 25 décédées selon l'armée israélienne.