Ghannouchi garde ses fonctions, mais c’est Moussi qui sort gagnante

Rached Ghannouchi félicité par le ministre tunisien de la Justice Noureddine Bhiri à l’issue de l’échec de la motion.(Photo Fethi BELAID/AFP).
Rached Ghannouchi félicité par le ministre tunisien de la Justice Noureddine Bhiri à l’issue de l’échec de la motion.(Photo Fethi BELAID/AFP).
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Publié le Lundi 03 août 2020

Ghannouchi garde ses fonctions, mais c’est Moussi qui sort gagnante

  • En échappant à la motion de retrait de confiance, Rached Ghannouchi remporte une victoire; mais il n’a pas gagné la guerre
  • Abir Moussi, présidente du Parti destourien libre, et pire ennemie de Ghannouchi, a mené une véritable guerre d’usure contre lui

TUNIS : Le 30 juillet dernier, le président du mouvement Ennahdha Rached Ghannouchi a réussi à conserver son siège de président du Parlement. La motion de retrait de confiance présentée par le tiers des députés n’a pas recueilli les 109 voix nécessaires pour le faire remplacer.

Rached Ghannouchi a certes remporté une victoire ponctuelle, mais il n’a pas gagné la guerre. Une victoire somme toute relative, puisqu’il ne fallait que douze voix supplémentaires pour qu’il soit destitué. De plus, c’est la présidente du Parti destourien libre, et ex-partisane de Ben Ali, Abir Moussi, qui en sort grande gagnante, puisqu’elle est à l’origine de cette motion.

Cette ennemie jurée de Rached Ghannouchi - et de l’intégrisme de façon générale - a mené une véritable guerre d’usure contre Rached Ghannouchi dès son élection à la présidence de l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP), le 13 novembre 2019, en particulier, et contre le mouvement Ennahdha en général. Elle est à l’origine de la mobilisation ayant abouti à la présentation de la motion.

Prenant prétexte de la moindre déclaration ou initiative du président de l’ARP et de son parti, la présidente du PDL a multiplié les interventions musclées en plénière pour marteler ses accusations d’implication dans le terrorisme et d’inféodation au Mouvement mondial des frères musulmans et à l’axe Turquie-Qatar.

Elle a surtout fini par organiser un sit-in permanent, y compris dans la salle des plénières de l’ARP, pour exiger la démission de Rached Ghannouchi. Au point que ce dernier a fini par perdre son sang-froid le 20 juillet. Énervé par le chahut de quatre députés du PDL pendant son allocution en ouverture d’une journée d’études sur l’élaboration d’une stratégie nationale de lutte contre la corruption, le président de l’ARP est sorti de ses gonds et a souhaité « la mort » à ses détracteurs.

Il faut dire que Rached Ghannouchi leur a grandement facilité la tâche. Il leur a donné du grain à moudre en multipliant les coups de canif au règlement intérieur de l’Assemblée – octroi de prérogatives et d’avantages à son chef de cabinet – et même à la Constitution – empiètement sur les prérogatives diplomatiques du président Kais Saied.

Le reproche le plus grave adressé au président du Parlement est d’avoir profité de sa position pour servir les intérêts de son parti. Notamment en s’alignant sur la position de la Turquie et du Qatar dans la guerre civile libyenne, favorable au gouvernement de Tripoli conduit par Fayez Al Sarraj.

Rached Ghannouchi en paie aujourd’hui le prix fort. Sa punition suprême est d’avoir, par sa gestion catastrophique des affaires de l’Assemblée, fait faire un grand bond en avant au parti d’Abir Moussi dans les sondages.

En effet, les deux plus récents sondages créditent le PDL d’une première place aux prochaines élections avec respectivement 28 et 29 % des voix. Soit un bond de plus de 20% par rapport à son score aux législatives d’octobre 2019. Ce qui veut dire que les partisans de l’ancien régime sont désormais, et pour la première fois depuis la chute de Ben Ali le 14 janvier 2011, en position de reconquérir le pouvoir. Un scénario que le maintien du président du mouvement Ennahdha à la tête de l’ARP risque fort de rendre irréversible.


«Gaza brûle», déclare le ministre israélien de la Défense après des frappes intenses

Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
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  • "Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas"
  • "Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée"

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza.

"Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas", a déclaré M. Katz sur X.

"Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée", a-t-il ajouté.

 


Le Qatar est le seul pays capable d'être un médiateur concernant Gaza, souligne Rubio

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  • Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza
  • "Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar"

TEL-AVIV: Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza, malgré une frappe israélienne ciblant des dirigeants du Hamas dans l'émirat.

"Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar," a déclaré M. Rubio aux journalistes alors qu'il se rendait à Doha depuis Israël.

 

 


Forts bombardements sur la ville de Gaza après le soutien de Rubio à Israël

La ville de Gaza a été touchée par des bombardements forts et soutenus dans la nuit de lundi à mardi, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP, au lendemain d'une visite à Jérusalem du secrétaire d'Etat américain qui a réitéré l'appui des Etats-Unis à Israël. (AFP)
La ville de Gaza a été touchée par des bombardements forts et soutenus dans la nuit de lundi à mardi, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP, au lendemain d'une visite à Jérusalem du secrétaire d'Etat américain qui a réitéré l'appui des Etats-Unis à Israël. (AFP)
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  • Marco Rubio a promis lundi au gouvernement de Benjamin Netanyahu le "soutien indéfectible" des Etats-Unis à Israël pour éliminer le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza
  • Quelques heures plus tard, de très fortes frappes se sont fait entendre dans la bande de Gaza, assiégée et affamée, selon des témoins

GAZA: La ville de Gaza a été touchée par des bombardements forts et soutenus dans la nuit de lundi à mardi, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP, au lendemain d'une visite à Jérusalem du secrétaire d'Etat américain qui a réitéré l'appui des Etats-Unis à Israël.

Marco Rubio a promis lundi au gouvernement de Benjamin Netanyahu le "soutien indéfectible" des Etats-Unis à Israël pour éliminer le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza.

Quelques heures plus tard, de très fortes frappes se sont fait entendre dans la bande de Gaza, assiégée et affamée, selon des témoins.

"Il y a des bombardements massifs et incessants sur la ville de Gaza et le danger ne cesse d'augmenter", a déclaré à l'AFP Ahmed Ghazal, un habitant de cette zone.

Cet homme de 25 ans a décrit une "explosion qui a violemment secoué le sol du quartier" peu après 01H00 locale mardi (22H00 GMT lundi).

"J'ai couru dans la rue, sur le site de la frappe", "trois maisons" d'un bloc résidentiel "ont été complètement rasées". "De nombreuses personnes sont emprisonnées sous les débris et on peut entendre leurs cris."

Le porte-parole de la Défense civile de la bande de Gaza, Mahmoud Bassal, a déclaré à l'AFP que "les bombardements se (poursuivaient) intensément dans toute la ville de Gaza", précisant que "le nombre de morts et de blessés (continuait) d'augmenter".

"Il y a des morts, des blessés et des personnes disparues sous les décombres suite à des frappes aériennes israéliennes visant un bloc résidentiel près de la place Al-Shawa dans la ville de Gaza", a-t-il détaillé, évoquant "un massacre majeur".

La Défense civile avait fait état de 49 Palestiniens tués lundi, dont plus de la moitié à Gaza-ville, où l'armée a intensifié ses attaques avec l'objectif de s'en emparer.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

Le déplacement de M. Rubio dans la région intervient après une attaque israélienne inédite le 9 septembre au Qatar contre des chefs du Hamas.

Rassurer Doha 

Après Jérusalem, M. Rubio se rend mardi à Doha, où il devrait rencontrer le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, afin de "réaffirmer le soutien total des Etats-Unis à la sécurité et la souveraineté du Qatar après l'attaque israélienne", selon le département d'Etat.

La frappe aérienne au Qatar, pays médiateur entre Israël et le Hamas et qui abrite la plus grande base aérienne américaine de la région, avait provoqué de rares critiques de Donald Trump contre Israël.

Le président américain a assuré lundi à des journalistes dans le Bureau ovale qu'Israël "ne frappera pas au Qatar".

Réunis lundi à Doha après l'attaque israélienne, les dirigeants arabes et musulmans ont appelé à "revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël et à engager des poursuites à son encontre".

Le secrétaire d'Etat américain s'est montré pessimiste quant à la possibilité d'une solution "diplomatique" à Gaza, qualifiant le Hamas d'"animaux barbares".

L'offensive israélienne à Gaza a suivi l'attaque du 7-Octobre qui a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts à Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire. L'ONU y a déclaré la famine, ce qu'Israël dément.

M. Rubio a aussi affiché la solidarité des Etats-Unis avec Israël avant un sommet coprésidé par la France et l'Arabie saoudite le 22 septembre à l'ONU, destiné à promouvoir la reconnaissance d'un Etat de Palestine, au côté d'Israël.

Une initiative largement symbolique dans la mesure où Israël s'oppose fermement à la création d'un tel Etat auquel aspirent les Palestiniens.

En soirée, le secrétaire d'Etat a rencontré à Jérusalem des familles d'otages, selon un responsable du département d'Etat. Sur les 251 personnes enlevées durant l'attaque du 7-Octobre, 47 sont encore retenues à Gaza, dont 25 décédées selon l'armée israélienne.