JERUSALEM: Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a reconnu que les autorités soutenaient un clan palestinien à Gaza qui s'oppose au mouvement islamiste Hamas, après des déclarations d'un ex-ministre selon lesquelles Israël avait transféré des armes à ce groupe.
Selon des médias israéliens et palestiniens, ce groupe rassemble des membres d'une tribu bédouine dirigée par Yasser Abou Chabab. Le Conseil européen pour les relations internationales (ECFR) décrit M. Abou Chabab comme le chef d'un "gang criminel opérant dans la région de Rafah (ville à cheval entre la bande de Gaza et l'Egypte, NDLR) et accusé de piller les camions d'aide" humanitaire à Gaza.
Avigdor Lieberman, député et ancien ministre de la Défense, avait déclaré dans une interview accordée à la chaîne publique israélienne Kan que le gouvernement de M. Netanyahu "donnait des armes à un groupe de criminels et de malfaiteurs".
"Qu'est-ce que Lieberman a divulgué? Que des sources de sécurité ont activé un clan de Gaza qui s'oppose au Hamas? Qu'y a-t-il de mal à cela?", a lancé M. Netanyahu dans une vidéo publiée sur son compte X jeudi.
"Il n'y a que du bon, a-t-il ajouté, cela sauve des vies de soldats israéliens" dans la bande de Gaza, où Israël combat le Hamas depuis son attaque sans précédent sur le sol israélien le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre.
Michael Milshtein, expert en affaires palestiniennes au Centre Moshe Dayan de Tel-Aviv, a déclaré à l'AFP que le clan Abou Chabab faisait partie d'une tribu bédouine qui vivait dans la péninsule égyptienne du Sinaï.
Selon lui, certains membres de la tribu sont impliqués dans "toutes sortes d'activités criminelles, le trafic de drogue et d'autres choses de ce genre".
M. Abou Chabab a passé du temps en prison à Gaza et les chefs du clan l'ont récemment dénoncé comme un "collaborateur et un gangster" israélien, dit-il.
"Fantasme"
"Il semble que le Shabak (acronyme en hébreu de l'Agence de la sécurité intérieure, également connue comme le Shin Bet) ou l'armée ont pensé que c'était une excellente idée de transformer cette milice, ce gang en fait, en un mandataire, de lui donner des armes et de l'argent et de le mettre à l'abri des opérations de l'armée", a ajouté M. Milshtein.
Il a ajouté que le Hamas avait tué quatre membres du gang il y a quelques jours seulement.
Selon l'ECFR, M. Abou Chabab "aurait été précédemment emprisonné par le Hamas pour trafic de drogue. Son frère aurait été tué par le Hamas lors d'une opération de répression contre les attaques du groupe contre les convois d'aide de l'ONU".
Avant d'imposer début mars un blocus total de deux mois et demi à la bande de Gaza, très partiellement allégé dans la deuxième moitié de mai, Israël a régulièrement accusé le Hamas de piller ou détourner l'aide humanitaire qui entrait dans le petit territoire dévasté par la guerre.
Réagissant aux révélations israéliennes sur le clan Abou Chabab, le Hamas a déclaré que ce groupe avait "choisi la voie de trahison et du vol" et appelé les civils à s'opposer à lui.
Le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, affirme disposer de preuves d'une "coordination claire entre ces bandes de pillards, les collaborateurs de l'occupation (Israël, NDLR) et l'armée ennemie elle-même dans le pillage de l'aide et la fabrication de crises humanitaires qui aggravent les souffrances" des Palestiniens.
Pour M. Milshtein, la décision d'armer un groupe comme Abou Chabab relève plus du "fantasme" que d'une "stratégie". "J'espère vraiment que cela ne se terminera pas par une catastrophe", dit-il.