Destitution, réunion avec Macron... à gauche, une rentrée sous tension

Le président français Emmanuel Macron prononce un discours lors d'une cérémonie marquant le 80e anniversaire de la libération de Bormes-les-Mimosas, un village du sud-est de la France, le 17 août 2024. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron prononce un discours lors d'une cérémonie marquant le 80e anniversaire de la libération de Bormes-les-Mimosas, un village du sud-est de la France, le 17 août 2024. (AFP)
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Publié le Mardi 20 août 2024

Destitution, réunion avec Macron... à gauche, une rentrée sous tension

  • En ordre dispersé, la gauche va acter cette semaine sa rentrée politique avec les universités d'été des Insoumis, des communistes et des Ecologistes, autant d'événements marqués par l'attente de la nomination d'un nouveau Premier ministre
  • La candidate du Nouveau Front populaire pour Matignon, Lucie Castets, sera la star de ces rendez-vous estivaux

PARIS: En ordre dispersé, la gauche va acter cette semaine sa rentrée politique avec les universités d'été des Insoumis, des communistes et des Ecologistes, autant d'événements marqués par l'attente de la nomination d'un nouveau Premier ministre et la menace brandie par LFI de destituer Emmanuel Macron.

La candidate du Nouveau Front populaire pour Matignon, Lucie Castets, sera la star de ces rendez-vous estivaux. Elle s'exprimera jeudi soir à Tours chez les Ecologistes aux côtés de Marine Tondelier, vendredi soir à Montpellier avec Fabien Roussel pour les communistes et samedi près de Valence avec Manuel Bompard pour les Insoumis.

Avant d'apparaitre le week-end suivant à Blois au rassemblement des socialistes.

Vendredi soir, avec Fabien Roussel, elle pourra revenir sur la rencontre plus tôt dans la journée avec Emmanuel Macron.

Le président convie en effet le 23 août à l'Elysée les différents chefs de parti et de groupe parlementaire pour des consultations, en vue d'enfin nommer un gouvernement, plus d'un mois après la démission de celui de Gabriel Attal.

Le Nouveau Front populaire a fait savoir qu'il se rendrait groupé à cette invitation et accompagné de Lucie Castets, son choix pour la primature, dont l'Elysée a accepté la présence bien qu'elle ne soit pas parlementaire ou responsable de parti.

Mais cette unité pourra-t-elle résister aux fissures qui commencent à apparaître?

Les Insoumis, toujours friands d'actions radicales et provocatrices, ont lancé un pavé dans la mare en brandissant l'article 68 de la Constitution qui permet, en cas de vote par les deux tiers des deux chambres du Parlement, de destituer le président en cas de "manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l'exercice de son mandat".

Même si une telle procédure n'a qu'une chance infime d'aboutir, LFI, qui dénonce un "coup de force institutionnel contre la démocratie" d'Emmanuel Macron, entend mettre la pression sur ce dernier pour le forcer à nommer Lucie Castets à Matignon.

Mais encore une fois, la méthode isole le mouvement de gauche radicale au sein de la gauche.

- Bureau national? -

Ecologistes, communistes et socialistes ont manifesté des sentiments allant du simple désaccord à la franche désapprobation.

"Est-ce que c'est grave qu'ils l'aient fait? Non. Est-ce que c'est notre position ? Non plus", a ainsi expliqué Marine Tondelier, reconnaissant qu'elle se serait "bien passée" d'une telle actualité.

"Ce n'est pas notre stratégie, la destitution n'est pas du tout à l'ordre du jour", a appuyé le porte-parole du PCF Léon Deffontaines.

Côté PS, les courants minoritaires de Nicolas Mayer-Rossignol et Hélène Geoffroy, déjà hostiles à l'alliance avec LFI au sein du NFP, ont même demandé à ce qu'un bureau national se tienne dans la semaine pour discuter notamment de la position à tenir avec les Insoumis avant la rencontre avec le chef de l'Etat vendredi.

Lucie Castets elle-même a évacué le sujet en déclarant: "mon sujet ce n'est pas la destitution, c'est la cohabitation".

Pas de quoi faire flancher le coordinateur national de LFI Manuel Bompard, qui a assuré que la destitution du président de la République restait une "possibilité crédible".

Une position qui n'effraie pas dans l'exécutif, où l'on fustige des "propositions farfelues" de gens qui "n'arrivent même pas à se mettre d'accord sur la destitution".

Charge donc aux différents émissaires envoyés par chaque parti dans les universités d'été des autres formations du NFP de montrer des images d'unité pour masquer les divergences.

L'année dernière, les universités d'été avaient contribué à creuser le fossé entre les différents partis de gauche qui s'apprêtaient à se présenter séparément aux élections européennes, au grand dam de LFI qui voulait une candidature unique sous les barrières de la Nupes.

Ces universités avaient notamment été marquées par la polémique créée par la présence du rappeur Médine chez EELV.

Cette année, les Ecologistes ont choisi d'inviter un artiste moins controversé: le comédien Thomas VDB.


Attal ne souhaite pas de nouvelle dissolution si Bayrou tombe

 Gabriel Attal "fera tout pour que François Bayrou reste Premier ministre" et ne souhaite pas de nouvelle dissolution si celui-ci n'obtient pas la confiance de l'Assemblée le 8 septembre car "ce n'est pas aux Français de régler les problèmes de l'Assemblée". (AFP)
Gabriel Attal "fera tout pour que François Bayrou reste Premier ministre" et ne souhaite pas de nouvelle dissolution si celui-ci n'obtient pas la confiance de l'Assemblée le 8 septembre car "ce n'est pas aux Français de régler les problèmes de l'Assemblée". (AFP)
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  • "Je ferai tout pour aider le gouvernement à tenir et François Bayrou à rester Premier ministre", a déclaré mercredi le chef du groupe parlementaire Renaissance (macroniste) sur France inter
  • "Ce à quoi je suis prêt, c'est qu'on se mette autour d'une table avec les responsables politiques prêts à avancer. De toute façon, quel que soit le vote du 8 septembre, il faudra un budget pour le pays", a-t-il ajouté

PARIS: Gabriel Attal "fera tout pour que François Bayrou reste Premier ministre" et ne souhaite pas de nouvelle dissolution si celui-ci n'obtient pas la confiance de l'Assemblée le 8 septembre car "ce n'est pas aux Français de régler les problèmes de l'Assemblée".

"Je ferai tout pour aider le gouvernement à tenir et François Bayrou à rester Premier ministre", a déclaré mercredi le chef du groupe parlementaire Renaissance (macroniste) sur France inter.

"Ce à quoi je suis prêt, c'est qu'on se mette autour d'une table avec les responsables politiques prêts à avancer. De toute façon, quel que soit le vote du 8 septembre, il faudra un budget pour le pays", a-t-il ajouté.

Se disant hostile à la suppression des deux jours fériés sans compensation salariale, il n'a pas répondu s'il était prêt à faire une concession sur la taxation des plus fortunés à l'égard de la gauche.

"On proposera des alternatives. Mais pour ça, encore faut-il qu'il y ait un gouvernement", a-t-il éludé.

Si le gouvernement Bayrou chute, l'ancien Premier ministre "ne croit pas qu'une nouvelle dissolution apporterait de la stabilité".

"Si on se demande chaque année s'il faut que les Français revotent, c'est que le problème ne vient pas des Français, mais bien de l'Assemblée elle-même. Et ce n'est pas aux Français de régler les problèmes de l'Assemblée, c'est à l'Assemblée de régler ses propres problèmes", a-t-il estimé.

"Dans la quasi-totalité des pays européens qui nous entourent, ils ont une Assemblée avec des forces éclatées. Et pourtant ils arrivent à travailler ensemble et à trouver des solutions ", a-t-il fait valoir.


Vote de confiance: le RN veut une dissolution pour «donner une majorité au pays», affirme Chenu

Le vote de confiance convoqué le 8 septembre par François Bayrou sera son "ultime échec", a prédit mardi le vice-président du Rassemblement national Sébastien Chenu, disant espérer une dissolution pour "donner une majorité au pays". (AFP)
Le vote de confiance convoqué le 8 septembre par François Bayrou sera son "ultime échec", a prédit mardi le vice-président du Rassemblement national Sébastien Chenu, disant espérer une dissolution pour "donner une majorité au pays". (AFP)
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  • "S'il est un président responsable, il se tourne vers les Français, il dissout l'Assemblée et il leur dit 'donnez une majorité'", a estimé M. Chenu, soulignant que "les Français ont vu ce que ça donnait, un pays sans majorité"
  • Un argument-clé pour le RN, qui "fera campagne (...) pour gouverner le pays non seulement sur un programme, mais sur l'idée de donner une majorité à ce pays", a assuré le vice-président du parti d'extrême droite

PARIS: Le vote de confiance convoqué le 8 septembre par François Bayrou sera son "ultime échec", a prédit mardi le vice-président du Rassemblement national Sébastien Chenu, disant espérer une dissolution pour "donner une majorité au pays".

"François Bayrou tente une ultime manoeuvre, il rencontrera un ultime échec", a déclaré sur Cnews et Europe 1 le député du Nord, anticipant déjà l'étape d'après et une nouvelle dissolution de l'Assemblée nationale par Emmanuel Macron.

"S'il est un président responsable, il se tourne vers les Français, il dissout l'Assemblée et il leur dit 'donnez une majorité'", a estimé M. Chenu, soulignant que "les Français ont vu ce que ça donnait, un pays sans majorité".

Un argument-clé pour le RN, qui "fera campagne (...) pour gouverner le pays non seulement sur un programme, mais sur l'idée de donner une majorité à ce pays", a assuré le vice-président du parti d'extrême droite.

Discours également relayé par son porte-parole Thomas Ménagé, député du Loiret, qui a expliqué sur RMC que "la seule solution dans la Ve République (...) c'est de demander aux Français de s'exprimer à nouveau pour dégager une majorité claire et que la France ne soit pas à l'arrêt".

Pour autant, M. Chenu a balayé tout risque de crise économique lié à l'instabilité politique: "On nous fait le coup à chaque fois. A chaque élection ou à chaque menace de censure, on nous dit attention, tout va s'arrêter, le pays va s'écrouler (...) La France tiendra. Ce n'est pas parce qu'on va changer de Premier ministre, ou qu'on aura une nouvelle majorité, que la France va s'écrouler".


Bayrou en mission impossible face à une chute plus probable que jamais

France's Prime Minister Francois Bayrou speaks during a press conference in Paris on August 25, 2025.
France's Prime Minister Francois Bayrou speaks during a press conference in Paris on August 25, 2025.
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  • François Bayrou demandera la confiance de l’Assemblée le 8 septembre, dans une tentative désespérée de sauver son gouvernement, fragilisé par le rejet de son plan d’économies
  • Une coalition d’oppositions – de l'extrême gauche à l'extrême droite – annonce déjà son vote contre, tandis que les syndicats prévoient des mobilisations pour le 10 septembre

PARIS: François Bayrou entame mardi devant la CFDT une opération de la dernière chance pour tenter d'arracher la survie de son gouvernement, plus que jamais menacé d'être renversé par les oppositions lors du vote de confiance du 8 septembre qui inaugure une nouvelle période d'incertitudes.

Confronté au rejet de son plan d'économies budgétaires de près de 44 milliards d'euros d'économies, par les opposants comme dans l'opinion, ainsi qu'à des appels à bloquer le pays le 10 septembre, le Premier ministre a brandi un va-tout lundi pour sa rentrée.

A sa demande, Emmanuel Macron va ainsi convoquer une session parlementaire extraordinaire le 8 septembre, et M. Bayrou sollicitera le jour-même la confiance de l'Assemblée sur une déclaration de politique générale. Son espoir: faire valider la nécessité d'un tel plan de réduction du déficit public, avant d'en négocier les mesures, dans un second temps.

Mais les réactions des oppositions ont été immédiates et ne semblent laisser quasiment aucune chance de réussite au gouvernement, privé de majorité depuis sa naissance en décembre.

Du Rassemblement national à La France insoumise en passant par les Ecologistes et les communistes, tous ont promis de voter contre la confiance.

Matignon espérait peut-être trouver un compromis avec le Parti socialiste. Mais "les socialistes voteront contre la confiance" à François Bayrou, a tranché leur patron Olivier Faure.

Sauf revirement, coup de théâtre ou tractations positives d'ici là, ces oppositions conjuguées disent que la France sera virtuellement sans gouvernement dans deux semaines. Un nouveau rebondissement dans l'instabilité politique provoquée par la dissolution de l'Assemblée nationale en juin 2024, qui risque en outre d'ouvrir une phase de turbulences financières.

Fébrilité

Signe de fébrilité: la Bourse de Paris a nettement reculé lundi et le taux d'intérêt de la dette française a grimpé, dans la foulée de l'annonce surprise de François Bayrou.

A l'extrême droite, Marine Le Pen a réitéré son souhait d'une nouvelle dissolution de l'Assemblée. Un scénario qu'Emmanuel Macron a plusieurs fois assuré vouloir éviter.

A gauche, la secrétaire nationale des Ecologistes Marine Tondelier a estimé que l'initiative du Premier ministre était "de fait une démission". Il a "fait le choix de partir", c'est une "autodissolution", a abondé Olivier Faure.

PS, Ecologistes et le reste de la gauche unioniste, qui promettent une candidature commune pour 2027 (sans Mélenchon ni Glucksmann à ce stade) se disent" prêts" à prendre la suite du gouvernement Bayrou.

Après deux premières conférences de presse et une série estivale de vidéos Youtube, François Bayrou se retrouve confronté aux vives réactions aux mesures envisagées pour réduire le déficit public, en particulier son projet de suppression de deux jours fériés.

Un débat "dévoyé" selon le chef du gouvernement, qui, avant de débattre de ces dispositions dans le détail, entend solliciter la confiance sur le diagnostic: "Y a-t-il ou pas urgence nationale à rééquilibrer nos comptes publics et à échapper, parce que c'est encore possible, à la malédiction du surendettement?", a-t-il posé lundi.

La date retenue, le 8 septembre, précède de deux jours l'appel, lancé sur les réseaux sociaux et les messageries, à bloquer la France. Un appel soutenu par la gauche, de LFI au PS.

Les syndicats rejettent aussi les mesures du plan gouvernemental, qui comprennent aussi une année blanche fiscale et le gel des prestations sociales. Ils s'opposent également au projet d'une nouvelle réforme de l'assurance-chômage, et ont reçu très frileusement la proposition de la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet de permettre la monétisation de la cinquième semaine de congés payés.

Si elles demeurent circonspectes face aux appels du 10 septembre, les organisations syndicales réfléchissent aux modes d'actions, avant une intersyndicale prévue dès ce vendredi. Certaines fédérations de la CGT et de Solidaires ont déjà prévu de se mobiliser le 10 septembre.

C'est dans ce contexte que François Bayrou interviendra mardi lors de l'évènement de rentrée de la CFDT, initialement prévu à la Bourse du Travail à Paris et finalement déplacé à Boissy-la-Rivière (Essonne).

Le Premier ministre a fait du dialogue social un mantra de son bail à Matignon. Mais le "conclave" convoqué pour revisiter la réforme des retraites de 2023 s'est achevé sur un échec.

M. Bayrou doit ensuite s'exprimer jeudi lors de l'évènement de rentrée du Medef. Il est attendu vendredi à la Foire de Châlons.