La France dans l'impasse après les législatives anticipées

Le président français Emmanuel Macron assiste à une cérémonie marquant le 80e anniversaire du débarquement des Alliés en Provence pendant la Seconde Guerre mondiale, au cimetière national de Boulouris ("nécropole nationale") à Boulouris-sur-Mer, dans le sud-est de la France, le 15 août 2024. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron assiste à une cérémonie marquant le 80e anniversaire du débarquement des Alliés en Provence pendant la Seconde Guerre mondiale, au cimetière national de Boulouris ("nécropole nationale") à Boulouris-sur-Mer, dans le sud-est de la France, le 15 août 2024. (AFP)
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Publié le Dimanche 25 août 2024

La France dans l'impasse après les législatives anticipées

  • Les législatives anticipées n’ont pas débouché sur le résultat escompté, mais ont donné lieu, au contraire, à un Parlement partagé entre trois blocs de taille relativement comparable et tous dénués de majorité absolue
  • Le NFP, improvisé dans la foulée des résultats des élections européennes en juin dernier, est loin d’être un groupe homogène

PARIS: Le président français Emmanuel Macron a convié, ce vendredi, les chefs des partis et des groupes parlementaires, à des échanges ayant pour but de dégager un consensus pour nommer un nouveau Premier ministre.

Depuis le 7 juillet dernier, le pays est plongé dans une impasse politique à la suite des résultats brouillés des législatives anticipées et les affaires courantes sont gérées par un gouvernement démissionnaire, présidé par Gabriel Attal.

Ces élections convoquées brutalement par Macron avaient pour but de clarifier le rapport de force politique au sein du Parlement et de mettre fin à une cacophonie qui perdurait depuis 2022.

Après son élection cette année-là pour un deuxième mandat présidentiel, les Français ont choisi de ne lui accorder qu’une majorité parlementaire relative, ce qui a gravement entravé l’action de ses deux Premiers ministres successifs, Elisabeth Borne et ensuite Attal.

Les Français n’ayant pas désigné un vainqueur avec une majorité absolue de 289 sièges, leur message est clair et appelle à la constitution d’un gouvernement de coalition large et ouvert à toutes les forces politiques à l’exception des extrémistes de droite et de gauche.

Hélas, les législatives anticipées n’ont pas débouché sur le résultat escompté, mais ont donné lieu, au contraire, à un Parlement partagé entre trois blocs de taille relativement comparable et tous dénués de majorité absolue.

Ce résultat, qui se prête à des lectures et des interprétations différentes, a figé le pays dans une surenchère politique stérile.

La gauche unie dans le cadre du Nouveau Front populaire (NFP), arrivé en tête avec 193 sièges parlementaires, a estimé qu’il lui revenait de constituer le nouveau gouvernement.

Elle a ainsi mis à profit la trêve politique, instaurée pendant les Jeux olympiques de Paris du 26 juillet au 11 août, pour désigner une Première ministre de ses rangs en la personne de la haute fonctionnaire Lucie Castets.

C’était sans compter la grande capacité du président de la République à retourner les situations en sa faveur, en avançant sa propre lecture des résultats électoraux, qui ont débouché, d’après lui, à un Parlement composé de trois blocs minoritaires.

Le but des consultations

Par conséquent, les Français n’ayant pas désigné un vainqueur avec une majorité absolue de 289 sièges, leur message est clair et appelle à la constitution d’un gouvernement de coalition large et ouvert à toutes les forces politiques à l’exception des extrémistes de droite et de gauche.

C’est ce même cap qui est maintenu à travers les consultations de vendredi et qui fait dire à l’Élysée que le président est « du côté des Français, garant des institutions » et de « l'expression de leur vote » et que la nomination d'un Premier ministre se fera dans la foulée de ces échanges.

Ainsi, le chef de l'État reçoit, vendredi matin, les leaders du NFP de gauche, ainsi que Castets, leur candidate pour Matignon. Il recevra ensuite les représentants du camp présidentiel Ensemble pour la République, puis les représentants des Républicains (la droite), avant de recevoir le Rassemblement national lundi.

Le but des consultations, affirme l’Élysée, est de rechercher la « majorité la plus large et la plus stable », comme précisé par Emmanuel Macron en juillet et « de savoir dans quelles conditions les forces politiques peuvent atteindre cet objectif ».

« La décision de nomination du/de la Premier.ère ministre sera prise en considération en fonction de ces deux critères-là », a expliqué l'Élysée soulignant que Macron semble toujours exclure de nommer Castets à la tête du gouvernement.

Composé de quatre formations politiques – La France insoumise (extrême gauche), le parti socialiste, le parti communiste et les écologistes – le NFP improvisé dans la foulée des résultats des élections européennes en juin dernier est loin d’être un groupe homogène.

Toujours selon l’Élysée, le plus important pour le président est la stabilité, et « la nécessité pour un gouvernement de ne pas tomber à la première motion de censure déposée », insiste-t-on.

C’est à croire qu’il y a ceux qui savent perdre et en fins limiers gèrent cette perte de façon à la transformer en victoire, d’autant plus que face à eux, il y a des adversaires qui ne savent pas gagner.

Composé de quatre formations politiques – La France insoumise (extrême gauche), le parti socialiste, le parti communiste et les écologistes – le NFP improvisé dans la foulée des résultats des élections européennes en juin dernier est loin d’être un groupe homogène.

Il a beau participer aux consultations présidentielles en un bloc uni, il a beau s’adresser aux Français d’une seule voix pour dire être « prêt à gouverner » et dénoncer Macron, qui « tergiverse au lieu de tirer les conséquences des législatives » et d’appeler leur candidate à former le gouvernement, le vernis peine à camoufler les lézardes.

Dimanche dernier, le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon a menacé, dans la Tribune dimanche, d’enclencher une procédure de destitution contre Macron, s’il ne tenait pas compte des résultats des législatives.

Cette démarche enclenchée par Mélenchon en solitaire a suscité l’embarras de ses partenaires du NFP de plus en plus conscients des graves conséquences de leur alliance avec La France insoumise et des coups d’éclat de son leader.


Un proche de Macron pressenti à la tête du Conseil constitutionnel

Emmanuel Macron doit proposer lundi soir le nom du successeur de Laurent Fabius à la tête du Conseil constitutionnel. (AFP)
Emmanuel Macron doit proposer lundi soir le nom du successeur de Laurent Fabius à la tête du Conseil constitutionnel. (AFP)
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  • "Sur le fond, il faut effectivement des gens capables de résister à un changement de régime. Ce n'est pas neutre", explique une source au fait des nominations
  • Mais "si c'est un très proche d'Emmanuel Macron qui est nommé président du Conseil constitutionnel, je pense que les Français pourront légitimement s'interroger sur l'indépendance de cette instance"

PARIS: Emmanuel Macron doit proposer lundi soir le nom du successeur de Laurent Fabius à la tête du Conseil constitutionnel. Le favori est l'un de ses proches, l'ex-président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand, qui avait été l'un des premiers socialistes à le suivre dès 2016.

L'actuelle présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, et son homologue du Sénat, Gérard Larcher, doivent également procéder chacun à une nomination, afin de remplacer, outre M. Fabius, deux autres "Sages", qui achèvent leur mandat de neuf ans.

Mais c'est bien le choix présidentiel qui recouvre le plus d'enjeu: la décision d'Emmanuel Macron apparaît comme un premier héritage pour le chef de l'Etat, puisque le futur président du Conseil constitutionnel sera en poste jusqu'en 2034, bien après la fin de son propre bail à l'Elysée.

Cette nomination est d'autant plus politiquement sensible que personne dans la classe politique française n'exclut plus la possibilité de l'accession au pouvoir de Marine Le Pen, la cheffe de file du Rassemblement national (extrême droite - RN) dans les prochaines années.

"Sur le fond, il faut effectivement des gens capables de résister à un changement de régime. Ce n'est pas neutre", explique une source au fait des nominations.

Mais "si c'est un très proche d'Emmanuel Macron qui est nommé président du Conseil constitutionnel, je pense que les Français pourront légitimement s'interroger sur l'indépendance de cette instance", a tonné la députée du RN Edwige Diaz.

Les trois personnalités choisies devront passer le cap de l'audition parlementaire. Mais le candidat de M. Macron devra pour sa part convaincre Assemblée nationale et Sénat.

M. Ferrand, 62 ans, a créé sa société de conseil, après avoir échoué à récupérer son poste de député du Finistère (ouest) en 2022, et se tient publiquement éloigné de la politique depuis bientôt trois ans.

Il garde néanmoins l'oreille du chef de l'Etat.

"Il a quand même été un peu abîmé par les polémiques", souligne un député, rappelant une affaire judiciaire qui lui avait coûté sa place de ministre dans le premier gouvernement d'Edouard Philippe en juin 2017, et pour laquelle il a obtenu un non-lieu au bénéfice de la prescription.

Mais, selon le président du groupe centriste au Sénat, Hervé Marseille, "je ne vois pas ce qui pourrait s'opposer à ce qu'il soit désigné". Si Marine Le Pen est élue en 2027, le Conseil constitutionnel comme le Sénat seront "des remparts pour que la Constitution soit respectée".


Deux corps découverts sur une plage du Pas-de-Calais, 230 migrants secourus en mer

Selon la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord (Prémar), 41 personnes ayant tenté en vain d'embarquer au niveau des plages de Berck tôt dimanche matin ont été secourues sur la côte par les services de l'Etat.  De nombreuses tentatives de traversées clandestines du détroit du Pas-de-Calais ont eu lieu dimanche. (AFP)
Selon la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord (Prémar), 41 personnes ayant tenté en vain d'embarquer au niveau des plages de Berck tôt dimanche matin ont été secourues sur la côte par les services de l'Etat. De nombreuses tentatives de traversées clandestines du détroit du Pas-de-Calais ont eu lieu dimanche. (AFP)
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  • Dimanche matin, une embarcation de migrants en route vers l'Angleterre s'est dégonflée, entraînant le sauvetage de 57 personnes au large de Gravelines (Nord), dont une inconsciente qui a été hélitreuillée vers l'hôpital de Boulogne-sur-Mer
  • En parallèle, une autre embarcation transportant 38 migrants au large de Boulogne-sur-Mer a demandé de l'aide. Tous ses passagers ont été récupérés par le navire Minck puis débarqués sur la terre ferme

LILLE: Deux corps ont été découverts dimanche sur une plage de Berck (Pas-de-Calais), tandis qu'un total de 230 migrants ont été secourus en mer le même jour dans le détroit entre la France et l'Angleterre, selon les autorités françaises.

A 14H20, "le corps d'un homme a été découvert sur la plage Terminus à Berck", puis vers 16H00, "un second corps a été retrouvé à 300 mètres" du premier, a déclaré à l'AFP la préfecture du Pas-de-Calais.

"Il pourrait s'agir de deux migrants ayant tenté d'embarquer à bord d'un taxi-boat", c'est-à-dire un canot déjà mis à l'eau que les passagers doivent rejoindre à la nage, a ajouté cette même source.

Selon la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord (Prémar), 41 personnes ayant tenté en vain d'embarquer au niveau des plages de Berck tôt dimanche matin ont été secourues sur la côte par les services de l'Etat.

De nombreuses tentatives de traversées clandestines du détroit du Pas-de-Calais ont eu lieu dimanche.

"Un total de 230 personnes" ont été secourues en mer au cours de la journée, selon un bilan de la Prémar publié en fin de soirée.

Dimanche matin, une embarcation de migrants en route vers l'Angleterre s'est dégonflée, entraînant le sauvetage de 57 personnes au large de Gravelines (Nord), dont une inconsciente qui a été hélitreuillée vers l'hôpital de Boulogne-sur-Mer, et deux autres en état d'hypothermie.

En parallèle, une autre embarcation transportant 38 migrants au large de Boulogne-sur-Mer a demandé de l'aide. Tous ses passagers ont été récupérés par le navire Minck puis débarqués sur la terre ferme.

Sur une autre embarcation, 19 personnes ont été secourues par le remorqueur d'intervention, d'assistance et de sauvetage Abeille Normandie. Quarante personnes à bord de l'esquif ont préféré poursuivre leur périple vers les côtes britanniques, selon la Prémar.

Une autre intervention a suivi pour récupérer 42 personnes à bord d'une embarcation partie de Malo-les-Bains, près de Dunkerque (Nord). Parmi elles, deux blessés qui ont été évacués par hélicoptère pour être hospitalisés à Boulogne-sur-Mer.

Vers 20H00, le patrouilleur des Affaires maritimes Jeanne Barret a également secouru 33 personnes sur une embarcation qui était partie tôt dans la matinée depuis le secteur de la baie de Somme, a ajouté la Prémar.

Au moins 77 migrants sont morts en 2024 en tentant de rejoindre l'Angleterre à bord d'embarcations de fortune ("small boats"), un record depuis le début de ce phénomène en 2018, selon la préfecture du Pas-de-Calais.

 


L'UE «répliquera» aux menaces de droits de douane US sur l'acier, assure Paris

"Nous répliquerons à nouveau", comme l'Union européenne l'avait déjà fait en 2018 lors d'une décision similaire de M. Trump prise lors de son premier mandat, a assuré M. Barrot sur TF1. (AFP)
"Nous répliquerons à nouveau", comme l'Union européenne l'avait déjà fait en 2018 lors d'une décision similaire de M. Trump prise lors de son premier mandat, a assuré M. Barrot sur TF1. (AFP)
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  • Lors de son premier mandat (2017-21), Donald Trump avait déjà imposé des droits de douane sur l'acier et l'aluminium afin de protéger l'industrie américaine
  • Environ 25% des exportations européennes d'acier sont destinées aux Etats-Unis, selon le cabinet Roland Berger. Dès lors, "toute taxe de la part des Etats-Unis heurterait le secteur européen"

PARIS: L'Union européenne "répliquera" aux nouveaux droits de douane annoncés par Donald Trump sur les importations d'acier et d'aluminium, comme elle l'avait fait lors de mesures similaires en 2018 de la part du président américain, a affirmé lundi le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot.

"Nous répliquerons à nouveau", comme l'Union européenne l'avait déjà fait en 2018 lors d'une décision similaire de M. Trump prise lors de son premier mandat, a assuré M. Barrot sur TF1.

"Il n'y a aucune hésitation quand il s'agit de défendre nos intérêts", a poursuivi le ministre. M. Barrot a ajouté que la Commission européenne avait un mandat pour agir en ce sens, et "qu'elle (avait) assuré" les pays membres qu'elle allait le mettre à exécution sans tarder. Le ministre français n'a pas donné de détails sur les mesures de rétorsion envisagées.

Donald Trump a déclaré dimanche qu'il "(annoncerait) des droits de douane sur l'acier lundi", que "tout l'acier arrivant aux Etats-Unis aura 25% de droits de douane", et que le même sort serait réservé à l'aluminium importé.

Lors de son premier mandat (2017-21), Donald Trump avait déjà imposé des droits de douane sur l'acier et l'aluminium afin de protéger l'industrie américaine qu'il estimait être confrontée à une concurrence déloyale en provenance de pays asiatiques et européens.

Environ 25% des exportations européennes d'acier sont destinées aux Etats-Unis, selon le cabinet Roland Berger. Dès lors, "toute taxe de la part des Etats-Unis heurterait le secteur européen", avait-il prévenu dans une note récente.

L'industrie de l'acier est déjà soumise à une forte concurrence internationale ainsi qu'au recul de la demande de la part du secteur automobile, l'un de ses gros clients.