L'ONU demande la cessation «  immédiate  » de l'opération israélienne en Cisjordanie occupée

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Publié le Vendredi 30 août 2024

L'ONU demande la cessation «  immédiate  » de l'opération israélienne en Cisjordanie occupée

  • Le bureau des affaires humanitaires de l'ONU, Ocha, a alerté sur la poursuite "d'opérations militaires à proximité des hôpitaux" et les "graves dommages" infligés aux infrastructures, coupant par endroits électricité et télécommunications
  • L'armée israélienne a lancé cette opération qualifiée "d'antiterroriste" mercredi en envoyant ses colonnes de blindés sur Jénine, Tulkarem, Toubas et leurs camps de réfugiés, dans le nord de la Cisjordanie occupée

TULKAREM: L'ONU a demandé la cessation "immédiate" de l'opération meurtrière menée par Israël en Cisjordanie occupée et jugé que la souffrance des habitants de Gaza allait "au-delà de ce que tout être humain devrait supporter".

L'armée israélienne a indiqué avoir tué jeudi sept combattants palestiniens, au deuxième jour de cette large opération contre des groupes armés, qui a fait au moins 16 morts en 48 heures.

Exprimant sa "profonde inquiétude", le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé jeudi sur le réseau social X à sa "fin immédiate", condamnant "fermement les pertes de vies humaines, notamment de mineurs".

Le bureau des affaires humanitaires de l'ONU, Ocha, a alerté sur la poursuite "d'opérations militaires à proximité des hôpitaux" et les "graves dommages" infligés aux infrastructures, coupant par endroits électricité et télécommunications.

L'armée israélienne a lancé cette opération qualifiée "d'antiterroriste" mercredi en envoyant ses colonnes de blindés sur Jénine, Tulkarem, Toubas et leurs camps de réfugiés, dans le nord de la Cisjordanie occupée, où des groupes armés sont particulièrement actifs.

Après avoir alors fait état de neuf combattants tués, elle a affirmé jeudi en avoir tué sept autres: deux à Jénine et cinq retranchés "dans une mosquée" dans le camp Nour Chams de Tulkarem, parmi lesquels un commandant du Jihad islamique, groupe allié du Hamas qui a confirmé son décès.

Mais selon le gouverneur de Tulkarem, Mostafa Taqatqa, les cinq ont été tués "dans un tir de roquette sur une maison", sans combats.

Le ministère palestinien de la Santé a également recensé 16 morts, parmi lesquels, selon le Croissant-Rouge palestinien, deux adolescents de 13 et 17 ans, qualifiés de "terroristes" par l'armée israélienne.

Pression sur la résistance

Des affrontements se sont poursuivis jeudi après-midi à Jénine et des soldats israéliens ont continué d'opérer à Tulkarem, selon deux journalistes de l'AFP.

L'armée s'est en revanche retirée du camp de réfugiés de Toubas, ont indiqué des témoins.

Israël "veut mettre la pression sur la résistance" mais chaque "escalade sioniste" la renforce, a affirmé à Toubas à l'AFPTV Mohamed Mansour, un responsable politique.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, au moins 45 personnes ont été arrêtées depuis mercredi, l'armée recensant dix interpellations.

Les incursions israéliennes dans des zones autonomes palestiniennes sont quotidiennes en Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 1967 par Israël. Mais elles sont rarement d'une telle ampleur.

Depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre, les violences en Cisjordanie ont flambé.

L'ONU a chiffré mercredi à au moins 637 les Palestiniens tués par l'armée israélienne ou des colons depuis le 7 octobre. Au moins 19 Israéliens parmi lesquels des soldats y sont morts dans des attaques palestiniennes ou des opérations de l'armée, selon les données officielles israéliennes.

Tout perdu

Dans la bande de Gaza, toujours pilonnée par Israël et livrée aux combats, la Défense civile a annoncé jeudi huit morts dans une frappe israélienne sur Gaza-ville (nord). Trois Palestiniens ont péri dans une frappe de drone à Rafah (sud), selon une source médicale à l'AFP.

L'armée israélienne a indiqué avoir, au cours des dernières 24 heures, tué des "dizaines" de combattants, dont l'un ayant participé à l'attaque du 7 octobre, selon elle.

Les troupes israéliennes poursuivent leurs opérations à Rafah, dans la région de Khan Younès (sud) et à la périphérie de Deir al Balah (centre), selon l'armée.

Des habitants déplacés sont rentrés jeudi dans certains secteurs orientaux de cette ville retrouvant leurs maisons détruites.

"Nous avons tout perdu", se lamente Ibrahim al-Tabaan, en tentant de récupérer quelques biens dans les décombres.

"Qu'est-il advenu de notre humanité élémentaire ?", a lancé jeudi Joyce Msuya, cheffe par intérim du bureau humanitaire de l'ONU, devant le Conseil de sécurité, estimant que la souffrance des habitants allait "au-delà de ce que tout être humain devrait supporter".

Vaccination polio

La plupart des 2,4 millions d'habitants du territoire palestinien ont été déplacés en près de 11 mois de guerre.

Seule lueur d'espoir: un responsable de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a annoncé jeudi que les autorités israéliennes avaient accepté une série de "pauses humanitaires" de trois journées chacune - à raison de plusieurs heures par jour - à travers Gaza pour lancer dimanche la vaccination des enfants contre la polio, après l'annonce d'un premier cas confirmé.

Le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, avait indiqué auparavant qu'il ne s'agissait pas d'un "cessez-le-feu pour vacciner contre la polio mais de la mise à disposition de certains lieux".

L'attaque du Hamas le 7 octobre a entraîné la mort de 1.199 personnes côté israélien, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles israéliennes.

Sur 251 personnes enlevées ce jour-là, 103 sont toujours retenues à Gaza, dont 33 déclarées mortes par l'armée.

Près de la frontière jeudi, des familles d'otages se sont rassemblées côté israélien pour lancer via des hauts-parleurs des messages de soutien à leurs proches, dans l'espoir qu'ils les entendent.

La candidate démocrate américaine Kamala Harris a réitéré jeudi son soutien au droit d'Israël "à se défendre" et a répondu "non" à la question de savoir si, présidente, elle suspendrait les livraisons américaines d'armes à ce pays.

L'offensive militaire de représailles israéliennes à Gaza, où le Hamas a pris le pouvoir en 2007, a fait 40.602 morts, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza, qui ne détaille pas le nombre de civils et de combattants tués. Selon l'ONU, la majorité des morts sont des femmes et des mineurs.


Netanyahu annonce l'envoi d'un représentant israélien pour une rencontre avec des responsables au Liban

Cette photographie prise lors d'une visite de presse organisée par l'armée libanaise montre un soldat libanais debout près d'un mur à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban, le 28 novembre 2025. (AFP)
Cette photographie prise lors d'une visite de presse organisée par l'armée libanaise montre un soldat libanais debout près d'un mur à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban, le 28 novembre 2025. (AFP)
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  • M. Netanyahu "a chargé le directeur par intérim du Conseil de sécurité nationale d'envoyer un représentant de sa part à une réunion avec des responsables gouvernementaux et économiques au Liban"
  • Cette annonce survient après le passage d'une émissaire américaine, Morgan Ortagus, à Jérusalem, sur fond de tensions croissantes entre Israël et le Liban

JERUSALEM: Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mercredi l'envoi d'un représentant pour une rencontre avec des responsables politiques et économiques au Liban, "première tentative pour établir une base de relations et de coopération économique entre Israël et le Liban".

M. Netanyahu "a chargé le directeur par intérim du Conseil de sécurité nationale d'envoyer un représentant de sa part à une réunion avec des responsables gouvernementaux et économiques au Liban", indique un communiqué de son bureau.

Le texte ne précise pas quand cette rencontre doit avoir lieu.

Cette annonce survient après le passage d'une émissaire américaine, Morgan Ortagus, à Jérusalem, sur fond de tensions croissantes entre Israël et le Liban.

Accusant le mouvement islamiste Hezbollah de violer le cessez-le-feu entré en vigueur il y a un an en se réarmant dans le sud du pays, l'armé israélienne a multiplié les frappes sur le sud du Liban la semaine dernière sur ce qu'elle a présenté comme des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Depuis plusieurs semaines, la presse israélienne multiplie les articles sur la possible imminence d'une nouvelle campagne militaire israélienne contre le Hezbollah au Liban.


Le pape appelle à «de nouvelles approches» au Moyen-Orient pour rejeter la violence

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  • Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage"
  • "Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix"

BEYROUTH: Le pape Léon XIV a appelé mardi, devant 150.000 personnes réunies pour une messe en plein air à Beyrouth, à "de nouvelles approches au Moyen-Orient" meurtri par les conflits, pour y faire prévaloir la paix.

Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage".

"Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix", a déclaré le souverain pontife.

Affirmant "prier spécialement pour le Liban bien-aimé", il a demandé "à la communauté internationale de ne ménager aucun effort pour promouvoir des processus de dialogue et de réconciliation" dans cette région meurtrie par les conflits.

La visite du chef de l'église catholique a donné un souffle d'espoir au Liban, qui a connu une guerre meurtrière avec Israël il y a un an et craint une nouvelle escalade malgré le cessez-le-feu.

Léon XIV a également appelé les dirigeants "dans tous les pays marqués par la guerre et la violence" à "écouter le cri" des "peuples qui appellent à la paix".

S'adressant aux "chrétiens du Levant, citoyens à part entière de ces terres", le pape leur a dit: "ayez du courage. Toute l'Église vous regarde avec affection et admiration".


Une plainte en France pour «entrave» au travail des reporters à Gaza

Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
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  • "Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination"
  • "Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse"

PARIS: Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza.

Ces faits pourraient selon ces organisations constituer des "crimes de guerre", pour lesquels le parquet national antiterroriste à Paris peut enquêter, dès lors qu'ils sont commis contre des Français.

"Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination dans un contexte international où les atteintes à la liberté de la presse sont devenues structurelles", soulignent les plaignants dans la centaine de pages de leur requête, rendue publique par franceinfo.

"Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse", a commenté Me Louise El Yafi, l'une des avocates à l'origine de la plainte.

Elle "souligne aussi l'insécurité croissante visant les journalistes français en Cisjordanie (...). Ces atteintes, en violation du droit international humanitaire, relèvent également de crimes de guerre", ajoute sa consoeur Me Inès Davau.

Un journaliste français travaillant pour plusieurs rédactions francophones, qui a tenu à garder l'anonymat, porte lui aussi plainte: il dénonce son "agression" par des colons lors d'un reportage dans les territoires occupés.

Reporters sans frontières (RSF) a décompté plus de 210 journalistes tués depuis le début des opérations militaires israéliennes à Gaza, en représailles à l'attaque du 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Depuis le début de la guerre, les autorités israéliennes ont empêché les journalistes de médias étrangers d'entrer de manière indépendante à Gaza, autorisant seulement au cas par cas une poignée de reporters à accompagner leurs troupes.

En France, plusieurs plaintes ont été déposées en lien avec le conflit. Elles visent notamment des soldats franco-israéliens d'une unité d'élite de l'armée israélienne, l'entreprise française d'armement Eurolinks ou encore des Franco-Israéliens qui se rendraient complices du crime de colonisation.

Suite à une plainte, le parquet national antiterroriste a aussi demandé à un juge d'instruction parisien d'enquêter pour "crimes de guerre" dans le dossier de la mort de deux enfants français dans un bombardement israélien à Gaza en octobre 2023.