Tunisie : le président Kais Saied s'engage vers un deuxième mandat

M. Saied a été réélu dimanche avec 89,2% des suffrages, selon des sondages sortie des urnes de l'institut Sigma Conseil annoncés à la télévision nationale (Photo AFP)
M. Saied a été réélu dimanche avec 89,2% des suffrages, selon des sondages sortie des urnes de l'institut Sigma Conseil annoncés à la télévision nationale (Photo AFP)
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Publié le Lundi 07 octobre 2024

Tunisie : le président Kais Saied s'engage vers un deuxième mandat

  • M. Saied a été réélu dimanche avec 89,2% des suffrages, selon des sondages sortie des urnes de l'institut Sigma Conseil annoncés à la télévision nationale.
  • Mais les jeunes très mobilisés il y a cinq ans, ont déserté les urnes, avec 6% de votants dans la tranche d'âge entre 18 et 35 ans, selon l'Isie, face à une participation de 65% chez les 36-60 ans.

TUNIS : Kais Saied est en route vers un deuxième mandat en Tunisie, selon des estimations publiées avant les résultats officiels d'une présidentielle "verrouillée" à l'avance, qui devraient confirmer lundi une victoire écrasante du président sortant, accusé de "dérive autoritaire".

M. Saied a été réélu dimanche avec 89,2% des suffrages, selon des sondages sortie des urnes de l'institut Sigma Conseil annoncés à la télévision nationale.

Un triomphe relativisé par une participation de seulement 27,7%, selon l'autorité électorale Isie, soit le plus faible depuis l'avènement de la démocratie en 2011 dans le berceau du Printemps arabe après le renversement du dictateur Ben Ali.

Le scrutin était "verrouillé" pour une victoire "haut la main" de M. Saied, avait prédit l'expert Michaël Ayari de l'International Crisis Group.

Seuls deux concurrents -- des seconds couteaux -- étaient autorisés à se présenter sur 17 initialement, après l'élimination des rivaux les plus solides de M. Saied.

Mounir, 65 ans, un habitant de Tunis qui a voté pour le président sortant a résumé les attentes du pays: "une baisse des prix, un bon système éducatif et de santé, et la sécurité".

A l'inverse, Houcine, 63 ans, n'a pas voté: "je n'ai plus confiance et je suis désespéré".

Selon l'expert politique tunisien Hatem Nafti, M. Saied, 66 ans, "conserve son socle électoral mais a perdu près d'un million de voix" par rapport à 2019 quand cet enseignant en droit constitutionnel, novice en politique, était devenu président à la surprise générale avec 73% des suffrages et une participation de 58%.

Ses partisans sont descendus par centaines sur l'avenue principale de Tunis pour fêter sa victoire dimanche, à coups de klaxons et de chants patriotiques.

Mais les jeunes très mobilisés il y a cinq ans, ont déserté les urnes, avec 6% de votants dans la tranche d'âge entre 18 et 35 ans, selon l'Isie, face à une participation de 65% chez les 36-60 ans.

- "Légitimité entachée" -

"La légitimité de l'élection est entachée", a commenté à l'AFP l'analyste politique tunisien Hatem Nafti, soulignant aussi que "les candidats pouvant faire de l'ombre à M. Saied ont été systématiquement écartés".

Le dépôt des candidatures s'était apparenté à une course d'obstacles avec un nombre élevé de parrainages exigé, l'emprisonnement de candidats potentiels connus, et l'éviction par l'Isie des concurrents vraiment dangereux pour M. Saied.

Des ONG tunisiennes et étrangères ont dénoncé une Isie "ayant perdu son indépendance" et un processus "faussé en faveur de M. Saied".

Les deux postulants rescapés du processus ont recueilli très peu de suffrages, selon Sigma.

Ayachi Zammel, un industriel libéral de 47 ans inconnu du grand public jusqu'à récemment a obtenu 6,9%, et l'autre prétendant, Zouhair Maghzaoui, 59 ans, ancien député de la gauche panarabiste, s'est adjugé seulement 3,9%.

M. Zammel n'a pas pu faire campagne car il est emprisonné depuis début septembre et a déjà été condamné à trois reprises à plus de 14 ans de prison pour des falsifications de parrainages présumées.

M. Maghzaoui, aligné sur l'idéologie souverainiste de M. Saied, a été pénalisé par son soutien au coup de force du président à l'été 2021 quand celui-ci s'était emparé des pleins pouvoirs pour, disait-il, rétablir l'ordre.

L'opération avait été largement applaudie par une population lassée des bisbilles parlementaires et des difficultés économiques, dont M. Saied a accusé les "politiciens corrompus" financés par "des puissances étrangères", ayant dominé la décennie de démocratie, ciblant surtout le mouvement islamo-conservateur Ennahdha.

Mais au lieu de relancer la croissance pour lutter contre un chômage endémique qui alimente des flux d'émigration vers l'Europe, le président a consacré son énergie, selon l'opposition et les ONG, à réprimer la société civile dans une "dérive autoritaire".

Depuis le printemps 2023, plus d'une vingtaine d'opposants dont le chef d'Ennadha Rached Ghannouchi et la passionnaria nostalgique de l'ère Ben Ali, Abir Moussi, ont été emprisonnés.

Ces derniers mois, des syndicalistes, avocats, chroniqueurs politiques et des défenseurs des droits des migrants se sont aussi retrouvés en prison.

Hatem Nafti redoute un nouveau durcissement du pouvoir après "le sacre de M. Saied" qui a repris ses slogans favoris dimanche, annonçant sur un ton martial, vouloir "poursuivre la Révolution de 2011" pour bâtir "un pays nettoyé des corrompus et des complots".


Irak: deux blessés par un des tirs de roquettes contre un aéroport 

Deux roquettes se sont abattues lundi soir sur l'aéroport de Kirkouk, dans le nord de l'Irak, faisant deux blessés légers, a déclaré à l'AFP un responsable des services de sécurité.
Deux roquettes se sont abattues lundi soir sur l'aéroport de Kirkouk, dans le nord de l'Irak, faisant deux blessés légers, a déclaré à l'AFP un responsable des services de sécurité.
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  • Une troisième roquette est tombée sur une maison dans la ville de Kirkouk, causant des dégâts matériels, a précisé ce responsable
  • "Une troisième roquette a touché une maison dans le quartier d'Uruba", situé au sud-est de l'aéroport, sans faire de blessé, a poursuivi le responsable

KIRKOUK: Deux roquettes se sont abattues lundi soir sur l'aéroport de Kirkouk, dans le nord de l'Irak, faisant deux blessés légers, a déclaré à l'AFP un responsable des services de sécurité.

Une troisième roquette est tombée sur une maison dans la ville de Kirkouk, causant des dégâts matériels, a précisé ce responsable.

"Deux roquettes Katioucha sont tombées dans la section militaire de l'aéroport de Kirkouk", a-t-il indiqué sous le couvert de l'anonymat car n'étant pas autorisé à parler aux médias, précisant qu'un des projectiles n'avait pas explosé.

"Une troisième roquette a touché une maison dans le quartier d'Uruba", situé au sud-est de l'aéroport, sans faire de blessé, a poursuivi le responsable.

L'attaque n'a pas été revendiquée.

Quelques heures plus tard, mardi matin, une autre source des services de sécurité a indiqué à l'AFP que le système de défense anti-aérienne avait repoussé au moins un drone près d'une raffinerie de pétrole dans la province de Salaheddine.

Le ministère irakien du pétrole a assuré qu'il n'y avait eu "aucun incident provoqué par la chute de projectiles étrangers à l'intérieur ou près de la raffinerie" de Baiji.

Dévasté par plusieurs décennies de conflits, d'attentats et de troubles en tout genre, l'Irak a récemment recouvré une certaine stabilité.

La semaine dernière, quelques heures avant qu'un cessez-le-feu ne mette fin à douze jours de guerre entre l'Iran et Israël, des drones non identifiés ont attaqué des systèmes radar sur deux bases militaires situées à Bagdad et dans le sud de l'Irak.

Le gouvernement a annoncé l'ouverture d'une enquête sur ces attaques, sans toutefois avoir identifié les auteurs à ce stade.


Cisjordanie: deux morts, dont un adolescent, dans des tirs israéliens 

Au moins 946 Palestiniens, parmi lesquels de nombreux combattants, mais aussi beaucoup de civils, y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. (AFP)
Au moins 946 Palestiniens, parmi lesquels de nombreux combattants, mais aussi beaucoup de civils, y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. (AFP)
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  • "Samer Bassam Zagharna (24 ans) a également été tué en martyr, à l’aube de ce jour, par les balles de l’occupation près de la localité de ad-Dhahiriya", poursuit le communiqué mentionnant une ville de la banlieue d'Hébron (sud de la Cisjordanie)
  • Une vingtaine d'adolescents et de jeunes hommes se sont réunis mardi matin dans un hôpital de Ramallah pour pleurer Amjad Nassar Abou Aouad, a constaté un journaliste de l'AFP

RAMALLAH: Le ministère de la Santé palestinien a annoncé mardi que deux personnes, dont un adolescent de 15 ans, avaient été tuées par l'armée israélienne avant le lever du jour en Cisjordanie occupée.

"Amjad Nassar Abou Aouad (15 ans) a été tué en martyr, à l'aube de ce mardi, par les balles de l'occupation dans la ville de Ramallah", indique un communiqué du ministère.

"Samer Bassam Zagharna (24 ans) a également été tué en martyr, à l’aube de ce jour, par les balles de l’occupation près de la localité de ad-Dhahiriya", poursuit le communiqué mentionnant une ville de la banlieue d'Hébron (sud de la Cisjordanie).

Sollicitée par l'AFP, l'armée a dit qu'elle se renseignait sur les faits rapportés.

Une vingtaine d'adolescents et de jeunes hommes se sont réunis mardi matin dans un hôpital de Ramallah pour pleurer Amjad Nassar Abou Aouad, a constaté un journaliste de l'AFP.

L'armée israélienne occupe la Cisjordanie depuis 1967.

Les violences ont flambé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par l'attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Au moins 946 Palestiniens, parmi lesquels de nombreux combattants, mais aussi beaucoup de civils, y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne.

Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, au moins 35 Israéliens, parmi lesquels des civils et des soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.


Gaza: les secours annoncent plus de 50 morts, malgré des appels au cessez-le-feu

Malgré des appels renouvelés à un cessez-le-feu à Gaza, les secouristes locaux ont fait état lundi de 51 morts, dont 24 dans un café internet, dans plusieurs opérations de l'armée israélienne à travers le territoire palestinien ravagé par plus de 20 mois de guerre. (AFP)
Malgré des appels renouvelés à un cessez-le-feu à Gaza, les secouristes locaux ont fait état lundi de 51 morts, dont 24 dans un café internet, dans plusieurs opérations de l'armée israélienne à travers le territoire palestinien ravagé par plus de 20 mois de guerre. (AFP)
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  • La rapidité avec laquelle s'est achevée la guerre de 12 jours entre Israël et l'Iran a ravivé l'espoir d'un arrêt des combats à Gaza, également dévastée par une catastrophe humanitaire pour ses quelque deux millions d'habitants
  • Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu se rendra à la Maison-Blanche le 7 juillet

GAZA: Malgré des appels renouvelés à un cessez-le-feu à Gaza, les secouristes locaux ont fait état lundi de 51 morts, dont 24 dans un café internet, dans plusieurs opérations de l'armée israélienne à travers le territoire palestinien ravagé par plus de 20 mois de guerre.

La rapidité avec laquelle s'est achevée la guerre de 12 jours entre Israël et l'Iran a ravivé l'espoir d'un arrêt des combats à Gaza, également dévastée par une catastrophe humanitaire pour ses quelque deux millions d'habitants.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu se rendra à la Maison-Blanche le 7 juillet, a déclaré à l'AFP un responsable américain sous couvert d'anonymat, au moment où Washington intensifie la pression pour un cessez-le-feu à Gaza.

Le président américain Donald Trump a récemment exhorté Israël à "conclure un accord à Gaza".

Mais sur le terrain, Israël continue son offensive dans le but de détruire le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Selon la Défense civile gazaouie, une frappe aérienne israélienne a fait à elle seule 24 morts et des dizaines de blessés lundi dans un établissement en bord de mer de la ville de Gaza, appelé "Al-Baqa".

"Il y a toujours beaucoup de monde à cet endroit, qui propose des boissons, des espaces pour les familles et un accès à internet", a raconté à l'AFP Ahmed Al-Nayrab, 26 ans, qui se trouvait sur une plage à proximité avec des amis lorsqu'il a entendu une "énorme explosion".

"C'était un massacre", a-t-il poursuivi. "J'ai vu des morceaux de corps voler partout, des cadavres déchiquetés et brûlés. Une scène à glacer le sang. Tout le monde criait. Les blessés hurlaient à l'aide, les familles pleuraient leurs morts".

Le bureau de presse du gouvernement du Hamas à Gaza rapporte qu'un photojournaliste, Ismail Abu Hatab, a été tué dans cette attaque.

La Défense civile avait annoncé plus tôt dans la journée la mort de 27 personnes dans plusieurs frappes et tirs de l'armée israélienne.

Parmi elles, 11 ont été "tuées près de points de distribution d'aide dans le centre et le sud du territoire", a affirmé à l'AFP Mahmoud Bassal, porte-parole de cette organisation de premiers secours.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans et les affirmations de la Défense civile.

Interrogée par l'AFP sur les informations communiquées par M. Bassal, l'armée israélienne n'a pas donné suite.

"Civils sans défense" 

Le Hamas a dénoncé dans un communiqué "l'intensification majeure" des frappes aériennes israéliennes visant selon lui "des civils sans défense".

Les appels à un cessez-le-feu à Gaza se poursuivent pourtant depuis la trêve du 24 juin dans la guerre de 12 jours entre Israël et l'Iran.

"L'Etat d'Israël n'a plus aucun intérêt à poursuivre la guerre à Gaza, elle ne fait que causer des dommages sur les plans sécuritaire, politique et économique", a déclaré le chef de l'opposition Yaïr Lapid, affirmant que l'armée partageait son point de vue.

Le ministère des Affaires étrangères du Qatar, pays central dans les derniers pourparlers indirects entre le Hamas et Israël, a réaffirmé que "les conditions (étaient) réunies pour aller de l'avant et reprendre les négociations".

" Nous faisons désormais face à l'achèvement de la campagne à Gaza et à la réalisation de ses objectifs, au premier rang desquels la libération de tous les otages et la défaite du Hamas", a dit le ministre israélien de la Défense Israël Katz lors d'une réunion avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu et l'état-major de l'armée.

Alors que Donald Trump a assuré vendredi qu'un cessez-le-feu était "proche" à Gaza, le ministre israélien des Affaires stratégiques Ron Dermer se trouve à Washington cette semaine pour des discussions avec des représentants américains.

Washington a annoncé lundi la vente pour 510 millions de dollars à Israël de kits de guidage de bombes.

La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas sur le sud d'Israël le 7 octobre 2023.

Cette attaque a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles, et 49 personnes enlevées ce jour-là sont toujours otages à Gaza, dont 27 ont été déclarées mortes par l'armée israélienne.

Plus de 56.531 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans la campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.