Élection de Trump : quel sera l'impact pour l'Afrique ?

 Donald Trump. President des États-Unis (Photo AFP)
Donald Trump. President des États-Unis (Photo AFP)
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Publié le Dimanche 10 novembre 2024

Élection de Trump : quel sera l'impact pour l'Afrique ?

  • Cette semaine, les pays africains l'ont rapidement félicité pour sa seconde élection, appelant à la coopération dans le respect mutuel.
  • En septembre, le général Michael Langley, chef du commandement militaire américain pour l'Afrique (Africom), a fait état de discussions avec d'autres partenaires africains afin de « réinitialiser et recalibrer » l'aide militaire américaine en Afrique.

LAGOS : Lors de son premier mandat à la Maison Blanche, Donald Trump avait suscité l'indignation en Afrique en parlant de « pays de merde ». Cette semaine, les pays africains l'ont rapidement félicité pour sa seconde élection, appelant à la coopération dans le respect mutuel.

Cependant, des questions demeurent quant à l'impact du programme isolationniste de Donald Trump sur l'Afrique, en particulier si son parti républicain contrôle la Chambre des représentants et le Sénat américains. Voici ce que l'on sait sur quelques sujets-clés.

- Commerce -

L'accord commercial African Growth and Opportunity Act (AGOA) est une pièce maîtresse des relations commerciales entre les États-Unis et l'Afrique. Ce traitement commercial préférentiel, lancé en 2000, permet aux pays africains d'exporter de nombreux produits vers les États-Unis sans droits de douane s'ils respectent une série de conditions (pluralisme politique, respect des droits humains, lutte contre la corruption, etc.).

L'AGOA couvre un large éventail de produits, allant de l'habillement à l'igname en passant par les voitures. L'Afrique du Sud est le plus grand exportateur non pétrolier de l'AGOA vers les États-Unis.

M. Trump a déjà promis d'imposer des droits de douane importants sur les importations étrangères, mais sa position sur l'avenir de l'AGOA, qui doit être renouvelée l'an prochain, n'est pas claire.

« Sous une administration Trump, avec son mantra "America First", la politique commerciale serait probablement insulaire et transactionnelle. Étant donné le scepticisme de Trump à l'égard des cadres multilatéraux, le maintien de l'AGOA pourrait être légitimement menacé », estime Ronak Gopaldas, consultant à l'Institut d'études de sécurité (ISS).

Si « l'Afrique peut ne pas figurer parmi les priorités » de Trump, « sa première administration avait poussé à la conclusion d'accords commerciaux avec certains pays africains triés sur le volet, ce qui suggère une préférence pour l'engagement bilatéral », note-t-il.

Autre question : la façon dont la concurrence entre l'Amérique trumpiste et la Chine se jouera en Afrique. Les États-Unis y soutiennent d'importants projets d'infrastructures, à commencer par l'ambitieux « couloir Lobito », un projet ferroviaire qui vise à relier la Zambie et la République démocratique du Congo (RDC) au port de Lobito en Angola, pour l'exportation de cuivre et de cobalt notamment.

Il vise à concurrencer la Chine, qui multiplie les infrastructures sur le continent pour garantir son approvisionnement en ressources naturelles.

- Sécurité et djihadisme -

Les forces américaines ont longtemps joué un rôle dans la formation et la lutte contre le djihadisme sur un continent où opèrent des combattants d'Al-Qaïda et de l'État islamique ainsi que leurs alliés.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump avait ordonné le retrait des troupes américaines de Somalie, où elles participaient à la lutte contre les rebelles islamistes shebab. Les États-Unis restent toutefois un soutien important du gouvernement de Mogadiscio.

Sous la présidence de Joe Biden, les forces américaines ont été contraintes de quitter le Niger en raison du gouvernement militaire de ce pays. La France a également retiré ses troupes du Sahel sous la pression de régimes putschistes qui se sont tournés vers la Russie.

En septembre, le général Michael Langley, chef du commandement militaire américain pour l'Afrique (Africom), a fait état de discussions avec d'autres partenaires africains afin de « réinitialiser et recalibrer » l'aide militaire américaine sur le continent.

Cependant, avec les incursions en Afrique du groupe de mercenaires russes Africa Corps, considéré comme le successeur de Wagner, et le renforcement des groupes armés islamistes au Sahel, quel rôle les forces américaines joueront-elles sous Trump ? Ce dernier a déjà critiqué les milliards de dollars dépensés par les États-Unis pour l'Ukraine.

- Incertitudes concernant l'aide -

Les États-Unis sont l'un des principaux fournisseurs d'aide à l'Afrique, avec 4 milliards de dollars (3,7 milliards d'euros) prévus en 2024, selon le département d'État. Lors de son premier mandat, Donald Trump avait proposé de réduire l'aide étrangère de plusieurs milliards de dollars, mais il s'était heurté à la résistance du Congrès américain.

Certains médias sud-africains se demandent déjà si le programme américain d'aide à la lutte contre le VIH, appelé Pepfar, se poursuivra.

- Climat -

L'Afrique est le continent qui subit le plus les conséquences du changement climatique, alors qu'il est celui qui y contribue le moins. Donald Trump ayant qualifié le changement climatique d'escroquerie, son administration pourrait freiner les tentatives de se tourner davantage vers des solutions énergétiques durables.

Lors de son premier mandat, M. Trump s'était retiré de l'accord de Paris visant à freiner le réchauffement climatique. Cette fois-ci, il s'est engagé à revenir sur les mesures écologiques prises par son prédécesseur.

« Le monde a expérimenté la première présidence Trump et le retrait américain de l'accord de Paris. Son retour (...) est un moment de profonde inquiétude dans la diplomatie climatique mondiale », explique Mohamed Adow, militant kényan et directeur de l'ONG Power Shift Africa, dans un communiqué.


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.

 

 


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
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  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.