Retraites, budget... Lombard pense qu'on peut « avancer » dans les négociations

Le ministre français de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, Eric Lombard, à côté de la ministre française en charge des Comptes publics, Amélie de Montchalin (G), observe les consultations du ministre avec les représentants des partis politiques avant la loi de finances 2025 de la France, dans les locaux du ministère de l'Économie et des Finances à Paris, le 10 janvier 2025. (Photo AFP)
Le ministre français de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, Eric Lombard, à côté de la ministre française en charge des Comptes publics, Amélie de Montchalin (G), observe les consultations du ministre avec les représentants des partis politiques avant la loi de finances 2025 de la France, dans les locaux du ministère de l'Économie et des Finances à Paris, le 10 janvier 2025. (Photo AFP)
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Publié le Samedi 11 janvier 2025

Retraites, budget... Lombard pense qu'on peut « avancer » dans les négociations

  • Le gouvernement ne doit pas non plus s'aliéner le soutien des macronistes qui ont défendu la réforme malgré les manifestations massives d'opposants. Outre la réforme des retraites, les socialistes ont mis d'autres sujets sur la table, comme les suppressi
  • Le débat porte avant tout sur le coût d'une remise en cause de la réforme, alors que le gouvernement souhaite un effort budgétaire d'environ 50 milliards d'euros cette année.

PARIS : À l'approche de la déclaration de politique générale de François Bayrou mardi, les tractations se sont intensifiées sur les retraites et le budget. Le ministre de l’Économie, Éric Lombard, a jugé possible « d'avancer », tandis que les socialistes demandaient une suspension de l'application de la mesure des 64 ans, le temps de sa renégociation.

En fin de journée, Éric Lombard a estimé devant la presse, à l'issue d'une semaine marathon entre Bercy et les partis politiques représentés au Parlement, que l'esprit qui a animé le dialogue « permettra d'avancer ».

Dans le même temps, un écologiste a confié à l'AFP sentir les négociations « s'enliser ».

Depuis plusieurs jours, socialistes, écologistes et communistes discutent avec le gouvernement, principalement Bercy, ce qui déclenche la fureur de Jean-Luc Mélenchon qui dénonce « leur servilité ».

Avec pour objectif de trouver « un chemin » qui leur permettrait d'éviter le vote de la motion de censure que les Insoumis ont l'intention de déposer après la déclaration de politique générale.

Le président du groupe socialiste au Sénat, Patrick Kanner, a évoqué sur France Info, en l'absence d'abrogation de la réforme des retraites entrée en vigueur en septembre 2023, une suspension de l'application du report progressif de l'âge de départ de 62 à 64 ans, pendant six mois, le temps d'une renégociation avec les partenaires sociaux.

« Cette négociation de six mois pourrait commencer très vite et, pendant ce temps-là, nous demandons une suspension équivalente », a déclaré M. Kanner.

Il a ensuite précisé à l'AFP que cette durée de six mois résultait d'une réflexion personnelle, qui n'engageait pas le Parti socialiste.

« Si nous sommes entendus (...), il n'y aura pas de censure portée par les socialistes », a assuré le sénateur. Les discussions porteraient notamment sur l'âge de 64 ans, « j'ai senti quelques bougés au niveau du gouvernement ».

Au final, « l'arbitrage va revenir à François Bayrou », mais une des pistes envisagées est bien de faire « une pause » sur la réforme pour relancer les négociations, a confirmé à l'AFP un cadre de la majorité.

Ces discussions poussées avec le gouvernement mettent en fureur La France insoumise, qui accuse désormais le PS de vouloir abandonner la retraite par répartition au profit d'un système de retraite par points, cher à Emmanuel Macron, ce qu'a démenti le secrétaire général Pierre Jouvet, dénonçant une « fake news ».

- discussion « jusqu'à lundi soir » -

Une « synthèse » des échanges entre le gouvernement et les formations politiques sera transmise samedi au Premier ministre, a fait savoir Éric Lombard, saluant « l'esprit de responsabilité et de transparence qui a animé toute cette semaine ».

La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, qui l'accompagnait, s'est dite « très rassurée » : « Il y a dans notre pays des responsables politiques qui partagent le sentiment qu'il nous faut un budget rapidement. »

Les locataires de Bercy seront reçus samedi soir par François Bayrou, en compagnie de la ministre du Travail et de la Santé Catherine Vautrin, selon une source au sein de l'exécutif.

Le débat porte avant tout sur le coût d'une remise en cause de la réforme, alors que le gouvernement souhaite un effort budgétaire d'environ 50 milliards d'euros cette année.

Selon la Caisse nationale d'assurance vieillesse, abroger le recul de l'âge de la retraite coûterait 3,4 milliards d'euros en 2025 et près de 16 milliards en 2032. Le PS propose de mettre à contribution le Fonds de réserve des retraites, créé à la fin des années 1990, à hauteur de 2 à 3 milliards d'euros cette année.

Le gouvernement ne doit pas non plus s'aliéner le soutien des macronistes qui ont défendu la réforme malgré les manifestations massives d'opposants.

Outre la réforme des retraites, les socialistes ont mis d'autres sujets sur la table, comme les suppressions de postes dans l’Éducation nationale ou la justice fiscale.

Selon le journal L'Opinion, Amélie de Montchalin a évoqué devant eux la piste d'une taxation du patrimoine des plus riches.

Vendredi soir, la ministre a simplement fait part à la presse de la « conviction » du gouvernement qu'il ne fallait pas « réduire le déficit en augmentant les impôts pour les classes moyennes ».

Outre l'abandon de la réforme des retraites, les écologistes réclament, eux, le versement de 7 milliards a minima pour l'environnement, a expliqué Marine Tondelier à l'AFP.


France: l'adoption d'un budget compromise après le rejet des députés

Les résultats du vote sur le projet de loi de finances pour 2026 à l'Assemblée nationale, à Paris, tôt dans la matinée du 22 novembre 2025. (AFP)
Les résultats du vote sur le projet de loi de finances pour 2026 à l'Assemblée nationale, à Paris, tôt dans la matinée du 22 novembre 2025. (AFP)
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  • L’Assemblée nationale a rejeté massivement en première lecture le budget 2026, renvoyant le texte au Sénat et illustrant l’extrême fragmentation politique depuis la dissolution de 2024
  • Le gouvernement minoritaire, sous pression pour réduire un déficit public record, peine à trouver une majorité, malgré l’espoir d’un compromis sur fond de tensions entre blocs politiques

PARIS: Les députés français ont rejeté à la quasi-unanimité en première lecture le budget de l'État pour 2026, dans la nuit de vendredi à samedi, un vote inédit depuis des décennies qui augure mal d'une adoption avant la fin de l'année.

Après des semaines de débats parfois houleux sur la fiscalité du patrimoine, ou celle des grandes entreprises, 404 députés ont rejeté la partie "recettes" du texte (un seul a voté pour), emportant ainsi l'ensemble du projet de loi, sans même étudier la partie "dépenses".

En vertu des procédures parlementaires françaises, ce vote renvoie le texte initial du gouvernement à la chambre haute du Parlement, qui s'en saisira la semaine prochaine.

Dans un paysage politique très facturé depuis la dissolution de l'Assemblée nationale décidée par le président Emmanuel Macron en 2024, la difficulté à adopter un budget de l'Etat constitue le sujet majeur à l'origine de la chute des derniers Premier ministres.

Le gouvernement minoritaire de Sébastien Lecornu, un proche d'Emmanuel Macron, se trouve pourtant sous forte pression pour réduire le déficit public, le plus élevé de la zone euro, dont l'ampleur inquiète les marchés financiers.

L'Assemblée avait déjà rejeté en 2024 le budget de l'État, de manière inédite depuis l'adoption de la Ve République en 1958. Mais c'est une première qu'il le soit avec une telle ampleur.

Les groupes de gauche et l'extrême droite ont voté contre, ceux du camp gouvernemental se sont divisés entre votes contre et abstentions. Seul un député centriste a voté en faveur du texte.

- Compromis? -

Si l'exécutif espère toujours une adoption avant la fin de l'année, cela apparaît comme une gageure, en terme de délais comme en terme de majorité pour le voter.

Minoritaire, le quatrième gouvernement en moins d'un an et demi, le sixième depuis la réélection de M. Macron en mai 2022, avait promis de laisser le dernier mot au Parlement pour éviter une censure.

Mais la recherche d'un compromis reste très difficile entre un camp présidentiel fracturé, une gauche traversée de tensions et une extrême droite favorable à une union des droites.

Si elle a vu dans le "plus long débat budgétaire" de la Ve République, un "travail utile", la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a aussi déploré un "certain nombre de mesures inconstitutionnelles, irréalistes ou inapplicables".

Dans le viseur du camp gouvernemental, plusieurs hausses d'impôts, dont un "impôt universel" sur les multinationales, une hausse de taxe sur les rachats d'action, ou une contribution sur les dividendes.

Avec elles, le déficit passerait à "4,1%" du PIB (contre un objectif à 4,7% dans le texte initial), sans elles il serait de "5,3%", a estimé Amélie de Montchalin.

Sur X, elle a dénoncé l'"attitude cynique" des "extrêmes", se disant cependant "convaincue" de la possibilité d'un compromis.

"Le compte n'y est pas", a lancé le chef de files des élus socialistes, Boris Vallaud, estimant les "recettes" insuffisantes pour "effacer" des économies irritantes sur les politiques publiques.

Le PS continuera toutefois à "chercher le compromis", a-t-il assuré.

Les socialistes, qui avaient accepté de ne pas censurer le Premier ministre en échange notamment de la suspension de la réforme des retraites, espéraient que les débats permettent d'arracher une taxe sur le patrimoine des ultra-riches. Mais les propositions en ce sens ont été rejetées.

Si le Parlement ne se prononce pas dans les délais, le gouvernement peut exécuter le budget par ordonnance. Une loi spéciale peut aussi être votée permettant à l'Etat de continuer à percevoir les impôts existants l'an prochain, tandis que ses dépenses seraient gelées, en attendant le vote d'un réel budget.


Narcobanditisme: la porte-parole du gouvernement sera à la marche blanche samedi à Marseille

La porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a annoncé vendredi qu'elle irait à la marche blanche prévue samedi à Marseille en hommage à Mehdi Kessaci, le frère du militant Amine Kessaci engagé contre le narcobanditisme, soulignant que sa présence devait illustrer le "soutien de l'Etat". (AFP)
La porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a annoncé vendredi qu'elle irait à la marche blanche prévue samedi à Marseille en hommage à Mehdi Kessaci, le frère du militant Amine Kessaci engagé contre le narcobanditisme, soulignant que sa présence devait illustrer le "soutien de l'Etat". (AFP)
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  • "Au-delà des actes forts et des engagements du ministre de l'Intérieur et du garde des Sceaux, l'État et singulièrement le gouvernement devaient marquer, symboliquement et humblement, leur soutien et leur solidarité lors de ce rassemblement
  • "Les réflexes partisans n'ont pas leur place dans une telle marche et dans un tel combat", a estimé Mme Bregeon, espérant que les participants seraient "le plus nombreux possible" samedi

PARIS: La porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a annoncé vendredi qu'elle irait à la marche blanche prévue samedi à Marseille en hommage à Mehdi Kessaci, le frère du militant Amine Kessaci engagé contre le narcobanditisme, soulignant que sa présence devait illustrer le "soutien de l'Etat".

Le jeune homme de 20 ans a été assassiné le 13 novembre par deux hommes à moto, et la justice étudie la piste d'"un crime d'intimidation" lié au militantisme de son frère.

"Le gouvernement sera présent et je me rendrai samedi à Marseille en compagnie de mon collègue Vincent Jeanbrun, qui est ministre de la Ville et du Logement", a déclaré Maud Bregeon sur TF1 vendredi, ajoutant que ce drame avait "profondément choqué tous nos concitoyens".

La porte-parole a assuré que son déplacement serait fait "humblement, avec la modestie et la pudeur que cet événement nécessite, sans communication sur place".

Il s'agit, selon elle, de "marquer l'engagement total du gouvernement et le soutien de l'État, du président de la République et du Premier ministre, à cette famille et aux proches de Mehdi Kessaci".

"Au-delà des actes forts et des engagements du ministre de l'Intérieur et du garde des Sceaux, l'État et singulièrement le gouvernement devaient marquer, symboliquement et humblement, leur soutien et leur solidarité lors de ce rassemblement où habitants, élus locaux et nationaux feront bloc contre le narcotrafic", a précisé l'entourage de Maud Bregeon à l'AFP.

La porte-parole retrouvera à Marseille de nombreuses autres personnalités politiques, dont beaucoup issues de gauche, comme Olivier Faure (PS) ou Marine Tondelier (les Ecologistes).

"Les réflexes partisans n'ont pas leur place dans une telle marche et dans un tel combat", a estimé Mme Bregeon, espérant que les participants seraient "le plus nombreux possible" samedi.

Si les courants politiques s'accordent sur le constat, ils s'opposent sur les voies à suivre pour contrer le narcotrafic.

Le député LFI du Nord Ugo Bernalicis a ainsi affirmé sur franceinfo que "ce qu'on demande au gouvernement, c'est pas tant la participation à cette marche, c'est de faire en sorte que les moyens soient à la hauteur des enjeux". Et "le compte n'y est pas", a-t-il dit.

Il a notamment appelé à s'attaquer au "cœur du problème" en légalisant le cannabis, dont la vente est "le moteur financier" des trafiquants, selon lui.

Le député insoumis des Bouches-du-Rhône Manuel Bompard, qui sera présent samedi, a exhorté à un "changement de doctrine complet", demandant par exemple plus de moyens pour la police judiciaire.

"Plutôt que d'envoyer des policiers chasser le petit consommateur, je pense au contraire qu'il faut concentrer les moyens dans le démantèlement des réseaux de la criminalité organisée", a-t-il dit.

Quant à la suggestion du maire de Nice Christian Estrosi d'engager l'armée contre le narcotrafic, Maud Bregeon a rappelé que ce n'était "pas les prérogatives de l'armée" et "qu'on a pour ça la police nationale, la gendarmerie nationale, la justice de la République française".


Une centaine de personnes en soutien à un directeur d'école menacé de mort

Un rassemblement de soutien d'environ 150 personnes se tenait vendredi matin devant une école maternelle située à Rennes, dans l'ouest de la France, dont le directeur a été menacé de mort par une famille refusant que leur fillette soit encadrée par un homme. (AFP)
Un rassemblement de soutien d'environ 150 personnes se tenait vendredi matin devant une école maternelle située à Rennes, dans l'ouest de la France, dont le directeur a été menacé de mort par une famille refusant que leur fillette soit encadrée par un homme. (AFP)
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  • Cet enseignant a porté plainte le 14 octobre "pour des faits de menace de mort datant du 10 octobre", a affirmé jeudi le procureur de la République de Rennes, Frédéric Teillet. Le rectorat a également porté plainte
  • "On reproche simplement au collègue d'être un homme et d'encadrer des jeunes enfants", a déploré Mickaël Bézard, du syndicat Force Ouvrière (FO) des écoles, présent devant l'établissement

RENNES: Un rassemblement de soutien d'environ 150 personnes se tenait vendredi matin devant une école maternelle située à Rennes, dans l'ouest de la France, dont le directeur a été menacé de mort par une famille refusant que leur fillette soit encadrée par un homme.

Cet enseignant a porté plainte le 14 octobre "pour des faits de menace de mort datant du 10 octobre", a affirmé jeudi le procureur de la République de Rennes, Frédéric Teillet. Le rectorat a également porté plainte.

Selon des sources syndicales, la famille n'aurait pas toléré que l'instituteur accompagne la fillette aux toilettes.

"On reproche simplement au collègue d'être un homme et d'encadrer des jeunes enfants", a déploré Mickaël Bézard, du syndicat Force Ouvrière (FO) des écoles, présent devant l'établissement.

"Il n'y a pas d'aspect religieux derrière tout ça" a insisté Fabrice Lerestif, un autre représentant de ce syndicat à l'échelle départementale, reprenant les termes du ministre français de l'Éducation, Édouard Geffray, en marge d’un déplacement la veille près de Lyon (centre-est).

Environ 150 personnes, dont des enseignants d'écoles voisines et une trentaine de parents d'élèves, étaient présents devant l'école, fermée pour la journée. "Soutien à notre collègue", "Parents unis! Respect et soutien total à nos enseignants", clamaient deux pancartes accrochées aux grilles.

Parmi les parents d'élèves, Pierre Yacger est venu avec ses enfants soutenir l'équipe éducative "en qui on a pleinement confiance". Concernant le directeur, "on n'a jamais eu de retour négatif", a-t-il affirmé.

Choqué, l'enseignant est depuis en arrêt de travail. Il est "meurtri par la situation" qui a "eu un impact fort sur l'ensemble de l'école", alors qu'il s'agit d'un établissement "où tout se passe bien", a précisé Mickaël Bézard.

Le corps enseignant demande que la fillette, toujours scolarisée dans cette école, soit changée d'établissement, "pour retrouver aussi un climat serein", a-t-il poursuivi.

"Cette enfant, peut-être, va être scolarisée ailleurs", a estimé Gaëlle Rougier, adjointe à l'éducation à la municipalité de Rennes. "Il va bien falloir poursuivre une médiation avec la famille", a-t-elle ajouté.