Une marée humaine regagne le nord de Gaza

Dès l'ouverture du passage menant vers le nord, tôt lundi, un flot ininterrompu d'hommes, de femmes et d'enfants chargés de bagages ou poussant des chariots s'est mis en marche sur la route côtière, entre la Méditerranée à gauche et des rangées d'immeubles dévastés à droite. (AFP)
Dès l'ouverture du passage menant vers le nord, tôt lundi, un flot ininterrompu d'hommes, de femmes et d'enfants chargés de bagages ou poussant des chariots s'est mis en marche sur la route côtière, entre la Méditerranée à gauche et des rangées d'immeubles dévastés à droite. (AFP)
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Publié le Mercredi 29 janvier 2025

Une marée humaine regagne le nord de Gaza

  • Selon le gouvernement du Hamas, 300.000 déplacés sont rentrés lundi dans le nord du territoire, à la faveur du fragile cessez-le-feu en place depuis le 19 janvier entre Israël et le mouvement islamiste palestinien
  • Le gouvernement israélien a par ailleurs annoncé que huit des otages retenus à Gaza, sur les 26 devant encore être libérés durant la première phase de l'accord de trêve, étaient morts

NOUSSEIRAT: Une marée humaine a regagné lundi le nord de la bande de Gaza, ravagée par 15 mois de guerre, après un compromis de dernière minute entre Israël et le Hamas pour la libération de six otages, qui permet le retour des déplacés.

Selon le gouvernement du Hamas, 300.000 déplacés sont rentrés lundi dans le nord du territoire, à la faveur du fragile cessez-le-feu en place depuis le 19 janvier entre Israël et le mouvement islamiste palestinien.

Le gouvernement israélien a par ailleurs annoncé que huit des otages retenus à Gaza, sur les 26 devant encore être libérés durant la première phase de l'accord de trêve, étaient morts.

Dès l'ouverture du passage menant vers le nord, tôt lundi, un flot ininterrompu d'hommes, de femmes et d'enfants chargés de bagages ou poussant des chariots s'est mis en marche sur la route côtière, entre la Méditerranée à gauche et des rangées d'immeubles dévastés à droite.

Postés aux abords de la route, des chars israéliens surveillaient cette marée humaine.

"C'est un sentiment formidable de rentrer chez soi, auprès de (...) ses êtres chers et pour inspecter sa maison, s'il y a toujours une maison", a confié dans la foule un déplacé, Ibrahim Abu Hassera.

La quasi-totalité des 2,4 millions d'habitants de Gaza ont été déplacés par la guerre.

De retour à Gaza-ville, Lamees al-Iwady, une femme de 22 ans, dit vivre "le plus beau jour" de sa vie. "Nous reconstruirons nos maisons, même si c'est avec de la boue et du sable."

De longues files de véhicules, surchargés de bagages, sont remontées aussi vers le nord sur un autre axe, plus à l'est.

Des foules s'étaient mises en route dès samedi, mais s'étaient heurtées au niveau de la ville de Nousseirat au refus israélien de les laisser traverser le couloir de Netzarim, qui coupe le territoire d'est en ouest, au sud de la ville de Gaza.

"Victoire" 

Israël, accusé par le Hamas de "violer" l'accord de trêve, avait invoqué la non-libération d'une otage civile, Arbel Yehud, et l'absence d'une liste recensant les morts et les vivants parmi les 87 otages encore à Gaza, dont 34 ont été déclarés morts par l'armée.

Dimanche soir, un règlement a été trouvé, le Hamas s'engageant à libérer trois otages jeudi, dont Arbel Yehud, 29 ans, et Agam Berger, 20 ans, enlevée alors qu'elle effectuait son service militaire près de Gaza.

Trois autres captifs doivent rentrer chez eux samedi comme prévu par l'accord, en échange de prisonniers palestiniens.

Israël a également annoncé avoir obtenu du Hamas la liste précisant le statut des otages.

Lundi soir, le Jihad islamique, un groupe armé allié du Hamas, a diffusé une vidéo d'une minute montrant Arbel Yehud, manifestement très éprouvée, qui demande au Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, de tout faire pour libérer les otages.

Dans le nord de Gaza, malgré l'émotion du retour, les déplacés retrouvent un paysage de dévastation.

Selon le gouvernement du Hamas, 135.000 tentes et caravanes sont nécessaires à Gaza-ville et dans le gouvernorat du nord, où plus de 90% du bâti a été détruit.

La guerre a aussi détruit "les infrastructures publiques, les systèmes de traitement des eaux usées et d'approvisionnement en eau potable et la gestion publique des déchets", a déclaré à l'AFP Achim Steiner, le chef du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud).

Pour le Hamas, le retour des déplacés est une "victoire" contre "les plans d'occupation" de Gaza et de "déplacement" forcé des Palestiniens.

Israël ne permettra pas "un retour à la réalité du 7 octobre" 2023, la date de l'attaque du Hamas contre Israël qui a déclenché la guerre, a toutefois averti son ministre de la Défense, Israël Katz.

Rejet de tout "déplacement forcé" 

Dimanche, l'idée lancée par le président américain, Donald Trump, de déplacer les Gazaouis vers l'Egypte et la Jordanie pour, selon ses termes, "faire le ménage" dans le territoire, a déclenché une volée de dénonciations dans le monde arabe.

Le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, tout comme le président palestinien, Mahmoud Abbas, ont rejeté toute idée de déplacement forcé, qui renvoie pour les Palestiniens à la "Nakba" ("Catastrophe" en arabe), le nom donné à leur déplacement de masse après la création d'Israël en 1948.

Donald Trump a réitéré lundi sa volonté de voir les Gazaouis vivre "sans perturbations, sans révolution et sans violence" et indiqué qu'il en parlerait "très bientôt" avec Benjamin Netanyahu à Washington.

"La bande de Gaza, c'est l'enfer depuis tant d'années (...) Je pense donc que les gens pourraient vivre dans des zones beaucoup plus sûres et peut-être beaucoup plus confortables", a-t-il ajouté à bord de l'avion Air Force One.

La première phase du cessez-le-feu doit durer six semaines et permettre la libération de 33 otages retenus à Gaza contre quelque 1.900 prisonniers palestiniens.

Sept otages, dont quatre soldates israéliennes libérées samedi, sont déjà rentrées chez elles, contre la libération de 290 Palestiniens détenus en Israël.

Pendant cette première phase doivent être négociées les modalités de la deuxième, visant à la libération des derniers otages et la fin définitive de la guerre. Dans l'attente, les livraisons d'aide humanitaire se multiplient.

La dernière étape doit porter sur la reconstruction de Gaza et la restitution des corps des derniers otages morts en captivité.

L'attaque du 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.210 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles israéliennes.

L'offensive lancée en représailles par Israël dans la bande de Gaza a fait au moins 47.317 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

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Les États-Unis affirment bénéficier d'un soutien régional pour la résolution de paix sur Gaza

Des bâtiments détruits par l'armée israélienne  dans le quartier de Shijaiya de la ville de Gaza, lors d'une visite organisée par l'armée pour les journalistes, le 5 novembre 2025. (AP Photo)
Des bâtiments détruits par l'armée israélienne  dans le quartier de Shijaiya de la ville de Gaza, lors d'une visite organisée par l'armée pour les journalistes, le 5 novembre 2025. (AP Photo)
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  • Selon le projet de résolution, la gouvernance de Gaza serait transférée au Hamas et la démilitarisation serait imposée au groupe
  • Une copie du projet de résolution a été distribuée mercredi soir pour examen formel par le Conseil de sécurité

NEW YORK : La mission américaine auprès de l'ONU a déclaré mercredi que des partenaires régionaux clés, notamment l'Arabie saoudite, le Qatar et les Émirats arabes unis, ont apporté leur soutien à son projet de résolution pour Gaza.

Cette évolution est le signe d'une avancée diplomatique au sein du Conseil de sécurité de l'ONU en faveur d'un mandat transitoire de deux ans pour l'enclave déchirée par la guerre et du déploiement d'une force internationale de stabilisation.

Au cours d'une réunion convoquée par l'ambassadeur américain aux Nations unies, Mike Waltz, les dix membres élus et non permanents du Conseil (Algérie, Danemark, Grèce, Guyane, Pakistan, Panama, Corée du Sud, Sierra Leone, Slovénie et Somalie), rejoints par des États régionaux tels que l'Arabie saoudite, l'Égypte, le Qatar, la Turquie et les Émirats arabes unis, ont exprimé leur soutien à l'initiative menée par Washington, a déclaré un porte-parole de la mission américaine.

Le projet de résolution soutient la création d'un organe de gouvernance transitoire, appelé "Conseil de la paix". Le contrôle de la bande de Gaza serait ainsi transféré des mains du Hamas et la démilitarisation serait imposée au groupe.

Le projet de résolution autorise également le déploiement d'une "Force internationale de stabilisation" à Gaza, qui opérerait dans le cadre d'un mandat de deux ans de l'ONU. Elle aurait le pouvoir d'utiliser "toutes les mesures nécessaires" pour protéger les civils, superviser les flux d'aide humanitaire, sécuriser les zones le long des frontières avec Israël et l'Égypte, démilitariser les acteurs non étatiques et former une nouvelle force de police palestinienne.

Une copie du projet de résolution a été distribuée mercredi soir pour examen formel par les 15 membres du Conseil de sécurité.

L'adhésion régionale au projet reflète "l'opportunité historique" de mettre fin à des décennies d'effusion de sang au Moyen-Orient et de transformer Gaza en un territoire plus sûr et plus prospère, a poursuivi le porte-parole, et souligne l'intention des États-Unis de traduire la résolution en résultats plutôt qu'en "discours sans fin".

Le soutien des principaux acteurs régionaux est important car leur participation est largement considérée comme une condition préalable à l'autorisation de toute force multinationale de stabilisation d'opérer à Gaza et d'obtenir une légitimité internationale.

Le porte-parole américain a souligné qu'aucune troupe américaine ne serait déployée à Gaza. En revanche, Washington a engagé des pourparlers avec des États tels que l'Indonésie, les Émirats arabes unis, l'Égypte, le Qatar, la Turquie et l'Azerbaïdjan en vue de fournir des troupes à une force internationale de stabilisation.

Le projet de texte stipulerait qu'une telle force opérerait sous un commandement unifié, comme convenu par le Conseil de paix, l'Égypte et Israël une fois que des accords sur le statut de la mission auront été conclus.

Il décrit également une séquence d'événements au cours desquels la force stabilisera la situation sécuritaire à Gaza, démilitarisera les groupes armés non étatiques, mettra les armes hors service et supervisera la formation et le soutien de la force de police palestinienne nouvellement approuvée.


Turquie: le chef kurde Öcalan veut agir avec «sérieux et responsabilité»

 Le chef emprisonné de la guérilla kurde Abdullah Öcalan appelle à agir avec "sérieux et sens des responsabilités" pour mener le processus de paix en cours avec la Turquie à son terme, dans un message publié mardi par des députés turcs. (AFP)
Le chef emprisonné de la guérilla kurde Abdullah Öcalan appelle à agir avec "sérieux et sens des responsabilités" pour mener le processus de paix en cours avec la Turquie à son terme, dans un message publié mardi par des députés turcs. (AFP)
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  • "Pour passer à une phase positive, il est essentiel que chacun agisse avec sensibilité, sérieux et sens des responsabilités"
  • Abdullah Öcalan, qui a appelé en février son mouvement à se dissoudre, est détenu à l'isolement depuis 1999 sur l'île prison d'Imrali, au large d'Istanbul

ISTANBUL: Le chef emprisonné de la guérilla kurde Abdullah Öcalan appelle à agir avec "sérieux et sens des responsabilités" pour mener le processus de paix en cours avec la Turquie à son terme, dans un message publié mardi par des députés turcs.

"Pour passer à une phase positive, il est essentiel que chacun agisse avec sensibilité, sérieux et sens des responsabilités", écrit le leader historique du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), auquel une délégation du parti prokurde DEM a rendu visite lundi.

Abdullah Öcalan, qui a appelé en février son mouvement à se dissoudre, est détenu à l'isolement depuis 1999 sur l'île prison d'Imrali, au large d'Istanbul.

Le PKK a annoncé le 26 octobre le retrait vers le nord de l'Irak de ses derniers combattants présents en Turquie, complétant ainsi la première phase du processus de paix initié un an auparavant par Ankara.

Lors d'une cérémonie en juillet, une trentaine de combattants en treillis avaient symboliquement brûlé leurs armes.

Le parti prokurde, troisième force au Parlement, a appelé à "passer à la deuxième phase, à savoir les étapes juridiques et politiques".

"Nous nous efforçons de développer une phase positive, et non une phase destructrice et négative", poursuit M. Öcalan. "L'intégration du phénomène kurde dans toutes ses dimensions dans le cadre légal de la République et un processus de transition solide doivent en constituer le fondement", écrit-il.

Une commission parlementaire transpartisane planche depuis août sur une traduction légale et encadrée de cette transition vers la paix.

Elle doit notamment décider du sort d'Abdullah Öcalan et de possibles garanties de sécurité pour ses combattants.

La libération du leader kurde âgé de 76 ans est au cœur des demandes du PKK. Il a été autorisé en septembre à rencontrer ses avocats pour la première fois en six ans.

Selon des analystes, le PKK est affaibli par des décennies de guérilla qui ont fait au moins 50.000 morts, selon un bilan officiel. Et la communauté kurde, qui représente selon des estimations 20% de la population turque sur 86 millions d'habitants, est épuisée par un long conflit.


Un hôpital de Gaza déclare avoir reçu les corps de 15 prisonniers palestiniens

L'hôpital Nasser, dans le sud de la bande de Gaza, a annoncé mercredi avoir reçu les corps de 15 prisonniers palestiniens dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu avec Israël. (AFP)
L'hôpital Nasser, dans le sud de la bande de Gaza, a annoncé mercredi avoir reçu les corps de 15 prisonniers palestiniens dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu avec Israël. (AFP)
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  • Sur les 28 otages décédés que le Hamas avait accepté de remettre à Israël dans le cadre de l'accord, 21 ont été restitués à ce jour. Israël exige toujours la restitution des sept dernières dépouilles
  • Le mouvement islamiste palestinien a également libéré le 13 octobre les 20 derniers otages vivants retenus dans la bande de Gaza, en échange de la libération de près de 2.000 prisonniers palestiniens

KHAN YOUNES: L'hôpital Nasser, dans le sud de la bande de Gaza, a annoncé mercredi avoir reçu les corps de 15 prisonniers palestiniens dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu avec Israël.

"La dixième série de dépouilles de martyrs palestiniens, soit 15 martyrs", est arrivée "dans le cadre de l'échange de dépouilles entre la partie palestinienne et l'occupation israélienne", a déclaré l'hôpital en précisant que 285 dépouilles ont été reçues dans la bande de Gaza depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre.

Sur les 28 otages décédés que le Hamas avait accepté de remettre à Israël dans le cadre de l'accord, 21 ont été restitués à ce jour. Israël exige toujours la restitution des sept dernières dépouilles.

Le mouvement islamiste palestinien a également libéré le 13 octobre les 20 derniers otages vivants retenus dans la bande de Gaza, en échange de la libération de près de 2.000 prisonniers palestiniens.

Mardi, la branche armée du Hamas a fait parvenir aux autorités israéliennes la dépouille d'une personne, identifiée mercredi comme Itay Chen, un soldat israélo-américain tué à l'âge de 19 ans.

Dans la bande de Gaza, des proches de personnes arrêtées par Israël et qui attendent leur retour ont dit lors de plusieurs remises de dépouilles par Israël que les corps étaient très difficiles à identifier.

Le service de presse du gouvernement du Hamas à Gaza a de nouveau accusé mercredi les autorités israéliennes de refuser de transmettre des listes de noms des personnes dont les dépouilles arrivent dans le territoire palestinien.