Trump sur Gaza : l'ONU affirme que le déplacement forcé d'un territoire occupé est «strictement prohibé»

Tout transfert forcé d'une population d'un territoire occupé sont "strictement prohibé", a rappelé mercredi le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Volker Türk, après la proposition de Donald Trump de prendre le contrôle de Gaza et d'en éloigner ses habitants. (AFP)
Tout transfert forcé d'une population d'un territoire occupé sont "strictement prohibé", a rappelé mercredi le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Volker Türk, après la proposition de Donald Trump de prendre le contrôle de Gaza et d'en éloigner ses habitants. (AFP)
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Publié le Mercredi 05 février 2025

Trump sur Gaza : l'ONU affirme que le déplacement forcé d'un territoire occupé est «strictement prohibé»

  • Mardi, lors de la visite à Washington du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le président américain Donald Trump a assuré vouloir prendre "le contrôle" de la bande de Gaza dévastée par la guerre
  • Volker Türk estime qu'il est "crucial que nous passions à la phase suivante du cessez-le-feu, pour libérer tous les otages et prisonniers détenus arbitrairement, mettre fin à la guerre et reconstruire Gaza"

GENEVE: Tout transfert forcé d'une population d'un territoire occupé sont "strictement prohibé", a rappelé mercredi le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Volker Türk, après la proposition de Donald Trump de prendre le contrôle de Gaza et d'en éloigner ses habitants.

"Le droit à l'autodétermination est un principe fondamental du droit international et doit être protégé par tous les Etats, comme l'a récemment souligné la Cour internationale de justice. Tout transfert forcé ou expulsion de personnes hors des territoires occupés sont strictement prohibés", souligne M. Türk dans un communiqué, insistant que "le droit international est très clair".

Mardi, lors de la visite à Washington du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le président américain Donald Trump a assuré vouloir prendre "le contrôle" de la bande de Gaza dévastée par la guerre et répété que les habitants de Gaza pourraient aller vivre en Jordanie ou en Egypte, malgré l'opposition de ces pays et des Palestiniens eux-mêmes.

Dans son communiqué, Volker Türk estime qu'il est "crucial que nous passions à la phase suivante du cessez-le-feu, pour libérer tous les otages et prisonniers détenus arbitrairement, mettre fin à la guerre et reconstruire Gaza, dans le plein respect du droit international humanitaire et du droit international des droits de l'homme".

"Les populations des territoires palestiniens occupés et d'Israël ont connu des souffrances insupportables", écrit le haut responsable onusien.

"Les Palestiniens et les Israéliens ont besoin de paix et de sécurité, dans la pleine dignité et l'égalité", ajoute-t-il.

 "Complètement absurde" 

Depuis Copenhague, la rapporteure spéciale de l'ONU en charge des territoires palestiniens, Francesca Albanese, a estimé que la proposition du président américain était "illégale" et "complètement absurde".

"C'est complètement irresponsable parce que cela va aggraver la crise régionale", a déploré l'experte, qui est mandatée par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU mais ne s’exprime pas au nom de l'organisation internationale.

Mme Albanese est devenue la bête noire des autorités israéliennes qui l'accusent d'antisémitisme, une accusation reprise à son compte également par l'administration du président Joe Biden, qui a précédé celle de Donald Trump.

A l'inverse, elle est fêtée comme une héroïne dans le camp pro-palestinien.

Les propos de Donald Trump sont "une incitation à commettre un déplacement forcé, ce qui est un crime international", a souligné la juriste italienne, qui accuse Israël de "génocide".

"Dans le contexte d'un génocide (...) cela va renforcer la complicité dans les crimes commis par Israël au cours des 15 derniers mois et avant", a souligné Mme Albanese alors que la trêve et la libération d'otages "offrent un rayon d'espoir".

La première phase de la trêve entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas a permis jusqu'à présent la libération de 18 otages retenus à Gaza et d'environ 600 Palestiniens détenus par Israël, ainsi qu'un afflux de l'aide humanitaire dans le territoire assiégé.

"Surprenant" 

Le Haut-Commissaire aux réfugiés, Filippo Grandi s'est pour sa part dit surpris par les propositions de Donald Trump.

"C'est quelque chose de très surprenant, mais il faut voir concrètement ce que ça signifie", a-t-il confié à l'AFP lors d'un déplacement à Bruxelles.

De fait, le président américain, dont les propos ont surpris, choqué et en grande majorité suscité des rejets très fermes un peu partout dans le monde, n'a donné aucun détail sur la façon dont il envisageait les choses.

Quelque deux millions de personnes vivent à Gaza, qui après 15 mois d'une guerre de représailles intensive menée par l'armée israélienne après l'attaque du 7-Octobre par le Hamas, vivent une grave crise humanitaire dans un territoire dont la majorité du bâti est détruit ou endommagé, comme l'a rappelé le président américain.

 


Les États-Unis affirment bénéficier d'un soutien régional pour la résolution de paix sur Gaza

Des bâtiments détruits par l'armée israélienne  dans le quartier de Shijaiya de la ville de Gaza, lors d'une visite organisée par l'armée pour les journalistes, le 5 novembre 2025. (AP Photo)
Des bâtiments détruits par l'armée israélienne  dans le quartier de Shijaiya de la ville de Gaza, lors d'une visite organisée par l'armée pour les journalistes, le 5 novembre 2025. (AP Photo)
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  • Selon le projet de résolution, la gouvernance de Gaza serait transférée au Hamas et la démilitarisation serait imposée au groupe
  • Une copie du projet de résolution a été distribuée mercredi soir pour examen formel par le Conseil de sécurité

NEW YORK : La mission américaine auprès de l'ONU a déclaré mercredi que des partenaires régionaux clés, notamment l'Arabie saoudite, le Qatar et les Émirats arabes unis, ont apporté leur soutien à son projet de résolution pour Gaza.

Cette évolution est le signe d'une avancée diplomatique au sein du Conseil de sécurité de l'ONU en faveur d'un mandat transitoire de deux ans pour l'enclave déchirée par la guerre et du déploiement d'une force internationale de stabilisation.

Au cours d'une réunion convoquée par l'ambassadeur américain aux Nations unies, Mike Waltz, les dix membres élus et non permanents du Conseil (Algérie, Danemark, Grèce, Guyane, Pakistan, Panama, Corée du Sud, Sierra Leone, Slovénie et Somalie), rejoints par des États régionaux tels que l'Arabie saoudite, l'Égypte, le Qatar, la Turquie et les Émirats arabes unis, ont exprimé leur soutien à l'initiative menée par Washington, a déclaré un porte-parole de la mission américaine.

Le projet de résolution soutient la création d'un organe de gouvernance transitoire, appelé "Conseil de la paix". Le contrôle de la bande de Gaza serait ainsi transféré des mains du Hamas et la démilitarisation serait imposée au groupe.

Le projet de résolution autorise également le déploiement d'une "Force internationale de stabilisation" à Gaza, qui opérerait dans le cadre d'un mandat de deux ans de l'ONU. Elle aurait le pouvoir d'utiliser "toutes les mesures nécessaires" pour protéger les civils, superviser les flux d'aide humanitaire, sécuriser les zones le long des frontières avec Israël et l'Égypte, démilitariser les acteurs non étatiques et former une nouvelle force de police palestinienne.

Une copie du projet de résolution a été distribuée mercredi soir pour examen formel par les 15 membres du Conseil de sécurité.

L'adhésion régionale au projet reflète "l'opportunité historique" de mettre fin à des décennies d'effusion de sang au Moyen-Orient et de transformer Gaza en un territoire plus sûr et plus prospère, a poursuivi le porte-parole, et souligne l'intention des États-Unis de traduire la résolution en résultats plutôt qu'en "discours sans fin".

Le soutien des principaux acteurs régionaux est important car leur participation est largement considérée comme une condition préalable à l'autorisation de toute force multinationale de stabilisation d'opérer à Gaza et d'obtenir une légitimité internationale.

Le porte-parole américain a souligné qu'aucune troupe américaine ne serait déployée à Gaza. En revanche, Washington a engagé des pourparlers avec des États tels que l'Indonésie, les Émirats arabes unis, l'Égypte, le Qatar, la Turquie et l'Azerbaïdjan en vue de fournir des troupes à une force internationale de stabilisation.

Le projet de texte stipulerait qu'une telle force opérerait sous un commandement unifié, comme convenu par le Conseil de paix, l'Égypte et Israël une fois que des accords sur le statut de la mission auront été conclus.

Il décrit également une séquence d'événements au cours desquels la force stabilisera la situation sécuritaire à Gaza, démilitarisera les groupes armés non étatiques, mettra les armes hors service et supervisera la formation et le soutien de la force de police palestinienne nouvellement approuvée.


Turquie: le chef kurde Öcalan veut agir avec «sérieux et responsabilité»

 Le chef emprisonné de la guérilla kurde Abdullah Öcalan appelle à agir avec "sérieux et sens des responsabilités" pour mener le processus de paix en cours avec la Turquie à son terme, dans un message publié mardi par des députés turcs. (AFP)
Le chef emprisonné de la guérilla kurde Abdullah Öcalan appelle à agir avec "sérieux et sens des responsabilités" pour mener le processus de paix en cours avec la Turquie à son terme, dans un message publié mardi par des députés turcs. (AFP)
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  • "Pour passer à une phase positive, il est essentiel que chacun agisse avec sensibilité, sérieux et sens des responsabilités"
  • Abdullah Öcalan, qui a appelé en février son mouvement à se dissoudre, est détenu à l'isolement depuis 1999 sur l'île prison d'Imrali, au large d'Istanbul

ISTANBUL: Le chef emprisonné de la guérilla kurde Abdullah Öcalan appelle à agir avec "sérieux et sens des responsabilités" pour mener le processus de paix en cours avec la Turquie à son terme, dans un message publié mardi par des députés turcs.

"Pour passer à une phase positive, il est essentiel que chacun agisse avec sensibilité, sérieux et sens des responsabilités", écrit le leader historique du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), auquel une délégation du parti prokurde DEM a rendu visite lundi.

Abdullah Öcalan, qui a appelé en février son mouvement à se dissoudre, est détenu à l'isolement depuis 1999 sur l'île prison d'Imrali, au large d'Istanbul.

Le PKK a annoncé le 26 octobre le retrait vers le nord de l'Irak de ses derniers combattants présents en Turquie, complétant ainsi la première phase du processus de paix initié un an auparavant par Ankara.

Lors d'une cérémonie en juillet, une trentaine de combattants en treillis avaient symboliquement brûlé leurs armes.

Le parti prokurde, troisième force au Parlement, a appelé à "passer à la deuxième phase, à savoir les étapes juridiques et politiques".

"Nous nous efforçons de développer une phase positive, et non une phase destructrice et négative", poursuit M. Öcalan. "L'intégration du phénomène kurde dans toutes ses dimensions dans le cadre légal de la République et un processus de transition solide doivent en constituer le fondement", écrit-il.

Une commission parlementaire transpartisane planche depuis août sur une traduction légale et encadrée de cette transition vers la paix.

Elle doit notamment décider du sort d'Abdullah Öcalan et de possibles garanties de sécurité pour ses combattants.

La libération du leader kurde âgé de 76 ans est au cœur des demandes du PKK. Il a été autorisé en septembre à rencontrer ses avocats pour la première fois en six ans.

Selon des analystes, le PKK est affaibli par des décennies de guérilla qui ont fait au moins 50.000 morts, selon un bilan officiel. Et la communauté kurde, qui représente selon des estimations 20% de la population turque sur 86 millions d'habitants, est épuisée par un long conflit.


Un hôpital de Gaza déclare avoir reçu les corps de 15 prisonniers palestiniens

L'hôpital Nasser, dans le sud de la bande de Gaza, a annoncé mercredi avoir reçu les corps de 15 prisonniers palestiniens dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu avec Israël. (AFP)
L'hôpital Nasser, dans le sud de la bande de Gaza, a annoncé mercredi avoir reçu les corps de 15 prisonniers palestiniens dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu avec Israël. (AFP)
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  • Sur les 28 otages décédés que le Hamas avait accepté de remettre à Israël dans le cadre de l'accord, 21 ont été restitués à ce jour. Israël exige toujours la restitution des sept dernières dépouilles
  • Le mouvement islamiste palestinien a également libéré le 13 octobre les 20 derniers otages vivants retenus dans la bande de Gaza, en échange de la libération de près de 2.000 prisonniers palestiniens

KHAN YOUNES: L'hôpital Nasser, dans le sud de la bande de Gaza, a annoncé mercredi avoir reçu les corps de 15 prisonniers palestiniens dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu avec Israël.

"La dixième série de dépouilles de martyrs palestiniens, soit 15 martyrs", est arrivée "dans le cadre de l'échange de dépouilles entre la partie palestinienne et l'occupation israélienne", a déclaré l'hôpital en précisant que 285 dépouilles ont été reçues dans la bande de Gaza depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre.

Sur les 28 otages décédés que le Hamas avait accepté de remettre à Israël dans le cadre de l'accord, 21 ont été restitués à ce jour. Israël exige toujours la restitution des sept dernières dépouilles.

Le mouvement islamiste palestinien a également libéré le 13 octobre les 20 derniers otages vivants retenus dans la bande de Gaza, en échange de la libération de près de 2.000 prisonniers palestiniens.

Mardi, la branche armée du Hamas a fait parvenir aux autorités israéliennes la dépouille d'une personne, identifiée mercredi comme Itay Chen, un soldat israélo-américain tué à l'âge de 19 ans.

Dans la bande de Gaza, des proches de personnes arrêtées par Israël et qui attendent leur retour ont dit lors de plusieurs remises de dépouilles par Israël que les corps étaient très difficiles à identifier.

Le service de presse du gouvernement du Hamas à Gaza a de nouveau accusé mercredi les autorités israéliennes de refuser de transmettre des listes de noms des personnes dont les dépouilles arrivent dans le territoire palestinien.