Vaste opération militaire dans l'ouest de la Syrie, 52 Alaouites exécutés selon une ONG

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Publié le Vendredi 07 mars 2025

Vaste opération militaire dans l'ouest de la Syrie, 52 Alaouites exécutés selon une ONG

  • Les autorités du pays ont envoyé vendredi des renforts et lancé d'importantes opérations de ratissage dans cette région, après des violences sans précédent qui ont fait au total 124 morts selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH)
  • Un couvre-feu a été prolongé jusqu'à samedi dans les régions côtières de Lattaquié, bastion de la communauté alaouite à laquelle appartient le président déchu, et celle de Tartous, plus au sud

DAMAS: Une ONG a affirmé que les forces de sécurité syriennes avaient "exécuté" vendredi 52 membres de la minorité alaouite, lors d'une vaste opération dans le nord-ouest de la Syrie contre des combattants fidèles à l'ex-président Bachar al-Assad.

Les autorités du pays ont envoyé vendredi des renforts et lancé d'importantes opérations de ratissage dans cette région, après des violences sans précédent qui ont fait au total 124 morts selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Un couvre-feu a été prolongé jusqu'à samedi dans les régions côtières de Lattaquié, bastion de la communauté alaouite à laquelle appartient le président déchu, et celle de Tartous, plus au sud.

Le rétablissement de la sécurité dans le pays profondément divisé est le défi le plus urgent pour le nouveau pouvoir, issu d'une coalition de groupes rebelles islamistes qui a renversé Bachar al-Assad le 8 décembre après 13 ans de guerre civile.

A Jablé, à une dizaine de kilomètres au sud de Lattaquié, un habitant a raconté que des "batailles urbaines" faisaient rage.

"Pendant la nuit, nous pouvions entendre des tirs et des explosions, alors qu'arrivaient des renforts massifs", a déclaré cet homme, prénommé Ali, joint par l'AFP depuis Damas. "Les gens restent enfermés chez eux. Tout le monde a peur. L'arrivée des véhicules militaires et des convois venus de partout n'a rien de rassurant", a-t-il ajouté.

Le responsable de la sécurité de Lattaquié, Moustafa Kneifati, a fait état d'une attaque "planifiée et préméditée" contre des positions gouvernementales dans cette région.

L'OSDH a affirmé que 52 Alaouites avaient été "exécutés" vendredi par les forces de sécurité dans deux localités proches de Lattaquié, Al-Shir et Al-Mukhtariya, se basant sur des vidéos et des témoignages.

L'ONG et des militants ont publié des vidéos montrant des dizaines de corps en vêtements civils empilés dans la cour d'une maison. Dans une autre vidéo, des hommes en tenue militaire ordonnent à trois personnes de ramper l'une derrière l'autre avant de leur tirer dessus à bout portant.

L'AFP n'a pas pu authentifier ces vidéos.

"Groupes hors-la-loi" 

Les forces syriennes comptent dans leurs rangs de nombreux anciens combattants de Hayat Tahrir al-Sham (HTS), le groupe islamiste qui avait pris la tête de la coalition rebelle, après la décision des nouvelles autorités de dissoudre l'ancienne armée ainsi que les différentes factions rebelles.

L'Arabie saoudite a condamné des violences commises par des "groupes hors-la-loi" contre les forces de sécurité. La Turquie, frontalière de la Syrie, a mis en garde contre toute provocation menaçant la paix "en Syrie et dans la région".

Des images diffusées par l'agence de presse officielle Sana ont montré vendredi des combattants des nouvelles forces de sécurité à bord de pickups, armes pointées vers le ciel, entrant dans les villes de Baniyas et Tartous.

D'autres images tournées par l'AFP à Al-Bab, dans le nord de la Syrie, montrent des combattants en treillis de l'Armée nationale syrienne, une faction pro-turque, se préparant à gagner Lattaquié pour soutenir les nouvelles autorités.

En 24 heures, les combats ont fait 72 morts, dont 36 membres des forces de sécurité, ainsi que 32 combattants armés et quatre civils, selon l'OSDH.

"De vastes opérations de ratissage ont débuté dans des villes, villages, localités et montagnes environnantes", dans les provinces de Lattaquié et de Tartous, après l'arrivée de renforts militaires, a indiqué vendredi Sana, citant une source des forces de sécurité.

Cette source a indiqué que cette opération visait des membres "des milices d'Assad et ceux qui les ont soutenues et aidées".

"Pas de pardon" 

A Jablé, les forces de sécurité ont capturé jeudi Ibrahim Houweïja, ancien chef des services de renseignement de l'armée de l'air, selon Sana.

Cet homme est "accusé d'avoir commis des centaines d'assassinats à l'époque du criminel Hafez al-Assad", le père de Bachar al-Assad, a indiqué l'agence, et il est notamment soupçonné d'avoir assassiné le chef druze libanais Kamal Joumblatt en 1977.

Le directeur provincial de la sécurité a également indiqué que les forces gouvernementales avaient affronté des hommes armés fidèles à un commandant des forces spéciales de l'ère Assad, Souheil al-Hassan, surnommé "le Tigre", dans un autre village de la région, Beit Aana.

Selon l'OSDH, les forces syriennes ont eu recours à des tirs d'hélicoptères dans ce secteur.

Alors que des renforts quittaient jeudi soir la région d'Idleb, un ancien bastion des forces rebelles dans le nord-ouest de la Syrie, des habitants s'y sont rassemblés pour manifester contre les partisans d'Assad.

"Il n'y a pas de pardon ou de réconciliation avec les restes du régime, car ils n'ont pas cessé de nous tuer de sang-froid", a lancé un manifestant, Talal Homsi.


Négociations de paix au Soudan: le chef de l'armée prêt à «collaborer» avec Trump

Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
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  • Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)"
  • Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise

PORT-SOUDAN: Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt.

Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)", a déclaré le ministère des Affaires étrangères pro-armée dans un communiqué publié à l'issue d'un déplacement officiel à Ryad, à l'invitation du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise.

Les négociations de paix menées par les Etats-Unis avec le groupe de médiateurs du Quad (réunissant Egypte, Arabe Saoudite et Emirats) sont à l'arrêt depuis que le général al-Burhane a affirmé que la dernière proposition de trêve transmise par M. Boulos était "inacceptable", sans préciser pourquoi.

Le militaire avait alors fustigé une médiation "partiale" et reproché à l'émissaire américain de reprendre les éléments de langage des Emirats, accusés d'armer les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Abou Dhabi nie régulièrement fournir des armes, des hommes et du carburant aux FSR, malgré des preuves fournies par des rapports internationaux et enquêtes indépendantes.

De leur côté, les FSR ont annoncé qu'ils acceptaient la proposition de trêve mais les attaques sur le terrain n'ont pas pour autant cessé au Kordofan, région au coeur de combats intenses.

Pour l'instant, aucune nouvelle date de négociations n'a été fixée, que ce soit au niveau des médiateurs du Quad ou de l'ONU qui essaie parallèlement d'organiser des discussions entre les deux camps.

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle le nord et l'est du pays - aux FSR, dominantes dans l'ouest et certaines zones du sud.

Depuis la prise du dernier bastion de l'armée dans la vaste région voisine du Darfour, les combats se sont intensifiés dans le sud du pays, au Kordofan, région fertile, riche en pétrole et en or, charnière pour le ravitaillement et les mouvements de troupes.

Le conflit, entré dans sa troisième année, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, déraciné des millions de personnes et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde".

 


Le prince héritier saoudien rencontre le chef du conseil de transition soudanais pour discuter de la sécurité et de la stabilité

Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
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  • La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation
  • Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays

RIYADH : Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a rencontré Abdel Fattah Al-Burhan à Riyad lundi pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à restaurer la sécurité et la stabilité dans le pays, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation.

Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays, a ajouté SPA.

Le ministre saoudien de la défense, le prince Khalid ben Salmane, le ministre des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, le ministre d'État et conseiller à la sécurité nationale, Musaed bin Mohammed Al-Aiban, le ministre des finances, Mohammed Al-Jadaan, et l'ambassadeur saoudien au Soudan, Ali Hassan Jaafar, ont également assisté à la réunion.


Cisjordanie: 25 immeubles d'habitation menacés de destruction dans un camp de réfugiés

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  • "Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre"
  • "Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie

TULKAREM: L'armée israélienne va démolir 25 immeubles d'habitation du camp de réfugiés de Nour Chams, dans le nord de la Cisjordanie, ont indiqué lundi à l'AFP des responsables locaux.

Abdallah Kamil, le gouverneur de Tulkarem où se situe le camp, a déclaré à l'AFP avoir été informé par le Cogat --l'organisme du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens-- que les démolitions interviendraient d'ici la fin de la semaine.

"Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre", a indiqué à l'AFP Faisal Salama, responsable du comité populaire du camp de Tulkarem, proche de celui de Nour Chams, précisant qu'une centaine de familles seraient affectées.

Le Cogat n'a pas répondu dans l'immédiat aux sollicitations de l'AFP, l'armée israélienne indiquant se renseigner.

"Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie.

Il estime qu'elles s'inscrivent "dans une stratégie plus large visant à modifier la géographie sur le terrain", qualifiant la situation de "tout simplement inacceptable".

"Crise" 

La Cisjordanie est occupée par Israël depuis 1967.

Début 2025, l'armée israélienne y a lancé une vaste opération militaire visant selon elle à éradiquer des groupes armés palestiniens, en particulier dans les camps de réfugiés du nord, comme ceux de Jénine, Tulkarem et Nour Chams.

Au cours de cette opération, l'armée a détruit des centaines de maisons dans les camps, officiellement pour faciliter le passage des troupes.

Selon M. Friedrich, environ 1.600 habitations ont été totalement ou partiellement détruites dans les camps de la région de Tulkarem, entraînant "la crise de déplacement la plus grave que la Cisjordanie ait connue depuis 1967".

Lundi, une vingtaine de résidents de Nour Chams, tous déplacés, ont manifesté devant des véhicules militaires blindés bloquant l'accès au camp, dénonçant les ordres de démolition et réclamant le droit de rentrer chez eux.

"Toutes les maisons de mes frères doivent être détruites, toutes! Et mes frères sont déjà à la rue", a témoigné Siham Hamayed, une habitante.

"Personne n'est venu nous voir ni ne s'est inquiété de notre sort", a déclaré à l'AFP Aïcha Dama, une autre résidente dont la maison familiale de quatre étages, abritant environ 30 personnes, figure parmi les bâtiments menacés.

Disparaître 

Fin novembre, l'ONG Human Rights Watch a indiqué qu'au moins 32.000 personnes étaient toujours déplacées de chez elles dans le cadre de cette opération.

Comme des dizaines d'autres, le camp de Nour Chams a été établi au début des années 1950, peu après la création d'Israël en 1948, lorsque des centaines de milliers de Palestiniens ont fui ou été expulsés de leurs foyers.

Avec le temps, ces camps se sont transformés en quartiers densément peuplés, où le statut de réfugié se transmet de génération en génération.

De nombreux habitants ont affirmé à l'AFP ces derniers mois qu'Israël cherchait à faire disparaître les camps, en les transformant en quartiers des villes qu'ils jouxtent, afin d'éliminer la question des réfugiés.

Nour Chams a longtemps été un lieu relativement paisible où vivaient dans des maisons parfois coquettes des familles soudées entre elles.

Mais depuis quelques années, des mouvements armés s'y sont implantés sur fond de flambées de violence entre Palestiniens et Israéliens et de précarité économique.