L'Union européenne, le Canada et la Grande-Bretagne avancent en front uni face à Trump

Le président français Emmanuel Macron (à droite) et le nouveau Premier ministre canadien Mark Carney (à gauche) se serrent la main après une déclaration commune au palais présidentiel de l'Élysée, à Paris, le 17 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (à droite) et le nouveau Premier ministre canadien Mark Carney (à gauche) se serrent la main après une déclaration commune au palais présidentiel de l'Élysée, à Paris, le 17 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
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Publié le Mardi 18 mars 2025

L'Union européenne, le Canada et la Grande-Bretagne avancent en front uni face à Trump

  • Ils avaient affronté Donald Trump en ordre dispersé lors de son premier mandat, mais les pays de l'Union européenne font désormais bloc.
  • En moins de deux mois à la présidence, Donald Trump a bousculé l'ordre géopolitique mondial en considérant la diplomatie comme un rapport de force, y compris avec les partenaires les plus proches de Washington.

PARIS : Ils avaient affronté Donald Trump en ordre dispersé lors de son premier mandat, mais les pays de l'Union européenne font désormais bloc, agissant comme un pôle d'attraction, notamment pour le Canada et la Grande-Bretagne qui partagent leur vision du monde.

Le nouveau Premier ministre canadien, Mark Carney, qui a choisi la France et la Grande-Bretagne pour son premier déplacement à l'étranger, en a délaissé son voisin nord-américain. Il a souligné lundi qu'il était « plus important que jamais de renforcer » les liens de son pays avec des « alliés fiables » et de « diversifier » ses relations commerciales et sécuritaires, au moment où le Canada subit les menaces répétées du président américain.

« À l'évidence, une alliance se dessine dans les premiers mois de la présidence Trump », observe Frédéric Merand, professeur de sciences politiques à l'Université de Montréal. Il explique que les alliés historiques des États-Unis ont pris conscience qu'il n'y a « aucune relation spéciale qui vaille, sauf peut-être avec Israël » pour l'hôte de la Maison Blanche.

En moins de deux mois à la présidence, le républicain a bousculé l'ordre géopolitique mondial en considérant la diplomatie comme un rapport de force, y compris avec les partenaires les plus proches de Washington.

Il a multiplié les propos menaçants sur l'annexion du Canada, qu'il aimerait voir devenir le 51ᵉ État américain, ou sur la possibilité de s'emparer du Groenland et du canal de Panama.

Sur le plan économique, il a dégainé, comme lors de son premier mandat, des droits de douane punitifs, tandis que, dans le domaine de la défense, les alliés des États-Unis dans l'Otan sont accusés de tirer profit de la générosité de l'Amérique.

Les États-Unis de Donald Trump sont ainsi devenus un repoussoir.

« Par conséquent, la seule stratégie viable, c'est de faire front commun et de l'isoler sur la scène internationale », estime Frédéric Merand.

- Entre le continent et le grand large.

Dans ce contexte, « l'Union européenne devient un point d'attraction pour des pays traditionnellement alliés des États-Unis et démocratiques, comme le Canada, qui sont menacés par le pouvoir à Washington », constate Sylvie Bermann, ancienne ambassadrice de France au Royaume-Uni.

Elle note le changement de posture de l'allié britannique, qui avait toujours dit qu'entre le continent et le grand large, il choisirait le grand large. « Sauf qu'aujourd'hui, c'est compliqué, à partir du moment où Donald Trump ne respecte plus les règles du jeu et s'éloigne des démocraties », dit-elle.

Le Royaume-Uni, qui a quitté l'Union européenne en 2020, est plus proche que jamais de la France et des autres pays membres, notamment dans la défense de l'Ukraine face à la Russie.

Pour le moment, on est dans « une réaffirmation de solidarité entre ces pays démocratiques qui ont la même vision du monde ». Cela ne veut toutefois pas dire qu'une alliance structurée sera mise en place », estime néanmoins la diplomate Sylvie Bermann.

Pour autant, en affichant un réalignement stratégique, l'UE, le Canada et le Royaume-Uni signalent la nécessité d'un bloc transatlantique renforcé à long terme.

« Nous n'avons aucune assurance que les États-Unis, dans trois ans ou dans quatre ans, seront les États-Unis que nous avions connus depuis la Seconde Guerre mondiale », poursuit le professeur de l'Université de Montréal.

Pour lui, il est temps de « penser à long terme et de mettre en place des fondations qui permettraient d'institutionnaliser et de pérenniser un pacte des démocraties alliées historiques aux États-Unis ».

Alors que l'UE, le Canada et le Royaume-Uni sont déjà liés par des accords de libre-échange, l'intégration économique semble être une voie d'entrée. Cependant, harmoniser les réglementations, coordonner les politiques industrielles ou réduire la dépendance envers les États-Unis constituent de sérieux obstacles.

« Aucun pays n'est plus vulnérable que le Canada en raison de sa dépendance économique envers les États-Unis et de sa dépendance à l'égard du parapluie sécuritaire américain », note pour sa part Edward Alden, expert au Council on Foreign Relations (CFR).

Renforcer ses liens avec l'Europe ne suffira pas à combler le vide, dit-il. « L'UE (...) représente environ 5 % des exportations canadiennes, tandis que les États-Unis en représentent plus de 75 %. Tout réalignement économique sérieux prendrait des décennies. »

Quels que soient les obstacles, ces pays ont toutefois intérêt à se doter des moyens pour agir de façon plus autonome, que ce soit sur le plan économique, diplomatique ou sécuritaire, estime néanmoins Sylvie Bermann.

« On a longtemps considéré que le premier mandat de Donald Trump était l'exception et que celui de Joe Biden était la norme. Ce n'est pas le cas", résume-t-elle, rappelant les faits : « Depuis plus d'une décennie, sinon davantage, puisque c'était déjà le cas avec Barack Obama, les États-Unis se désintéressent de l'Europe. »


Washington doit exclure de nouvelles frappes pour une reprise des discussions, selon Téhéran

Téhéran a été informé que les Etats-Unis ne voulaient "pas s'engager dans un changement de régime en Iran" en ciblant le Guide suprême du pays, l'ayatollah Ali Khamenei, a aussi rapporté le ministre iranien. (AFP)
Téhéran a été informé que les Etats-Unis ne voulaient "pas s'engager dans un changement de régime en Iran" en ciblant le Guide suprême du pays, l'ayatollah Ali Khamenei, a aussi rapporté le ministre iranien. (AFP)
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  • Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a martelé vouloir empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique
  • Une ambition farouchement rejetée par le pouvoir iranien qui revendique toutefois un droit au nucléaire civil notamment pour produire de l'énergie

LONDRES: Les discussions diplomatiques avec Washington ne pourront reprendre que si les États-Unis excluent de nouvelles frappes sur l'Iran, a déclaré le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Majid Takht-Ravanchi, à la BBC.

"Nous entendons dire que Washington veut nous parler", a dit le responsable iranien, dans une interview diffusée dimanche soir par la BBC.

"Nous ne nous sommes pas mis d'accord sur une date. Nous ne nous sommes pas mis d'accord sur les modalités", a-t-il indiqué. "Nous cherchons une réponse à cette question: allons-nous assister à une répétition d'un acte d'agression alors que nous sommes engagés dans le dialogue?", a poursuivi le responsable iranien.

Les Etats-Unis "n'ont pas encore clarifié leur position", a souligné Majid Takht-Ravanchi.

Téhéran a été informé que les Etats-Unis ne voulaient "pas s'engager dans un changement de régime en Iran" en ciblant le Guide suprême du pays, l'ayatollah Ali Khamenei, a aussi rapporté le ministre iranien.

Israël a ouvert le 13 juin les hostilités en bombardant l'Iran et en tuant ses principaux responsables militaires et des scientifiques liés à son programme nucléaire.

Les Etats-Unis se sont joints à l'offensive de leur allié israélien en bombardant trois sites nucléaires dans la nuit du 21 au 22 juin.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a martelé vouloir empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique.

Une ambition farouchement rejetée par le pouvoir iranien qui revendique toutefois un droit au nucléaire civil notamment pour produire de l'énergie.

Après 12 jours de bombardements réciproques, un cessez-le-feu est entré en vigueur le 24 juin, imposé par le président américain Donald Trump.

Ce dernier a prévenu que le Pentagone mènerait "sans aucun doute" de nouvelles frappes si l'Iran enrichissait de l'uranium à des niveaux lui permettant de fabriquer des armes nucléaires.

Majid Takht-Ravanchi a de nouveau revendiqué le droit de l'Iran à enrichir de l'uranium à hauteur de 60% pour produire de l'énergie.

"Le niveau peut être discuté, la capacité peut être discutée, mais dire que vous (...) devriez avoir zéro enrichissement, et que si vous n'êtes pas d'accord, nous allons vous bombarder, c'est la loi de la jungle", a critiqué le ministre.


L'ONU appelle à « relancer le moteur du développement » face au « chaos climatique » et aux conflits

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, prononce son discours d'ouverture lors de la 4e Conférence internationale des Nations unies sur le financement et le développement à Séville, le 30 juin 2025. (Photo de Pierre-Philippe MARCOU / AFP)
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, prononce son discours d'ouverture lors de la 4e Conférence internationale des Nations unies sur le financement et le développement à Séville, le 30 juin 2025. (Photo de Pierre-Philippe MARCOU / AFP)
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  • Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a exhorté lundi la communauté internationale à « relancer le moteur du développement »
  • « Aujourd’hui, le développement, et son principal levier, la coopération internationale, sont confrontés à des vents contraires massifs », a déploré Antonio Guterres.

SEVILLE, ESPAGNE : Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a exhorté lundi la communauté internationale à « relancer le moteur du développement », alors que le monde est confronté à un « chaos climatique », à une multiplication des conflits et à un ralentissement économique global. Il s’exprimait lors de l’ouverture de la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement (FfD4), qui se tient à Séville, dans le sud de l’Espagne, sous une chaleur accablante.

« Aujourd’hui, le développement, et son principal levier, la coopération internationale, sont confrontés à des vents contraires massifs », a déploré Antonio Guterres. Il a dressé un tableau sombre de la situation mondiale : « Un monde où la confiance s’effrite, où le multilatéralisme est mis à rude épreuve. Un monde ralenti par les tensions commerciales, des budgets d’aide amputés, secoué par les inégalités, la crise climatique et des conflits déchaînés. »

Face à ces défis, le chef de l’ONU a insisté sur la nécessité d’« accélérer les investissements à la hauteur des enjeux » afin de « réparer et relancer » la dynamique du développement. Il a rappelé que « les deux tiers des objectifs de développement durable » adoptés dans le cadre de l’Agenda 2030 accusaient déjà un sérieux retard.

« Il ne s’agit pas seulement d’une crise de chiffres, mais d’une crise humaine », a-t-il martelé, appelant les États à renforcer la mobilisation des ressources domestiques et à investir dans les domaines à fort impact, tels que l’éducation, la santé et les énergies renouvelables.

Jusqu’à jeudi, la conférence réunit quelque 50 chefs d’État et de gouvernement, dont le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, aux côtés des dirigeants des principales institutions financières internationales et de plus de 4 000 représentants de la société civile. Il s’agit de la quatrième conférence de ce type depuis 2002.

L’un des objectifs centraux de cette rencontre est de trouver des solutions concrètes au déficit de financement auquel font face les pays du Sud. Selon l’ONU, ce manque est estimé à 4 000 milliards de dollars par an pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) d’ici 2030.

Ce sommet intervient dans un contexte particulièrement tendu pour l’aide internationale, fragilisée notamment par la réduction drastique des fonds alloués à l’aide humanitaire par l’administration de Donald Trump. L’ancien président américain avait en effet supprimé 83 % du budget de l’USAID consacré aux programmes de développement à l’étranger, mettant en péril de nombreux projets dans les pays les plus vulnérables.


Ottawa annule une taxe visant les géants de la tech, reprise des négociations avec Washington

Tiff Macklem (G), gouverneur de la Banque du Canada, et Fracois-Philippe Champagne, ministre canadien des Finances et du Revenu national, font un geste après leur conférence de presse de clôture lors de la réunion des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales du G7 à Banff, Alberta, Canada, le 22 mai 2025. (AFP)
Tiff Macklem (G), gouverneur de la Banque du Canada, et Fracois-Philippe Champagne, ministre canadien des Finances et du Revenu national, font un geste après leur conférence de presse de clôture lors de la réunion des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales du G7 à Banff, Alberta, Canada, le 22 mai 2025. (AFP)
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  • Le Canada a annoncé dimanche annuler une taxe visant les géants de la tech dans l'espoir de parvenir à un accord commercial avec les Etats-Unis
  • Cette détente entre le Canada et les Etats-Unis survient deux jours après la rupture des discussions par le président américain

Ottawa, Canada: Le Canada a annoncé dimanche annuler une taxe visant les géants de la tech dans l'espoir de parvenir à un accord commercial avec les Etats-Unis, et la reprise des négociations en ce sens rompues deux jours plus tôt par Donald Trump.

Le ministre canadien des Finances, François-Philippe Champagne, "a annoncé aujourd'hui (dimanche, NDLR) que le Canada annulerait la taxe sur les services numériques (TSN)", selon un communiqué du gouvernement. Celui-ci précise que la reprise des négociations doit déboucher sur un accord commercial avec Washington d'ici au 21 juillet.

Cette détente entre le Canada et les Etats-Unis survient deux jours après la rupture des discussions par le président américain, qui avait qualifié de "coup direct et évident" porté au Etats-Unis la taxe d'Ottawa visant les géants du numérique.

Cette ponction de 3% sur les revenus tirés de la publicité en ligne, des plateformes de vente, des réseaux sociaux ou de la vente de données personnelles, devait entrer en vigueur lundi et toucher particulièrement les poids lourds américains de la tech.

Elle ciblait notamment les mastodontes Google, Apple, Meta (Facebook), Amazon ou Microsoft. Ceux-ci sont accusés de profiter du caractère immatériel de leur activité pour échapper à l'impôt.

"Retirer la taxe sur les services numériques fera avancer les discussions et appuiera nos efforts pour créer des emplois et bâtir de la prospérité", a estimé sur X le ministre canadien des Finances François-Philippe Champagne.

Donald Trump et la Maison Blanche n'ont pas réagi dans l'immédiat.

La TSN avait été adoptée l'an dernier à titre temporaire, dans l'attente de l'aboutissement de négociations internationales sur la taxation des multinationales.

Cette taxe ciblait les acteurs du numérique qui génèrent un chiffre d'affaires mondial annuel supérieur à 1,1 milliard de dollars canadiens, et des revenus annuels au Canada supérieurs à 20 millions de dollars canadiens.

- Droits de douane -

Vendredi, Donald Trump avait qualifié la TSN de "scandaleuse" sur son application Truth Social et indiqué que les Etats-Unis communiqueraient au Canada, dans les sept jours, le niveau des droits de douane qui lui serait imposé.

Le Premier ministre canadien Mark Carney avait promis en retour de "continuer à mener ces négociations complexes, dans l'intérêt supérieur des Canadiens".

Depuis le retour de Donald Trump au pouvoir en janvier, l'administration américaine a annoncé –- puis suspendu, dans l'attente de négociations -– plusieurs taxes sur les importations canadiennes aux Etats-Unis, tandis que le Canada a riposté en imposant des droits de douane.

Le président américain a visé en particulier les secteurs canadiens de l'automobile, de l'acier et de l'aluminium, alors que les Etats-Unis et le Canada sont, avec le Mexique, membre d'un accord de libre-échange (ACEUM ou USMCA en anglais).

Les relations entre Ottawa et Washington se sont détériorées sous le second mandat de Donald Trump, qui a demandé à plusieurs reprises que le Canada devienne le 51e Etat américain.