Guerre commerciale : Lagarde appelle à « une marche vers l'indépendance » de l'Europe

Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne (BCE), présente le rapport annuel 2024 de la banque au Parlement européen, à Strasbourg, dans l'est de la France, le 10 février 2025. (Photo par FREDERICK FLORIN / AFP)
Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne (BCE), présente le rapport annuel 2024 de la banque au Parlement européen, à Strasbourg, dans l'est de la France, le 10 février 2025. (Photo par FREDERICK FLORIN / AFP)
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Publié le Lundi 31 mars 2025

Guerre commerciale : Lagarde appelle à « une marche vers l'indépendance » de l'Europe

  • « Lui appelle ça "Liberation Day" aux États-Unis, moi je considère que c'est un moment où nous devons ensemble décider de prendre mieux notre destin en main.
  • Après l'acier et l'aluminium et avant l'automobile, le président américain compte passer à la vitesse supérieure mercredi, en annonçant ses droits de douane dits « réciproques », qui vont changer les règles du jeu du commerce mondial.

PARIS : La guerre commerciale engagée par le président américain Donald Trump doit entraîner « une marche vers l'indépendance » de l'Europe, a affirmé lundi la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde.

« Lui appelle ça "Liberation Day" aux États-Unis, moi je considère que c'est un moment où nous devons ensemble décider de prendre mieux notre destin en main et je pense que c'est une marche vers l'indépendance », a affirmé la dirigeante française sur la radio France Inter, évoquant « un moment existentiel pour l'Europe ».

Après l'acier et l'aluminium et avant l'automobile, le président américain compte passer à la vitesse supérieure mercredi, en annonçant ses droits de douane dits « réciproques », qui vont changer les règles du jeu du commerce mondial.

Le 2 avril, qu'il surnomme « jour de la libération », Donald Trump compte ériger de nouvelles barrières douanières qui devraient dépendre des taxes que les pays concernés imposent sur les produits américains, mais aussi d'autres facteurs, et frapper notamment l'Europe. 

« Il faut, pour se mettre en position de bonne négociation, montrer qu'on n'est pas prêts à se coucher », a estimé Christine Lagarde, au moment où l'UE prépare sa riposte aux droits de douane américains.

Selon la BCE, la zone euro pourrait voir son PIB amputé de 0,3 % en raison de la guerre commerciale de Donald Trump, et de 0,5 % en cas de riposte européenne, la première année.

« Une guerre commerciale ne crée que des perdants », a martelé Christine Lagarde lundi.

Concernant l'inflation, la présidente de la BCE s'est montrée prudente en raison du risque inflationniste des taxes douanières : « Dire : "ça y est, c'est terminé, c'est derrière nous" non. Parce que, malheureusement, on est soumis à de nombreuses incertitudes et que les décisions prises par M. Trump, comme la réciprocité qui s'appliquera à partir du 2 avril, induisent nécessairement des changements." 


Raphaël Glucksmann, le vent dans le dos, mais sans convaincre le reste de la gauche

Raphaël Glucksmann, positionné sur une stratégie de rupture avec La France insoumise, a le vent en poupe pour 2027 selon les sondages, mais le leader de Place publique doit encore s'imposer dans le débat politique national et convaincre le reste de la gauche. (AFP)
Raphaël Glucksmann, positionné sur une stratégie de rupture avec La France insoumise, a le vent en poupe pour 2027 selon les sondages, mais le leader de Place publique doit encore s'imposer dans le débat politique national et convaincre le reste de la gauche. (AFP)
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  • Un sondage critiqué par la gauche sur sa méthode, mais qui conforte Raphaël Glucksmann dans sa "stratégie de rupture claire" avec La France insoumise, même s'il se refuse encore à officialiser sa volonté de concourir à l'élection
  • Le patron du Parti socialiste Olivier Faure, qui se verrait bien lui aussi sur la ligne de départ, n'en fait pourtant pas le prétendant naturel de la gauche: Raphaël Glucksmann "n’est pas le candidat des socialistes"

PARIS: Raphaël Glucksmann, positionné sur une stratégie de rupture avec La France insoumise, a le vent en poupe pour 2027 selon les sondages, mais le leader de Place publique doit encore s'imposer dans le débat politique national et convaincre le reste de la gauche.

Alors que se tiennent samedi et dimanche à La Réole (Gironde) les Rencontres de Place Publique, l'eurodéputé est auréolé d'un sondage Ifop qui le place en situation de concurrencer Édouard Philippe et lui laisse entrevoir une qualification au second tour de la présidentielle.

Un sondage critiqué par la gauche sur sa méthode, mais qui conforte Raphaël Glucksmann dans sa "stratégie de rupture claire" avec La France insoumise, même s'il se refuse encore à officialiser sa volonté de concourir à l'élection.

Le patron du Parti socialiste Olivier Faure, qui se verrait bien lui aussi sur la ligne de départ, n'en fait pourtant pas le prétendant naturel de la gauche: Raphaël Glucksmann "n’est pas le candidat des socialistes", ni celui "du reste de gauche", a-t-il asséné jeudi en marge de la manifestation parisienne.

Et pour cause, Raphaël Glucksmann refuse de participer au processus d'union pour 2027 - initié notamment par les Écologistes et le PS -, qui devrait passer par une primaire.

Il argumente que les Écologistes ont aussi invité LFI, alors que l'eurodéputé de 45 ans défend une ligne social-démocrate émancipée de la gauche radicale, dont il critique notamment les positions sur l'Ukraine, la Russie, la Chine, et le rapport à la démocratie.

"Si on fait une primaire avec Jean-Luc Mélenchon, ça veut dire qu'on imagine que s'il gagne on va se battre derrière lui. Dans ce moment de l'histoire, je dis non", a-t-il expliqué le weekend dernier à la patronne des Écologistes Marine Tondelier, qui sera présente à La Réole.

Cette dernière rétorque que les insoumis ont déjà clairement rejeté toute primaire, et qu'en installant le duel avec Jean-Luc Mélenchon, Raphaël Glucksmann risque de faire gagner le RN.

L'eurodéputé se veut pourtant en première ligne dans le combat contre l'extrême droite.

Mais il plaide pour la "clarté" politique, et pour qu'il y ait deux offres politiques à gauche, puisqu'elles sont selon lui "irréconciliables".

"François Mitterrand, quand il a gagné en 1981, ce n’était pas sur la base d’une union avec les communistes, mais d’un rapport de force", rappelle l'essayiste qui veut s'imposer dans les sondages pour incarner le vote utile.

"Mon angoisse, ce n’est pas que la gauche soit désunie, c'est qu’elle plafonne à 25 %", avance-t-il, espérant attirer un électorat plus centriste.

"Raphaël est désormais une voix qui compte", veut croire un de ses proches, soulignant qu'"il a été invité par le Premier ministre Lecornu". "Personne ne l'a pris au sérieux quand il a dit qu'il voulait créer un parti de masse, mais on a 12.000 adhérents", ajoute un député de Place publique.

Pas de leadership 

Mais les critiques fusent à gauche.

Les Insoumis, qui en ont fait leur premier opposant, le décrivent comme "un nouveau Macron".

Et si l'ex-ministre Aurélie Filippetti vient d'annoncer son ralliement à Place publique, socialistes et écologistes soulignent que l'eurodéputé ne dispose que de deux députés et deux sénateurs, et peine à s'imposer dans le débat.

"Personne ne sait réellement ce qu'il pense sur de nombreux sujets nationaux", remarque une élue écologiste, qui ne sent "pas une Glucksmann mania" autour d'elle.

"Je ne vois pas comment il incarne la rupture avec le macronisme, c’est quand même la gauche caviar", assène la même, réitérant le procès en parisianisme qui poursuit le fils du philosophe André Glucksmann.

Le compagnon de la journaliste Léa Salamé a tout de même les faveurs de certains socialistes pour 2027, même si d'autres remarquent qu'il n'a pas "une position centrale" à gauche pour rassembler.

Une macroniste avoue ne pas croire "une seule seconde qu’il sera candidat". Elle rappelle qu'au soir de la dissolution, alors qu'il était arrivé en tête des européennes, il n'avait "pas pris le leadership" à gauche, se laissant imposer l'accord du Nouveau Front populaire, avec LFI.

"C’est un type sympa, brillant, un excellent porte-parole, mais profondément pas un homme politique, il en a fait la démonstration ce jour-là".


Lecornu reçoit le PS et le RN, clefs de sa survie

Sébastien Lecornu après avoir assisté à la présentation du supercalculateur Asgard au Mont Valérien à Suresnes, près de Paris, le 4 septembre 2025. (AFP)
Sébastien Lecornu après avoir assisté à la présentation du supercalculateur Asgard au Mont Valérien à Suresnes, près de Paris, le 4 septembre 2025. (AFP)
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  • Sébastien Lecornu tente ce vendredi de convaincre les socialistes de ne pas voter la motion de censure contre son gouvernement, faute de majorité à l’Assemblée
  • Si les socialistes maintiennent leur opposition, l’avenir du gouvernement pourrait dépendre de l’abstention du Rassemblement national

PARIS: Sébastien Lecornu convaincra-t-il les socialistes de ne pas le censurer ? Le Premier ministre les reçoit vendredi matin, ainsi que le Rassemblement national, pour un rendez-vous de la dernière chance, au lendemain d'une mobilisation syndicale qui s'est essoufflée.

"C'est le D-Day", glisse un proche du président Emmanuel Macron, qui avait demandé à son Premier ministre de "travailler" avec les socialistes dans le but d'obtenir leur bienveillance pour faire passer le budget. Sans succès jusqu'à présent.

Si le nouveau locataire de Matignon ne parvenait pas à les dissuader d'une censure, promise déjà par tous les autres partis de gauche, son sort se retrouverait entre les mains de l'extrême droite. Le RN détient le plus gros groupe à l'Assemblée nationale, où Sébastien Lecornu, comme ses prédécesseurs, reste privé de majorité.

Le Premier ministre reçoit à 09H00 Marine Le Pen, la cheffe de file des députés RN, sans Jordan Bardella, puis à 10H30 Olivier Faure, premier secrétaire du PS, avant Les Ecologistes et le PCF. LFI a de son côté toujours refusé de le rencontrer.

Jeudi, les responsables socialistes ont battu le pavé avec les syndicats pour tenter de peser sur le budget, en réclamant une nouvelle fois davantage de "justice sociale". Mais les défilés étaient plus clairsemés que ceux du 18 septembre, altérant le rapport de force qu'ils souhaitent instaurer.

- "En deçà" -

Pendant cette journée de mobilisation, Sébastien Lecornu a suggéré de nouvelles mesures en faveur des salariés (défiscalisation et allègement des charges sociales sur les heures supplémentaires, rétablissement de certaines dispositions de la prime Macron...).

Dans un courrier aux syndicats rendu public mercredi, il a aussi promis de reprendre une disposition pour les femmes issues du conclave sur les retraites.

Mais il a écarté leurs principales revendications: la taxe Zucman sur les hauts patrimoines, le rétablissement de l'Impôt sur la fortune (ISF) ou la suspension de la réforme des retraites.

Au final, "c'est très en deçà de ce que nous attendons", a réagi le patron du PS Olivier Faure, même s'il souhaite encore "donner sa chance" au Premier ministre vendredi.

Echaudés par l'échec du conclave sur les retraites, après que son lancement avait permis à l'ex-Premier ministre François Bayrou d'obtenir la neutralité du PS, les socialistes attendent cette fois un "changement majeur d'orientation" du futur gouvernement.

Sébastien Lecornu, un proche d'Emmanuel Macron, ne veut pas non plus perdre la droite dans sa fragile coalition gouvernementale.

- "Dégagisme" -

Il a reçu jeudi le patron des Républicains et ministre démissionnaire de l'Intérieur Bruno Retailleau, juste après la FNSEA, premier syndicat agricole.

"A ce stade, la participation de la droite au gouvernement n'est pas acquise du tout", a prévenu le président de LR juste après ce rendez-vous alors que Sébastien Lecornu est en train de finaliser son équipe.

Si le compromis n'est pas possible avec les socialistes, le Premier ministre se tournera-t-il vers le RN comme Michel Barnier à la fin de l'année dernière ?

"C'est un parti populiste qui veut le désordre", estime un ancien ministre macroniste qui ne croit pas à l'indulgence du RN, parti grâce auquel son camp a tout de même ravi jeudi la tête de quasiment toutes les commissions de l'Assemblée nationale, dont deux à la gauche, grande perdante de la bataille des postes-clés qui s'est jouée sur deux jours au Palais Bourbon.

A l'Elysée, on considère que le RN se range désormais comme LFI du côté du "dégagisme" et qu'il est hors de question de rechercher des accords avec lui, selon un proche du président.

Le parti d'extrême droite reste flou sur ses intentions, et a indiqué qu'il ne prendra position qu'après la déclaration de politique générale que Sébastien Lecornu prononcera lundi ou mardi.

Le député du Rassemblement national Jean-Philippe Tanguy a soufflé le chaud et le froid, affirmant que son parti ne censurerait pas le gouvernement s'il y a dans son budget des baisses d'impôts et de dépenses.


Paris tente de faire converger le plan Trump et l’initiative franco-saoudienne

Le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, est arrivé ce jeudi (2 octobre) en Arabie saoudite pour une visite qui s’inscrit dans un moment charnière, quelques jours après la reconnaissance officielle de l’État palestinien par la France et plusieurs alliés à New York, et à peine 48 heures après l’annonce par le président américain Donald Trump, d’un plan de paix pour Gaza. (AFP)
Le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, est arrivé ce jeudi (2 octobre) en Arabie saoudite pour une visite qui s’inscrit dans un moment charnière, quelques jours après la reconnaissance officielle de l’État palestinien par la France et plusieurs alliés à New York, et à peine 48 heures après l’annonce par le président américain Donald Trump, d’un plan de paix pour Gaza. (AFP)
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  • Pour la diplomatie française, l’Assemblée générale des Nations unies, le 22 septembre, a marqué une étape historique, à la suite de la conférence ministérielle de juillet, Paris avait annoncé son intention de reconnaître l’État palestinien
  • Le président Emmanuel Macron a officialisé cette décision à New York, entraînant dans son sillage dix autres pays, parmi lesquels le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie, la Belgique ou encore le Portugal

PARIS: Le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, est arrivé ce jeudi (2 octobre) en Arabie saoudite pour une visite qui s’inscrit dans un moment charnière, quelques jours après la reconnaissance officielle de l’État palestinien par la France et plusieurs alliés à New York, et à peine 48 heures après l’annonce par le président américain Donald Trump, d’un plan de paix pour Gaza. 

Paris s’efforce désormais de bâtir un pont entre ces deux initiatives, afin d’éviter que leurs contradictions ne condamnent le processus, et de faire émerger un socle commun susceptible de relancer une dynamique de règlement durable du conflit israélo-palestinien.

Pour la diplomatie française, l’Assemblée générale des Nations unies, le 22 septembre, a marqué une étape historique, à la suite de la conférence ministérielle de juillet, Paris avait annoncé son intention de reconnaître l’État palestinien. 

Le président Emmanuel Macron a officialisé cette décision à New York, entraînant dans son sillage dix autres pays, parmi lesquels le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie, la Belgique ou encore le Portugal. 

Cet effet de masse a donné un poids inédit à l’initiative franco-saoudienne pour la solution à deux États, puisque142 pays ont voté en faveur de la déclaration de New York, incluant la quasi-totalité de l’Union européenne et quatre des cinq membres permanents du Conseil de sécurité.

La déclaration allait plus loin que de simples principes, étant donné qu’elle s’accompagnait d’engagements clairs des Palestiniens, notamment par la lettre du président Mahmoud Abbas, mais aussi des pays arabes et de la Turquie. 

Le Hamas y est explicitement condamné et appelé à être désarmé et écarté de la gouvernance palestinienne, alors que de leur côté, plusieurs États arabes se déclaraient ouverts à une normalisation avec Israël, pourvu qu’un chemin crédible vers un État palestinien soit trouvé. 

Enfin, la perspective d’une architecture de sécurité régionale incluant Israël était esquissée, ce que la diplomatie française considère comme autant de concessions qui enlèvent à Israël l’argument de l’absence de garanties sécuritaires et placent les Américains devant la nécessité d’entrer dans ce processus.

Ainsi, le plan en 20 points présenté par Trump à Washington, s’inscrit du point de vue français, dans la continuité de la dynamique enclenchée par la France et l’Arabie saoudite. 

Paris estime que ce n’est pas un hasard si l’initiative franco-saoudienne est citée noir sur blanc au neuvième point du plan américain et que plusieurs de ses grands principes y sont repris, dont l’appel à un cessez-le-feu à Gaza, la libération des otages, un accès massif à l’aide humanitaire sous l’égide de l’ONU, le désarmement du Hamas, et la mise en place d’une mission internationale de stabilisation et rétablissement du contrôle de Gaza par l’Autorité palestinienne.

L’essentiel réside dans la perspective, souligne une source diplomatique française, car même si le mot « solution à deux États » n’est pas explicitement employé, le plan américain fixe bel et bien l’horizon d’un État palestinien unifié, incluant Gaza et la Cisjordanie, conditionné à un processus de réformes. 

En cela aussi, il rejoint donc le cadre posé par la déclaration de New York et crée une convergence inédite entre les démarches américaine et euro-arabe.

La France est donc au cœur de l’équation, avec un objectif clair, qui est de transformer ce qui pourrait être deux initiatives concurrentes en un processus cohérent, capable de résister aux manœuvres de blocage. 

Comme le souligne la source diplomatique, « la percée new-yorkaise n’était pas un point d’arrivée mais une étape », dont la logique devait être prolongée par un engagement américain. 

La diplomatie française, en étroite concertation avec Riyad, a multiplié les échanges en amont avec Washington, travaillant notamment avec Tony Blair et l’envoyé spécial américain Steve Witcov, ce qui a permis à ses efforts d’orienter le plan de Trump vers une compatibilité avec la déclaration de New York.

Vue de Paris, trois facteurs expliquent ce succès, d’abord, les concessions arabo-palestiniennes obtenues à l’ONU et ensuite le large soutien international à la déclaration de New York qui a isolé diplomatiquement Tel-Aviv, renforçant les pressions européennes pour des sanctions.

Enfin, l’initiative franco-saoudienne a recréé un horizon politique crédible, permettant d’éviter le cycle des cessez-le-feu temporaires voués à l’échec.

Toutefois, les zones d’ombre demeurent, le retrait israélien prévu par le plan américain sera échelonné, laissant l’armée israélienne présente pendant un certain temps dans Gaza, et le calendrier du retour de l’Autorité palestinienne dans l’enclave reste flou. 

De plus, la création d’un État palestinien est conditionnée à des réformes et à la reconstruction de Gaza, sans échéancier clair, ce qui donne lieu à des interprétations dont pourraient s’emparer les différents acteurs pour ralentir ou contourner la mise en œuvre.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, tente déjà de présenter le plan de manière conforme à ses impératifs politiques internes, minimisant les concessions, alors que le Hamas de son côté n’a pas encore donné de réponse officielle, laissant planer l’incertitude. 

Quant aux Européens et aux pays arabes, ils devront s’assurer que la mission internationale de stabilisation, proposée dès l’été par la France, soit crédible, financée et dotée d’un mandat clair.

Dans ce contexte, Paris assume une approche pragmatique, qui consiste à reconnaître les avancées, tout en cherchant à combler les interstices laissés par le plan américain.

 L’objectif est double, d’une part, mettre fin sans délai aux combats et permettre l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza, d’autre part, tracer une voie concrète vers la création d’un État palestinien viable, avec Jérusalem comme capitale partagée.

La France, en coordination étroite avec ses partenaires européens (Allemagne, Italie, Royaume-Uni) et arabes (Égypte, Jordanie, Qatar, Émirats, Arabie saoudite), entend rester une force de proposition au Conseil de sécurité pour définir les contours de la mission internationale de stabilisation et pour pousser à la concrétisation de l’horizon politique. 

En coordonnant l’initiative franco-saoudienne et le plan Trump, Paris cherche à éviter la fragmentation diplomatique qui a trop souvent paralysé le processus de paix. 

Pour Jean-Noël Barrot, en déplacement à Riyad, le message est clair, seule une articulation intelligente des initiatives existantes permettra de sortir de l’impasse et de donner un horizon crédible aux Israéliens comme aux Palestiniens.