La France s’acharne: reconstruire Gaza et réussir la conférence de juin sur les deux états

En se rendant à Al-Arish, au deuxième jour de sa visite en Égypte, le président français Emmanuel Macron a pu mesurer l’ampleur et la gravité du drame que traverse Gaza depuis octobre 2023. (AFP)
En se rendant à Al-Arish, au deuxième jour de sa visite en Égypte, le président français Emmanuel Macron a pu mesurer l’ampleur et la gravité du drame que traverse Gaza depuis octobre 2023. (AFP)
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Publié le Vendredi 11 avril 2025

La France s’acharne: reconstruire Gaza et réussir la conférence de juin sur les deux états

  • Sans renier sa condamnation de l’attaque perpétrée par le Hamas le 7 octobre, il s’est dit sidéré par l’immense plaie qui s’étend sur environ deux mille kilomètres, et a affirmé l’absolue nécessité de la refermer au plus vite, malgré les difficultés
  • Il a vu de ses propres yeux les centaines de tonnes d’aides alimentaires et sanitaires entassées dans des entrepôts, véritables symboles bruts des privations subies par les habitants et de la rigueur du blocus qui leur est imposé par Israël

PARIS: En se rendant à Al-Arish, au deuxième jour de sa visite en Égypte, le président français Emmanuel Macron a pu mesurer l’ampleur et la gravité du drame que traverse Gaza depuis octobre 2023.

Il a échangé avec des blessés palestiniens évacués de l’enclave, avec des membres d’organisations humanitaires, ainsi qu’avec des militaires français stationnés sur place, qui lui ont confié, avec des mots simples mais poignants, l’intenable douleur du quotidien des Gazaouis.

Il a vu de ses propres yeux les centaines de tonnes d’aides alimentaires et sanitaires entassées dans des entrepôts, véritables symboles bruts des privations subies par les habitants et de la rigueur du blocus qui leur est imposé par Israël.

Sans renier sa condamnation de l’attaque perpétrée par le Hamas le 7 octobre, il s’est dit sidéré par l’immense plaie qui s’étend sur environ deux mille kilomètres, et a affirmé l’absolue nécessité de la refermer au plus vite, malgré les difficultés.

Le président français a donc réitéré son engagement en faveur d’un cessez-le-feu, qui débuterait par une période de 40 à 50 jours, qui permettrait non seulement la reprise intégrale de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza, mais aussi l’ouverture d’un cycle de discussions autour du plan de reconstruction porté par l’Égypte et la Ligue arabe. 

Ancrer durablement le cessez-le-feu 

Pour Paris, ce plan constitue aujourd’hui une base crédible pour sortir de la phase actuelle du conflit, et un échange s’est tenu entre Macron et le président égyptien Abdel Fatah Al-Sissi et le roi de Jordanie Abdallah deux, dans le but de le rendre acceptable et soutenable par l’ensemble des parties prenantes, à commencer par l’administration américaine et les autorités israéliennes. 

L’objectif affiché par la France, étant d’ancrer durablement le cessez-le-feu dans une perspective politique de long terme, sur la base de trois axes principaux actuellement débattus dans le cadre de ce plan.

Il faut tout d'abord, selon Paris, élaborer un cadre sécuritaire, afin de désarmer le Hamas, et structurer la sécurité dans l’enclave, par la mise en place d’un cadre sécuritaire renouvelé.

Si plusieurs options ont été avancées par les dirigeants arabes, notamment la formation de forces de sécurité palestiniennes, la France elle, est déjà impliquée sur ce front, puisque des gendarmes français sont mobilisables dans le cadre d’une mission européenne à Rafah, bien que leur déploiement ait été suspendu en raison de la reprise des combats.

Mais la question centrale demeure celle du désarmement du Hamas, car pour Paris, comme pour une large partie de la communauté internationale, il est inconcevable que l’organisation islamiste participe à la gouvernance de Gaza, au regard des attaques du 7 octobre. 

Le deuxième axe est celui de la gouvernance à Gaza, que Paris qualifie de transition complexe à construire.

La France et ses partenaires plaident pour le retour de l’Autorité palestinienne, perçue comme seule entité légitime pour rétablir une gouvernance institutionnelle â Gaza, une position partagée par plusieurs pays arabes, mais rejetée par Israël.

Pour tenter de rapprocher les points de vue, l’Égypte propose la création d’un comité technique, qui permettrait d’assurer une transition tout en maintenant un lien avec l’Autorité palestinienne, et serait conçu pour être acceptable par les différentes factions palestiniennes.

Le dernier axe est celui de la légitimité de l’Autorité palestinienne, un chantier crucial pour Paris, qui porte sur la situation politique interne de l’Autorité palestinienne elle-même, aujourd’hui fragilisée. 

Faute d’élections en Cisjordanie comme à Gaza depuis de nombreuses années, la légitimité de ses institutions est remise en question, et Paris estime qu’il est impératif de la renforcer et de restaurer la confiance des citoyens palestiniens envers leurs dirigeants.

Tous ces points sont discutés par le président français, qui reste étroitement mobilisé, et des échanges sont en cours avec les médiateurs du Qatar, de l’Égypte et des États-Unis, dans l’espoir de parvenir rapidement à un accord. 

Dans ce contexte, Paris indique que Macron a rappelé aux autorités américaines leur responsabilité particulière, elles qui avaient contribué à la mise en place du cessez-le-feu du 18 janvier.

L’approche diplomatique française s’inscrit aussi dans une fenêtre d’opportunité, avec le président américain Donald Trump qui envisage une visite dans la région en mai, ce qui pourrait peser sur les dynamiques en cours.

Mais au-delà de l’urgence humanitaire et sécuritaire, la France insiste sur la nécessité d’une solution politique durable, et martèle qu’il Il n’y aura pas de solution strictement sécuritaire, et que l’histoire tragique de Gaza et d’Israël montre que les explosions de violence sont récurrentes, toujours plus intenses et meurtrières, notamment pour les civils.

C’est dans cette optique que, dès décembre dernier, Emmanuel Macron a répondu à l’appel du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, lors de sa visite d’État à Riyad. 

Ensemble, la France et l’Arabie saoudite ont proposé de co-présider une conférence internationale sur la solution des deux États, une initiative aujourd’hui entérinée par l’Assemblée générale des Nations unies.

Ce mandat, confié par une résolution votée aux Nations unies, vise à rassembler l’ensemble des États membres autour d’une feuille de route claire pour la reconnaissance d’un État palestinien viable et la garantie de la sécurité d’Israël, avec l’objectif d’aboutir à des reconnaissances réciproques, dans un cadre de coopération et d’intégration régionale renforcée.

C’est donc vers cette conférence internationale de juin prochain, que doivent culminer les efforts diplomatiques intenses menés par la France et ses partenaires.

La position française est constante, les aspirations des Palestiniens à un État sont légitimes, tout comme celles des Israéliens à vivre en paix et en sécurité, et toute avancée doit s’inscrire dans une dynamique globale, où les garanties sécuritaires et politiques s’équilibrent.

La stabilité du Moyen-Orient dépend directement et indéniablement de la mise en œuvre de la solution à deux États, insiste Paris.

Si le cap est clair, il se heurte cependant à un mur d’obstacle, et les contacts réguliers qu’entretient Macron, avec les autorités américaines est israéliennes, ne semblent pas pour l’instant déboucher sur les résultats espérés, à commencer par la trêve à Gaza, et le renoncement au projet sur le déplacement forcé de ses habitants.

 


Bayrou en mission impossible face à une chute plus probable que jamais

France's Prime Minister Francois Bayrou speaks during a press conference in Paris on August 25, 2025.
France's Prime Minister Francois Bayrou speaks during a press conference in Paris on August 25, 2025.
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  • François Bayrou demandera la confiance de l’Assemblée le 8 septembre, dans une tentative désespérée de sauver son gouvernement, fragilisé par le rejet de son plan d’économies
  • Une coalition d’oppositions – de l'extrême gauche à l'extrême droite – annonce déjà son vote contre, tandis que les syndicats prévoient des mobilisations pour le 10 septembre

PARIS: François Bayrou entame mardi devant la CFDT une opération de la dernière chance pour tenter d'arracher la survie de son gouvernement, plus que jamais menacé d'être renversé par les oppositions lors du vote de confiance du 8 septembre qui inaugure une nouvelle période d'incertitudes.

Confronté au rejet de son plan d'économies budgétaires de près de 44 milliards d'euros d'économies, par les opposants comme dans l'opinion, ainsi qu'à des appels à bloquer le pays le 10 septembre, le Premier ministre a brandi un va-tout lundi pour sa rentrée.

A sa demande, Emmanuel Macron va ainsi convoquer une session parlementaire extraordinaire le 8 septembre, et M. Bayrou sollicitera le jour-même la confiance de l'Assemblée sur une déclaration de politique générale. Son espoir: faire valider la nécessité d'un tel plan de réduction du déficit public, avant d'en négocier les mesures, dans un second temps.

Mais les réactions des oppositions ont été immédiates et ne semblent laisser quasiment aucune chance de réussite au gouvernement, privé de majorité depuis sa naissance en décembre.

Du Rassemblement national à La France insoumise en passant par les Ecologistes et les communistes, tous ont promis de voter contre la confiance.

Matignon espérait peut-être trouver un compromis avec le Parti socialiste. Mais "les socialistes voteront contre la confiance" à François Bayrou, a tranché leur patron Olivier Faure.

Sauf revirement, coup de théâtre ou tractations positives d'ici là, ces oppositions conjuguées disent que la France sera virtuellement sans gouvernement dans deux semaines. Un nouveau rebondissement dans l'instabilité politique provoquée par la dissolution de l'Assemblée nationale en juin 2024, qui risque en outre d'ouvrir une phase de turbulences financières.

- Fébrilité -

Signe de fébrilité: la Bourse de Paris a nettement reculé lundi et le taux d'intérêt de la dette française a grimpé, dans la foulée de l'annonce surprise de François Bayrou.

A l'extrême droite, Marine Le Pen a réitéré son souhait d'une nouvelle dissolution de l'Assemblée. Un scénario qu'Emmanuel Macron a plusieurs fois assuré vouloir éviter.

A gauche, la secrétaire nationale des Ecologistes Marine Tondelier a estimé que l'initiative du Premier ministre était "de fait une démission". Il a "fait le choix de partir", c'est une "autodissolution", a abondé Olivier Faure.

PS, Ecologistes et le reste de la gauche unioniste, qui promettent une candidature commune pour 2027 (sans Mélenchon ni Glucksmann à ce stade) se disent" prêts" à prendre la suite du gouvernement Bayrou.

Après deux premières conférences de presse et une série estivale de vidéos Youtube, François Bayrou se retrouve confronté aux vives réactions aux mesures envisagées pour réduire le déficit public, en particulier son projet de suppression de deux jours fériés.

Un débat "dévoyé" selon le chef du gouvernement, qui, avant de débattre de ces dispositions dans le détail, entend solliciter la confiance sur le diagnostic: "Y a-t-il ou pas urgence nationale à rééquilibrer nos comptes publics et à échapper, parce que c'est encore possible, à la malédiction du surendettement?", a-t-il posé lundi.

La date retenue, le 8 septembre, précède de deux jours l'appel, lancé sur les réseaux sociaux et les messageries, à bloquer la France. Un appel soutenu par la gauche, de LFI au PS.

Les syndicats rejettent aussi les mesures du plan gouvernemental, qui comprennent aussi une année blanche fiscale et le gel des prestations sociales. Ils s'opposent également au projet d'une nouvelle réforme de l'assurance-chômage, et ont reçu très frileusement la proposition de la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet de permettre la monétisation de la cinquième semaine de congés payés.

Si elles demeurent circonspectes face aux appels du 10 septembre, les organisations syndicales réfléchissent aux modes d'actions, avant une intersyndicale prévue dès ce vendredi. Certaines fédérations de la CGT et de Solidaires ont déjà prévu de se mobiliser le 10 septembre.

C'est dans ce contexte que François Bayrou interviendra mardi lors de l'évènement de rentrée de la CFDT, initialement prévu à la Bourse du Travail à Paris et finalement déplacé à Boissy-la-Rivière (Essonne).

Le Premier ministre a fait du dialogue social un mantra de son bail à Matignon. Mais le "conclave" convoqué pour revisiter la réforme des retraites de 2023 s'est achevé sur un échec.

M. Bayrou doit ensuite s'exprimer jeudi lors de l'évènement de rentrée du Medef. Il est attendu vendredi à la Foire de Châlons.


L'ambassadeur américain en France convoqué après des critiques sur la lutte contre l'antisémitisme

L'ambassadeur américain en France Charles Kushner va être convoqué lundi au ministère des Affaires étrangères après des critiques qui ont provoqué la colère de Paris sur "l'absence d'action suffisante" du président Emmanuel Macron contre l'antisémitisme. (AFP)
L'ambassadeur américain en France Charles Kushner va être convoqué lundi au ministère des Affaires étrangères après des critiques qui ont provoqué la colère de Paris sur "l'absence d'action suffisante" du président Emmanuel Macron contre l'antisémitisme. (AFP)
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  • Dans une lettre adressée au chef de l'Etat obtenue dimanche par l'AFP, l'ambassadeur exprime "sa profonde inquiétude face à la flambée de l'antisémitisme en France et à l'absence d'action suffisante de (son) gouvernement pour le combattre"
  • Les critiques du diplomate américain, qui a récemment pris ses fonctions à Paris, interviennent quelques jours après une violente charge de Benjamin Netanyahu contre le président français

PARIS: L'ambassadeur américain en France Charles Kushner va être convoqué lundi au ministère des Affaires étrangères après des critiques qui ont provoqué la colère de Paris sur "l'absence d'action suffisante" du président Emmanuel Macron contre l'antisémitisme.

Dans une lettre adressée au chef de l'Etat obtenue dimanche par l'AFP, l'ambassadeur exprime "sa profonde inquiétude face à la flambée de l'antisémitisme en France et à l'absence d'action suffisante de (son) gouvernement pour le combattre", rejoignant les critiques du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Des accusations "inacceptables", selon le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, qui les "réfute fermement": "Elles vont à l'encontre du droit international, en particulier du devoir de ne pas s'immiscer dans les affaires intérieures des Etats (...). Elles ne sont par ailleurs pas à la hauteur de la qualité du lien transatlantique entre la France et les Etats-Unis et de la confiance qui doit en résulter entre alliés".

Il a précisé que "l'ambassadeur Kushner sera convoqué au quai d'Orsay ce lundi 25 août", une mesure rarissime entre alliés.

Les critiques du diplomate américain, qui a récemment pris ses fonctions à Paris, interviennent quelques jours après une violente charge de Benjamin Netanyahu contre le président français qu'il accuse "d'alimenter le feu antisémite" en appelant à la reconnaissance internationale de l’État de Palestine".

Une analyse "erronée, abjecte et (qui) ne demeurera pas sans réponse", avait déjà répliqué la présidence française.

"Plus possible de tergiverser" 

Dans sa lettre, datée du lundi 25 août, l'ambassadeur américain reprend l'argumentaire de M. Netanyahu.

"Des déclarations qui vilipendent Israël et des gestes en reconnaissance d'un État palestinien encouragent les extrémistes, fomentent la violence et mettent en péril la judéité en France", estime M. Kushner, père du gendre de Donald Trump, Jared Kushner.

"Aujourd'hui, ce n’est plus possible de tergiverser: l'antisionisme, c'est l'antisémitisme, point", estime-t-il.

Selon l'ambassadeur, "il ne se passe pas un jour en France sans que des Juifs soient agressés dans les rues, des synagogues et des écoles dégradées, et des entreprises appartenant à des Juifs vandalisées. Le ministère de l'Intérieur de votre propre gouvernement constate que des écoles maternelles ont été ciblées par des dégradations antisémites".

Les actes antisémites sont en nette progression en France depuis le 7 octobre 2023, date des attaques sans précédent du Hamas contre Israël et du déclenchement de la guerre à Gaza.

Le contexte est  particulièrement délicat puisque vit en France la plus grande communauté juive d'Europe occidentale, avec environ 500.000 personnes, en même temps qu'une très importante communauté arabo-musulmane, très sensible au sort des Palestiniens de Gaza.

Le week-end a été marqué par l'inculpation pour "discrimination fondée sur l'origine, l'ethnie ou la nationalité" du gérant d'un parc de loisirs du sud de la France qui avait refusé à un groupe de 150 jeunes Israéliens. Il a invoqué des raisons de "sécurité", selon le parquet.

Le représentant des États-Unis en France s'indigne également que "presque la moitié de jeunes Français disent ne jamais avoir entendu parler de la Shoah".

Vantant les actions du président Trump en la matière et la capacité à "combattre l'antisémitisme, tant que nos dirigeants ont la volonté d'agir", l'ambassadeur américain en France exhorte le président français "à agir avec résolution".

"La montée des actes antisémites en France depuis le 7 octobre 2023 est une réalité que nous déplorons et sur laquelle les autorités françaises font preuve d'une mobilisation totale, tant ces actes sont intolérables", a réagi la diplomatie française.

Fin juillet, M. Macron a annoncé que la France allait reconnaître l'Etat de Palestine à l'Assemblée générale de l'ONU en septembre. Dans la foulée plus d'une dizaine de pays occidentaux parmi lesquels le Canada, ainsi que l'Australie, ont appelé d'autre pays du monde à faire de même.

L'Assemblée générale de l'ONU prévue en septembre prend fin précisément le 23, jour de la nouvelle année juive et date avant laquelle Benjamin Netanyahu appelle Emmanuel Macron "à remplacer la faiblesse par l'action, l'apaisement par la volonté" dans la lutte contre l'antisémitisme.


Bayrou entre dans le dur face aux risques de censure et de blocages

Sans attendre, plusieurs unions départementales et fédérations de la CGT et de Solidaires -SUD Rail et Sud Industrie-- ont prévu de se mobiliser le 10 septembre. (AFP)
Sans attendre, plusieurs unions départementales et fédérations de la CGT et de Solidaires -SUD Rail et Sud Industrie-- ont prévu de se mobiliser le 10 septembre. (AFP)
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  • M. Bayrou s'exprimera lundi à 16h00 depuis des locaux gouvernementaux de l'avenue de Ségur (7e arrondissement de Paris) où il a déjà tenu deux conférence de presse consacrées au budget, en avril et le 15 juillet
  • Il doit aussi affronter des appels à bloquer le pays le 10 septembre, nés sur les réseaux sociaux et les messageries, et soutenus par la France insoumise (LFI) de Jean-Luc Mélenchon, qui a dit espérer "la grève générale"

PARIS: François Bayrou sera-t-il censuré sur son projet de budget à 44 milliards d'euros d'économies ? La grande explication de rentrée débute lundi par une conférence de presse du Premier ministre, sur fond d'appels à bloquer la France le 10 septembre.

M. Bayrou s'exprimera lundi à 16h00 depuis des locaux gouvernementaux de l'avenue de Ségur (7e arrondissement de Paris) où il a déjà tenu deux conférence de presse consacrées au budget, en avril et le 15 juillet.

Depuis cette date, et l'annonce de 43,8 milliards d'euros d'économies via de nombreuses mesures --année blanche fiscale, gel des pensions et prestations sociales, suppression de deux jours fériés à laquelle s'opposent 84% des Français selon un sondage Odoxa pour Le Parisien--, le Premier ministre fait face à une menace de censure brandie par la gauche et le Rassemblement national.

Il doit aussi affronter des appels à bloquer le pays le 10 septembre, nés sur les réseaux sociaux et les messageries, et soutenus par la France insoumise (LFI) de Jean-Luc Mélenchon, qui a dit espérer "la grève générale".

Les écologistes et les communistes soutiennent également cet appel, que le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure a dit vouloir "accompagner".

Circonspects face à ce mouvement "nébuleux" (Sophie Binet, CGT), qui évoque la crise des "gilets jaunes", les syndicats de salariés, opposés au budget Bayrou comme au projet gouvernemental de réformer à nouveau l'assurance-chômage, réfléchissent à leurs moyens d'action, avant une intersyndicale prévue le 1er septembre.

Sans attendre, plusieurs unions départementales et fédérations de la CGT et de Solidaires -SUD Rail et Sud Industrie-- ont prévu de se mobiliser le 10 septembre.

"Tout le monde a le droit de protester, mais je ne crois pas que, devant une telle crise, la réponse des Français puisse être de bloquer le pays", a jugé M. Bayrou dans des propos rapportés par la Tribune Dimanche.

Après l'expérience de Michel Barnier, Premier ministre renversé au bout de trois mois, François Bayrou "ne veut pas subir la rentrée". "Il ne va pas attendre qu'on le censure comme ça. Sans essayer de trouver des voies, des chemins, de réaffirmer un certain nombre de choses", explique un proche du Premier ministre.

"Prise de conscience"

Si les quelque 44 milliards d'économies sont "intangibles", "les mesures peuvent toutes être discutées. J'ai dit que j'étais prêt à entendre d'autres propositions; sur les jours fériés, par exemple, peut-être d'autres dates sont-elles possibles. Mais la seule chose pour moi qui n'est pas possible, c'est qu'on renonce à la prise de conscience et à la volonté de sortir du piège infernal dans lequel nous sommes, celui du surendettement", a récemment insisté M. Bayrou auprès de l'AFP.

Le Premier ministre, qui a été reçu par Emmanuel Macron jeudi à Brégançon (Var), est notamment attendu sur les contours de la "contribution des plus fortunés" évoquée le 15 juillet.

Il est "prêt à bouger" sur le sujet, assure un de ses soutiens, alors que des membres du MoDem rappellent leur opposition à la suppression de l'ISF en 2017.

Suffisant pour s'entendre avec le PS ? "En l'état, rien ne va et c'est la censure assurée", a réaffirmé dimanche le député Arthur Delaporte, ajoutant que les socialistes présenteraient des "propositions alternatives" dans les "prochains jours".

François Bayrou s'exprimera mardi à l'évènement de rentrée de la CFDT, puis jeudi à celui du Medef. Il doit se rendre vendredi à la Foire de Châlons-en-Champagne (Marne).

Avant la reprise des travaux parlementaires prévue le 22 septembre, les rentrées politiques se poursuivent cette semaine. Après les écologistes, communistes et LFI ce weekend, le PS réunit ses troupes de jeudi à samedi à Blois. De nombreuses personnalités --Édouard Philippe, Bernard Cazeneuve, Bruno Retailleau...-- s'exprimeront lors de l'Université d'été du Laboratoire de la République présidé par l'ancien ministre Jean-Michel Blanquer.

Gérald Darmanin organise sa rentrée le weekend prochain, de même qu’Éric Ciotti, Laurent Wauquiez, David Lisnard, les centristes de l'UDI ou encore le parti Reconquête d’Éric Zemmour.

Les Républicains et leur nouveau président, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, se réuniront les 6 et 7 septembre. En attendant, la ministre Rachida Dati a confirmé sa candidature pour l'élection législative partielle à Paris (21 septembre), alors que le parti a investi Michel Barnier.