La victoire de Retailleau met le curseur à droite pour 2027 dans la coalition présidentielle

Le ministre français de l'intérieur et candidat à l'élection présidentielle de 2025 du parti de droite Les Républicains (LR) Bruno Retailleau prononce un discours lors de sa dernière réunion publique avant l'élection à la présidence du parti à Nîmes, dans le sud-est de la France, le 16 mai 2025. (AFP)
Le ministre français de l'intérieur et candidat à l'élection présidentielle de 2025 du parti de droite Les Républicains (LR) Bruno Retailleau prononce un discours lors de sa dernière réunion publique avant l'élection à la présidence du parti à Nîmes, dans le sud-est de la France, le 16 mai 2025. (AFP)
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Publié le Mardi 20 mai 2025

La victoire de Retailleau met le curseur à droite pour 2027 dans la coalition présidentielle

  • La large victoire de Bruno Retailleau à la tête de LR a mis le curseur à droite pour 2027 au sein de la coalition gouvernementale

PARIS: La large victoire de Bruno Retailleau à la tête de LR a mis le curseur à droite pour 2027 au sein de la coalition gouvernementale, ouvrant une compétition avec le favori des sondages, l'ex-Premier ministre Edouard Philippe.

"Je serai le premier artisan de notre victoire, je l'espère bien, en 2027": au lendemain de son triomphe avec 74,3% des voix face à son rival Laurent Wauquiez, Bruno Retailleau dissimule de moins en moins ses ambitions élyséennes, admettant sur CNews/Europe 1 qu'il était "difficile d'imaginer" qu'il ne songe pas à l'élection présidentielle.

Un succès très net qui le conforte dans sa décision de continuer de tirer profit de l'exposition médiatique dont il bénéficie au ministère de l'Intérieur, tout en prenant les rênes d'un parti qu'il veut doter d'un projet qui ne "sera pas de l'eau tiède, pas de la rustine, mais une rupture".

Le ministre et ancien sénateur de 64 ans lance aussi un avertissement à ses rivaux potentiels, affirmant n'avoir "pas fait tout ça pour ça pour qu'ensuite j'abdique et on se range sous telle ou telle couleur".

Un triomphe qu'a vite mitigé un autre postulant à droite pour 2027, Xavier Bertrand. "Ne faisons pas dire à ce scrutin ce qu'il n'a pas dit. Cette élection a permis de désigner le président du parti, pas notre candidat à l'élection présidentielle", a-t-il dit aux Echos.

En attendant, M. Retailleau a convoqué pour mardi un conseil stratégique du parti, instance qui réunit les ténors de LR. Il rendra ensuite visite aux sénateurs LR dans la matinée, selon une source du groupe à la chambre haute. Laurent Wauquiez l'a pour sa part invité à la réunion de groupe des députés qu'il préside.

Avec sa victoire, se pose désormais la question d'une candidature commune de l'actuelle coalition gouvernementale (LR et les macronistes).

Et la barre est mise à droite comme l'atteste le discours samedi d'Edouard Philippe, le favori des sondages, qui a tenu un discours très ferme sur les questions régaliennes pendant que les adhérents LR choisissaient leur président.

"Etes-vous prêts à construire avec nous la grande force politique, le bloc républicain et démocrate, qui respectera les identités de chacun mais se rassemblera sur l'essentiel ?", a lancé à ses alliés potentiels le premier chef de gouvernement d'Emmanuel Macron, qui se revendique homme de droite.

- "Pas d'en même temps"

Bruno Retailleau lui a répondu en mettant en avant ses divergences : "J'ai du respect, de l'estime (pour lui), mais il conçoit son espace politique de la gauche à la droite et moi je crois que cet +en même temps+ conduit à l'immobilisme", a-t-il affirmé.

Dans l'entourage du ministre de l'Intérieur, on ne cache pas les intentions de doubler l'ancien Premier ministre.

"Edouard Philippe est le favori des sondages, mais c'est fragile. Il n'est pas exclu que dans un an, on soit devant", confie à l'AFP cette source qui compte sur les tensions avec l'aile gauche de la macronie pour que Bruno Retailleau parvienne à s'imposer comme présidentiable à droite.

"Parmi ceux qui nous ont le plus aidés dans cette campagne, il y a Prisca Thévenot!", se félicite l'entourage du patron de LR à propos de la porte-parole du groupe parlementaire Ensemble pour la République (EPR), qui s'en est pris la semaine dernière au ministre pour avoir affirmé qu'il "n'était toujours pas macroniste".

Un des soutiens de Gabriel Attal compte d'ailleurs sur Bruno Retailleau pour qu'il "cannibalise" l'électorat de droite d'Edouard Philippe, laissant ainsi de l'espace au centre pour son candidat potentiel.

Au cours de la campagne interne pour la présidence du parti, Bruno Retailleau s'est déclaré partisan d'une primaire interne pour désigner le candidat LR à l'Elysée, limitant le vote aux adhérents du parti.

Le ministre de l'Intérieur, qui présentera mercredi en Conseil de défense un rapport sur les Frères musulmans, estime avoir redonné suffisamment de vigueur à un parti qui a accumulé ces dernières années les déconvenues électorales et ne compte que 48 élus à l'Assemblée.

Mais certains de ses soutiens souhaitent élargir la base électorale, à l'image de David Lisnard, le président de l'Association des maires de France (AMF), qui plaide pour une primaire ouverte et qui a réitéré lundi son intention d'y participer.

Un avis partagé sur Franceinfo par un autre soutien de Bruno Retailleau, le député Philippe Juvin qui plaide pour un candidat unique du "bloc central", mais sans inclure l'extrême droite.

"Si dans le bloc central il y a plus d'un candidat, soit ce sera M. Bardella ou Mme Le Pen, soit ce sera M. Mélenchon" qui l'emportera, a-t-il prévenu.


Paris «déterminé» à reconnaître un Etat de Palestine 

Paris est déterminé à reconnaître un Etat de Palestine, a souligné mardi le chef de la diplomatie française, répétant que c'était dans l'intérêt des Palestiniens et des Israéliens. (AFP)
Paris est déterminé à reconnaître un Etat de Palestine, a souligné mardi le chef de la diplomatie française, répétant que c'était dans l'intérêt des Palestiniens et des Israéliens. (AFP)
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  • "On ne peut pas laisser aux enfants de Gaza en héritage la violence et la haine. Donc il faut que tout cela cesse et c'est pourquoi nous sommes déterminés à reconnaître l'Etat de Palestine", a déclaré Jean-Noël Barrot sur France Inter
  • Le ministre français a martelé que la situation à Gaza était "insoutenable parce que la violence aveugle, le blocage de l'aide humanitaire par le gouvernement israélien ont fait de Gaza un mouroir, pour ne pas dire un cimetière"

PARIS: Paris est déterminé à reconnaître un Etat de Palestine, a souligné mardi le chef de la diplomatie française, répétant que c'était dans l'intérêt des Palestiniens et des Israéliens.

"On ne peut pas laisser aux enfants de Gaza en héritage la violence et la haine. Donc il faut que tout cela cesse et c'est pourquoi nous sommes déterminés à reconnaître l'Etat de Palestine", a déclaré Jean-Noël Barrot sur France Inter.

"Et j'y travaille activement parce que nous voulons ainsi contribuer à une solution politique dans l'intérêt des Palestiniens mais aussi de la sécurité d'Israël", a-t-il ajouté.

Cette reconnaissance devrait intervenir lors de la conférence internationale co-présidée par la France et l'Arabie saoudite pour relancer une solution pacifique au conflit israélo-palestinien dite "à deux Etats", qui se tiendra du 17 au 20 juin.

Le ministre français a martelé que la situation à Gaza était "insoutenable parce que la violence aveugle, le blocage de l'aide humanitaire par le gouvernement israélien ont fait de Gaza un mouroir, pour ne pas dire un cimetière".

"C'est une violation absolue de toutes les règles du droit international", a-t-il dénoncé. "Et c'est contraire à la sécurité d'Israël à laquelle la France est attachée parce que qui sème la violence récolte la violence", a-t-il encore réagi.

Il a une nouvelle fois demandé à Israël de laisser entrer une aide humanitaire "massive" et "sans aucune entrave".

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a autorisé une quantité limitée d'aide humanitaire après plus de deux mois et demi d'un blocus complet du petit territoire palestinien en proie à une situation humanitaire catastrophique.

Après avoir rappelé plusieurs dizaines de milliers de réservistes, Israël a lancé samedi une offensive élargie sur l'ensemble de la bande de Gaza, dans le but affiché d'anéantir le Hamas et de récupérer les otages enlevés au premier jour de la guerre, le 7 octobre 2023, lors de l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien.

 


Retailleau dénonce l'«entrisme» des Frères musulmans pour «faire basculer la société dans la charia»

Bruno Retailleau a dénoncé mardi la "menace" que pose l'"entrisme" des Frères musulmans dont le but est, selon le ministre de l'Intérieur, "de faire basculer toute la société française dans la charia". (AFP)
Bruno Retailleau a dénoncé mardi la "menace" que pose l'"entrisme" des Frères musulmans dont le but est, selon le ministre de l'Intérieur, "de faire basculer toute la société française dans la charia". (AFP)
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  • Ce rapport réalisé par deux fonctionnaires "indique qu'il y a une menace très claire vis-à-vis de la République, une menace sur la cohésion nationale et une menace vraiment de submersion", a affirmé le ministre à des journalistes
  • M. Retailleau s'est inquiété de la "forme très particulière qu'emploient les Frères musulmans" avec "un entrisme, un islamisme à bas bruit"

PARIS: Bruno Retailleau a dénoncé mardi la "menace" que pose l'"entrisme" des Frères musulmans dont le but est, selon le ministre de l'Intérieur, "de faire basculer toute la société française dans la charia".

"C'est un islamisme à bas bruit qui se répand en tentant d'infiltrer les associations sportives, culturelles, sociales ou autres", a affirmé M. Retailleau qui a annoncé la présentation mercredi, en Conseil de défense, d'un rapport sur le mouvement des Frères musulmans.

Ce rapport réalisé par deux fonctionnaires "indique qu'il y a une menace très claire vis-à-vis de la République, une menace sur la cohésion nationale et une menace vraiment de submersion", a affirmé le ministre à des journalistes.

M. Retailleau s'est inquiété de la "forme très particulière qu'emploient les Frères musulmans" avec "un entrisme, un islamisme à bas bruit".

"L'objectif ultime est de faire basculer toute la société française dans la charia", a affirmé le ministre selon qui "c'est inacceptable, puisque c'est parfaitement incompatible avec les principes de la République et les objectifs de la cohésion nationale".

En confirmant le 11 mai que ce rapport serait au cœur d'un Conseil de défense présidé par Emmanuel Macron ce mercredi, M. Retailleau avait précisé que le texte n'était pas publié parce que "classifié confidentiel défense" mais qu'une "version allégée" serait diffusée à une date encore à fixer.

"Ce rapport vient corroborer des faits réels et va nous permettre d'agir", a de son côté affirmé sur Europe 1 et CNews la porte-parole du gouvernement Sophie Primas, en parlant d'"une prise de conscience" face à "la réalité du danger". Elle réagissait à des extraits de ce rapport publiés par le Figaro mardi matin.

Le gouvernement avait confié en mai 2024 une mission à deux hauts fonctionnaires sur "l'islamisme politique et la mouvance des Frères musulmans", chargée de rendre un rapport à l'automne 2024.

 


Gaza: l'ex-Premier ministre français Villepin appelle à «isoler» Israël pour empêcher «une épuration ethnique»

L'ancien Premier ministre français Dominique de Villepin a appelé mardi les Occidentaux, qui sont "terrifiants d'impuissance", à "un isolement économique et stratégique" d'Israël pour s'opposer à l'objectif de "déportation" de la population de Gaza. (AFP)
L'ancien Premier ministre français Dominique de Villepin a appelé mardi les Occidentaux, qui sont "terrifiants d'impuissance", à "un isolement économique et stratégique" d'Israël pour s'opposer à l'objectif de "déportation" de la population de Gaza. (AFP)
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  • L'ancien Premier ministre français Dominique de Villepin a appelé mardi les Occidentaux, qui sont "terrifiants d'impuissance", à "un isolement économique et stratégique" d'Israël pour s'opposer à l'objectif de "déportation" de la population de Gaza
  • Dominique de Villepin s'en est vivement pris à l'action du président Emmanuel Macron

PARIS: L'ancien Premier ministre français Dominique de Villepin a appelé mardi les Occidentaux, qui sont "terrifiants d'impuissance", à "un isolement économique et stratégique" d'Israël pour s'opposer à l'objectif de "déportation" de la population de Gaza.

"Nous sommes devant un plan israélien (...). Après la réoccupation de Gaza, la deuxième étape sera la déportation. L'objectif politique de Benjamin Netanyahu et de son gouvernement, c'est la déportation de la population de Gaza, ce qui est la marque d'une épuration ethnique, d'un nettoyage territorial", a dénoncé Dominique de Villepin sur la radio Franceinfo.

"Les Européens le savent parfaitement et ils sont là avec des sabres de bois alors qu'il y a trois choses à faire immédiatement", a-t-il jugé.

D'abord, "suspendre immédiatement l'accord européen avec Israël. L'essentiel du commerce d'Israël se fait avec l'Europe. Deuxièmement, embargo sur les armes de tous les pays européens. Troisièmement, déferrement de l'ensemble du gouvernement israélien et des principales autorités militaires israéliennes devant la Cour pénale internationale (...) en écrivant collectivement à la Cour", a-t-il proposé.

"Si vous voulez arrêter ce qui est en cours aujourd'hui, il faut marquer vis-à-vis d'Israël qu'il y aura un avant et un après", a-t-il ajouté.

Dominique de Villepin s'en est vivement pris à l'action du président Emmanuel Macron.

"Quelle crédibilité peut-on avoir sur le dossier ukrainien quand nous ne sommes que capables de signer des communiqués? Je peux vous dire que Jacques Chirac aujourd'hui ne se contenterait pas de signer un communiqué avec le Canada et avec le Royaume-Uni", a martelé l'ancien ministre des Affaires étrangères.

Emmanuel Macron, le Premier ministre britannique Keir Starmer et celui du Canada Mark Carney ont prévenu lundi qu'ils ne resteraient "pas les bras croisés" face aux "actions scandaleuses" du gouvernement israélien de Benjamin Netanyahu à Gaza, menaçant de "mesures concrètes" s'il ne cesse pas son offensive militaire et ne débloque pas l'aide humanitaire.

"La lecture de ce communiqué est terrifiante d'impuissance. Que faut-il pour que les dirigeants européens, les dirigeants occidentaux, passent aux travaux pratiques?", s'est indigné Dominique de Villepin.