Offensive à Gaza : Netanyahu prêt à un «cessez-le-feu temporaire» pour libérer des otages

Un enfant palestinien se tient près du corps d'une personne tuée lors de frappes aériennes israéliennes, le 21 mai 2025, dans l'enceinte de l'hôpital arabe Al-Ahli de la ville de Gaza, également connu sous le nom d'hôpital baptiste. (AFP)
Un enfant palestinien se tient près du corps d'une personne tuée lors de frappes aériennes israéliennes, le 21 mai 2025, dans l'enceinte de l'hôpital arabe Al-Ahli de la ville de Gaza, également connu sous le nom d'hôpital baptiste. (AFP)
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Publié le Jeudi 22 mai 2025

Offensive à Gaza : Netanyahu prêt à un «cessez-le-feu temporaire» pour libérer des otages

  • Israël est prêt à accepter un "cessez-le-feu temporaire" permettant de libérer des otages
  • Réitérant son plan de prendre le contrôle de toute la bande de Gaza, il a concédé qu'Israël devait "éviter une crise humanitaire" pour garder sa liberté d'action

JERUSALEM: Israël est prêt à accepter un "cessez-le-feu temporaire" permettant de libérer des otages, a déclaré mercredi soir le Premier ministre Benjamin Netanyahu, tout en affirmant que l'armée contrôlerait "toute la bande de Gaza" à l'issue de l'offensive en cours dans le territoire palestinien.

Cette annonce, dans un contexte de pressions internationales accrues sur Israël pour sa conduite de la guerre à Gaza, est intervenue dans la foulée d'un tollé suscité mercredi par des tirs de "coups de semonce" de l'armée israélienne lors d'une visite de diplomates étrangers organisée par l'Autorité palestinienne à Jénine, en Cisjordanie occupée.

Au cours d'une conférence de presse mercredi soir à Jérusalem, M. Netanhayu n'a pas commenté l'incident déploré par l'UE, l'ONU, la Turquie, l'Uruguay et plusieurs pays européens. L'armée israélienne avait auparavant expliqué que la délégation internationale s'était "écartée de l'itinéraire approuvé" et que des soldats avaient "tiré des coups de semonce pour les éloigner".

Le Premier ministre a en revanche laissé entrevoir une possible pause dans l'offensive d'envergure lancée samedi dans le but affiché de libérer les otages et d'anéantir le Hamas.

"S'il y a une option de cessez-le-feu temporaire, pour libérer des otages, nous serons prêts", a-t-il déclaré, affirmant que 20 des 58 otages (dont un soldat tué en 2014) toujours à Gaza sont "en vie de façon certaine".

Réitérant son plan de prendre le contrôle de toute la bande de Gaza, il a concédé qu'Israël devait "éviter une crise humanitaire" pour garder sa liberté d'action.

100 nouveaux camions d'aide à Gaza 

En début de soirée, Israël a annoncé l'entrée mercredi à Gaza de 100 camions d'aide humanitaire de l'ONU, après 93 la veille et une dizaine lundi après plus de deux mois et demi de blocus total du territoire palestinien dévasté par la guerre.

"Cent camions appartenant à l'ONU et à la communauté internationale, transportant de l'aide humanitaire - notamment de la farine, de la nourriture pour bébés et du matériel médical - ont été transférés aujourd'hui (mercredi) vers la bande de Gaza par le point de passage de Kerem Shalom", a affirmé dans un communiqué le Cogat, un organisme du ministère de la Défense israélien.

Mais vers 16H00 GMT, "aucune des provisions" n'avait pu "quitter la zone de chargement de Kerem Shalom", où les marchandises doivent être transbordées, a déclaré Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l'ONU.

Mardi, le Royaume-Uni avait annoncé la suspension de ses négociations avec Israël sur un accord de libre-échange, et l'Union européenne a décidé un réexamen de son accord d'association avec Israël, soutenu par 17 Etats membres.

"Les pressions extérieures ne détourneront pas Israël de sa voie pour défendre son existence et sa sécurité", avaient réagi les Affaires étrangères israéliennes.

Et le ministère israélien avait jugé que le réexamen de l'accord d'association reflétait "une incompréhension totale de la réalité complexe à laquelle Israël" fait face et encourageait "le Hamas à rester sur ses positions".

L'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien du 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles.  251 personnes avaient été enlevées.

La campagne de représailles israéliennes a fait au moins 53.655 morts à Gaza, majoritairement des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

L'armée israélienne a intercepté mercredi une roquette tirée de la bande de Gaza, selon un communiqué militaire, après que des sirènes d'alerte aient retenti dans des zones du sud d'Israël.

Le ministère libanais de la Santé a pour sa part fait état de trois morts dans des frappes israéliennes sur le sud du pays, où Israël continue de cibler régulièrement le Hezbollah malgré un cessez-le-feu en vigueur depuis novembre.


Syrie: opération israélienne aéroportée près de Damas, selon un média d'Etat

Israël, qui mène régulièrement des frappes en Syrie, n'a pas confirmé cette opération mais son ministre de la Défense, Israël Katz, a affirmé jeudi que les forces israéliennes opéraient "jour et nuit" partout où cela était nécessaire pour la sécurité du pays. (AFP)
Israël, qui mène régulièrement des frappes en Syrie, n'a pas confirmé cette opération mais son ministre de la Défense, Israël Katz, a affirmé jeudi que les forces israéliennes opéraient "jour et nuit" partout où cela était nécessaire pour la sécurité du pays. (AFP)
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  • L'aviation israélienne avait frappé mardi ce site près de Kesweh, à une trentaine de km au sud de Damas, tuant six soldats syriens, selon le ministère syrien des Affaires étrangères
  • Mercredi, le site a été bombardé à nouveau, selon la télévision d'Etat, puis l'armée israélienne a "mené une opération aéroportée dont les détails ne sont pas encore connus", a rapporté l'agence de presse officielle Sana, citant une source gouvernementale

DAMAS: Un média d'Etat syrien a affirmé jeudi que l'armée israélienne avait mené mercredi soir une opération aéroportée dans un secteur au sud de Damas qu'elle avait auparavant bombardé.

Israël, qui mène régulièrement des frappes en Syrie, n'a pas confirmé cette opération mais son ministre de la Défense, Israël Katz, a affirmé jeudi que les forces israéliennes opéraient "jour et nuit" partout où cela était nécessaire pour la sécurité du pays.

Si ce raid est confirmé, il s'agirait de la première opération du genre près de la capitale depuis l'arrivée au pouvoir en décembre d'une coalition islamiste qui a renversé le président Bachar al-Assad.

L'aviation israélienne avait frappé mardi ce site près de Kesweh, à une trentaine de km au sud de Damas, tuant six soldats syriens, selon le ministère syrien des Affaires étrangères.

Mercredi, le site a été bombardé à nouveau, selon la télévision d'Etat, puis l'armée israélienne a "mené une opération aéroportée dont les détails ne sont pas encore connus", a rapporté l'agence de presse officielle Sana, citant une source gouvernementale.

Depuis décembre, Israël a mené des centaines de frappes sur la Syrie et des incursions terrestres dans le sud du pays.

Un responsable du ministère de la Défense avait indiqué mardi à l'AFP que le site visé par Israël abritait des bâtiments de l'armée syrienne.

Des soldats syriens avaient trouvé mardi des "dispositifs de surveillance et d'écoute" dans la zone avant les frappes israéliennes, selon Sana, qui ne précise pas qui les avait installés.

"Les frappes aériennes et les drones ont continué à empêcher l'accès à la zone jusqu'à mercredi soir", avant l'opération aéroportée, a indiqué la même source.

"D'après ce que nous comprenons, les forces syriennes ont découvert des dispositifs de surveillance et de renseignement, apparemment israéliens", a expliqué au bureau de l'AFP à Jérusalem l'analyste israélienne Carmit Valensi.

"Les forces israéliennes tentaient essentiellement de démanteler les dispositifs de renseignement qui avaient été installés, afin d'empêcher qu'ils ne tombent entre les mains de diverses forces syriennes", a-t-elle ajouté.

Le site abritait des armes utilisées par le Hezbollah libanais, soutenu par l'Iran et allié de M. Assad, selon selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), basé au Royaume-Uni mais disposant d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne n'a fait aucun commentaire sur les frappes.

"Nos forces opèrent sur tous les théâtres de guerre, jour et nuit, pour la sécurité d’Israël", a écrit jeudi M. Katz, sans plus de détails, sur son compte X.

Israël et la Syrie sont techniquement en état de guerre depuis des décennies, mais ont entamé un dialogue sous l'égide des Etats-Unis depuis la prise de pouvoir par le président par intérim  Ahmad al-Chareh, dans le but affiché de parvenir à des arrangements de sécurité.

 


Gaza: des experts de l'ONU dénoncent des «disparitions forcées» sur des sites d'aide

Des experts des droits de l'Homme de l'ONU ont qualifié de "crime odieux" jeudi des informations faisant état de "disparitions forcées" de Palestiniens affamés en quête de nourriture dans des sites de distribution gérés par la Fondation Humanitaire de Gaza. (AFP)
Des experts des droits de l'Homme de l'ONU ont qualifié de "crime odieux" jeudi des informations faisant état de "disparitions forcées" de Palestiniens affamés en quête de nourriture dans des sites de distribution gérés par la Fondation Humanitaire de Gaza. (AFP)
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  • Les sept experts indépendants ont assuré dans une déclaration commune avoir reçu des informations selon lesquelles plusieurs personnes, dont un enfant, avaient disparu après avoir visité des sites de distribution d'aide à Rafah
  • L'armée israélienne était "directement impliquée dans les disparitions forcées de personnes cherchant de l'aide", ont ajouté les experts, mandatés par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, mais qui ne parlent pas au nom des Nations Unies

GENEVE: Des experts des droits de l'Homme de l'ONU ont qualifié de "crime odieux" jeudi des informations faisant état de "disparitions forcées" de Palestiniens affamés en quête de nourriture dans des sites de distribution gérés par la Fondation Humanitaire de Gaza.

Les sept experts indépendants ont assuré dans une déclaration commune avoir reçu des informations selon lesquelles plusieurs personnes, dont un enfant, avaient disparu après avoir visité des sites de distribution d'aide à Rafah.

L'armée israélienne était "directement impliquée dans les disparitions forcées de personnes cherchant de l'aide", ont ajouté les experts, mandatés par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, mais qui ne parlent pas au nom des Nations Unies.

"Les signalements de disparitions forcées visant des civils affamés cherchant à exercer leur droit fondamental à se nourrir ne sont pas seulement choquants, mais équivalent à de la torture", ont-ils déclaré. "Utiliser la nourriture comme un outil pour mener des disparitions ciblées et massives doit cesser immédiatement", selon eux.

De son côté, la Fondation humanitaire de Gaza (GHF) a déclaré jeudi qu'il n'y avait "aucune preuve de disparitions forcées" dans ses sites d'aide dans les territoires palestiniens, après que des experts de l'ONU ont fait état d'informations sur de telles exactions.

"Nous opérons dans une zone de guerre où de graves allégations pèsent contre toutes les parties opérant en dehors de nos sites. Mais à l'intérieur des installations de la GHF, il n'y a aucune preuve de disparitions forcées", a déclaré la fondation dans un communiqué à l'AFP.

L'ONU a déclaré une famine dans le gouvernorat de Gaza la semaine dernière, accusant l'"obstruction systématique" des livraisons humanitaires par Israël. Israël, qui a accusé le Hamas de piller l'aide fournie par l'ONU, a imposé un blocus total sur Gaza entre mars et mai.

Une fois que les restrictions ont commencé à s'assouplir, la GHF, une organisation privée soutenue par Israël et les États-Unis, a été créée pour distribuer l'aide alimentaire, mettant de fait à l'écart les agences de l'ONU.

Le bureau des droits de l'Homme de l'ONU a déclaré la semaine dernière qu'il avait documenté la mort de 1.857 Palestiniens cherchant de l'aide depuis fin mai, dont 1.021 près des sites du GHF.


Liban: des formations palestiniennes remettent leurs armes à l'armée

Des formations palestiniennes ont remis jeudi à l'armée libanaise des armes lourdes qu'elles détenaient dans trois camps de réfugiés du sud du pays, ont annoncé les autorités libanaises et palestiniennes. (AFP)
Des formations palestiniennes ont remis jeudi à l'armée libanaise des armes lourdes qu'elles détenaient dans trois camps de réfugiés du sud du pays, ont annoncé les autorités libanaises et palestiniennes. (AFP)
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  • Le Liban accueille environ 222.000 réfugiés palestiniens, selon l'ONU, dont une majorité vit dans des camps. En vertu d'un accord tacite, les organisations palestiniennes contrôlent ces camps où l'armée libanaise ne pénètre pas
  • Dans un communiqué, le Comité de dialogue libano-palestinien (officiel) a annoncé jeudi que "huit camions" contenant "des armes lourdes appartenant aux factions de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) ont été remis à l'armée

TYR: Des formations palestiniennes ont remis jeudi à l'armée libanaise des armes lourdes qu'elles détenaient dans trois camps de réfugiés du sud du pays, ont annoncé les autorités libanaises et palestiniennes.

Lors d'une visite à Beyrouth en mai, le président palestinien Mahmoud Abbas avait conclu avec le président libanais Joseph Aoun un accord prévoyant la remise aux autorités de toutes les armes présentes dans les camps palestiniens.

L'application de cet accord a commencé le 21 août lorsque le Fatah de Mahmoud Abbas a remis des armes dans le camp de réfugiés de Bourj al-Barajneh, à la périphérie de Beyrouth.

Le Liban accueille environ 222.000 réfugiés palestiniens, selon l'ONU, dont une majorité vit dans des camps. En vertu d'un accord tacite, les organisations palestiniennes contrôlent ces camps où l'armée libanaise ne pénètre pas.

Dans un communiqué, le Comité de dialogue libano-palestinien (officiel) a annoncé jeudi que "huit camions" contenant "des armes lourdes appartenant aux factions de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) dans les camps de Rachidiyé, Bass et Bourj Chemali ont été remis à l'armée".

Un photographe de l'AFP a vu au moins sept camions dans une caserne de l'armée dans la ville côtière de Tyr, que jouxte le camp de Rachidiyé.

Le Fatah est la plus importante composante de l'OLP dont le Hamas islamiste ou le Jihad islamique, alliés du Hezbollah libanais, ne font pas partie.

Selon le communiqué, le processus va se poursuivre dans les autres camps palestiniens du Liban.

A Ramallah, en Cisjordanie occupée, le porte-parole de la présidence palestinienne, Nabil Abou Roudeina, a confirmé que "la deuxième partie d'armes de l'OLP" dans les trois camps avait été remise, conformément à l'accord.

La remise des armes des formations palestiniennes intervient dans le cadre de la décision des autorités libanaises de désarmer tous les groupes non étatiques.

Sous forte pression américaine, le gouvernement libanais a également chargé ce mois-ci l’armée d’élaborer un plan visant à désarmer le Hezbollah pro-iranien d’ici la fin de l’année.

Des factions armées palestiniennes, dont le Hamas, ont revendiqué des tirs sur le territoire israélien au cours de la guerre entre Israël et le Hezbollah qui s'est terminée en novembre 2024.