ONU: Les actions d'Israël «comprennent des éléments des crimes les plus graves au regard du droit international»

Des Palestiniens transportent des sacs remplis de nourriture et d'aide humanitaire fournis par la Fondation humanitaire de Gaza, une organisation soutenue par les États-Unis et approuvée par Israël, à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, mardi. (AP)
Des Palestiniens transportent des sacs remplis de nourriture et d'aide humanitaire fournis par la Fondation humanitaire de Gaza, une organisation soutenue par les États-Unis et approuvée par Israël, à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, mardi. (AP)
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Publié le Mercredi 04 juin 2025

ONU: Les actions d'Israël «comprennent des éléments des crimes les plus graves au regard du droit international»

  • Volker Turk : Les attaques meurtrières contre les civils qui tentent d'accéder à des "quantités dérisoires" d'aide alimentaire sont "inadmissibles"
  • Le système destiné à contourner le mécanisme de l'ONU "met en danger des vies et viole les normes internationales en matière de distribution de l'aide"

NEW YORK : Les actions d'Israël à Gaza "comprennent des éléments des crimes les plus graves en vertu du droit international", a averti mardi le chef des droits de l'homme de l'ONU.

"L'entrave délibérée à l'accès à la nourriture et à d'autres fournitures de secours vitales pour les civils peut constituer un crime de guerre", a déclaré Volker Turk.

"La menace de famine, associée à 20 mois de meurtres de civils et de destructions massives, de déplacements forcés répétés, de rhétorique intolérable et déshumanisante et de menaces des dirigeants israéliens de vider la bande de Gaza de sa population, constituent également des éléments des crimes les plus graves au regard du droit international."

Au cours des trois derniers jours, des dizaines de Palestiniens affamés ont été tués par des tirs israéliens alors qu'ils tentaient de se procurer de la nourriture à un point d'aide géré par la Fondation humanitaire de Gaza, une organisation controversée soutenue par les États-Unis.

Les attaques meurtrières contre des civils affolés qui tentaient d'accéder aux "quantités dérisoires" d'aide alimentaire à Gaza sont "inadmissibles", a déclaré M. Turk, qui a demandé qu'une enquête "rapide et impartiale" soit menée sur chacune de ces attaques et que les auteurs soient tenus de rendre compte de leurs actes.

"Les attaques dirigées contre des civils constituent une grave violation du droit international et un crime de guerre", a-t-il déclaré, ajoutant que les Palestiniens ont été placés devant "le choix le plus sinistre : mourir de faim ou risquer d'être tués en essayant d'accéder à la maigre nourriture mise à disposition par le mécanisme d'aide humanitaire militarisé d'Israël".

Ce système militarisé de distribution de l'aide, qui vise à contourner le mécanisme de l'ONU à Gaza, "met des vies en danger et viole les normes internationales en matière de distribution de l'aide", a-t-il ajouté.

M. Turk a rappelé qu'en 2024, la Cour internationale de justice "a ordonné à Israël de prendre toutes les mesures nécessaires et efficaces pour assurer sans délai, en pleine coopération avec les Nations unies, la fourniture sans entrave et à grande échelle, par toutes les parties concernées, des services de base et de l'aide humanitaire dont les Palestiniens ont un besoin urgent, notamment la nourriture, l'eau, l'électricité, le carburant, les abris, les vêtements, l'hygiène et l'assainissement, ainsi que les fournitures médicales et les soins médicaux dans l'ensemble de la bande de Gaza. Rien ne justifie le non-respect de ces obligations".

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


La reconnaissance d'un État palestinien serait « un mauvais signal », selon Berlin

Le ministre allemand des Affaires étrangères Johann Wadephul (à gauche) et le ministre israélien des Affaires étrangères Gideon Sa'ar discutent devant le Champ des stèles du Mémorial aux Juifs assassinés d'Europe à Berlin, le 5 juin 2025. (Photo : Odd ANDERSEN / AFP)
Le ministre allemand des Affaires étrangères Johann Wadephul (à gauche) et le ministre israélien des Affaires étrangères Gideon Sa'ar discutent devant le Champ des stèles du Mémorial aux Juifs assassinés d'Europe à Berlin, le 5 juin 2025. (Photo : Odd ANDERSEN / AFP)
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  • « Ce processus doit être mené à bien dans le cadre de négociations entre Israël et les Palestiniens avant que nous puissions reconnaître un État palestinien », a déclaré Johann Wadephul.
  • Plusieurs pays européens, comme l'Espagne, l'Irlande et la Norvège, ont déjà reconnu l'État palestinien.

BERLIN : Johann Wadephul a déclaré jeudi lors d'une conférence de presse à Berlin avec son homologue israélien Gideon Saar que reconnaître « actuellement » un État palestinien serait « un mauvais signal », prenant ainsi le contrepied d'un mouvement en ce sens de plusieurs pays européens.

« Ce processus doit être mené à bien dans le cadre de négociations entre Israël et les Palestiniens avant que nous puissions reconnaître un État palestinien », a déclaré Johann Wadephul lors d'une conférence de presse à Berlin avec son homologue israélien Gideon Saar.

Il a ajouté que l'Allemagne faisait également valoir cette position auprès de ses partenaires et amis européens.

Plusieurs pays européens, comme l'Espagne, l'Irlande et la Norvège, ont déjà reconnu l'État palestinien.

La France, le Royaume-Uni et le Canada ont récemment annoncé qu'ils envisageaient également de le faire, face à l'intensification de l'offensive israélienne à Gaza et au blocage de l'aide humanitaire. 

Fin mai à Singapour, le président français Emmanuel Macron a souligné qu'une telle reconnaissance constituait une « exigence politique », et non un « devoir moral ».

Israël fait face à une pression internationale croissante pour mettre fin à la guerre, déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.

Les images « choquantes » en provenance de Gaza montrent que l'aide humanitaire est « insuffisante », a déclaré M. Wadephul jeudi.

« C'est pourquoi j'ai réitéré aujourd'hui, lors de notre entretien, ma demande urgente d'autoriser l'acheminement de l'aide humanitaire à Gaza, conformément aux principes d'humanité, d'impartialité, de neutralité et d'indépendance, et sans restrictions », a-t-il déclaré. 

« Ce n'est pas seulement un impératif humanitaire, c'est aussi le droit international en vigueur », a-t-il insisté.

Il a également déploré la récente décision du gouvernement israélien d'autoriser la construction de 22 colonies en Cisjordanie.

« Même en tant qu'amis, nous ne pouvons fermer les yeux là-dessus. Et je dois dire que nous rejetons cette décision, car cette politique de colonisation est contraire au droit international », a-t-il ajouté.

De tels agissements réduisent les chances d'une « solution à deux États » défendue par l'Allemagne.

« Nous avons besoin du soutien de l'Allemagne aujourd'hui, en ces heures difficiles. Israël est confronté à une attaque militaire, juridique, diplomatique et économique », a estimé pour sa part M. Saar. 

Si l'Allemagne est l'un des soutiens les plus fidèles de l’État hébreu en raison de sa responsabilité dans la Shoah, le chancelier fédéral allemand, Frank-Walter Steinmeier, n'en a pas moins menacé il y a une semaine le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu de ne plus soutenir son pays face à la catastrophe humanitaire en cours dans les territoires palestiniens.

Jeudi, des dizaines de manifestants ont protesté devant le ministère des Affaires étrangères à l'occasion de la visite de M. Saar.

Brandissant des drapeaux palestiniens, ils ont scandé des slogans tels que « Pas de soutien aux crimes de guerre à Gaza » ou encore « Arrêtez les livraisons d'armes ».


Hausse des budgets de défense: l'OTAN « proche » d'un accord sur les exigences de Trump

Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte (à droite), et le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth, prononcent un discours avant une réunion des ministres de la Défense au siège de l'OTAN, à Bruxelles, le 5 juin 2025. (Photo de NICOLAS TUCAT / AFP)
Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte (à droite), et le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth, prononcent un discours avant une réunion des ministres de la Défense au siège de l'OTAN, à Bruxelles, le 5 juin 2025. (Photo de NICOLAS TUCAT / AFP)
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  • L'Otan est « très proche » d'un accord pour dépenser beaucoup plus pour sa sécurité, s'est félicité jeudi Pete Hegseth, le secrétaire américain à la Défense.
  • Le président américain Donald Trump exige des alliés européens et du Canada qu'ils s'engagent à consacrer au moins 5 % de leur produit intérieur brut (PIB) à leur défense, sous peine de ne plus garantir leur sécurité.

BRUXELLES : L'Otan est « très proche » d'un accord pour dépenser beaucoup plus pour sa sécurité, s'est félicité jeudi Pete Hegseth, le secrétaire américain à la Défense, venu en mission au siège de l'Alliance à Bruxelles pour convaincre ses alliés européens de ne plus dépendre des États-Unis.

« La raison pour laquelle je suis ici est de m'assurer que tous les pays de l'OTAN comprennent que (...) chaque pays doit contribuer à hauteur de 5 % », a martelé l'ancien journaliste de Fox News.

Le président américain Donald Trump exige des alliés européens et du Canada qu'ils s'engagent à consacrer au moins 5 % de leur produit intérieur brut (PIB) à leur défense, sous peine de ne plus garantir leur sécurité.

Et l'objectif semble en voie d'être atteint, a assuré M. Hegseth à quelques journalistes. 

« Nous pensons être très proches, tout proches même, d'un consensus sur un engagement de 5 % pour l'Otan lors du sommet de La Haye, les 24 et 25 juin », a-t-il déclaré après avoir rencontré ses homologues de l'Alliance à Bruxelles.

« De la France à l'Allemagne, en passant par les pays baltes, les pays nordiques, la Pologne, la Grèce, la Hongrie et bien d'autres encore, l'engagement est là : 5 % de dépenses de défense », a-t-il encore affirmé. Un engagement qu'il juge indispensable au moment où Washington réclame aux Européens qu'ils prennent leur sécurité en main.

« Notre 

message restera clair. Il s'agit de la dissuasion et de la paix par la force, mais pas de la dépendance. Il ne saurait être question de dépendre de l'Amérique dans un monde où les menaces sont nombreuses », a ainsi averti le ministre américain.

Inquiet d'un éventuel désengagement américain de leur continent, et face à la menace russe, les Européens se disent prêts à augmenter leurs dépenses militaires. Mais tous n'affichent pas la même volonté. 

« Il y a quelques pays qui ne sont pas encore tout à fait prêts. Je ne citerai aucun nom, nous ne le faisons pas entre amis dans cette salle. Nous les y amènerons », a assuré M. Hegseth sur ce point.

Plusieurs pays de l'OTAN, dont l'Espagne, la Belgique ou l'Italie, peinent déjà à atteindre l'objectif de 2 % fixé il y a plus de dix ans lors d'un précédent sommet de l'Alliance. Moins sensibles à la menace russe, ils rechignent à s'engager sur des pourcentages aussi élevés.

Jeudi, la ministre espagnole de la Défense, Margarita Robles, a toutefois assuré que Madrid n'opposerait pas de veto à cette hausse sans précédent, même si l'Espagne continue à s'opposer aux pourcentages réclamés par Donald Trump.

Pour assurer le succès du sommet de La Haye, le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, a certes proposé un chiffre global de 5 %, mais sous la forme d'une addition de deux types de dépenses.

Il suggère de porter le niveau des dépenses militaires stricto sensu à 3,5 % du PIB d'ici 2032, et dans le même temps, de porter à 1,5 % du PIB l'ensemble de celles liées à la sécurité au sens large, comme la protection des frontières, la mobilité militaire ou encore la cybersécurité.

Cet objectif semble plus facilement atteignable, car il concerne des dépenses duales, civiles et militaires, déjà engagées ou prévues par les États.

L'objectif de 3,5 % correspondrait, lui, au financement des capacités indispensables pour assurer la défense de l'OTAN au cours des prochaines années, alors que la Russie ne cesse de renforcer son armée. 

« Moscou prépare déjà son prochain coup », a averti mercredi l'ambassadeur américain à l'OTAN Matthew Whitaker, soulignant que les pays de l'OTAN n'avaient « pas le choix » face à ces menaces russes.

« Je suis vraiment, absolument, positivement convaincu que lors du sommet nous parviendrons à un accord concernant cette très forte augmentation des dépenses de défense », a d'ailleurs affirmé M. Rutte devant la presse.

Pete Hegseth, absent mercredi lors d'une réunion avec l'Ukraine, a quitté l'OTAN jeudi en fin de matinée, sans participer au déjeuner de travail prévu avec ses collègues de l'Alliance et son homologue ukrainien Roustem Oumerov.


Gaza: la BBC défend sa couverture après des critiques de la Maison Blanche

La BBC a défendu mercredi sa couverture à Gaza sur des tirs mortels dimanche près d'un centre de distribution d'aide humanitaire, après avoir été vivement critiquée par la Maison Blanche. (AFP)
La BBC a défendu mercredi sa couverture à Gaza sur des tirs mortels dimanche près d'un centre de distribution d'aide humanitaire, après avoir été vivement critiquée par la Maison Blanche. (AFP)
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  • La porte-parole de la Maison Blanche Karoline Leavitt a indiqué que Washington "étudiait l'authenticité" des informations faisant état de tirs mortels. "Contrairement à certains médias, nous ne prenons pas la parole du Hamas pour une vérité absolue"
  • La porte-parole a ensuite ciblé la BBC, affirmant que le géant de l'audiovisuel britannique avait "multiplié les titres" avec différents bilans sur le sujet, puis avait "dû corriger et retirer tout son article"

LONDRES: La BBC a défendu mercredi sa couverture à Gaza sur des tirs mortels dimanche près d'un centre de distribution d'aide humanitaire, après avoir été vivement critiquée par la Maison Blanche.

Selon les secours palestiniens, des tirs israéliens ont visé dimanche matin des personnes qui se dirigeaient vers un centre d'aide soutenu par les Etats-Unis dans le sud de la bande de Gaza, faisant 31 morts.

L'armée israélienne a nié être impliquée. Le secrétaire général de l'ONU a appelé à une enquête indépendante.

Interrogée mardi, la porte-parole de la Maison Blanche Karoline Leavitt a indiqué que Washington "étudiait l'authenticité" des informations faisant état de tirs mortels. "Contrairement à certains médias, nous ne prenons pas la parole du Hamas pour une vérité absolue", a-t-elle ajouté.

La porte-parole a ensuite ciblé la BBC, affirmant que le géant de l'audiovisuel britannique avait "multiplié les titres" avec différents bilans sur le sujet, puis avait "dû corriger et retirer tout son article".

La BBC a rejeté en bloc ces accusations. "L'affirmation selon laquelle la BBC a retiré un reportage (...) est totalement erronée", a indiqué le groupe dans un communiqué. "Nous n'avons supprimé aucun reportage et nous défendons" notre travail, a-t-il ajouté.

"Nos articles et nos titres sur l'incident du centre de distribution d'aide de dimanche ont été mis à jour tout au long de la journée avec les derniers chiffres des décès, tels qu'ils nous sont parvenus de différentes sources", a dit la BBC, expliquant avoir publié des bilans transmis par les secours, le ministère de la Santé du Hamas ainsi que par la Croix Rouge, qui a fait état d'"au moins 21" morts dans son hôpital de campagne.

C'est "une pratique tout à fait normale" pour un sujet d'actualité qui évolue rapidement, a souligné la BBC.

Le groupe a rappelé que les journalistes internationaux "ne sont pas actuellement autorisés à Gaza". "Nous serions heureux que la Maison Blanche soutienne notre appel pour un accès immédiat".

Mardi, 27 personnes ont été tuées près d'un centre de distribution d'aide humanitaire, quand des soldats israéliens ont ouvert le feu, selon les secours palestiniens. L'armée israélienne a indiqué avoir ouvert une enquête.

Les centres d'aide de la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), soutenue par les Etats-Unis et Israël, ont fermé temporairement mercredi, après cette série d'événements meurtriers. L'organisation a affirmé que cette fermeture était due à "des travaux de rénovation (et) de réorganisation".