BEYROUTH: Au moins huit frappes aériennes israéliennes ont visé jeudi soir la banlieue sud de Beyrouth, où l'armée israélienne a déclaré avoir visé des cibles appartenant à "l'unité aérienne" du Hezbollah pro-iranien après un appel à évacuer la zone.
C'est la quatrième fois qu'Israël cible la banlieue sud, bastion du Hezbollah, depuis le cessez-le-feu entre Israël et le mouvement islamiste entré en vigueur fin novembre. Il s'agit des frappes les plus violentes depuis lors.
Le président libanais Joseph Aoun a dénoncé une "violation flagrante" du cessez-le-feu et le Premier ministre Nawaf Salam a appelé la communauté internationale à "assumer ses responsabilités pour dissuader Israël de poursuivre ses attaques".
Le président du Parlement et allié du Hezbollah, Nabih Berri, a dit se joindre au président Aoun pour "condamner l’agression israélienne qui vise (..) tout le Liban".
Des panaches de fumée noire se dégageaient de la banlieue sud, d'après les images en direct diffusées par l'AFPTV, tandis que l'agence nationale d'information Ani a recensé près d'une dizaine de frappes, dont deux "très violentes".
Des journalistes de l'AFP dans la capitale ont entendu au moins deux fortes détonations.
Le colonel Avichay Adraee, porte-parole de l'armée israélienne pour le public arabophone, a déclaré sur X que l'armée israélienne "attaquait actuellement des cibles terroristes appartenant à l'unité aérienne du Hezbollah (Unité 127) dans la banlieue sud de Beyrouth".
Déplacement massif
Peu avant les frappes, les rues de la banlieue sud de Beyrouth étaient paralysées par d'importants embouteillages, selon un photographe de l'AFP, qui a fait état d'un déplacement massif de milliers d'habitants après des tirs en l'air de la part de certains habitants pour évacuer, ajoutant que le secteur avait été bouclé et presque entièrement vidé.
Violette, habitante de la banlieue sud, a dit à l'AFP être partie à la hâte avec ses enfants après "avoir reçu un appel d’un inconnu affirmant qu'il était de l'armée israélienne".
Ce mouvement de panique intervient la veille de l'Aïd al-Adha, la plus importante fête musulmane qui débute vendredi.
"Les frappes (..) ont ravivé la panique et la peur à la veille de l’Aïd al-Adha", a déclaré le bureau de la coordinatrice spéciale des Nations unies pour le Liban (UNSCOL) sur X.
Environ une heure avant les premières frappes, M. Adraee avait exhorté les habitants à évacuer un rayon d’au moins 300 mètres autour de quatre bâtiments situés dans les quartiers d’Al-Hadath, Haret Hreik et Bourj el-Barajneh, via un message publié sur X accompagné de cartes.
Il a également émis un appel à évacuer le village de Aïn Qana, situé dans le sud du Liban, à une vingtaine de kilomètres de la frontière israélienne, où, selon l'Ani, l'armée a ensuite frappé un bâtiment, qu'elle a présenté comme une installation du Hezbollah.
"Sites souterrain de drones"
Dans un communiqué séparé, l'armée israélienne avait annoncé qu'elle allait "bientôt mener une frappe sur des sites de production souterrains de drones qui ont été délibérément établis au cœur de la population civile" dans la banlieue sud de la capitale libanaise.
Elle a accusé le Hezbollah d'"oeuvrer à accroître la production de drones pour la prochaine guerre" et estimé que "ces activités constituent une violation flagrante des accords entre Israël et le Liban", en référence au cessez-le-feu.
Ce cessez-le-feu a mis fin à plus d'un an d'hostilités, dont deux mois de guerre ouverte avec le mouvement islamiste libanais, dont il est sorti très affaibli.
Le Hezbollah avait ouvert un front dès le 8 octobre 2023 en tirant des roquettes à partir du sud du Liban sur le nord d'Israël, "en soutien" au Hamas palestinien.
Selon les dispositions du cessez-le-feu, la formation pro-iranienne devait retirer ses forces et démanteler toute infrastructure militaire au sud du fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres de la frontière israélienne.
Peu avant ces frappes, le Premier ministre du Liban Nawaf Salam avait affirmé dans un discours télévisé que l'armée libanaise avait démantelé "plus de 500 positions militaires et dépôts d'armes" du Hezbollah dans le sud du pays depuis le 27 novembre.
Mais en dépit du cessez-le-feu, Israël s'est maintenu dans cinq points stratégiques à la frontière et continue de mener des frappes au Liban où il dit viser le Hezbollah.