L'administration américaine semble avoir décidé de faire pression en faveur d'un cessez-le-feu temporaire à Gaza, qui pourrait être annoncé lors de la visite du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche lundi. La question que tout le monde se pose est la suivante : sommes-nous face à la fin de cette terrible guerre de vengeance ou s'agira-t-il d'un nouveau cessez-le-feu de deux mois (ou moins) avant que le génocide ne reprenne ? Quels sont les scénarios pour l'avenir ?
Après 21 mois de guerre de représailles sous un prétexte illégal, un cessez-le-feu de 60 jours devrait bientôt commencer. Un cessez-le-feu peut atténuer les souffrances sans précédent du peuple palestinien, en particulier à Gaza, mais malheureusement il ne mettra pas fin à la guerre si la pression ne cesse de croître sur Israël pour qu'il mette immédiatement fin à sa guerre criminelle contre le peuple palestinien.
L'accord de cessez-le-feu de M. Netanyahou pourrait résulter d'une série de pressions exercées sur lui. Tout d'abord, de la part de l'armée israélienne, qui paie un prix quotidien en raison des actes de résistance constants contre les occupants. Les hauts gradés de l'armée ont ainsi clairement rejeté la poursuite d'une guerre sans but. D'autre part, les citoyens israéliens continuent de manifester quotidiennement pour exiger la fin de la guerre, car ils savent que c'est le seul moyen d'obtenir la libération des otages et un retour à la normale.
En outre, la pression internationale se fait de plus en plus forte. Les dirigeants mondiaux semblent avoir commencé tardivement à exercer une pression tangible sur Israël, comme nous l'avons vu avec l'UE qui envisage sérieusement des sanctions suite à la violation par Tel-Aviv des termes de l'accord de coopération entre les deux parties. L'article 2 de l'accord stipule qu'il peut être revu en cas de violation flagrante des droits de l'homme.
Mais la source de pression la plus importante sur M. Netanyahou est sans doute l'affaire de corruption dont il fait l'objet et qui devrait se terminer bientôt.
La plupart des experts juridiques s'attendent à ce que le premier ministre israélien soit condamné, ce qui entraînerait une peine d'emprisonnement. Ce point est important car, en tant que Premier ministre, il a la possibilité d'accepter un accord de plaidoyer qui pourrait lui permettre d'éviter la prison en échange d'un retrait total de la vie politique. Cette option pourrait être supprimée si les partis orthodoxes de sa coalition gouvernementale demandaient des élections anticipées, car les sondages montrent qu'il ne sera probablement pas en mesure de créer une autre coalition gagnante. Les élections doivent avoir lieu en 2026 dans tous les cas, de sorte qu'il n'a pas beaucoup de temps pour envisager un accord avant que la Cour ne rende sa décision finale.
On ne sait pas exactement comment le Hamas se comporterait si un parti palestinien, arabe ou international gouvernait la bande de Gaza.
Daoud Kuttab
Alors que la fin de la guerre pourrait faire partie de la décision de Netanyahou de réduire ses pertes et d'éviter la prison, la pression immédiate pourrait être exercée sur le Hamas et les autres factions de la résistance pour qu'ils décident de leur comportement dans les jours qui suivront la fin de la guerre. Leurs choix pourraient influencer la conclusion d'un accord pour mettre fin à la guerre, tôt ou tard.
La pression pour mettre fin à la guerre ne sera donc pas limitée à la partie israélienne. Le Hamas et le Djihad islamique sont soumis à des exigences israéliennes, américaines et internationales claires. Le Hamas devra non seulement décider de renoncer au contrôle de la bande de Gaza, mais aussi prendre une décision beaucoup plus difficile. Sera-t-il prêt à renoncer à ses armes ? Jusqu'à présent, il a refusé de le faire - sinon, nous aurions pu conclure un accord de cessez-le-feu bien plus tôt.
On ne sait pas exactement comment le Hamas se comporterait si un parti palestinien, arabe ou international se voyait accorder la capacité de gouverner la bande de Gaza. La grande question sera de savoir si un tel accord pour le scénario du lendemain peut être conclu alors que la résistance palestinienne reste armée. Qui accepterait de gouverner la bande de Gaza si le Hamas ne garantit pas qu'il n'utilisera pas sa puissance armée pour saboter la politique gouvernementale ?
La résistance s'engagera-t-elle à permettre la reconstruction sans s'engager dans des actions violentes contre l'organe dirigeant ou même contre Israël, qui ne manquerait pas de riposter et de relancer la guerre ? Même si le Hamas accepte le plan arabe d'un comité de gouvernement technocratique temporaire, comment la question de la possession d'armes par le Hamas et le Djihad islamique sera-t-elle résolue ?
Certains ont suggéré que la solution pourrait consister à placer les armes dans des entrepôts fermés. Mais la question la plus cruciale est de savoir si la résistance, en particulier le Hamas et le Jihad islamique, acceptera de passer d'une résistance violente à une résistance pacifique et non violente et de devenir des partis politiques plutôt que des factions armées de la résistance.
Il y a donc des questions auxquelles Israël doit répondre et d'autres auxquelles la résistance doit répondre. La question demeure : Quelles parties ont une influence sur les deux parties pour résoudre les problèmes qui empêchent de mettre fin à la guerre et d'entamer le processus ardu de reconstruction de Gaza, tout en travaillant avec diligence à la recherche d'une solution politique globale à la question palestinienne ?
Daoud Kuttab est un journaliste palestinien primé. Il est l'auteur de "State of Palestine NOW : Practical and Logical Arguments for the Best Way to Bring Peace to the Middle East" (disponible en anglais, en français, en allemand et en livre audio).
X : @daoudkuttab
NDLR: Les opinions exprimées par les auteurs dans cette section leur sont propres et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d'Arab News.