L'Etat demande 5,3 milliards d'euros d'économies en 2026 aux collectivités, qui s'en indignent

Le Premier ministre français François Bayrou prononce un discours pour dévoiler les principales orientations du budget 2026 de la France, un casse-tête financier et politique puisqu'il prévoit un resserrement important de 40 milliards d'économies, en plus de l'augmentation du budget militaire, à Paris le 15 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français François Bayrou prononce un discours pour dévoiler les principales orientations du budget 2026 de la France, un casse-tête financier et politique puisqu'il prévoit un resserrement important de 40 milliards d'économies, en plus de l'augmentation du budget militaire, à Paris le 15 juillet 2025. (AFP)
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Publié le Mercredi 16 juillet 2025

L'Etat demande 5,3 milliards d'euros d'économies en 2026 aux collectivités, qui s'en indignent

  • L'Etat va demander 5,3 milliards d'euros d'économies aux collectivités en 2026 pour contribuer au redressement des finances publiques, soit le double de leur participation en 2025
  • Les collectivités ont déjà lourdement été mises à contribution dans le budget 2025, qui leur demande 2,2 milliards d'économies

PARIS: L'Etat va demander 5,3 milliards d'euros d'économies aux collectivités en 2026 pour contribuer au redressement des finances publiques, soit le double de leur participation en 2025, a annoncé mardi François Bayrou, provoquant un tollé chez les représentants des institutions locales.

"Les collectivités prendront aussi leur part. Pour les années à venir, leurs dépenses ne doivent pas progresser plus vite que les ressources de la nation", a déclaré le Premier ministre lors de la présentation d'un plan de près de 44 milliards d'économies.

"La contribution qui sera demandée aux collectivités sera de 5,3 milliards d'euros. C'est 13% de l'effort global, soit moins que la part des collectivités dans la dépense publique, qui s'élève à 17%", a précisé dans la foulée le ministre de l'Aménagement du territoire François Rebsamen.

Les collectivités ont déjà lourdement été mises à contribution dans le budget 2025, qui leur demande 2,2 milliards d'économies, notamment via une ponction directe de leurs recettes fiscales à hauteur de 1 milliard d'euros.

Ce mécanisme de "lissage" des recettes sera reconduit en 2026, "à un niveau plus élevé", a complété François Rebsamen, sans préciser le montant. Il a simplement évoqué des "modalités de retour", à discuter avec les collectivités, ainsi qu'une nouvelle conférence financière "avant la fin de l'été".

Des économies "inacceptables pour l'ensemble des élus locaux", s'est insurgé auprès de l'AFP André Laignel, président du Comité des finances locales (CFL), qui défend les intérêts financiers des collectivités.

Si ces propositions étaient "maintenues, nous serions conduits à en appeler au Parlement pour refuser ce budget", a averti André Laignel, également premier vice-président délégué de l'Association des maires de France (AMF).

Il craint que la facture soit en réalité plus salée pour les collectivités. "A l'arrivée, leurs 5,3 milliards seront probablement 9 milliards. Il faut penser aux baisses de beaucoup de budgets qui concernent les territoires: les budgets de la culture, la ville, les sports, l'aménagement du territoire", a-t-il énuméré.

"5,3 milliards, c'est plus que les efforts que devra faire l'État dans ses dépenses de fonctionnement", évalués à 4,8 milliards d'euros, a relevé pour sa part Nicolas Lacroix, représentant l'Assemblée des départements de France à la présentation du Premier ministre.

- "Asphyxier les départements" -

"Nous nous opposons avec force à cette façon de faire peser sur les collectivités territoriales une part disproportionnée de l'effort", ont réagi les Régions de France, qui refusent d'être "la variable d'ajustement des équilibres budgétaires de la nation".

Sébastien Miossec, président délégué d'Intercommunalités de France, a regretté que les mesures imposées aux collectivités soient "sans commune mesure avec leurs poids dans la dépense et dans la dette publiques".

"On a bien compris qu'en doublant l'effort demandé aux collectivités, il faut s'attendre à être plus ponctionné, y compris pour les départements", a ajouté Nicolas Lacroix, également président LR du conseil départemental de la Haute-Marne.

L'élu s'interroge aussi sur l'impact de l'"année blanche" pour toutes les prestations sociales annoncée par François Bayrou, alors que les départements sont chargés notamment du versement du revenu de solidarité active (RSA) et de l'allocation personnalisée d'autonomie (APA).

"On est inquiets parce que finalement, on va continuer à asphyxier les départements", a-t-il déploré.

Le Premier ministre a également annoncé un "soutien exceptionnel de 300 millions d'euros" aux départements les plus en difficulté.

"C'est rien du tout, c'est à peu près le budget du département de la Haute-Marne", a balayé Nicolas Lacroix, précisant que l'Assemblée des départements de France réclamait un soutien de 600 millions d'euros.

François Rebsamen a de plus indiqué que le gel de l'évolution annuelle des recettes de la TVA affectées aux collectivités territoriales "sera poursuivie en 2026, mais pas de manière intégrale comme en 2025". Cette année, ce gel va peser 1,2 milliard d'euros sur les finances des territoires.

Le ministre a promis que la dotation globale de fonctionnement, principal concours financier de l'Etat aux collectivités, "ne sera pas abaissé en 2026". En revanche, "les mécanismes de soutien de l'État à l'investissement des collectivités seront réduits en 2026", sauf pour "la part consacrée aux territoires ruraux et aux quartiers prioritaires de la politique de la ville".


Quand l’IA remplace l’écoute humaine : ce que disent les experts

Les chercheurs observent que l’IA peut parfois tenir lieu de psychiatre ou de coach de vie, et qu’un lien de dépendance affective peut se nouer entre l’utilisateur et la machine. (AFP)
Les chercheurs observent que l’IA peut parfois tenir lieu de psychiatre ou de coach de vie, et qu’un lien de dépendance affective peut se nouer entre l’utilisateur et la machine. (AFP)
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  • Courrier du cœur pour certains, qui n’hésitent pas à lui confier leurs histoires affectives ; confidente pour d’autres ; déversoir de ressentiment qu’on ne parvient pas à exprimer ailleurs… l'IA est souvent perçue comme un confident idéal.
  • Cet usage intime n’est toutefois pas sans risque. Deux études récentes, menées par OpenAI et le Media Lab, mettent en garde contre un recours excessif à ces outils

PARIS: Plongée dans la rédaction de cet article, le téléphone sonne.
Au bout du fil, la voix d’une amie : « J’ai hésité entre t’appeler pour te demander ton avis ou interroger ChatGPT. »
Le hasard fait parfois bien les choses : je tâtonnais pour trouver un angle d’attaque, ce coup de fil me l’a offert.

L’IA, cette innovation technologique récente sur laquelle les avis sont très partagés, fait désormais partie de notre quotidien.
Obtenir un renseignement, vérifier une information, planifier des vacances… Il suffit de poser une question et, en un clic, les réponses s’affichent.

Mais au-delà de cet aspect pratique, l’IA s’invite de plus en plus dans la sphère personnelle et intime.
Courrier du cœur pour certains, qui n’hésitent pas à lui confier leurs histoires affectives ; confidente pour d’autres ; déversoir de ressentiment qu’on ne parvient pas à exprimer ailleurs… elle est souvent perçue comme un confident idéal.

Cet usage intime n’est toutefois pas sans risque. Deux études récentes, menées par OpenAI et le Media Lab, mettent en garde contre un recours excessif à ces outils.
Les chercheurs observent que l’IA peut parfois tenir lieu de psychiatre ou de coach de vie, et qu’un lien de dépendance affective peut se nouer entre l’utilisateur et la machine.

Les résultats sont sans ambiguïté :« Dans l’ensemble, une utilisation quotidienne plus élevée, tous types de conversations confondus, est corrélée à une plus grande solitude, à une dépendance accrue, à une utilisation problématique, ainsi qu’à une socialisation réduite », soulignent les auteurs.

Ces conclusions rejoignent de nombreux témoignages recueillis depuis la généralisation de ChatGPT en 2022. Certains utilisateurs le décrivent comme un psychologue, un partenaire amoureux ou même un personnage fictif avec qui ils peuvent tout partager, sans crainte d’être jugés.

Les exemples abondent. En janvier dernier, une Américaine de 28 ans affirmait être amoureuse de ChatGPT, qu’elle qualifiait de « petit ami ».
Cela peut prêter à sourire, mais ce type de lien souligne aussi des dérives potentiellement graves.

Plus dramatique : une mère américaine a porté plainte contre Character.AI après le suicide de son fils de 14 ans, devenu accro à l’outil, qu’il considérait comme un ami et psychologue. D’autres incidents similaires ont été relayés dans les médias à travers le monde.

Face à ces histoires, certains seraient tentés de condamner l’IA sans nuance : elle rendrait les gens « fous », ou remplacerait dangereusement les relations humaines.
Mais la réalité est plus complexe.

Interrogé par Arabnews en français, le psychiatre hospitalier Emmanuel Le Guen se veut ni surpris, ni alarmiste :« Nous sommes presque tous dépendants de nos téléphones portables, et cela ne choque plus personne. L’IA, en tant qu’innovation récente, peut, en raison de ses caractéristiques, favoriser une forme de dépendance. »

Selon lui, ces outils sont conçus pour être bienveillants, dotés d’une grande capacité d’écoute et exempts de jugement: « Pour les personnes qui peinent à créer du lien social, l’IA peut les aider à mieux comprendre leurs problèmes, en les reformulant de façon claire et objective, et en y apportant des conseils. »

Mais il souligne aussi une limite essentielle : contrairement à un thérapeute humain, l’IA ne peut pas prendre en compte le contexte émotionnel ou familial. « C’est là que réside sa principale faiblesse : une écoute qui paraît empathique, mais qui reste fondamentalement décontextualisée. »

Le Guen reconnaît qu’il est difficile d’établir un profil type des personnes susceptibles de tomber dans cette dépendance.
Il évoque toutefois certains facteurs de vulnérabilité: « Ce sont souvent des individus solitaires, fragiles, en manque de sécurité, qui cherchent à se protéger du regard des autres. »

Dans certains cas, ajoute-t-il, le recours à l’IA peut avoir une fonction bénéfique : « Si l’IA aide quelqu’un à reprendre confiance en lui, sans passer par un thérapeute, pourquoi pas ? Cela signifie que sa situation ne nécessitait pas forcément un suivi médical. »

En revanche, le problème surgit lorsque cette dépendance renforce l’isolement, au lieu de le réduire.

Ces réflexions s’inscrivent dans un contexte plus large : celui d’une véritable épidémie de solitude.
Selon une étude Ifop, 17 % des Français déclaraient souffrir de solitude chronique en 2022, contre 13 % en 2018 — une tendance exacerbée par la pandémie de Covid-19.

Dans ce contexte, l’IA, disponible 24h/24, patiente et sans jugement, semble offrir une solution idéale : combler le vide relationnel, voire pallier la difficulté d’accès aux professionnels de santé mentale.

Mais faut-il vraiment s’en réjouir ?
La tentation est grande de préférer une relation virtuelle docile et sans conflit, à la complexité – et parfois à la richesse – des relations humaines.
On y perçoit aussi une forme de narcissisme : une IA à notre image, qui ne nous contredit pas, ne nous confronte pas à nos limites, et nous renvoie une version idéalisée de nous-mêmes.

La dépendance affective à l’intelligence artificielle révèle ainsi une tension contemporaine : celle d’un désir profond d’écoute et de compréhension, qui risque paradoxalement de creuser davantage l’isolement.

Comme le conclut Emmanuel Le Guen :« Si l’IA peut aider certains à aller mieux, tant mieux. Mais il faut rester vigilant pour qu’elle ne devienne pas un outil qui nous empêche d’aller vers l’autre. »


Le plan budgétaire de Bayrou a le "mérite de chercher des solutions" mais doit "être corrigé et amélioré", selon Wauquiez

Le président du groupe parlementaire de la Droite Républicaine, Laurent Wauquiez, s'exprime lors d'une conférence de presse sur les propositions de budget 2026 du Premier ministre à l'Assemblée nationale à Paris, le 16 juillet 2025. (AFP)
Le président du groupe parlementaire de la Droite Républicaine, Laurent Wauquiez, s'exprime lors d'une conférence de presse sur les propositions de budget 2026 du Premier ministre à l'Assemblée nationale à Paris, le 16 juillet 2025. (AFP)
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  • Le plan budgétaire de François Bayrou pour 2026 a "le mérite de chercher des solutions" mais doit être "corrigé et amélioré", a déclaré mercredi lors d'une conférence de presse le patron des députés LR Laurent Wauquiez
  • Laurent Wauquiez a salué les économies annoncées sur "la question des agences et des opérateurs de l'État", "la lutte contre les arrêts de travail abusifs" et la mise en place d'une "aide sociale unifiée"

PARIS: Le plan budgétaire de François Bayrou pour 2026 a "le mérite de chercher des solutions" mais doit être "corrigé et amélioré", a déclaré mercredi lors d'une conférence de presse le patron des députés LR Laurent Wauquiez.

Au lendemain des annonces d'économies drastiques de 43,8 milliards d'euros du Premier ministre, le député de Haute-Loire a dénoncé "la somme des réactions irresponsables de tous ceux qui rejettent tout en bloc", visant notamment LFI et RN qui ont appelé à la censure du gouvernement. Au vu de la gravité de la situation budgétaire, il faut plus que jamais être "capable de travailler ensemble au-delà des différences politiques", a-t-il martelé.

Laurent Wauquiez a salué les économies annoncées sur "la question des agences et des opérateurs de l'État", "la lutte contre les arrêts de travail abusifs" et la mise en place d'une "aide sociale unifiée".

Mais le plan du Premier ministre "recourt de façon importante à des augmentations d'impôts" et "pèse fortement sur la France qui travaille", a-t-il déploré, souhaitant porter "l'effort maximal sur la baisse de la dépense".

Il demande d'abord "un plan de lutte contre l'assistanat" en plafonnant à "70% du Smic" la future allocation sociale unique, en limitant à "deux ans" le RSA et appelle à une véritable "lutte contre la fraude et les abus" avant l'adoption du budget.

Le député souhaite également "s'attaquer aux dépenses indues liées à l'immigration" : supprimer les "titres de séjour pour soins", restreindre "drastiquement l'Aide médicale d'urgence" et exige un délai minimal de résidence en France "avant de pouvoir percevoir les aides sociales".

Enfin, "on peut aller plus loin sur la limitation des dépenses et le train de vie de l'État".

Quant à la mesure hautement inflammable de supprimer deux jours fériés, cette question "fait partie pour nous des points qui sont sur la table". "Mais les jours fériés, sans rien contre l'assistanat, c'est pas possible", a-t-il relevé.


Le chef de l'IATA appelle l'UE à « réévaluer » ses objectifs de décarbonation

Cette photo prise le 6 décembre 2023 montre un panneau avec le logo de l'Association internationale du transport aérien (IATA) lors de la Journée mondiale des médias de l'IATA à Genève. (Photo de Fabrice COFFRINI / AFP)
Cette photo prise le 6 décembre 2023 montre un panneau avec le logo de l'Association internationale du transport aérien (IATA) lors de la Journée mondiale des médias de l'IATA à Genève. (Photo de Fabrice COFFRINI / AFP)
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  • Le directeur général de l'Association internationale du transport aérien (Iata) a déclaré mercredi que l'Union européenne devait réévaluer les objectifs de décarbonation qu'elle a assignés aux compagnies aériennes.
  • Une étude publiée par Airlines for Europe, une organisation représentant 17 transporteurs, a estimé que la production de ce carburant était inférieure de 30 % aux niveaux nécessaires pour atteindre l'objectif en 2030.

SINGAPOUR:  Le directeur général de l'Association internationale du transport aérien (Iata) a déclaré mercredi que l'Union européenne devait réévaluer les objectifs de décarbonation qu'elle a assignés aux compagnies aériennes en raison du manque de carburants renouvelables.

Dans le cadre des mesures prises pour lutter contre le changement climatique, l'UE exige en effet que les compagnies aériennes augmentent progressivement la part de carburant d'aviation durable qu'elles utilisent.

Cependant, les compagnies aériennes se plaignent que ce carburant n'est pas suffisamment disponible et reste trop cher.

« J'ai critiqué les objectifs de l'UE parce que je ne pense pas qu'ils seront atteints », a déclaré Willie Walsh à des journalistes à Singapour.

« J'ai du mal à voir comment nous aurons suffisamment de carburant d'aviation durable pour répondre à l'objectif à court terme. »

Les règles européennes exigent que les transporteurs aériens utilisent 2 % de carburant durable dans leur mélange à partir de cette année, puis 6 % en 2030, pour atteindre 70 % à partir de 2050.

Toutefois, une étude publiée par Airlines for Europe, une organisation représentant 17 transporteurs, a estimé que la production de ce carburant était inférieure de 30 % aux niveaux nécessaires pour atteindre l'objectif en 2030.

« Je pense que l'UE doit en particulier réévaluer les objectifs qu'elle a définis », a déclaré Willie Walsh, ajoutant toutefois que l'objectif de l'industrie d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2050 était toujours réalisable.

Il a également noté que l'Iata avait été réticente à fixer certains objectifs à court terme.

Le patron de l'Iata a estimé que l'UE aurait dû évaluer la production actuelle et future de carburant vert, « et ensuite fixer un objectif pertinent par rapport à cette production ».

Selon lui, certaines compagnies aériennes d'Europe « achètent du carburant durable en dehors de l'UE pour se conformer à leurs objectifs », ce qui, d'après lui, « n'a pas beaucoup de sens » en raison de l'empreinte carbone générée par le transport du carburant.

Contribuant à près de 3 % des émissions mondiales de dioxyde de carbone, le secteur de l'aviation est l'un des plus difficiles à décarboner.

Le carburant d'aviation durable, un biocarburant qui produit moins d'émissions de CO₂ que le carburant d'avion traditionnel et est fabriqué à partir de matériaux végétaux et animaux tels que l'huile de cuisson et les graisses, est considéré comme crucial pour atteindre les objectifs d'émissions.