Sarkozy n'espère «en aucun cas» être gracié, veut que son «honnêteté» soit reconnue

La grâce ne s'applique qu'à une condamnation définitive et exécutoire, et n'est donc pas envisageable pour l'instant, Nicolas Sarkozy ayant fait appel du jugement. (AFP)
La grâce ne s'applique qu'à une condamnation définitive et exécutoire, et n'est donc pas envisageable pour l'instant, Nicolas Sarkozy ayant fait appel du jugement. (AFP)
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Publié le Lundi 29 septembre 2025

Sarkozy n'espère «en aucun cas» être gracié, veut que son «honnêteté» soit reconnue

  • Le tribunal correctionnel de Paris a condamné jeudi l'ancien président à cinq ans de prison avec incarcération prochaine pour avoir "laissé ses plus proches" collaborateurs démarcher la Libye de Mouammar Kadhafi pour financer sa campagne
  • Comme le Journal du dimanche lui demande s'il espère une grâce d'Emmanuel Macron, l'ex-chef de l'Etat répond: "En aucun cas"

PARIS: Nicolas Sarkozy affirme qu'il n'espère "en aucun cas" être gracié après sa condamnation dans l'affaire dite du financement libyen, dans un entretien au JDD où il redit qu'il se battra jusqu'à son "dernier souffle pour faire reconnaître" son "honnêteté".

Le tribunal correctionnel de Paris a condamné jeudi l'ancien président à cinq ans de prison avec incarcération prochaine pour avoir "laissé ses plus proches" collaborateurs démarcher la Libye de Mouammar Kadhafi pour financer sa campagne victorieuse de 2007.

Comme le Journal du dimanche lui demande s'il espère une grâce d'Emmanuel Macron, l'ex-chef de l'Etat répond: "En aucun cas".

"Pour être gracié, il faut accepter sa peine, et donc reconnaître sa culpabilité. Jamais je ne reconnaîtrai ma culpabilité pour quelque chose que je n'ai pas fait. Je me battrai jusqu'à mon dernier souffle pour faire reconnaître mon honnêteté", ajoute-t-il, en concluant d'un "je vaincrai".

La grâce ne s'applique qu'à une condamnation définitive et exécutoire, et n'est donc pas envisageable pour l'instant, Nicolas Sarkozy ayant fait appel du jugement.

Dans cet entretien fleuve, il cite les mots de la présidente du tribunal à propos du document publié par le site d'information Mediapart en 2012 à l'origine de la procédure - une note en arabe sur un accord pour appuyer la campagne du candidat à l'Elysée. Selon la magistrate, "le plus probable est que ce document soit un faux".

"S'il y a un faux, c'est qu'il y a eu des faussaires, des manipulateurs et donc un complot", estime Nicolas Sarkozy. "Dans un monde normal, c'est l'ensemble de l'accusation qui aurait dû s'écrouler. Or le tribunal a fait exactement le contraire. Je rappelle que j'ai perdu la présidentielle de 2012 de très peu. Le faux de Mediapart y a joué un grand rôle. Qui réparera cette injustice?", poursuit-il.

Interrogé sur l'exécution provisoire dont est assortie sa peine de cinq ans d'emprisonnement avec mandat de dépôt à effet différé, Nicolas Sarkozy indique qu'il s'attendait "à tout, mais pas à cela".

"Toutes les limites de l'État de droit ont été violées. C'est tellement invraisemblable. Même dans ses réquisitions pourtant violentes, le PNF (parquet national financier, NDLR) ne l'avait pas demandé !", relève-t-il.

En attendant, l'ancien chef de l'Etat reste libre et était présent au Parc des Princes samedi soir pour assister au match PSG-Auxerre, où il a été vu dans les tribunes par un photographe de l'AFP, adressant des gestes de salut au public.

Nicolas Sarkozy a été convoqué le 13 octobre par le PNF, qui lui indiquera alors à quelle date il sera incarcéré, probablement dans un "délai relativement proche" selon une source judiciaire.

 


Lecornu à l'heure des choix avant un rendez-vous de la dernière chance vendredi avec les socialistes

Sébastien Lecornu chercherait-il un accord de non-censure avec le Rassemblement national ? S'il s'est dit ouvert à une évolution de l'Aide médicale d'Etat, destinée aux étrangers et que le RN veut voir réduite à une aide d'urgence, cela risque de ne pas suffire aux yeux du parti à la flamme. (AFP)
Sébastien Lecornu chercherait-il un accord de non-censure avec le Rassemblement national ? S'il s'est dit ouvert à une évolution de l'Aide médicale d'Etat, destinée aux étrangers et que le RN veut voir réduite à une aide d'urgence, cela risque de ne pas suffire aux yeux du parti à la flamme. (AFP)
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  • Le Premier ministre doit revoir lundi les chefs de parti et de groupe du socle commun, qu'il s'est attaché à consolider ces derniers jours. Jeudi, il affrontera sa troisième journée de mobilisation populaire et syndicale
  • La rencontre avec les socialistes, vendredi, sera celle de la dernière chance pour ne pas censurer, a prévenu lundi le premier secrétaire du parti Olivier Faure

PARIS: Resté volontairement discret depuis sa nomination le 9 septembre, Sébastien Lecornu affronte une semaine décisive pour la suite de son action à Matignon s'il veut éviter la censure promise par le PS "si rien ne change" lors d'un rendez-vous de la dernière chance vendredi.

Le Premier ministre doit revoir lundi les chefs de parti et de groupe du socle commun, qu'il s'est attaché à consolider ces derniers jours. Jeudi, il affrontera sa troisième journée de mobilisation populaire et syndicale, après celles des 10 et 18 septembre, avant de mener de nouvelles consultations politiques, RN compris.

La rencontre avec les socialistes, vendredi, sera celle de la dernière chance pour ne pas censurer, a prévenu lundi le premier secrétaire du parti Olivier Faure.

Il a réclamé à Sébastien Lecornu qu'il leur présente "une copie complète" de son projet de budget car "pour l'instant, on n'a pas très bien compris ce que le Premier ministre était prêt à faire".

Alors que la session ordinaire de l'Assemblée s'ouvre mercredi, le nouveau locataire de Matignon devrait aussi rapidement faire connaître son gouvernement. Et les oppositions attendent de pied ferme sa déclaration de politique générale, peut-être le 6 ou le 7, même si un proche envisageait qu'il puisse s'en passer. "Un refus d'obstacle" qui pourrait en soi justifier une censure, a glissé la semaine dernière un proche de Marine Le Pen à l'AFP.

Le temps presse. Le gouvernement doit présenter son projet de budget pour 2026 au plus tard mi-octobre, pour espérer respecter les délais constitutionnels.

Le Premier ministre s'est jusqu'ici contenté de dévoiler dans Le Parisien de premières orientations, qui ont eu pour effet de crisper les oppositions.

Fidèle aux fondamentaux de la doctrine macroniste et soucieux de ramener le déficit sous la barre des 3% du PIB en 2029, il a écarté les principales revendications du PS, comme la taxe Zucman ou la suspension de la réforme des retraites, même s'il a invité le Parlement à retravailler sa copie.

Même au sein du bloc central, la tonalité de l'interview a surpris: "Il est nommé. Il dit, et le président de la République dit: +il faut une rupture+. Le président dit: +il faut un accord avec le PS+. Ce n'est pas exactement ce que j'ai lu dans l'interview d'hier. C'est même exactement le contraire", a grincé un dirigeant samedi.

"Un chemin existe" 

Sébastien Lecornu chercherait-il un accord de non-censure avec le Rassemblement national ? S'il s'est dit ouvert à une évolution de l'Aide médicale d'Etat, destinée aux étrangers et que le RN veut voir réduite à une aide d'urgence, cela risque de ne pas suffire aux yeux du parti à la flamme.

"On ne va pas accepter 200 millions d'euros d'économies sur l'immigration, contre 20 milliards d'euros d'efforts imposés aux honnêtes gens", a prévenu le député Jean-Philippe Tanguy dans La Tribune Dimanche.

Face aux réactions de la gauche, 78 députés Renaissance, Horizons et MoDem ont pris la plume dimanche, se disant convaincus dans une tribune au même média qu'un "chemin existe".

"Si le Parti Socialiste souhaite avoir une discussion sincère et constructive concernant, notamment, l'effort fiscal à demander aux plus fortunés ou la justice sociale, nous y sommes prêts", ont-ils écrit.

Le spectre de la censure, et d'une éventuelle dissolution de l'Assemblée, plane cependant de nouveau sur le gouvernement, moins d'un mois après la chute de François Bayrou, renversé le 8 septembre après avoir sollicité la confiance des députés, et moins d'un an après la censure de Michel Barnier (4 décembre).

Le groupe des députés LFI a promis le dépôt rapide d'une motion de censure. "Il n'y a que les naïfs qui peuvent penser qu'il va changer de politique", a lancé lundi Éric Coquerel (LFI) à l'égard des socialistes sur Public Sénat.

"Si rien ne change, le résultat est déjà connu. Il y aura une censure donc ce gouvernement tombera et il y aura vraisemblablement une dissolution à laquelle nous sommes prêts", a assuré Olivier Faure, indiquant que le PS déposerait sa propre mention.


Jugement Sarkozy: ce qui menace l'Etat de droit, ce sont les attaques «contre les juges», dit le président du tribunal de Paris

Dans un entretien au JDD après sa condamnation à cinq ans de prison dans l'affaire libyenne assortie d'un prochain placement en détention, Nicolas Sarkozy a estimé que "toutes les limites de l'Etat de droit" avaient "été violées". La juge qui a présidé le tribunal a depuis été menacée de mort.  (AFP)
Dans un entretien au JDD après sa condamnation à cinq ans de prison dans l'affaire libyenne assortie d'un prochain placement en détention, Nicolas Sarkozy a estimé que "toutes les limites de l'Etat de droit" avaient "été violées". La juge qui a présidé le tribunal a depuis été menacée de mort. (AFP)
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  • Dans un entretien au JDD après sa condamnation à cinq ans de prison dans l'affaire libyenne assortie d'un prochain placement en détention, Nicolas Sarkozy a estimé que "toutes les limites de l'Etat de droit" avaient "été violées"
  • Ce qui "est une atteinte à l'Etat de droit, ce sont des menaces contre les juges" et non un jugement "rendu minutieusement", a dénoncé lundi sur France Inter le président du tribunal judiciaire de Paris

PARIS: Ce qui "est une atteinte à l'Etat de droit, ce sont des menaces contre les juges" et non un jugement "rendu minutieusement", a dénoncé lundi sur France Inter le président du tribunal judiciaire de Paris Peimane Ghaleh Marzban.

Dans un entretien au JDD après sa condamnation à cinq ans de prison dans l'affaire libyenne assortie d'un prochain placement en détention, Nicolas Sarkozy a estimé que "toutes les limites de l'Etat de droit" avaient "été violées". La juge qui a présidé le tribunal a depuis été menacée de mort. Deux enquêtes judiciaires ont été ouvertes.

 

 


Menaces après le jugement Sarkozy: le Syndicat de la magistrature dénonce le silence de Macron

L'ancien président français Nicolas Sarkozy et son épouse Carla Bruni arrivent pour le verdict de son procès pour financement illégal de sa campagne par la Libye lors de sa candidature à l'élection présidentielle de 2007, au tribunal de Paris, à Paris, le 25 septembre 2025. (AFP)
L'ancien président français Nicolas Sarkozy et son épouse Carla Bruni arrivent pour le verdict de son procès pour financement illégal de sa campagne par la Libye lors de sa candidature à l'élection présidentielle de 2007, au tribunal de Paris, à Paris, le 25 septembre 2025. (AFP)
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  • Le Syndicat de la magistrature critique l'absence de réaction publique d’Emmanuel Macron face aux menaces contre la juge ayant condamné Nicolas Sarkozy
  • Deux enquêtes ont été ouvertes après des messages de menace, et le CSM ainsi que Gérald Darmanin ont fermement condamné ces actes

PARIS: Le Syndicat de la magistrature a dénoncé dimanche le silence "assourdissant" du président Emmanuel Macron concernant les menaces dont est la cible la présidente du tribunal qui a condamné l'ex-chef de l'Etat Nicolas Sarkozy dans l'affaire dite du financement libyen.

Deux enquêtes ont été ouvertes vendredi par le parquet de Paris à la suite de "messages menaçants" visant la magistrate parisienne ayant énoncé jeudi la condamnation de l'ancien président à cinq ans de prison, avec incarcération prochaine.

"Si le garde des Sceaux démissionnaire (Gérald Darmanin) a cette fois apporté son soutien à l'institution judiciaire, le silence du président de la République (Emmanuel Macron), premier garant de l'indépendance de la justice, est quant à lui assourdissant", a estimé dans un communiqué le syndicat classé à gauche.

Aux termes de l'article 64 de la Constitution, le président de la République est garant de l'indépendance de l'autorité judiciaire. Il est assisté dans cette mission par le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), qui a condamné samedi "fermement les menaces et attaques personnelles visant à remettre en cause l'impartialité des magistrats" ayant condamné Nicolas Sarkozy.

Gérald Darmanin a lui aussi condamné "sans aucune réserve" les "intimidations et les menaces de mort qui touchent les magistrats", qualifiant ces faits d'"absolument insupportables en démocratie".

Dans son communiqué, le Syndicat de la magistrature (SM) "dénonce la confusion relayée par certains médias et sur les réseaux sociaux entre la liberté syndicale et l'acte de juger".

"Les magistrat⸱es ont le droit de s'exprimer à titre syndical sans que leur impartialité ne soit mise en doute dans l'exercice de leurs fonctions", poursuit le SM, ajoutant que "cibler personnellement une magistrate, c'est attaquer l'Etat de droit lui-même".

Le tribunal correctionnel de Paris a condamné Nicolas Sarkozy à cinq ans d'emprisonnement avec incarcération prochaine pour avoir "laissé ses plus proches" collaborateurs démarcher la Libye de Mouammar Kadhafi pour financer sa campagne victorieuse de 2007.