Est-ce vraiment la fin de la guerre à Gaza ?

Des volutes de fumée s'élèvent à la suite d'une frappe israélienne dans la ville de Gaza. 02 octobre 2025. (File/AFP)
Des volutes de fumée s'élèvent à la suite d'une frappe israélienne dans la ville de Gaza. 02 octobre 2025. (File/AFP)
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Publié le Samedi 04 octobre 2025

Est-ce vraiment la fin de la guerre à Gaza ?

Est-ce vraiment la fin de la guerre à Gaza ?
  • Un accord de cessez-le-feu soutenu par les États-Unis, le Qatar, la Turquie et l'Égypte offre une réelle opportunité de mettre fin à la guerre à Gaza
  • Le plan prévoit le désarmement du Hamas, une administration civile assurée par l’Autorité palestinienne, et la libération de prisonniers palestiniens

Plus de 2 millions de Palestiniens attendent que le soleil se lève et que cette longue nuit noire — la guerre la plus brutale de l’histoire des conflits palestiniens — prenne fin. En ce moment crucial, après l’annonce faite à Washington lundi, l’espoir, à la fois proche et lointain, reste confronté à de nombreux défis.

Le plus important d’entre eux est de savoir si le Hamas et Israël accepteront le plan visant à mettre fin au conflit — ou s’ils poseront des conditions qui prolongeront les négociations et ruineront cette opportunité.

Il est clair que ni le Hamas, ni le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou ne sont satisfaits. Le Hamas n’a plus d’alliés pour le protéger. Même le Qatar et la Turquie ont accepté et soutiennent le plan, et participent aux négociations aux côtés de l’Égypte. L’Iran, ayant perdu une grande partie de ses capacités militaires de soutien, n’est plus en mesure d’aider le Hamas.

Le Hamas n’a plus d’alliés pour le protéger. 

                                               Abdulrahman Al-Rashed

Quant à Netanyahou, il n’ose pas défier le président américain Donald Trump, qui a le pouvoir de le faire tomber grâce à ses liens avec le propre bloc politique du Premier ministre israélien — et ce dernier pourrait même finir en prison.

Il est probable que le Hamas déposera finalement les armes et que ses commandants sur le terrain partiront pour l’Algérie ou la Turquie, comme cela est évoqué. Mais pas si vite. Les ententes de cessez-le-feu sont rarement conclues facilement, chaque camp s’accrochant à ses interprétations, ajoutant de nouvelles conditions et garanties. Les auteurs du plan de cessez-le-feu et d’administration de Gaza affirment s’être inspirés d’expériences passées en Bosnie et au Timor.

Parmi les objections attendues du Hamas figurent l’entrée des forces israéliennes dans les zones qu’il contrôlait auparavant, ainsi que son exclusion de la gouvernance civile à Gaza — un point aggravé par la disposition du plan prévoyant que l’Autorité palestinienne prenne en charge les services municipaux, de santé, d’éducation, de justice et de sécurité civile.

La nature des garanties proposées au groupe reste également floue, notamment concernant l’engagement d’Israël à ne pas poursuivre ou assassiner des membres du Hamas dans les années à venir — une pratique qu’Israël applique depuis des décennies.
 

Netanyahou, lui aussi, a ses objections. 

                                        Abdulrahman Al-Rashed

Netanyahou, lui aussi, a ses objections. L’accord le prive de la promesse qu’il avait faite de contrôler Gaza et empêche le déplacement de ses habitants. Même ceux autorisés à partir volontairement conservent, selon une clause du plan de l’ancien dirigeant britannique Tony Blair, le droit de revenir, et leurs biens ne peuvent pas être confisqués. De plus, Israël, qui pense avoir resserré l’étau autour du Hamas après l’assaut sur Gaza-ville, doit désormais s’arrêter et libérer environ 2 000 Palestiniens en échange des otages restants, vivants ou morts.

Ce n’est en rien la victoire que Netanyahou avait planifiée, et cela pourrait même se retourner contre lui sur le plan politique.

Et pourtant, l’espoir reste fort que nous soyons en train d’assister à la fin de la guerre — malgré l’opposition farouche du Hamas et de Netanyahou.

 

Abdulrahman Al-Rashed est un journaliste et un intellectuel saoudien. Il est l'ancien directeur général de la chaîne d'information Al-Arabiya et l'ancien rédacteur en chef d'Asharq Al-Awsat, où cet article a été initialement publié.

X : @aalrashed

NDLR: Les opinions exprimées par les auteurs dans cette section leur sont propres et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d'Arab News.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com