Ankara et Athènes à la veille de pourparlers historiques

Le navire de recherche sismique turc, Oruç Reis, ancré au large d’Antalya, en mer Méditerranée.  Ankara et Athènes doivent relancer les pourparlers au sujet de leurs revendications territoriales (Photo, AP).
Le navire de recherche sismique turc, Oruç Reis, ancré au large d’Antalya, en mer Méditerranée. Ankara et Athènes doivent relancer les pourparlers au sujet de leurs revendications territoriales (Photo, AP).
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Publié le Jeudi 14 janvier 2021

Ankara et Athènes à la veille de pourparlers historiques

  • Le spécialiste du Moyen-Orient à l'Université d'Oxford Samuel Ramani estime qu'une percée diplomatique à court terme dans l'impasse entre la Grèce et la Turquie est «peu probable»
  • «La seule condition préalable d’Athènes est que les discussions ne portent que sur la délimitation des zones maritimes sur la base du droit international, là où elles se sont arrêtées en mars 2016

ANKARA: Un nouveau tour de pourparlers entre la Turquie et la Grèce aura lieu dans le courant du mois à la suite d’une proposition d'Ankara, avec pour sujet de discussion central les revendications territoriales en Méditerranée orientale.

Les négociations débuteront le 25 janvier à Istanbul.

C’est la 61ième série de pourparlers qui se tient en quatorze ans. Les réunions précédentes se sont cependant principalement penchées sur des questions liées à la mer Égée.

Athènes va sans doute orienter la discussion vers des zones maritimes dans la mer Égée et la Méditerranée orientale, délimitées conformément à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (CNUDM). La participation d’Ankara n’est pour le moment pas conditionnelle.

La Turquie ne fait pas partie des signataires de la CNUDM, et ne reconnaît pas Chypre comme membre de l'Union européenne.

Rauf Mammadov, chercheur à l'Institut du Moyen-Orient, explique à Arab News que tout dialogue direct constitue sans nul doute une étape positive vers la réconciliation des deux adversaires. «Le dialogue est la seule méthode pacifique pour résoudre ce conflit» dit-il.

Le chercheur ajoute que «l'essentiel du différend entre les deux membres de l'OTAN repose sur des interprétations divergentes et incompatible du droit international. L'alternative consiste à accumuler les querelles diplomatiques, parfois accompagnées de menaces d'escalade militaire».

Le spécialiste du Moyen-Orient à l'Université d'Oxford Samuel Ramani estime qu'une percée diplomatique à court terme dans l'impasse entre la Grèce et la Turquie est «peu probable». «Les niveaux de confiance sont extrêmement bas des deux côtés, et les deux considèrent toute ouverture diplomatique comme un coup publicitaire auprès de la communauté internationale, plutôt qu'une tentative sincère de désamorcer la crise», ajoute-t-il.

Ramani ne trouve «pas étonnant» que la Turquie propose d'organiser des pourparlers avec la Grèce, puisque Ankara a déjà fait des insinuations dans ce sens. «L’unique voie de la convergence en Méditerranée orientale consiste à atténuer certaines tensions entre la Grèce et la Turquie» dit-il.

L’ouverture de la capitale turque dernièrement envers la France est un facteur positif, tout comme les récentes déclarations des EAU l’importance de désamorcer la situation avec la Turquie», a-t-il ajouté.

Ankara rejette les revendications de frontière maritime grecques et chypriote, affirmant qu'elles violent ses droits souverains ainsi que ceux de Chypre-Nord.

Les experts ont également souligné l’importance du moment choisi pour de telle annonce.

«Ankara et Athènes entreprennent des démarches vers un compromis potentiel au moment où le corridor gazier sud (CGS) devient opérationnel. Le projet est un exemple rare de coopération économique continue entre deux pays voisins», se réjouit Mammadov.

Il a ajouté qu'une éventuelle résolution du différend énergétique de la Méditerranée orientale serait certainement couronnée de succès si elle était motivée par des intérêts économiques mutuellement avantageux, similaires au CGS.

Charles Ellinas, chercheur principal au Conseil de l'Atlantique, confie à Arab News que la nouvelle administration du président élu américain Joe Biden devait préoccuper Ankara, d'autant plus que le pays, dans un court laps de temps, a fait l'objet de sanctions européennes et américaines simultanées.

«Pour le moment, il est très important d'éviter les propos agressifs et les menaces. Le récent avertissement envoyé par le président turc Recep Tayyip Erdogan à l'UE, à savoir que soutenir la Grèce déclencherait de nouvelles explorations offshores, complique la situation et n’est guère constructif» explique Ellinas.

Le chercheur ajoute que sans changement de cap, Ankara serait susceptible vivre des moments difficiles avec Biden. Un début de discussions avec la Grèce serait par contre perçu de manière très favorable par l'UE et les États-Unis.

Les deux pays souhaitent par ailleurs un soutien plus fort de la part Washington afin de consolider leurs acquis régionaux et faire pression au sujets leurs «lignes rouges», avant l'inauguration prochaine de Biden le 20 janvier.

Néanmoins, Ramani a expliqué que si un apaisement de l'agressivité des deux côtés est certainement possible, les questions fondamentales restent plus difficiles à résoudre. «La Turquie voudra maintenir son accord d'extraction de gaz avec la Libye, ce qui est inacceptable pour la Grèce. Le différend chypriote est toujours un point de friction», explique-t-il.

Des efforts de plusieurs décennies pour établir la paix dans l'île divisée sont sur le point de s'effondrer, particulièrement avec Ankara qui préconise la division de Chypre en deux États depuis le mois d’octobre de l'année dernière.

Les controverses autour des droits maritimes et des explorations d'hydrocarbures au large de l'île alimentent de plus en plus les tensions croissantes dans les eaux de la Méditerranée orientale.

Ramani affirme que le dialogue Turquie-Grèce peut théoriquement mettre fin, en théorie, à la stratégie de la corde raide turque, qui comprend le harcèlement des bateaux de pêche et les manœuvres militaires provocatrices. «Cela ne résoudra probablement pas les problèmes fondamentaux», a-t-il ajouté.

En décembre, Ankara a retiré son navire de recherche sismique Oruç Reis des eaux contestées de la Méditerranée orientale, et qui a déclenché une dispute avec Athènes au sujet des perspectives de forage énergétique.

Le navire restera sur le plateau continental turc jusqu'au 15 juin, une décision considérée par des observateurs comme un geste de bonne volonté.

La 60ième série de négociations, la dernière entre les deux pays, a eu lieu à Athènes en mars 2016. Les pourparlers se sont poursuivis pendant des années par le biais de consultations politiques, malgré l'absence d’un cadre officiel.

«La seule condition préalable d’Athènes est que les discussions ne portent que sur la délimitation des zones maritimes sur la base du droit international, là où elles se sont arrêtées en mars 2016. De son côté, Ankara semble garder ses options ouvertes, espérant que les deux parties s’entendent sur l’ordre du jour», dit Ellinas.

Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu et Erdogan, ont rencontré mardi les ambassadeurs des États membres de l'UE à Ankara. Cette mesure est considérée par de nombreux experts comme une nouvelle tentative pour renouer avec l'UE et rétablir les liens avec la Grèce.

Cavusoglu doit se rendre à Bruxelles le 21 janvier.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le prince héritier et le président français s'entretiennent avant le sommet sur la solution à deux États

Le prince héritier Mohammed ben Salmane s’est entretenu par téléphone samedi avec le président français Emmanuel Macron. (SPA/AFP/Photo d’archives)
Le prince héritier Mohammed ben Salmane s’est entretenu par téléphone samedi avec le président français Emmanuel Macron. (SPA/AFP/Photo d’archives)
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  • Les deux dirigeants ont examiné les résultats de la conférence internationale de haut niveau sur la résolution de la question palestinienne.

RIYAD: Le prince héritier Mohammed ben Salmane a eu un entretien téléphonique, samedi, avec le président français Emmanuel Macron, a rapporté l’Agence de presse saoudienne (SPA).

Les deux dirigeants ont passé en revue les résultats de la conférence internationale de haut niveau consacrée à la résolution pacifique de la question palestinienne, notamment à travers la mise en œuvre de la solution à deux États, une initiative coprésidée par l’Arabie saoudite et la France.

Ils ont également discuté des préparatifs en vue de la reprise de la conférence au niveau des chefs d’État, prévue pour le 22 septembre, dans le cadre des efforts visant à mettre fin à la guerre à Gaza et à parvenir à une paix durable menant à la création d’un État palestinien.

L’appel a également mis en lumière l’adoption de la Déclaration de New York, issue de la conférence et largement approuvée par l’Assemblée générale des Nations unies.

Les deux parties ont souligné le nombre croissant de pays exprimant leur intention de reconnaître un État palestinien, reflétant un large consensus international en faveur d’un avenir pacifique garantissant au peuple palestinien son droit légitime à l’indépendance, selon SPA.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com
 


Une délégation saoudienne se rend à New York pour assister à la 80e session de l’Assemblée générale de l’ONU

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, s'exprime lors de la 79e session de l'Assemblée générale de l'ONU à New York, le 28 septembre 2024. (AFP/File)
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, s'exprime lors de la 79e session de l'Assemblée générale de l'ONU à New York, le 28 septembre 2024. (AFP/File)
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  • Une délégation de haut niveau, dirigée par le ministre des Affaires étrangères saoudien, participe à la 80e session de l’AGNU à New York, avec un agenda axé sur la paix, le développement et la coopération internationale
  • L’Arabie saoudite présidera des événements majeurs autour de la question palestinienne et renforcera ses engagements en matière de diplomatie humanitaire et de développement durable

RIYAD: Le ministre des Affaires étrangères de l’Arabie saoudite s’est envolé vendredi pour New York afin de diriger la délégation du Royaume participant à la 80e session de l’Assemblée générale des Nations Unies (AGNU).

Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères a précisé que la délégation conduite par le prince Faisal ben Farhane comprend la princesse Reema bent Bandar Al Saud, ambassadrice d’Arabie saoudite aux États-Unis ; Adel ben Ahmed Al-Jubeir, ministre d’État aux Affaires étrangères et envoyé pour le climat ; Faisal ben Fadhil Alibrahim, ministre de l’Économie et de la Planification ; le Dr Abdullah Al Rabeeah, directeur général du centre d’aide humanitaire saoudien KSRelief ; Abdulrahman Al-Rassi, vice-ministre chargé des affaires multilatérales internationales et superviseur général de la diplomatie publique ; ainsi qu’Abdulaziz Alwasil, ambassadeur saoudien auprès de l’ONU.

En marge de l’AGNU80, le Royaume organisera plusieurs initiatives et réunions visant à renforcer la sécurité et la stabilité régionales et internationales, et à faire progresser les efforts diplomatiques, humanitaires et de développement, indique le communiqué.

L’Arabie saoudite présidera également la Conférence internationale de haut niveau sur le règlement pacifique de la question palestinienne et la mise en œuvre de la solution à deux États au niveau des dirigeants, ainsi que la réunion ministérielle de haut niveau de l’Alliance mondiale pour la mise en œuvre de la solution à deux États.

Le prince Faisal et sa délégation participeront également aux célébrations du 80e anniversaire de l’ONU, en plus d’un large éventail de réunions officielles visant à renforcer la coopération multilatérale, examiner les développements régionaux et internationaux, soutenir les efforts en faveur de la paix et de la sécurité mondiales, et coordonner l’action conjointe pour atteindre les Objectifs de développement durable.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Liban: deux morts dans des frappes israélienne dans le sud

Les frappes israéliennes sur le sud du Liban ont tué deux personnes et en ont blessé 11 autres vendredi, selon le ministère libanais de la Santé. Il s'agit des dernières attaques en date malgré le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah. (X/@AmalKhalil83)
Les frappes israéliennes sur le sud du Liban ont tué deux personnes et en ont blessé 11 autres vendredi, selon le ministère libanais de la Santé. Il s'agit des dernières attaques en date malgré le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah. (X/@AmalKhalil83)
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  • Deux personnes ont été tuées et onze blessées dans des frappes israéliennes au sud du Liban, dont l’une a visé un véhicule à l’entrée d’un hôpital à Tebnine, selon le ministère libanais de la Santé
  • L’ONU et l’armée libanaise alertent sur les risques d’escalade, évoquant plus de 4.500 violations du cessez-le-feu par Israël depuis novembre 2024

BEYROUTH: Deux personnes ont été tuées et onze autres blessées vendredi dans des frappes israéliennes sur le sud du Liban, a indiqué le ministère libanais de la Santé.

Ces frappes interviennent au lendemain d'une série de raids aériens sur cinq localités du sud du pays, dont les habitants ont été sommés par l'armée israélienne d'évacuer.

L'armée israélienne mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à une guerre meurtrière.

Dans un communiqué, le ministère de la Santé a indiqué qu'une "frappe de l'ennemi israélien a visé une voiture devant l'entrée de l'hôpital gouvernemental de Tebnine", faisant un mort et 11 blessés.

Une autre frappe a visé un véhicule dans la ville d'Ansar, également dans le sud du Liban, faisant un mort, a ajouté la même source.

L'armée israélienne n'a pas commenté dans l'immédiat.

Jeudi, elle avait affirmé avoir frappé plusieurs installations de stockage d'armes appartenant à l'unité al-Radwan, force d'élite du Hezbollah pro-iranien.

Dans un communiqué, les Casques bleus déployés dans le sud du Liban ont estimé que ces attaques "mettent en danger la stabilité fragile qui a été instaurée depuis novembre" 2024.

Ils ont appelé Israël à "s'abstenir de toute nouvelle frappe et à se retirer complètement du territoire libanais", où l'armée israélienne occupe toujours cinq positions.

L'armée libanaise a indiqué que les frappes de jeudi portaient à 4.500 les "violations" du cessez-le-feu par Israël, ajoutant qu'elles entravaient les efforts pour désarmer le Hezbollah.

Sous pression américaine, le gouvernement libanais a ordonné le mois dernier à l'armée d'élaborer un plan visant à désarmer le Hezbollah, sorti très affaibli de la guerre.