Alexandre Najjar : « Le rayonnement du Liban ne dépend pas des «missiles» mais du talent de ses artistes »

L'écrivain libanais Alexandre Najjar  (Photo fournie)
L'écrivain libanais Alexandre Najjar (Photo fournie)
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Publié le Samedi 16 janvier 2021

Alexandre Najjar : « Le rayonnement du Liban ne dépend pas des «missiles» mais du talent de ses artistes »

  • L’Académie française vient de décerner son Grand Prix de la francophonie 2020 à l’écrivain et avocat libanais d’expression française
  • Un prix « qui couronne l’œuvre d’une personne physique francophone qui, dans son pays ou à l’échelle internationale, aura contribué de façon éminente au maintien et à l’illustration de la langue française »,

Il vient d’être récompensé par le Grand Prix de la Francophonie décerné par l'Académie française, un prix « qui couronne l’œuvre d’une personne physique francophone qui, dans son pays ou à l’échelle internationale, aura contribué de façon éminente au maintien et à l’illustration de la langue française », d’après la maison d’édition Plon avec qui il a signé plusieurs ouvrages en France.  Avocat, écrivain, dramaturge et responsable de L'Orient littéraire, Alexandre Najjar est né en 1967 au Liban. Il est l'auteur d'une trentaine de romans, récits, poèmes et biographies, traduits dans une douzaine de langues dont l'arabe. Arab News l’a rencontré à Beyrouth. 

 

Vous avez obtenu de nombreux prix dont la bourse de la Fondation Hachette 1990, le prix Méditerranée 2009, le prix Hervé Deluen, le prix France-Liban, le prix littéraire de l’Asie, le prix du Palais littéraire et la médaille d’or de la Renaissance française en 2020. Que représente  pour vous ce prix aujourd’hui ? Et en quoi est-il différent des précédents ?

Ce prix est important car il s'agit de l'un des Grands Prix de l'Académie. Pour moi, il est aussi très symbolique car il survient à un moment où le Liban se trouve dans une situation catastrophique, pour rappeler que la culture libanaise est bien vivante malgré les vents contraires et que son rayonnement ne dépend pas des "missiles", mais du talent de ses artistes comme Gibran Khalil Gibran, Feyrouz, Amin Maalouf, Gabriel Yared, Abdel Rahman Bacha, Marcel Khalifé et bien d'autres.

J'ai écrit dans L'Astronome : "Un pays ne meurt pas quand il est occupé, c'est quand sa culture disparaît qu'il meurt vraiment". C'est en continuant à défendre notre culture que nous sauverons le Liban.

 Vous êtes à la fois libanais, français, francophone et francophile. Dans ce rapport au pays, vous considérez-vous comme un écrivain français ou un écrivain libanais ? 

J'ai dit dans une conférence que je suis un peu comme un centaure, constitué de deux êtres différents mais complémentaires. Je suis Libanais et j'ai choisi la langue française comme patrie linguistique, comme moyen d'expression parce que j'en suis tombé amoureux et qu'elle est porteuse de messages hérités de tous ceux qui, depuis Du Bellay jusqu'à nos jours, en passant par Voltaire, Montesquieu, Hugo, Lamartine, Zola, Camus ou Sartre, ont défendu les libertés.

Vous avez publié La Couronne du diable,  paru en Mai aux éditions Plon où vous nous racontez la crise du Coronavirus vécue par un narrateur téléporté aux quatre coins du Globe. En tant qu’auteur et écrivain, sentez-vous que vous avez la mission de décrire voire de dénoncer, - à votre façon - le monde autour de vous ?  

Le romancier ne peut pas rester les bras croisés devant un tel phénomène. C'est vrai que l'accumulation de problèmes risque de le dégoûter et d'assécher son inspiration, mais il doit surmonter cet état pour témoigner et assumer sa responsabilité d'écrivain. J'ai écrit "La Couronne du diable" pour raconter le commencement de la pandémie, le premier acte de la tragédie. 9 mois après, rien n'a changé et c'est terrible : la Covid est devenue la norme tout en restant inconnue ; nous sommes désormais acculés à la subir et à nous adapter tant bien que mal en attendant les effets hypothétiques du vaccin. Les conséquences du coronavirus sont désastreuses et on n'en mesure pas encore toute l'ampleur sur les plans sanitaire, économique, éducatif et sociologique...

 Vous avez notamment écrit Le roman de Beyrouthle dictionnaire amoureux du Liban, une biographie du poète libanais Gibran Khalil Gibran et bien d’autres…. Le Liban n’est jamais oublié dans vos livres. Quel regard portez-vous sur la situation que traverse actuellement le pays (qui s’effondre à tous les niveaux) ? 

 Le Liban est en effet omniprésent dans mes livres. Je suis affligé et furieux de le voir dans cet état à cause d'une oligarchie irresponsable, corrompue et stupide qui a conduit le pays au désastre. L'explosion du port est une illustration cruelle de cette déliquescence. Mais nous devons rester debout, et le spectacle de tous ces jeunes qui ont spontanément accouru pour déblayer les rues de Beyrouth au lendemain de la catastrophe doit nous stimuler et nous empêcher de céder au désespoir.

Quels sont vos projets ?

Un roman, un recueil regroupant mes articles sur la francophonie et un opuscule à propos d'un ancêtre qui fut le premier médecin diplômé du Liban. J'ai aussi réuni mes écrits de jeunesse et mes éditoriaux parus dans L'Orient littéraire. Mais j'attends que ce satané brouillard se dissipe pour les publier !

 

 


Le Festival de Riyad rend hommage au “père de la chimie”

L'événement présente les innovations locales, les pratiques durables et les technologies modernes, reflétant l'attachement du Royaume au progrès scientifique (SPA)
L'événement présente les innovations locales, les pratiques durables et les technologies modernes, reflétant l'attachement du Royaume au progrès scientifique (SPA)
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  • Jabir ibn Hayyan, scientifique musulman célèbre, est connu comme le “père de la chimie” pour ses contributions pionnières
  • Le festival STEAM 2024, organisé dans l'Oasis scientifique Roi Salmane à Riyad, met en lumière la vie et l'héritage de ce scientifique précoce

RIYAD: Jabir ibn Hayyan, scientifique musulman célèbre, est connu comme le “père de la chimie” pour ses contributions pionnières.

Né en 721, il a découvert des composés chimiques essentiels encore utilisés aujourd'hui.

Le festival STEAM 2024, organisé dans l'Oasis scientifique Roi Salmane à Riyad, met en lumière la vie et l'héritage de ce scientifique précoce, a rapporté samedi l'Agence de presse saoudienne.

Se déroulant jusqu'au 30 septembre sous le thème “Fun Chemistry” (la chimie amusante), le festival propose des expériences éducatives, informatives et divertissantes.

Les innovations d'Ibn Hayyan, telles que la distillation, ont considérablement fait progresser la chimie dans le monde islamique et en Occident. Ses ouvrages, traduits en latin, ont permis une large diffusion des connaissances.

Parmi les découvertes notables, citons l'acide chlorhydrique, l'acide sulfurique, l'eau dorée et le nitrate d'argent. Il a également exploré des utilisations pratiques, telles que la production d'acier, l'imperméabilisation et la création de perles artificielles.

L'érudit Ibn Khaldoun l'a qualifié d’“imam des écrivains chimistes”, et la chimie a parfois été appelée “la science de Jabir”.

Le festival vise à susciter la fierté pour le patrimoine scientifique de l'Arabie saoudite et à s'aligner sur les objectifs futurs.

Il propose une centaine d'ateliers, de tables rondes, de spectacles en direct et d'expositions interactives dans les domaines STEAM, explorant les sciences et technologies passées, présentes et futures.

L'événement présente des innovations locales, des pratiques durables et des technologies modernes, reflétant l'engagement du Royaume pour le progrès scientifique.

Avec plus de 25 pavillons, le festival couvre l'histoire de la chimie, les innovations pétrochimiques, les défis environnementaux et les solutions durables liées à la Vision 2030.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'actrice française Camille Razat s'affiche en talons Amina Muaddi lors du photocall "Emily in Paris"

Camille Razat portait un tailleur noir de la maison de couture de luxe française Céline. (Getty Images)
Camille Razat portait un tailleur noir de la maison de couture de luxe française Céline. (Getty Images)
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  • L'actrice et mannequin française Camille Razat a assisté cette semaine au photocall de la quatrième saison d'"Emily in Paris" à Paris, portant une paire de talons de la créatrice roumano-jordanienne Amina Muaddi

DUBAÏ: L'actrice et mannequin française Camille Razat a assisté cette semaine au photocall de la quatrième saison d'"Emily in Paris" à Paris, portant une paire de talons de la créatrice roumano-jordanienne Amina Muaddi.

La star a choisi les talons "Charlotte Sling" de la créatrice de chaussures, qui présentent une finition vernie noire. Ces chaussures sont dotées d'un bout oblique carré et d'une bride arrière fixée par une boucle argentée. La structure est soutenue par un talon bloc.

Pour compléter son ensemble, Razat, qui incarne Camille, l'une des amies d'Emily dans la série, portait un tailleur noir de la maison de couture de luxe française Céline. La tenue était complétée par une chemise blanche impeccable et une cravate noire.

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La star a choisi les talons "Charlotte Sling" du créateur de chaussures, avec une finition vernie noire. (Getty Images)

Lily Collins, qui joue le rôle principal d'Emily dans la série, était présente au photocall. Accompagnée de son mari, Charlie McDowell, Lily Collins a fait la promotion de la série à succès dans une robe Christian Dior en filet ornée d'une longue frange, complétée par un blazer noir et des talons. Charlie a assorti son ensemble à un costume noir.

Les covedettes Ashley Park et Philippine Leroy-Beaulieu ont assisté à l'événement, de même que le créateur de la série Darren Star, le réalisateur et producteur exécutif Andrew Fleming et la costumière Marylin Fitoussi.

Leroy-Beaulieu portait une robe longue blanche à paillettes de Saint Laurent, avec un décolleté haut et un dos nu. L'ensemble était complété par de longs gants de satin noir.

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(De gauche à droite) Philippine Leroy-Beaulieu, Lily Collins, Darren Star, Ashley Park et Camille Razat assistent au photocall "Emily In Paris" de Netflix. (Getty Images)

De son côté, Ashley Park portait une robe en velours d'Alessandra Rich avec un col en satin blanc contrastant et une rangée de boutons décoratifs dorés sur le devant. La robe avait une silhouette ajustée qui se terminait juste en dessous du genou. Elle a accessoirisé son look avec un sac Judith Leiber et des talons noirs pointus aux accents dorés.

Depuis le lancement de sa ligne de chaussures éponyme en août 2018, Muaddi a attiré un public fidèle de célébrités, notamment Dua Lipa, Gigi Hadid, Kylie Jenner et Hailey Bieber. Sa marque, connue pour ses chaussures, sacs et bijoux distinctifs, est rapidement devenue un favori de l'élite de la mode.

Après son lancement, Muaddi a connu une série d'événements réussis, notamment sa collaboration avec la collection Fenty de Rihanna. Ce partenariat s'est avéré extrêmement fructueux et a été récompensé par le prix "Collaborateur de l'année" lors de la 34e édition des FN Achievement Awards en 2020.

Un an plus tard, l'influence et le succès de Muaddi ont été reconnus lorsqu'elle a été nommée l'une des 50 femmes les plus influentes par Women's Wear Daily et Footwear News.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


En Tunisie, des femmes pêcheuses combattent les inégalités et le changement climatique

Au sud des Kerkennah, des ramasseuses de palourdes avaient créé en 2017 une association pour développer cette activité à Skhira, dans le Golfe de Gabès, à 350 km au sud de Tunis. (AFP)
Au sud des Kerkennah, des ramasseuses de palourdes avaient créé en 2017 une association pour développer cette activité à Skhira, dans le Golfe de Gabès, à 350 km au sud de Tunis. (AFP)
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  • Dans ce secteur essentiel en Tunisie, environ 13% du PIB en incluant l'aquaculture, les femmes jouent "un rôle actif et varié tout au long" de la filière
  • S'il n'existe aucune statistique sur leur poids exact sur 44.000 pêcheurs au total en 2023 selon l'Observatoire national de l'Agriculture, 60% des actifs de l'économie informelle du pays sont des femmes

KERKENNAH: Devant la côte plate des îles Kerkennah, en Tunisie, Sara Souissi rame vers le large dans son petit bateau de pêche. Rare femme dans un métier dominé par les hommes, elle combat les stéréotypes de genre et des problèmes environnementaux qui menacent son gagne-pain.

"J'adore la mer et j'adore pêcher, c'est pour ça que j'ai persisté, même si la société n'accepte pas tellement qu'une femme pêche", raconte à l'AFP Mme Souissi, 43 ans, qui s'adonne à cette passion depuis l'adolescence.

Dans ce secteur essentiel en Tunisie, environ 13% du PIB en incluant l'aquaculture, les femmes jouent "un rôle actif et varié tout au long" de la filière, mais peu reconnu, selon une récente étude de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

S'il n'existe aucune statistique sur leur poids exact sur 44.000 pêcheurs au total en 2023 selon l'Observatoire national de l'Agriculture, 60% des actifs de l'économie informelle du pays sont des femmes.

Les pêcheuses "ne sont souvent pas considérées comme de vraies travailleuses" par leurs homologues masculins et ont moins d'accès aux aides, aux formations et aux banques qui les classent comme des "emprunteuses à haut risque", selon la FAO.

Celles qui travaillent avec des hommes de leurs familles, en partie à cause d'une législation qui les défavorise en termes de droits à la propriété, sont "perçues comme des aides familiales non rémunérées", selon l'étude.

A Raoued, au nord de Tunis, l'association de pêche durable TSSF a animé en juin une formation de femmes aux métiers de la pêche. "L'idée est de créer des ressources supplémentaires (pour les familles, ndlr) tout en s'adaptant au contexte de changement climatique, de diminution des ressources marines et de mauvaises pratiques de pêche", explique à l'AFP Ryma Moussaoui, coordinatrice de l'atelier.

Mais ce jour-là la majorité des femmes ont surtout pour ambition d'assister les hommes de leur entourage. "Mon mari et mon père sont pêcheurs", explique Safa Ben Khalifa, une participante, pour qui sa principale contribution consistera à "fabriquer des filets de pêche".

Changement climatique 

A l'inverse, Sara Souissi tient à son indépendance et est fière de son apport au foyer qu'elle compose avec son mari, également pêcheur, et leur enfant.

Outre les préjugés sur le genre, elle affronte aussi des défis comme le réchauffement des océans qui frappe de plein fouet son archipel, à 300 km au sud de Tunis. En août, la Méditerranée a battu des records de températures avec 28,9 degrés de moyenne quotidienne, rendant ses eaux inhabitables pour certaines espèces.

Sur les 1.300 km de côtes tunisiennes, la pression sur la faune est aggravée par la surpêche et des méthodes non durables comme les casiers en plastique servant à piéger les poissons ou les chaluts pélagiques qui ratissent les fonds marins et arrachent les herbiers, nid et vivier des poissons.

"Ils ne respectent pas les règles, ils attrapent tout ce qu'ils peuvent, même en dehors des périodes de pêche" autorisées, déplore, casquette blanche sur la tête, Mme Souissi, à propos de certains de ses collègues.

Autre problème majeur, la pollution.

Au sud des Kerkennah, des ramasseuses de palourdes avaient créé en 2017 une association pour développer cette activité à Skhira, dans le Golfe de Gabès, à 350 km au sud de Tunis.

« Pas d'autres emplois »

L'association avait permis à une quarantaine de femmes "de s'affranchir des intermédiaires" par lesquels elles passaient pour exporter vers l'Europe, ne récupérant qu'un dixième du prix de vente final, explique à l'AFP Houda Mansour, sa présidente.

Mais en 2020, face à une baisse des populations de ce fruit de mer, décimées par la pollution et le réchauffement climatique, le gouvernement a interdit la collecte et l'association a fermé ses portes.

"Elles n'ont pas de diplôme et ne peuvent pas trouver d'autres emplois", souligne Mme Mansour, elle-même reconvertie dans la pâtisserie.

Les palourdes ne sont pas la seule espèce à pâtir des eaux polluées et en surchauffe du Golfe de Gabès "devenues défavorables à la vie des poissons", selon Emna Benkahla, chercheuse à l'Université El Manar à Tunis. Pour la chercheuse, il faut oeuvrer à une pêche plus durable car la diminution généralisée des ressources halieutiques va "sans nul doute aggraver le chômage".

Avec sa barque sans moteur et ses filets de petite taille, Mme Souissi fait figure de pionnière et n'envisage pas de renoncer à son métier: "Pour rester à la maison et faire le ménage ? Pas question, je veux continuer à pêcher".