Troubles nocturnes notamment à Tunis, Sfax et Kassérine

Des manifestants tunisiens affrontent les forces de sécurité dans une rue de la banlieue d'Ettadhamen, à la périphérie nord-ouest de Tunis, le 18 janvier 2021 (Photo, AFP)
Des manifestants tunisiens affrontent les forces de sécurité dans une rue de la banlieue d'Ettadhamen, à la périphérie nord-ouest de Tunis, le 18 janvier 2021 (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 19 janvier 2021

Troubles nocturnes notamment à Tunis, Sfax et Kassérine

  • La Tunisie vient de vivre trois nuits consécutives de troubles, d’émeutes et de pillages parfois, comme dans certains quartiers populaires de sa capitale, Tunis, et dans plusieurs de ses villes
  • Le Syndicat national des journalistes tunisiens a publié de son côté un communiqué qui dénonce les «campagnes haineuses» dont sont victimes des journalistes qui ont couvert les événements

TUNIS: Des heurts ont éclaté pour la quatrième nuit consécutive dans plusieurs villes de Tunisie, où des jeunes ont pris pour cible la police mobilisée pour faire respecter le couvre-feu lié à la pandémie de coronavirus et qui a répliqué avec des gaz lacrymogènes. 

A Tunis, quelques centaines de jeunes ont jeté des pierres et quelques cocktails Molotov sur des policiers déployés en force, notamment dans plusieurs quartiers populaires dont la vaste cité d'Ettadhamen située en périphérie de la capitale. Les forces de l'ordre ont tiré d'importantes quantités de gaz lacrymogènes. 

A Sfax, deuxième plus grande ville du pays, des protestataires ont incendié des pneus et coupé des routes. 

Des heurts ont également eu lieu à Gafsa, où les habitants protestaient contre la destruction par les autorités d'un point de vente informel, a indiqué un autre correspondant. 

Des échauffourées ont également éclaté au Kef, à Bizerte (nord) et Kasserine (centre-ouest), à Sousse et Monastir (centre-est), selon des médias locaux. 

Le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Khaled Hayouni, avait préalablement fait état lundi de six cent trente-deux arrestations dans de nombreuses villes de Tunisie, n'était pas en mesure à ce stade de détailler les arrestations et dégâts survenus dans la nuit de lundi à mardi. 

 

Un membre de la Garde nationale tunisienne traîne un treillis en bois en feu lors d'affrontements avec des manifestants dans la banlieue d'Ettadhamen, dans la banlieue nord-ouest de la capitale tunisienne, Tunis, le 17 janvier 2021. (AFP)
Un membre de la Garde nationale tunisienne traîne un treillis en bois en feu lors d'affrontements avec des manifestants dans la banlieue d'Ettadhamen, dans la banlieue nord-ouest de la capitale tunisienne, Tunis, le 17 janvier 2021 (Photo, AFP).

Le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Khaled Hayouni, a évoqué Lundi des groupes de jeunes âgés de 15 à 25 ans qui ont «brûlé des pneus et des poubelles afin d'entraver les mouvements des forces de sécurité». 

De son côté, le porte-parole du ministère de la Défense, Mohamed Zekri, a annoncé dimanche soir que des unités militaires avaient été dépêchées dans les régions de Bizerte, Sousse, Kasserine et Siliana afin d’aider les forces de sécurité à contenir les manifestations nocturnes.

Lundi matin, au centre-ville de Tunis, des manifestants ont battu le pavé, réclamant la libération des personnes arrêtées ces derniers jours et dénonçant «la dérive totalitaire» des autorités. Des slogans exprimant des revendications sociales ont également été lancés, dénonçant notamment le chômage et la précarité grandissante de la population – plus particulièrement depuis la propagation de la pandémie de la Covid-19.

Par ailleurs, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a publié aujourd’hui un communiqué qui dénonce des mouvements nocturnes qui ont eu lieu dans différentes régions du pays.

La puissante centrale syndicale a rappelé que le droit de manifester pacifiquement est garanti par la Constitution du 27 janvier 2014. Elle a également insisté sur le fait que les jeunes manifestants devaient cesser d’organiser leurs manifestations pendant la nuit afin d’éviter les débordements, le pillage et les actes de vandalisme. Elle se dit «étonnée du silence des autorités» face à ces actes.

La concomitance des émeutes de ces dernières nuits, plus particulièrement celles de samedi à dimanche, ainsi que leur ampleur – elles se développent sur l’ensemble du territoire tunisien –, commence à susciter des interrogations. Certains y voient déjà un mouvement orchestré dans l'ombre, qui a pour objectif de manipuler une jeunesse frappée de plein fouet par le chômage. D’autres pointent du doigt «le silence intrigant» d’une politique «divisée et paralysée».

Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a publié de son côté un communiqué qui dénonce les «campagnes haineuses» dont sont victimes des journalistes qui ont couvert les événements survenus durant ces derniers jours de confinement total.

Des membres de la Garde nationale tunisienne sont assis au sommet de leur véhicule blindé, stationné dans une rue au milieu d'affrontements avec des manifestants à la suite d'une manifestation dans le quartier d'Ettadhamen dans la capitale Tunis, le 17 janvier 2021. (AFP)
Des membres de la Garde nationale tunisienne sont assis au sommet de leur véhicule blindé, stationné dans une rue au milieu d'affrontements avec des manifestants à la suite d'une manifestation dans le quartier d'Ettadhamen dans la capitale Tunis, le 17 janvier 2021. (AFP)

«Le syndicat tient le ministère de l'Intérieur pour responsable de la protection des correspondants travaillant pour les médias lors de la couverture des manifestations et des émeutes nocturnes et il lui demande de prendre toutes les mesures de protection vis-à-vis des journalistes victimes d'incitation et de menaces», peut-on lire dans le communiqué.

Le plus souvent, ces heurts éclatent dans des zones marginalisées et économiquement déclassées et surviennent alors que la situation politique du pays est très instable. En douze mois, la Tunisie a compté trois équipes gouvernementales menées respectivement par Habib Jemli, Elyes Fakhfakh et Hichem Mechichi. Le ministre de la Santé a changé à quatre reprises au beau milieu de la crise sanitaire liée à la Covid-19, le remaniement de samedi étant le dernier en date.

Pour de nombreux observateurs, la réponse des autorités doit être à la fois politique – le pays ayant besoin d’un cap – et économique, car la jeunesse tunisienne souffre d’un manque de perspectives et d’un chômage endémique.


La diplomatie française estime qu'Israël doit faire preuve de « la plus grande retenue » au Liban

Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
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  • l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, Hezbollah.
  • Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

PARIS : La France a exhorté mercredi Israël « à faire preuve de la plus grande retenue » au Liban après la frappe israélienne qui a touché Beyrouth dimanche dernier, et a souligné que le démantèlement des sites militaires du Hezbollah revenait « exclusivement aux forces armées libanaises ».

Malgré un cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après plus d'un an de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, très affaibli, qui affirme de son côté respecter l'accord.

Le week-end dernier, Israël a assuré avoir visé un entrepôt de missiles.

Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

« La France rappelle que le respect du cessez-le-feu s'impose à toutes les parties sans exception afin de garantir la sécurité des populations civiles des deux côtés de la Ligne bleue », la frontière de facto délimitée par les Nations unies, a souligné mercredi Christophe Lemoine, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

« La France appelle donc Israël à faire preuve de la plus grande retenue et à se retirer au plus vite des cinq points toujours occupés sur le territoire libanais », a-t-il ajouté lors d'un point presse.

Une commission regroupant le Liban, Israël, les États-Unis, la France et l'ONU est chargée de superviser l'application du cessez-le-feu.

Beyrouth presse la communauté internationale de faire pression sur Israël pour qu'il mette fin à ses attaques et se retire des cinq positions frontalières où il s'est maintenu dans le sud du pays, malgré l'accord.


Les services de sécurité des Émirats déjouent un transfert illégal d'armes vers le Soudan

Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
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  • Les services de sécurité ont réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises 
  • Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays

ABU DHABI: Les services de sécurité des Émirats arabes unis ont déjoué une tentative de transfert illégal d'armes et d'équipements militaires aux forces armées soudanaises, a déclaré mercredi le procureur général des Émirats arabes unis, Hamad Saif al-Chamsi.

M. Al-Chamsi a déclaré que les services de sécurité avaient réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises après l'arrestation de membres d'une cellule impliquée dans la médiation non autorisée, le courtage et le trafic illicite d'équipements militaires, sans avoir obtenu les licences nécessaires auprès des autorités compétentes.

Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays.

L'avion transportait environ cinq millions de munitions de type Goryunov (54,7 x 62 mm).

Les autorités ont également saisi une partie du produit financier de la transaction en possession de deux suspects dans leurs chambres d'hôtel.

M. Al-Chamsi a déclaré que l'enquête avait révélé l'implication de membres de la cellule des chefs militaires soudanais, notamment l'ancien chef des services de renseignement Salah Gosh, un ancien officier de l'agence de renseignement, un ancien conseiller du ministre des Finances et une personnalité politique proche du général Abdel Fattah al-Burhan et de son adjoint Yasser al-Atta. Plusieurs hommes d'affaires soudanais ont également été impliqués.

Selon les enquêteurs, les membres de la cellule ont conclu un marché d'équipement militaire portant sur des fusils Kalachnikov, des munitions, des mitrailleuses et des grenades d'une valeur de plusieurs millions de dollars.

Les armes ont été transférées de l'armée soudanaise à une société d'importation des Émirats arabes unis en utilisant la méthode de transfert des HAWALADARS.

La transaction a été facilitée par l'intermédiaire d'une société appartenant à un membre fugitif de la cellule travaillant pour les forces armées soudanaises, en coordination avec le colonel Othman al-Zubair, responsable des opérations financières au sein de l'armée soudanaise.

De faux contrats et de fausses factures commerciales ont été utilisés pour prétendre que les paiements concernaient un contrat d'importation de sucre.

L'enquête a conclu que ces transactions avaient été effectuées à la demande du comité d'armement des forces armées soudanaises, présidé par Al-Burhan et son adjoint Al-Atta, en toute connaissance de cause et avec leur approbation. Les membres de la cellule ont été directement chargés de négocier et de finaliser les transactions par Ahmed Rabie Ahmed al-Sayed, une personnalité politique proche du commandant en chef soudanais et responsable de la délivrance des certificats et des approbations des utilisateurs finaux.

Les enquêteurs ont confirmé que Salah Gosh jouait un rôle central dans la gestion du trafic illégal d'équipements militaires aux Émirats arabes unis, en coordination avec d'autres membres de la cellule.

Le groupe a réalisé une marge bénéficiaire de 2,6 millions de dollars (1 dollar = 0,88 euro) par rapport à la valeur réelle des deux transactions, qu'il s'est répartie entre lui et plusieurs complices. La part de Gosh a été retrouvée en possession du suspect Khalid Youssef Mukhtar Youssef, ancien officier de renseignement et ex-chef de cabinet de Gosh.

La cargaison saisie était arrivée à l'aéroport des Émirats arabes unis à bord d'un avion privé en provenance d'un pays étranger.

L'avion s'était posé pour faire le plein et avait officiellement déclaré qu'il transportait un lot de fournitures médicales.

Cependant, la cargaison militaire a été découverte sous la supervision du ministère public, sur la base de mandats judiciaires émis par le procureur général.

Les autorités ont également saisi des copies des contrats relatifs aux deux transactions, de faux documents d'expédition, ainsi que des enregistrements audio et des messages échangés entre les membres de la cellule.

L'enquête a permis de découvrir plusieurs sociétés appartenant à un homme d'affaires soudano-ukrainien, dont une opérant aux Émirats arabes unis.

Ces sociétés ont fourni à l'armée soudanaise des armes, des munitions, des grenades et des drones, en collaboration avec les membres de la cellule et le responsable financier de l'armée.

L'une des sociétés figure sur la liste des sanctions américaines.

Les enquêtes en cours ont révélé que les intérêts financiers et les profits du groupe sont étroitement liés à la poursuite du conflit interne au Soudan.

Le procureur général a souligné que cet incident représentait une grave atteinte à la sécurité nationale des Émirats arabes unis, en faisant de leur territoire une plateforme pour le trafic illégal d'armes à destination d'un pays en proie à des troubles civils, en plus de constituer des infractions pénales punissables par la loi.

Il a conclu en déclarant que le ministère public poursuivait ses procédures d'enquête en vue de déférer les suspects à une procédure judiciaire d'urgence.

Les résultats définitifs seront annoncés à la fin de l'enquête.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Retailleau engage la procédure de dissolution d'Urgence Palestine

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine.
  • Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

PARIS : A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine, ainsi que de Lyon Populaire, qui appartient à l'ultra droite, après avoir lancé mardi celle du groupe antifasciste La Jeune Garde.

Invité de CNews/Europe 1, le ministre de l'Intérieur a justifié la dissolution d'Urgence Palestine en affirmant qu'il fallait « taper sur les islamistes ». « L'islamisme est une idéologie qui essaie d'instrumentaliser une religion. Il y a une défiguration de la foi », a-t-il dit.

« Il ne faut pas défigurer la juste cause des Palestiniens », a poursuivi M. Retailleau, qui a insisté sur le fait que « beaucoup de nos compatriotes musulmans professent une foi parfaitement compatible avec les valeurs de la République ».

Créé au lendemain de l'attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza, le collectif Urgence Palestine dit rassembler « des citoyens, des organisations et mouvements associatifs, syndicaux et politiques mobilisés pour l'auto-détermination du peuple palestinien ». 

Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

« À l'heure où le peuple palestinien est confronté au génocide, à la famine, où les Israéliens cherchent à détruire et à anéantir le peuple palestinien, que fait le gouvernement français ? Il veut dissoudre notre collectif, c'est insupportable », a réagi Omar Al Soumi, l'un des militants d'Urgence Palestine.

« C'est la réalité d'une France complice du génocide », a-t-il accusé dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

Urgence Palestine a reçu de nombreux messages de soutien de la part d'organisations de l'extrême gauche et de la gauche radicale. 

« Non à la dissolution d'Urgence Palestine », a écrit sur Instagram le Nouveau Parti Anticapitaliste, dénonçant « des prétextes pour faire taire les voix solidaires avec la Palestine ! ».

L'eurodéputée insoumise Rima Hassan a également critiqué les dissolutions engagées contre la Jeune Garde et Urgence Palestine.

« La dérive autoritaire et fasciste de Macron est aussi réelle, tangible et concrète », a-t-elle réagi sur X.

Tsedek!, qui se présente comme un « collectif juif décolonial », a aussi apporté son soutien à ces deux organisations.

« Le gouvernement qui appelle à la dissolution d’Urgence Palestine, c’est la République qui reprend ses droits et réaffirme que l’antisémitisme ne passera pas en France », s'est au contraire félicitée Sarah Aizenman, présidente du collectif « Nous vivrons », auprès de l'AFP. 

« Cette organisation ne défend pas les droits des Palestiniens, elle soutient une organisation terroriste », a accusé Mme Aizenman.

Les annonces de procédures de dissolution contre La Jeune Garde et Urgence Palestine interviennent à la veille des rassemblements du 1er-Mai et pourraient tendre le climat des manifestations, notamment à Paris, selon un haut responsable de la police.

Le ministre de l'Intérieur et le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, ont par avance prévenu qu'aucun débordement ne serait toléré.

Environ 15 000 personnes sont attendues jeudi pour la manifestation parisienne.