Tunisie: la gronde de la jeunesse dans un contexte de crise multidimensionnelle

La Tunisie est dans une situation instable, on sent la révolte, le désarroi», explique Nezha, une cheffe d’entreprise dans le secteur de la mode qui vit à Tunis (Photo, AFP)
La Tunisie est dans une situation instable, on sent la révolte, le désarroi», explique Nezha, une cheffe d’entreprise dans le secteur de la mode qui vit à Tunis (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 19 janvier 2021

Tunisie: la gronde de la jeunesse dans un contexte de crise multidimensionnelle

  • Des jeunes issus de plusieurs quartiers populaires durement frappés par la crise sociale ont manifesté en bravant le confinement
  • «Il faut un sursaut des politiques et de la société civile pour affronter les difficultés et sauver notre pays, notre jeune démocratie»

PARIS: Dans un contexte d’instabilité politique et de crise sociale et économique, les jeunes Tunisiens des quartiers populaires, sans slogan revendicatif, manifestent dans plusieurs villes du pays.  

Au lendemain de la célébration du dixième anniversaire de la «révolution du jasmin», des émeutes ont éclaté la première nuit du confinement généralisé, décrété par le gouvernement tunisien, le 14 janvier. Durant trois nuits consécutives, des heurts ont eu lieu dans plusieurs villes du pays: Tunis, Bizerte, Menzel Bourguiba, Sousse et Nabeul, Kasserine, Siliana, Gafsa et Monastir. 

Des échauffourées, des actes de sabotage et de pillage, rapportés dans la presse et sur les réseaux sociaux, indiquent que des jeunes issus de plusieurs quartiers populaires durement frappés par la crise sociale ont manifesté en bravant le confinement.  

Qu’en pensent les Tunisiens? Considérés comme précurseurs dans le déclenchement des révolutions arabes et comme ceux qui ont réussi à faire chuter un régime totalitaire, les Tunisiens, aujourd’hui, semblent inquiets et exaspérés. Sur les réseaux sociaux ils décrivent la situation, certains accusent l’échec du gouvernement dans son incapacité à faire face à une situation socioéconomique complexe, d’autre pointent du doigt les partis politiques qui, selon eux, instrumentalisent les faits pour créer une situation de révolte généralisée.  

Sollicitée par Arab News en français, Nezha, une cheffe d’entreprise dans le secteur de la mode qui vit à Tunis, explique que l’anniversaire de la révolution intervient dans un contexte très anxiogène «un confinement généralisé de quatre jours à la veille de cette date historique, une situation socioéconomique qui se dégrade de jour en jour, sans compter les nombreux échecs de la vie politique: corruption, démissions, remaniement. La Tunisie est dans une situation instable, on sent la révolte, le désarroi», explique-t-elle. «Ces manifestants expriment leur ras-le-bol, leur désespoir», nous confie-t-elle.  

Selon Rabeb Aloui, journaliste et militante pour l’environnement, dans la cité d’Ettadhamen le taux de pauvreté atteint 70 %, et le revenu mensuel moyen est estimé à 100 dollars (1 dollar = 0,83 euro). «Les manifestations peuvent être largement attribuées à la détérioration des conditions sociales et économiques», explique-t-elle. 

La police déployée, l’armée appelée en renfort 

Durant ces nuits d’émeutes, des patrouilles de police se sont déployées dans de nombreux quartiers des villes concernées, dont le quartier populaire d’Ettadhamen, dans la périphérie de Tunis, où des jets de pierre et des tirs de gaz lacrymogène ont été échangés entre les émeutiers et les force de l’ordre.  

Pour protéger les établissements publics, des renforts ont été déployés par l’armée tunisienne dans les différentes régions du pays comme Bizerte, Sousse,  Kasserine et  Siliana. Selon Khaled Hayouni, porte-parole du ministère de l’Intérieur, 632 personnes ont été arrêtées après la troisième nuit d’émeutes. Ce dernier explique que des jeunes «ont brûlé des pneus et des poubelles afin d’entraver les mouvements des forces de sécurité». De son côté, Walid Hakima, porte-parole de la direction générale de la sûreté nationale tunisienne, indique dans une déclaration à la presse que «des policiers ont été blessés et des véhicules de police saccagés». 

Une classe politique divisée et sous haute tension  

Malgré l’aggravation de la situation sanitaire et les difficultés économiques, l’heure n’est pas au compromis dans le pays. Rien ne va plus entre les membres de la classe politique, les tensions sont vives, et les confrontations se multiplient. Le gouvernement, remanié le samedi 17 janvier, attend le vote de confiance d’un Parlement fragmenté et fragilisé depuis 2019.  

«La révolution, nous l’avons faite, elle n’est pas complètement réussie, mais elle se poursuit. Nous avons la possibilité de construire une nouvelle Tunisie. Pour cela, nous avons besoin de rétablir la confiance envers les politiques. Or, les politiciens se divisent, s’affrontent, parfois de façon brutale au sein même du Parlement. Il faut un sursaut des politiques et de la société civile pour affronter les difficultés et sauver notre pays, notre jeune démocratie», nous confie Fatima, une retraitée de l’Éducation nationale.  

De son côté, Ghazi Chaouachi, secrétaire général du Courant démocrate, ancien ministre et ancien député, souligne sur sa page Facebook que «les manifestations accompagnées par des actes de vandalisme, d’attaques contre les biens publics et privés, de jour comme de nuit, représentent non seulement un crime puni par la loi, mais aussi un acte terroriste à l’encontre du pays et de ses citoyens». Quant à Abdellatif Mekki, ancien ministre de la Santé, il s’interroge, via les réseaux sociaux, sur les véritables commanditaires des actes de pillage et de sabotage. Solidaire avec les forces de l’ordre, il appelle à la solidarité entre citoyens. «Nous sommes tous avec nos forces de sécurité qui ne font qu’appliquer la loi et protéger la vie des citoyens.» 


Vision 2030: le Cabinet remercie les agences impliquées

Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, assiste à la session du Cabinet, mardi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, assiste à la session du Cabinet, mardi. (SPA)
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  • Le Conseil des ministres a souligné que la sécurité du Moyen-Orient exigeait d'accélérer la recherche d'une solution juste et globale à la question palestinienne
  • Le Conseil a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts pour accélérer le redressement économique de la République arabe syrienne

RIYAD: Le Conseil des ministres a salué les efforts des agences gouvernementales ayant contribué aux avancées réalisées dans le cadre de la Vision saoudienne 2030, alors que le Royaume se rapproche de l’atteinte de ses objectifs clés, a rapporté mardi l’Agence de presse saoudienne (SPA).

D’après le rapport annuel 2024 de la Vision, 93% des principaux indicateurs de performance ont été entièrement ou partiellement atteints depuis le lancement de l’initiative il y a neuf ans.

Le ministre des Médias, Salman al-Dosari, a précisé que le cabinet avait discuté de la troisième et dernière phase de la Vision 2030, qui débutera en 2026. Cette phase visera à pérenniser l’impact des transformations déjà engagées tout en exploitant de nouvelles opportunités de croissance.

Le Conseil des ministres a également salué le don généreux d’un milliard de riyals saoudiens (266,6 millions de dollars; 1 dollar = 0,88 euro) effectué par le prince héritier Mohammed ben Salmane, destiné à soutenir des projets de logement pour les bénéficiaires saoudiens éligibles et les familles dans le besoin.

Le cabinet a souligné que ce don illustre l’engagement constant du prince héritier à améliorer la qualité de vie des citoyens, ainsi que son intérêt soutenu pour le secteur du logement et les initiatives visant à offrir des logements décents aux familles méritantes à travers le Royaume.

Le prince Mohammed a également informé le Conseil de sa rencontre avec le roi Abdallah II de Jordanie, ainsi que de ses échanges avec le Premier ministre indien Narendra Modi.

Le cabinet a salué les résultats de la deuxième réunion du Conseil de partenariat stratégique saoudo-indien, soulignant le développement continu des relations économiques, commerciales et d’investissement entre les deux pays.

Le Conseil des ministres a souligné que la sécurité du Moyen-Orient exigeait d'accélérer la recherche d'une solution juste et globale à la question palestinienne, conformément aux résolutions de la légitimité internationale, à l'initiative de paix arabe et à la création d'un État palestinien indépendant le long des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

Le Conseil a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts pour accélérer le redressement économique de la République arabe syrienne et a renouvelé son appel aux institutions financières régionales et internationales pour qu'elles reprennent et étendent leurs opérations dans le pays.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'Arabie saoudite condamne les actions d'Israël à Gaza devant la CIJ

 Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
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  • Tel-Aviv "continue d'ignorer" les décisions de la Cour internationale de justice, déclare le représentant du Royaume
  • M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

DUBAI : L'Arabie saoudite a condamné mardi devant la Cour internationale de justice la campagne militaire israélienne en cours à Gaza, l'accusant de défier les décisions internationales et de commettre de graves violations des droits de l'homme.

S'exprimant devant la Cour, le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, a déclaré qu'Israël "continue d'ignorer les ordres de la Cour" et a insisté sur le fait que "rien ne justifie les violations commises par Israël à Gaza".

M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

Ses remarques ont été formulées au deuxième jour des audiences de la CIJ sur les obligations humanitaires d'Israël à l'égard des Palestiniens, qui se déroulent dans le cadre d'un blocus israélien total de l'aide à la bande de Gaza, qui dure depuis plus de 50 jours.

Ces audiences s'inscrivent dans le cadre d'efforts plus larges visant à déterminer si Israël a respecté les responsabilités juridiques internationales dans sa conduite lors de la guerre contre Gaza.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Syrie: neuf morts dans des affrontements entre forces de sécurité et combattants druzes près de Damas

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
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  • Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité "
  • "La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué

DAMAS: Neuf personnes ont été tuées dans des affrontements entre les forces de sécurité syriennes et des combattants de la minorité druze à Jaramana, dans la banlieue de Damas, sur fond de tension confessionnelle, selon un nouveau bilan mardi d'une ONG.

Ces violences interviennent un mois après des massacres qui ont visé la minorité alaouite, faisant des centaines de morts, dans le pays où la coalition islamiste qui a pris le pouvoir en décembre est scrutée par la communauté internationale.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), "les forces de sécurité ont lancé un assaut" contre la banlieue à majorité druze de Jaramana, après la publication sur les réseaux sociaux d'un message vocal attribué à un druze et jugé blasphématoire envers l'islam.

L'OSDH, basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un solide réseau de sources en Syrie, a précisé que six combattants locaux de Jaramana et trois "assaillants" avaient été tués.

Plusieurs habitants de Jaramana joints au téléphone par l'AFP ont indiqué avoir entendu des échanges de tirs dans la nuit.

"Nous ne savons pas ce qui se passe, nous avons peur que Jaramana devienne un théâtre de guerre", a affirmé Riham Waqaf, une employée d'une ONG terrée à la maison avec son mari et ses enfants.

"On devait emmener ma mère à l'hôpital pour un traitement, mais nous n'avons pas pu" sortir, a ajouté cette femme de 33 ans.

Des combattants locaux se sont déployés dans les rues et aux entrées de la localité, demandant aux habitants de rester chez eux, a dit à l'AFP l'un de ces hommes armés, Jamal, qui n'a pas donné son nom de famille.

"Jaramana n'a rien connu de tel depuis des années". La ville est d'habitude bondée, mais elle est morte aujourd'hui, tout le monde est à la maison", a-t-il ajouté.

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants.

 "Respecter l'ordre public" 

Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité de ce qui s'est produit et de toute aggravation de la situation".

"La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué.

Il a dénoncé dans le même temps "toute atteinte au prophète Mahomet" et assuré que le message vocal était fabriqué "pour provoquer la sédition".

Le ministère de l'Intérieur a souligné mardi "l'importance de respecter l'ordre public et de ne pas se laisser entraîner dans des actions qui perturberaient l'ordre public".

Il a ajouté qu'il enquêtait sur le message "blasphématoire à l'égard du prophète" Mahomet pour identifier l'auteur et le traduire en justice.

Les druzes, une minorité ésotérique issue de l'islam, sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël.

Dès la chute du pouvoir de Bachar al-Assad le 8 décembre en Syrie, après plus de 13 ans de guerre civile, Israël multiplié les gestes d'ouverture envers cette communauté.

Début mars, à la suite d'escarmouches à Jaramana, Israël avait menacé d'une intervention militaire si les nouvelles autorités syriennes s'en prenaient aux druzes.

Ces propos ont été immédiatement rejetés par les dignitaires druzes, qui ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie. Leurs représentants sont en négociation avec le pouvoir central à Damas pour parvenir à un accord qui permettrait l'intégration de leurs groupes armés dans la future armée nationale.

Depuis que la coalition islamiste dirigée par Ahmad al-Chareh, qui a été proclamé président intérimaire, a pris le pouvoir, la communauté internationale multiplie les appels à protéger les minorités.

Début mars, les régions du littoral dans l'ouest de la Syrie ont été le théâtre de massacres qui ont fait plus de 1.700 tués civils, en grande majorité des alaouites, selon l'OSDH.