L'Arabie saoudite accélère la stratégie de son Fonds souverain

La prochaine phase de Saudi Vision 2030, dévoilée par le prince héritier Mohammed ben Salmane lors d'un discours prononcé dimanche sur la stratégie du Fonds d'investissement public pour les cinq prochaines années, est une feuille de route vers la diversification économique. (Photo, AFP).
La prochaine phase de Saudi Vision 2030, dévoilée par le prince héritier Mohammed ben Salmane lors d'un discours prononcé dimanche sur la stratégie du Fonds d'investissement public pour les cinq prochaines années, est une feuille de route vers la diversification économique. (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 26 janvier 2021

L'Arabie saoudite accélère la stratégie de son Fonds souverain

  • Le Vision Realization Program a l’intention de démarrer de nouveaux secteurs économiques, et améliorer ceux déjà opérationnels depuis le premier VRP de 2017
  • Au cours des cinq prochaines années, VRP2 entend renforcer également la position du PIF comme agence de développement économique

DUBAÏ: Le prince héritier Mohammed ben Salmane a décrit la stratégie du Fonds d'investissement public saoudien (PIF) pour les cinq prochaines années lors d'un discours prononcé dimanche, où il a dévoilé la prochaine phase de Saudi Vision 2030. Mais le document, qui se veut une feuille de route vers la diversification économique, représente bien plus.

«Notre pays sera un pionnier de la nouvelle civilisation humaine, c’est l’objectif», déclare le prince héritier, qui assume le rôle président du PIF. En effet, alors que le monde croule sous le choc de la pandémie, alors que les stratèges économiques refusent de se prononcer quant aux perspectives de reprise économique mondiale, l'Arabie maintient le cap sur sa stratégie de transformation.

Le Vision Realization Program (VRP2) a l’intention de démarrer de nouveaux secteurs économiques, et améliorer ceux déjà opérationnels depuis le premier VRP de 2017.

Yasir Al-Rumayyan, le gouverneur du PIF, affirme que le développement humain est une stratégie fondamentale du plan (Photo, AFP).

Yasir Al-Rumayyan, le gouverneur du PIF, fait écho à la nature ambitieuse du plan. «Au cœur de notre stratégie, nous nous concentrons sur le financement des nouveaux futurs de l’humanité à travers l’amélioration de la qualité de vie, la favorisation de la durabilité environnementale et économique, et le développement de nouveaux secteurs et emplois», a-t-il déclaré.

Au cours des cinq prochaines années, VRP2 entend renforcer également la position du PIF comme agence de développement économique. Ceci ne manquera pas de propulser l’institution vers son objectif de devenir le premier Fonds souverain au monde, et de rivaliser avec les géants de l'investissement en Asie, en Europe, et aux États-Unis.

L’expert en économie régionale Nasser Saïdi voit dans l’annonce un pas géant dans les projets du Royaume. «L'Arabie saoudite a mis le pied sur le gaz de la stratégie Vision 2030 avec l'annonce du plan économique pour les cinq prochaines années articulé autour du le PIF» dit-il à Arab News. «On ne peut plus remettre en question le sérieux de ses intentions au sujet du plan de transformation et de diversification en profondeur de l’économie et de la société du Royaume en un temps ultra-rapide».

Le rôle du PIF comme créateur d'emplois sera renforcé par la vague de nouveaux rôles créés sur les mégaprojets comme NEOM, Red Sea Development et le parc d'attractions Qiddiya, qui ont été marqués pour une accélération de cadence en 2021 (Photo, AFP).

Le plan quinquennal verra le PIF investir 40 milliards de dollars par an, un montant énorme, équivalent à près de 5% du produit intérieur brut (PIB) du Royaume dans une année. Le Fonds s’est de plus engagé à contribuer 320 milliards de dollars au PIB non pétrolier à travers les entreprises où il détient des actifs, ainsi qu’à créer les quelques 1,8 million d'emplois dont le Royaume aura besoin d'ici la fin de 2025.

En Bref

Fonds d'investissement public
* 2000 milliards de dollars - Objectif pour les actifs du PIF d'ici 2030.
* 1,8 m - Nouveaux emplois prévus d'ici 2025.
* 40 milliards de dollars - Injection annuelle du PIF dans l'économie saoudienne.

Les experts en matière d’investissement ont salué la stratégie accélérée de VRP2. Tarek Fadlallah, directeur général de Nomura Asset Management au Moyen-Orient, a déclaré que cette approche dynamique d’utiliser les gains financiers pour inciter et diriger les investissements dans des secteurs clés - doit être saluée et applaudie.

«Donner au PIF un rôle distinct pour soutenir l’économie au moment dans un contexte de volatilité des prix du pétrole est d’une importance capitale. C’est ainsi que l’on renfloue les comptes épargnes, on garantit les financements, et on attire les investissements», se réjouit Mazen Al-Sudairi, responsable de la recherche chez Al-Rajhi Capital.

D'autres bailleurs de fonds attendent d’en apprendre plus sur le plan ambitieux. «C’est un objectif impressionnant. Que certaines personnes soient encore capables de voir grand et penser stratégiquement dans cette période complexe est rassurant. Mais j'aimerais savoir comment ils vont financer cette entreprise», a demandé un banquier qui a refusé d'être identifié.

Une bonne question, à laquelle le PIF ne manquera pas de répondre en détail, et avec assurance, aux partenaires d'investissement et aux professionnels de la banque dans les mois à venir. Mais quelques-uns des flux de revenus qui pourraient alimenter la transformation du Fonds sont déjà connus, car il dispose de quatre sources de financement principales.

Le gouvernement d'Arabie saoudite injecte des capitaux dans le Fonds, comme il l’a fait avec 40 milliards de dollars en provenance de la Banque centrale saoudienne (SAMA) l'année dernière. L’investissement avait pour but de profiter des opportunités d'investissement dans le monde, quand la valeur des actifs a chuté à cause de la pandémie.  Des actifs du gouvernement lui sont aussi transférés.

Le fait que le PIF joue un rôle aussi crucial dans le développement de l’économie saoudienne montre que le Fonds vient de loin sur la scène financière du Royaume (Photo, AFP).

L’institution perçoit également des dividendes de son portefeuille, qui compte quelques-uns des plus grands noms des sociétés cotées du pays. Elle reçoit aussi un revenu qui résulte de la cession d'investissements.

Le PIF a le pouvoir de contracter des prêts normaux auprès des banques, comme il peut lever des fonds à travers la vente d’obligations sur les marchés de la dette au Royaume et dans le monde.

Al-Rumayyan a récemment donné des indications sur d'autres ressources pour soutenir les grands projets du PIF. Il a récemment déclaré au Financial Times que le PIF réduirait son exposition aux investissements internationaux pour se concentrer davantage sur l'Arabie saoudite, réduisant la proportion d'actifs investis à l'étranger de 30 à 20%. Le montant absolu ne devrait pas être grandement affecté à mesure que les actifs du PIF augmenteraient.

Il existe également un grand potentiel de levée de fonds via la vente de sociétés privées et de sociétés du portefeuille du PIF et qui sont cotées à la bourse de Tadawul.

De nombreux analystes s'attendent à ce qu'une vague d'introductions en bourse et de ventes de parts se produise en Arabie saoudite cette année. En effet, car conditions de marché favorables encouragent les investisseurs, dont le PIF, à réaliser des bénéfices comptables.

Le PIF a reçu les 29 milliards de dollars récoltés lors du plus grand appel public à l'épargne (IPO) de l'histoire lorsque Saudi Aramco a inscrit des actions sur le Tadawul en décembre. D'autres levées de fonds pourraient être effectuées, selon des suggestions, soit par la vente de plus d'actions Aramco, soit par la cession de certaines entreprises qui composent le groupe énergétique du même nom.

Al-Rumayyan a déclaré qu'Aramco, dont il est président, pourrait vendre plus d'actions «si la valorisation est adéquate». Il ajoute qu'il envisageait de vendre d'autres actifs «si cette décision nous semble judicieuse, nous la prendrons. Tout est envisageable, sauf les opérations principales », selon lui.

«Notre pays sera un pionnier de la nouvelle civilisation humaine, c’est l’objectif», déclare le prince héritier de l’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane (Photo, fournie).

Le rôle du PIF comme créateur d'emplois sera renforcé par la vague de nouveaux rôles créés sur les mégaprojets comme NEOM, Red Sea Development et le parc d'attractions Qiddiya, qui ont été marqués pour une accélération de cadeance en 2021. Le Fonds peut également démarrer de nouvelles entreprises dans le Royaume, pour s’ajouter à la trentaine qu’il démarré ces trois dernières années.

Le constructeur de voitures électriques Lucent - dont le PIF est l'actionnaire majoritaire - serait en pourparlers pour créer une usine de fabrication près de Djeddah, sa première en dehors des États-Unis. Les créations d'entreprises sont également probables grâce à l'ouverture des opérations saoudiennes pour certaines des entreprises dans lesquelles le PIF a investi conjointement aux côtés du Vision Fund, l'entreprise de gestion d'investissement dans laquelle SoftBank est le principal investisseur.

Le PIF se penchera également sur les investissements directs étrangers (IDE) essentiels; «un élément clé du succès du PIF a été les partenariats économiques stratégiques que le Fonds a développés avec de nombreux investisseurs et entreprises parmi les plus importants du monde. VRP2 renforcera ces partenariats, offrant aux investisseurs un accès à des opportunités d'investissement inexploitées, créant des synergies et de la valeur pour la communauté mondiale », a déclaré le Fonds cette semaine.

Les flux d’IED à destination de l’Arabie saoudite ont d’ailleurs augmenté au cours de la première partie de l’année dernière, malgré les effets des pandémies sur les économies du monde entier. «Le financement externe restera essentiel étant donné la taille de son objectif (PIF)», a déclaré Monica Malik, économiste en chef à la Abu Dhabi Commercial Bank.

L'opportunité de présenter les opportunités du VRP2 au monde extérieur commence lors du rassemblement Future Investment Initiative à Riyad plus tard cette semaine.

Twitter: @frankkanedubai

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La diplomatie française estime qu'Israël doit faire preuve de « la plus grande retenue » au Liban

Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
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  • l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, Hezbollah.
  • Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

PARIS : La France a exhorté mercredi Israël « à faire preuve de la plus grande retenue » au Liban après la frappe israélienne qui a touché Beyrouth dimanche dernier, et a souligné que le démantèlement des sites militaires du Hezbollah revenait « exclusivement aux forces armées libanaises ».

Malgré un cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après plus d'un an de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, très affaibli, qui affirme de son côté respecter l'accord.

Le week-end dernier, Israël a assuré avoir visé un entrepôt de missiles.

Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

« La France rappelle que le respect du cessez-le-feu s'impose à toutes les parties sans exception afin de garantir la sécurité des populations civiles des deux côtés de la Ligne bleue », la frontière de facto délimitée par les Nations unies, a souligné mercredi Christophe Lemoine, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

« La France appelle donc Israël à faire preuve de la plus grande retenue et à se retirer au plus vite des cinq points toujours occupés sur le territoire libanais », a-t-il ajouté lors d'un point presse.

Une commission regroupant le Liban, Israël, les États-Unis, la France et l'ONU est chargée de superviser l'application du cessez-le-feu.

Beyrouth presse la communauté internationale de faire pression sur Israël pour qu'il mette fin à ses attaques et se retire des cinq positions frontalières où il s'est maintenu dans le sud du pays, malgré l'accord.


Les services de sécurité des Émirats déjouent un transfert illégal d'armes vers le Soudan

Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
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  • Les services de sécurité ont réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises 
  • Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays

ABU DHABI: Les services de sécurité des Émirats arabes unis ont déjoué une tentative de transfert illégal d'armes et d'équipements militaires aux forces armées soudanaises, a déclaré mercredi le procureur général des Émirats arabes unis, Hamad Saif al-Chamsi.

M. Al-Chamsi a déclaré que les services de sécurité avaient réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises après l'arrestation de membres d'une cellule impliquée dans la médiation non autorisée, le courtage et le trafic illicite d'équipements militaires, sans avoir obtenu les licences nécessaires auprès des autorités compétentes.

Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays.

L'avion transportait environ cinq millions de munitions de type Goryunov (54,7 x 62 mm).

Les autorités ont également saisi une partie du produit financier de la transaction en possession de deux suspects dans leurs chambres d'hôtel.

M. Al-Chamsi a déclaré que l'enquête avait révélé l'implication de membres de la cellule des chefs militaires soudanais, notamment l'ancien chef des services de renseignement Salah Gosh, un ancien officier de l'agence de renseignement, un ancien conseiller du ministre des Finances et une personnalité politique proche du général Abdel Fattah al-Burhan et de son adjoint Yasser al-Atta. Plusieurs hommes d'affaires soudanais ont également été impliqués.

Selon les enquêteurs, les membres de la cellule ont conclu un marché d'équipement militaire portant sur des fusils Kalachnikov, des munitions, des mitrailleuses et des grenades d'une valeur de plusieurs millions de dollars.

Les armes ont été transférées de l'armée soudanaise à une société d'importation des Émirats arabes unis en utilisant la méthode de transfert des HAWALADARS.

La transaction a été facilitée par l'intermédiaire d'une société appartenant à un membre fugitif de la cellule travaillant pour les forces armées soudanaises, en coordination avec le colonel Othman al-Zubair, responsable des opérations financières au sein de l'armée soudanaise.

De faux contrats et de fausses factures commerciales ont été utilisés pour prétendre que les paiements concernaient un contrat d'importation de sucre.

L'enquête a conclu que ces transactions avaient été effectuées à la demande du comité d'armement des forces armées soudanaises, présidé par Al-Burhan et son adjoint Al-Atta, en toute connaissance de cause et avec leur approbation. Les membres de la cellule ont été directement chargés de négocier et de finaliser les transactions par Ahmed Rabie Ahmed al-Sayed, une personnalité politique proche du commandant en chef soudanais et responsable de la délivrance des certificats et des approbations des utilisateurs finaux.

Les enquêteurs ont confirmé que Salah Gosh jouait un rôle central dans la gestion du trafic illégal d'équipements militaires aux Émirats arabes unis, en coordination avec d'autres membres de la cellule.

Le groupe a réalisé une marge bénéficiaire de 2,6 millions de dollars (1 dollar = 0,88 euro) par rapport à la valeur réelle des deux transactions, qu'il s'est répartie entre lui et plusieurs complices. La part de Gosh a été retrouvée en possession du suspect Khalid Youssef Mukhtar Youssef, ancien officier de renseignement et ex-chef de cabinet de Gosh.

La cargaison saisie était arrivée à l'aéroport des Émirats arabes unis à bord d'un avion privé en provenance d'un pays étranger.

L'avion s'était posé pour faire le plein et avait officiellement déclaré qu'il transportait un lot de fournitures médicales.

Cependant, la cargaison militaire a été découverte sous la supervision du ministère public, sur la base de mandats judiciaires émis par le procureur général.

Les autorités ont également saisi des copies des contrats relatifs aux deux transactions, de faux documents d'expédition, ainsi que des enregistrements audio et des messages échangés entre les membres de la cellule.

L'enquête a permis de découvrir plusieurs sociétés appartenant à un homme d'affaires soudano-ukrainien, dont une opérant aux Émirats arabes unis.

Ces sociétés ont fourni à l'armée soudanaise des armes, des munitions, des grenades et des drones, en collaboration avec les membres de la cellule et le responsable financier de l'armée.

L'une des sociétés figure sur la liste des sanctions américaines.

Les enquêtes en cours ont révélé que les intérêts financiers et les profits du groupe sont étroitement liés à la poursuite du conflit interne au Soudan.

Le procureur général a souligné que cet incident représentait une grave atteinte à la sécurité nationale des Émirats arabes unis, en faisant de leur territoire une plateforme pour le trafic illégal d'armes à destination d'un pays en proie à des troubles civils, en plus de constituer des infractions pénales punissables par la loi.

Il a conclu en déclarant que le ministère public poursuivait ses procédures d'enquête en vue de déférer les suspects à une procédure judiciaire d'urgence.

Les résultats définitifs seront annoncés à la fin de l'enquête.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Retailleau engage la procédure de dissolution d'Urgence Palestine

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine.
  • Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

PARIS : A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine, ainsi que de Lyon Populaire, qui appartient à l'ultra droite, après avoir lancé mardi celle du groupe antifasciste La Jeune Garde.

Invité de CNews/Europe 1, le ministre de l'Intérieur a justifié la dissolution d'Urgence Palestine en affirmant qu'il fallait « taper sur les islamistes ». « L'islamisme est une idéologie qui essaie d'instrumentaliser une religion. Il y a une défiguration de la foi », a-t-il dit.

« Il ne faut pas défigurer la juste cause des Palestiniens », a poursuivi M. Retailleau, qui a insisté sur le fait que « beaucoup de nos compatriotes musulmans professent une foi parfaitement compatible avec les valeurs de la République ».

Créé au lendemain de l'attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza, le collectif Urgence Palestine dit rassembler « des citoyens, des organisations et mouvements associatifs, syndicaux et politiques mobilisés pour l'auto-détermination du peuple palestinien ». 

Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

« À l'heure où le peuple palestinien est confronté au génocide, à la famine, où les Israéliens cherchent à détruire et à anéantir le peuple palestinien, que fait le gouvernement français ? Il veut dissoudre notre collectif, c'est insupportable », a réagi Omar Al Soumi, l'un des militants d'Urgence Palestine.

« C'est la réalité d'une France complice du génocide », a-t-il accusé dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

Urgence Palestine a reçu de nombreux messages de soutien de la part d'organisations de l'extrême gauche et de la gauche radicale. 

« Non à la dissolution d'Urgence Palestine », a écrit sur Instagram le Nouveau Parti Anticapitaliste, dénonçant « des prétextes pour faire taire les voix solidaires avec la Palestine ! ».

L'eurodéputée insoumise Rima Hassan a également critiqué les dissolutions engagées contre la Jeune Garde et Urgence Palestine.

« La dérive autoritaire et fasciste de Macron est aussi réelle, tangible et concrète », a-t-elle réagi sur X.

Tsedek!, qui se présente comme un « collectif juif décolonial », a aussi apporté son soutien à ces deux organisations.

« Le gouvernement qui appelle à la dissolution d’Urgence Palestine, c’est la République qui reprend ses droits et réaffirme que l’antisémitisme ne passera pas en France », s'est au contraire félicitée Sarah Aizenman, présidente du collectif « Nous vivrons », auprès de l'AFP. 

« Cette organisation ne défend pas les droits des Palestiniens, elle soutient une organisation terroriste », a accusé Mme Aizenman.

Les annonces de procédures de dissolution contre La Jeune Garde et Urgence Palestine interviennent à la veille des rassemblements du 1er-Mai et pourraient tendre le climat des manifestations, notamment à Paris, selon un haut responsable de la police.

Le ministre de l'Intérieur et le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, ont par avance prévenu qu'aucun débordement ne serait toléré.

Environ 15 000 personnes sont attendues jeudi pour la manifestation parisienne.