Au Liban, Tripoli ne décolère pas

Les violences, qui se sont poursuivies pour la cinquième journée consécutive, ont fait des dizaines de blessées, et les manifestants ont fait usage de grenades à main pour la première fois. L’armée a riposté avec des balles réelles (Photo, AFP).
Les violences, qui se sont poursuivies pour la cinquième journée consécutive, ont fait des dizaines de blessées, et les manifestants ont fait usage de grenades à main pour la première fois. L’armée a riposté avec des balles réelles (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 29 janvier 2021

Au Liban, Tripoli ne décolère pas

  • L’armée a riposté avec des balles réelles
  • «72% des cas proviennent des groupes productifs, c'est-à-dire ceux entre 20 et 59 ans, ce qui reflète la dangerosité de cette pandémie»

BEYROUTH: Tripoli a fait ses adieux jeudi à Omar Farouq, un jeune manifestant décédé des suites de ses blessures, subies lors des manifestations nocturnes qui ont dégénéré en affrontements violents avec les forces de l’ordre dans la ville au nord du Liban.

Les violences, qui se sont poursuivies pour la cinquième journée consécutive, ont fait des dizaines de blessées, et les manifestants ont fait usage de grenades à main pour la première fois.

L’armée a riposté avec des balles réelles.

La rue s’est aussi insurgée contre le couvre-feu dans les villes au sud du Liban, fief traditionnel du Hezbollah et du mouvement Amal. À Nabatiyeh comme à Tyr, les manifestants ont agité des drapeaux libanais, et ont fustigé «la politique de famine que mène l’État».

À la Bekaa, des militants ont bloqué des routes.

Le vaccin contre la Covid-19

Le Liban a lancé jeudi une plate-forme d’inscription virtuelle à l’intention des citoyens et des résidents qui souhaitent recevoir le vaccin.

Lors d’une conférence jeudi, le ministre libanais de la Santé par intérim, Hamad Hassan, a espéré voir la population «soutenir la campagne nationale qui compte inoculer plus de 80% de la population, pour atteindre l’immunité collective et protéger la société contre le virus».

Les inscriptions ont débuté immédiatement après l'annonce. Près de 2 000 personnes ont visité le site toutes les cinq minutes.

Hassan assure que «la plate-forme de vaccination officielle est conçue autour de la protection des informations privées des bénéficiaires et de la base de données. Sa résistance au piratage a été testée sous la supervision d'une équipe d’informaticiens de la Banque mondiale».

Hassan, qui s'est récemment remis de la Covid-19, explique que «le plan de vaccination nécessite l'engagement des institutions nationales sans exception. Il se réclame des principes d'égalité et de justice, qui vont au-delà de toute autre considération, qu'elle soit politique, régionale ou sectaire».

La ministre sortante de l'Information, Manal Abdel Samad, a déclaré lors d'une conférence de presse que le «nombre de cas de coronavirus dans les secteurs productifs est extrêmement élevé. 72% des cas proviennent des groupes productifs, c'est-à-dire ceux entre 20 et 59 ans, ce qui reflète la dangerosité de cette pandémie».

Abdel Rahman Bizri, chef du Comité national pour la gestion du vaccin de la Covid-19, a déclaré à Arab News que le «Liban doit vacciner entre 70% et 80% de sa population pour atteindre l'immunité collective». «Le vaccin de Pfizer choisi pour lequel le Liban a opté devrait arriver entre le 7 et le 15 février. Des doses supplémentaires sont attendues pour en mars», estime-t-il.

La première phase du plan de vaccination devrait couvrir en premier le personnel médical et les travailleurs du secteur de la santé, ainsi que les citoyens et les résidents de 75 ans et plus. Ils seront suivis par les individus plus jeunes dans les phases subséquentes.

Le député Assem Araji, chef de la Commission parlementaire de la santé, rappelle que «des effets secondaires graves n’ont pas été constatés jusqu’à présent dans les campagnes de vaccinations contre le coronavirus. N'hésitez pas à le recevoir».

Les réseaux sociaux rengorgent de vidéos et d’articles médicaux qui mettent en garde contre le vaccin et ses effets secondaires dangereux, comme l’altération de l’ADN.

Pour contrer ces rumeurs, le ministère de la santé s’est adressé à la population pour lui demander: «comptez jusqu'à 10 avant de diffuser», et a exhorté les internautes à vérifier les infox avant de les partager.

Le programmeur de la plate-forme, Ali Roumani, affirme que «la course à l’enregistrement ne peut prioriser qui que ce soit. Le vaccin sera administré selon des critères clairs et précis».

Les personnes qui s'inscrivent sur la plate-forme recevront un SMS avec la date de la vaccination du groupe auquel elles appartiennent. Après avoir reçu la première dose, une deuxième date est automatiquement fixée pour la deuxième dose, qui doit administrée environ trois semaines plus tard.

Claudio Cordoni, directeur des affaires de l'UNRWA au Liban, a tenu à rassurer les réfugiés palestiniens, qui sont «inclus dans le plan national de vaccination gratuite».

Le ministère de la Santé a reçu jeudi une aide alimentaire et médicale de l'Égypte et du Conseil des ministres arabes. Trois avions militaires sont arrivés à l'aéroport international Rafic Hariri, deux d'entre eux transportant l'aide du gouvernement égyptien et le troisième celle de la Ligue arabe.

La ministre égyptienne de la Santé, la Dr Hala Zayed, explique que le pont aérien véhicule «un message d’amour et de solidarité de la part du président Abdel Fattah al-Sissi et du secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit».

«Le pont aérien se compose de deux avions qui transportent des médicaments et des fournitures médicales pour lutter contre le coronavirus, et un troisième avion expédie du lait maternisé. Lancé après l'explosion de Beyrouth, le pont se poursuivra aussi longtemps que nécessaire », assure-t-elle.

La Ligue arabe a par la suite annoncé dans un communiqué que «le conseil des ministres arabes de la santé a décidé de soutenir le Liban en fournissant des équipements médicaux d'une valeur de plus de huit millions de livres égyptiennes, ou un demi-million de dollars.

Le Liban enregistre toujours un nombre de décès record dus aux coronavirus, et déplore 80 morts par jour.

Les autorités ont discuté de la possibilité de prolonger le couvre-feu jusqu'au 15 février.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le chef de l'ONU appelle à mettre fin au «cauchemar de la violence» au Soudan

Des abris érigés par des Soudanais déplacés qui ont fui El-Fasher après la chute de la ville aux mains des Forces de soutien rapide (RSF) composent le camp d'Um Yanqur, situé à la limite sud-ouest de Tawila, dans la région du Darfour occidental, déchirée par la guerre, au Soudan, le 3 novembre 2025. (AFP)
Des abris érigés par des Soudanais déplacés qui ont fui El-Fasher après la chute de la ville aux mains des Forces de soutien rapide (RSF) composent le camp d'Um Yanqur, situé à la limite sud-ouest de Tawila, dans la région du Darfour occidental, déchirée par la guerre, au Soudan, le 3 novembre 2025. (AFP)
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  • Antonio Guterres appelle à des négociations immédiates pour mettre fin au conflit au Soudan, avertissant que la crise humanitaire et sécuritaire devient « incontrôlable » après deux ans de guerre entre l’armée et les Forces de soutien rapide (FSR)
  • La situation à El-Facher, au Darfour, illustre la gravité du drame, avec des civils pris au piège, des milliers de morts, des violations massives des droits humains et près de 12 millions de déplacés selon l’ONU

DOHA: Le patron de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé mardi à des "négociations" pour un arrêt immédiat du conflit au Soudan, mettant en garde contre une crise "en train de devenir incontrôlable".

Le secrétaire général des Nations unies a exhorté les parties au conflit à "venir à la table des négociations, (et) mettre fin à ce cauchemar de violence, maintenant".

"La crise horrifiante au Soudan (...) est en train de devenir incontrôlable", a-t-il dit lors d'une conférence de presse en marge du deuxième sommet mondial pour le développement social à Doha.

Le conflit entre l'armée et les paramilitaires dure depuis deux ans et a fait des dizaines de milliers de morts, déplacé près de 12 millions de personnes et provoqué la pire crise humanitaire au monde, selon l'ONU.

Le 26 octobre, après 18 mois de siège, les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont pris la ville d'El-Facher, dernier verrou stratégique de l'armée au Darfour (ouest du Soudan).

Depuis, les informations et témoignages se multiplient sur les cas d'exécutions, viols, attaques contre des humanitaires et pillages qui y sont commis, documentés par des images satellites et par des vidéos d'exactions publiées par les combattants eux-même.

"El-Facher et les zones environnantes du Nord-Darfour ont été un épicentre de souffrance, de faim, de violence et de déplacements" a souligné M.Guterres, ajoutant que depuis l'entrée des FSR dans la ville, "la situation s'aggrave de jour en jour".

"Des centaines de milliers de civils sont pris au piège par ce siège. Les gens meurent de malnutrition, de maladie et de violence. Et nous continuons à entendre des rapports sur des violations du droit international humanitaire et des droits de l'homme", a affirmé M.Guterres.


Pour Aoun, le Liban «n'a pas d'autre choix que de négocier avec Israël»

Israël a bombardé le Liban à plusieurs reprises malgré le cessez-le-feu de novembre 2024 qui visait à mettre fin à plus d'un an d'hostilités avec le Hezbollah, multipliant les attaques ces derniers jours. (Reuters)
Israël a bombardé le Liban à plusieurs reprises malgré le cessez-le-feu de novembre 2024 qui visait à mettre fin à plus d'un an d'hostilités avec le Hezbollah, multipliant les attaques ces derniers jours. (Reuters)
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  • Joseph Aoun réaffirme l'engagement de Beyrouth en faveur d'un dialogue sans guerre, tout en admettant qu'Israël reste un "ennemi"
  • Les frappes aériennes israéliennes tuent deux personnes, dont un commandant du Hezbollah précédemment blessé dans l'explosion d'un téléavertisseur

BEYROUTH : Le président libanais Joseph Aoun a réaffirmé lundi son engagement à négocier avec Israël, affirmant que son pays n'avait "aucune option" en la matière.

Toutefois, il a ajouté : "La négociation n'est pas menée avec Israël : "La négociation ne se fait pas avec un ami ou un allié, mais avec un ennemi.

"Le langage de la négociation est plus important que celui de la guerre, dont nous avons vu ce qu'elle nous a fait subir.

Selon le bureau des médias du palais présidentiel, M. Aoun a réaffirmé son attachement au "langage diplomatique adopté par nous tous, du président du Parlement Nabih Berri au Premier ministre Nawaf Salam".

Le Liban reste attaché au cadre de négociation "à travers le Comité du mécanisme", qui est limité aux représentants militaires, avec la possibilité d'inclure des civils conformément à une proposition américaine présentée la semaine dernière par Morgan Ortagus aux responsables libanais.

Les remarques de M. Aoun font suite à l'intensification des attaques israéliennes sur le Sud-Liban visant à accroître la pression sur le Hezbollah pour qu'il désarme.

Une frappe aérienne israélienne a visé une moto à Aita Al-Shaab, tuant son conducteur. Il s'agit de la deuxième frappe en l'espace de quelques heures.

Des médias proches du Hezbollah ont rapporté que l'homme tué était Youssef Naameh, le frère de deux autres personnes tuées précédemment dans des frappes israéliennes.

Lors d'une frappe précédente, les forces de défense israéliennes ont visé la ville de Doueir dans le district de Nabatieh, tuant une personne et en blessant sept autres, selon un communiqué du ministère libanais de la santé.

Plusieurs médias libanais ont rapporté que l'homme tué était le commandant du Hezbollah Mohammed Ali Hadid, qui avait déjà été blessé lors de l'explosion d'un téléavertisseur par le Mossad en septembre 2024 - une opération dont Israël n'a jamais officiellement revendiqué la responsabilité.

Selon certaines informations, M. Hadid avait survécu à une première frappe israélienne dimanche dans la ville de Zefta, dans le sud du pays, au cours de laquelle des drones israéliens avaient lancé au moins trois missiles sur une cible. Ces frappes n'ont toutefois pas atteint l'objectif visé.

Des images diffusées en ligne montrent la voiture visée en proie à de violentes flammes, tandis que les équipes de pompiers luttent contre les effets de la frappe, qui a également provoqué l'incendie de plusieurs voitures en stationnement.

Un complexe commercial contenant des magasins et des restaurants a également été endommagé.

La chaîne israélienne Channel 12 a rapporté que les récentes attaques israéliennes faisaient suite aux commentaires d'une "source de sécurité israélienne" dimanche.

Cette source a déclaré que "l'État libanais ne pénètre pas dans certaines zones où le Hezbollah opère et, si l'on nous demande d'agir, nous savons comment augmenter le rythme des attaques au Liban si nécessaire".

L'escalade des frappes israéliennes a porté à 16 le nombre de morts en moins d'une semaine, la plupart étant des membres du Hezbollah.

Samedi, une frappe aérienne meurtrière sur la ville de Kfar Roummane à Nabatieh a tué quatre membres du Hezbollah et blessé trois passants.

Une source de sécurité s'attend à une escalade des attaques israéliennes au cours des derniers mois de l'année, qui est la date limite fixée par l'armée libanaise pour achever le plan de désarmement au sud de la ligne Litani.

Le ministre israélien de la défense, Israël Katz, a accusé dimanche le Hezbollah de "jouer avec le feu". Il a déclaré qu'il tenait le gouvernement et le président libanais "responsables des atermoiements dans le respect de leurs engagements concernant le désarmement du parti et son retrait du sud".

Il a également affirmé qu'"Israël continuera à appliquer une politique de riposte maximale dans ses opérations militaires et n'autorisera aucune menace visant les résidents du nord", appelant les autorités libanaises à "assumer pleinement leurs responsabilités pour assurer la stabilité et empêcher l'escalade".


Israël: des élus favorables à une loi instaurant la peine de mort pour les «terroristes»

 La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
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  • Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative
  • La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture

JERUSALEM: La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir.

La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture.

Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative.

Dans une note explicative de la commission, il est indiqué que "son objectif est de couper le terrorisme à sa racine et de créer une forte dissuasion".

Le texte propose qu'un "terroriste reconnu coupable de meurtre motivé par le racisme ou la haine (...) soit condamné à la peine de mort - de manière obligatoire", ajoutant que cette peine serait "non optionnelle".

La proposition de loi a été présentée par une élue du parti Otzma Yehudit (Force Juive) d'Itamar Ben Gvir.

Ce dernier a menacé de cesser de voter avec la coalition de droite de Benjamin Netanyahu si ce projet de loi n'était pas soumis à un vote parlementaire d'ici le 9 novembre.

"Tout terroriste qui se prépare à commettre un meurtre doit savoir qu'il n'y a qu'une seule punition: la peine de mort", a dit le ministre lundi dans un communiqué.

M. Ben Gvir avait publié vendredi une vidéo de lui-même debout devant une rangée de prisonniers palestiniens allongés face contre terre, les mains attachées dans le dos, dans laquelle il a appelé à la peine de mort.

Dans un communiqué, le Hamas a réagi lundi soir en affirmant que l'initiative de la commission "incarne le visage fasciste hideux de l'occupation sioniste illégitime et constitue une violation flagrante du droit international".

"Nous appelons les Nations unies, la communauté internationale et les organisations pertinentes des droits de l'Homme et humanitaires à prendre des mesures immédiates pour arrêter ce crime brutal", a ajouté le mouvement islamiste palestinien.

Le ministère palestinien des Affaires étrangères et des expatriés, basé à Ramallah, a également dénoncé cette décision, la qualifiant de "nouvelle forme d'extrémisme israélien croissant et de criminalité contre le peuple palestinien".

"C'est une étape dangereuse visant à poursuivre le génocide et le nettoyage ethnique sous le couvert de la légitimité", a ajouté le ministère.