Les Républicains redécouvrent l’ampleur de la dette américaine

Le président américain Joe Biden et la vice-présidente Kamala Harris rencontrent la secrétaire au Trésor Janet Yellen à la Maison Blanche à Washington le 29 janvier 2021 (Photo, REUTERS / Kevin Lamarque)
Le président américain Joe Biden et la vice-présidente Kamala Harris rencontrent la secrétaire au Trésor Janet Yellen à la Maison Blanche à Washington le 29 janvier 2021 (Photo, REUTERS / Kevin Lamarque)
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Publié le Dimanche 31 janvier 2021

Les Républicains redécouvrent l’ampleur de la dette américaine

  • Avec le retour des démocrates à la présidence, les Républicains expriment des inquiétudes concernant l'augmentation de la dette et du déficit des États-Unis comme motif pour s'opposer au programme de Biden
  • La somme de 1900 milliards de dollars proposée par le président Biden pour accélérer la reprise économique du pays après la pandémie du coronavirus est « un gaspillage colossal qui est économiquement nocif », a affirmé le sénateur républicain Pat Toomey

WASHINGTON: Le plan de 1900 milliards de dollars du président américain Joe Biden pour relancer l'économie américaine a été accueilli par les hurlements de l'opposition républicaine à Washington, les législateurs conservateurs ayant affirmé qu'il était plein de programmes de gaspillage de fonds publics à un moment où le pays n'a aucunement besoin de dette.

Pourtant, il n'y a pas si longtemps, le parti, dirigé par son collègue républicain Donald Trump à la Maison Blanche, a adopté des réductions d'impôt massives et un plan de relance encore plus important dans le but de lutter contre les perturbations économiques causées par la Covid-19 – des mesures coûteuses qui ont généré la hausse du déficit budgétaire.

Maintenant que les Démocrates sont de retour à la présidence et contrôlent étroitement le Congrès, les Républicains invoquent des inquiétudes concernant la dette et le déficit croissants des États-Unis, de manière à s'opposer au programme de Biden.

La somme de 1900 milliards de dollars proposée par le président Biden pour accélérer la reprise économique du pays après la pandémie du coronavirus est « un gaspillage colossal qui est économiquement nocif », a affirmé le sénateur républicain Pat Toomey.

«Le chiffre total est assez choquant», a déclaré Mitt Romney, un autre collègue et sénateur républicain qui s'est appuyé sur la dette nationale croissante lors de sa tentative infructueuse de renverser le président démocrate Barack Obama aux élections de 2012.

La nouvelle secrétaire au Trésor, Janet Yellen, a pris les devants pour contrer les protestations des Républicains, déclarant lors de sa récente audience de confirmation: «Ni Biden, ni moi, ne proposons ce programme d’allégement sans une estimation du fardeau de la dette de notre pays.

«Mais pour le moment, avec des taux d'intérêt à des niveaux historiquement bas, la chose la plus intelligente que nous puissions faire est d'agir en grand».

Biden a été vice-président sous Obama, à une période où les Républicains ont soulevé à plusieurs reprises des problèmes de dette et de déficit budgétaire pour faire obstacle à son programme.

Trump, alors simple citoyen, a tweeté en 2012, juste après son élection à la présidence: «Les déficits sous Obama sont les plus élevés de l'histoire de l'Amérique. Pourquoi met-il notre pays en faillite?».

Pourtant, après l'entrée en fonction de Trump en 2017 avec un Congrès contrôlé par les républicains, les législateurs de ce parti semblaient oublier ces préoccupations.

Les dépenses du gouvernement ont augmenté et le Congrès a adopté une réduction d'impôt de 2000 milliards de dollars - la réforme fiscale la plus importante en 30 ans, approuvée par tous les sénateurs républicains, particulièrement les «faucons du budget», connus pour dénoncer de telles dépenses.

«Les inquiétudes des républicains concernant le déficit sont plutôt difficiles à prendre au sérieux en ce moment, étant donné leur soutien aux réductions d'impôts et aux augmentations de dépenses pendant les années Trump», a déclaré Tori Gorman, directrice politique de la coalition non partisane Concord, qui prône la responsabilité financière.

«Et beaucoup de choses ont eu lieu avant même la pandémie», a déclaré Gorman à l'AFP.

La réforme fiscale a stimulé la croissance en 2018 mais elle a également augmenté le déficit budgétaire et gonflé la dette, qui est passée de 19 500 milliards de dollars quatre ans plus tôt, à près de 27 000 milliards de dollars à la fin de septembre 2020.

Au début de 2020, avant que la pandémie ne frappe l'économie, Trump a signalé que la dette n'était plus un problème, affirmant que l'argent était mieux dépensé pour les forces armées du pays.

Il avait également repoussé la date cible pour atteindre un budget fédéral équilibré à 2035 à partir de 2030, alors même que le bureau du budget du Congrès mettait en garde contre un déficit en spirale.

Puis Covid-19 a éclaté, les Démocrates et les Républicains ont accepté d’adopter la loi CARES de 2200 milliards de dollars, le plus grand plan de relance jamais réalisé dans le pays. Cela a aidé à empêcher l'économie de subir une récession encore pire.

Mais dans les mois qui ont suivi, les Républicains qui contrôlaient le Sénat se sont opposés à la tentative des Démocrates d'adopter une mesure de suivi encore plus large, plaidant pour des projets de loi individuels plus petits avant que les deux partis, à la dernière minute, n’aient signé une loi de 900 milliards de dollars en décembre.

Pendant que les Démocrates contrôlent désormais pleinement le pouvoir à Washington, les deux partis ont perdu leur crédibilité face au déficit, a déclaré Gorman.

«Je crois que les deux partis sont coupables d'hypocrisie en matière de responsabilité fiscale», a-t-elle conclu.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le pétrole faiblit après l'augmentation de la production de l'Opep+

Cette décision marque la dernière étape d'un renversement progressif des réductions volontaires de production de 2,2 millions de barils par jour mises en œuvre par huit membres de l'OPEP+ en 2023.
Cette décision marque la dernière étape d'un renversement progressif des réductions volontaires de production de 2,2 millions de barils par jour mises en œuvre par huit membres de l'OPEP+ en 2023.
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  • Ryad, Moscou et six autres membres du cartel ont annoncé une hausse de leur « production de 547 000 barils par jour en septembre 2025 par rapport au niveau de production » en août, a indiqué l'Opep dans un communiqué.
  • Pour l'instant, les prix du pétrole ont mieux résisté que prévu au début de la réouverture des vannes en avril, soutenus par une demande estivale traditionnellement forte et une prime de risque géopolitique élevée.

LONDRES : Les cours du pétrole ont baissé lundi, après l'annonce dimanche par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (Opep+) d'une forte hausse de la production, le marché anticipant une offre abondante au quatrième trimestre.

Ryad, Moscou et six autres membres du cartel ont annoncé une hausse de leur « production de 547 000 barils par jour en septembre 2025 par rapport au niveau de production » en août, a indiqué l'Opep dans un communiqué.

Cette décision, attendue par le marché, marque le retour complet de l'une des trois tranches de réduction de la production, celle de 2,2 millions de barils par jour, que l'Opep+ avait mises en œuvre en 2022 et 2023 pour lutter contre l'érosion des prix.

Vers 9 h 30 GMT (11 h 30 à Paris), le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre perdait 1,15 % à 68,87 dollars.

Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate pour livraison en septembre, perdait 1,22 % à 66,51 dollars. 

« La question est maintenant de savoir si le groupe va commencer à mettre en œuvre la prochaine série, soit 1,66 million de barils par jour », affirme Arne Lohmann Rasmussen, de Global Risk Management.

Pour l'instant, les prix du pétrole ont mieux résisté que prévu au début de la réouverture des vannes en avril, soutenus par une demande estivale traditionnellement forte et une prime de risque géopolitique élevée.

Mais à partir de l'automne, « l'équilibre entre l'offre et la demande indique des prix du pétrole plus bas », précise l'analyste.

Si rien ne change sur le marché, « le groupe a terminé ses hausses d'approvisionnement », selon les analystes d'ING. Beaucoup dépend cependant « de ce qui arrivera aux flux pétroliers russes ».

La semaine dernière, Donald Trump a menacé Moscou de sanctions si le conflit en Ukraine ne prenait pas fin d'ici « dix jours ».

Il a notamment évoqué des « droits de douane secondaires » pour les pays qui continuent d'acheter des produits provenant de Russie, ciblant notamment l'Inde, deuxième acheteur de pétrole russe après la Chine, avec près de 1,6 million de barils par jour.

« Si aucun autre acheteur ne se présentait pour ce pétrole, l'excédent prévu pour le quatrième trimestre et l'année 2026 serait effacé, ce qui laisserait l'opportunité à l'Opep+ d'augmenter encore sa production », expliquent les analystes d'ING.


Le dollar hésitant, le franc suisse toujours affecté par les droits de douane

Le président du Credit Suisse, Axel Lehmann, affirme que la banque a déjà pris « le médicament » pour réduire les risques (Shutterstock)
Le président du Credit Suisse, Axel Lehmann, affirme que la banque a déjà pris « le médicament » pour réduire les risques (Shutterstock)
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  • Vendredi, le rapport mensuel du ministère du Travail a montré que moins d'emplois avaient été créés aux États-Unis en juillet, mais aussi les mois précédents, ce qui a fait bondir la probabilité d'une baisse des taux en septembre.
  • Le franc suisse continue de pâtir des droits de douane exorbitants de 39 % visant les importations suisses aux États-Unis, annoncés par Donald Trump le 1er août.

LONDRES : Le dollar tangue lundi, après avoir dévissé en fin de semaine en raison de la dégradation du marché de l'emploi américain, tandis que le franc suisse souffre des surtaxes douanières qui doivent entrer en vigueur jeudi.

Vers 9 h 40 GMT (11 h 40, heure de Paris), la devise américaine progressait de 0,09 % par rapport à l'euro, à 1,1576 dollar, et reculait de 0,20 % contre la livre britannique, à 1,3306 dollar.

Vendredi, le rapport mensuel du ministère du Travail a montré que moins d'emplois avaient été créés aux États-Unis en juillet, mais aussi les mois précédents, ce qui a fait bondir la probabilité d'une baisse des taux en septembre.

Mais les membres de la Réserve fédérale (Fed) ont récemment « rejeté l'idée qu'une telle baisse était acquise », tempère Derek Halpenny, de MUFG.

Après un début d'année en forte baisse (- 10,7 % sur les six premiers mois de l'année), la devise américaine avait remonté d'environ 3,3 % au mois de juillet, d'après l'indice dollar, qui la compare à un panier d'autres grandes monnaies.

M. Halpenny souligne que « l'une des conséquences des mauvaises données de vendredi est la possibilité » que le dollar réagisse à nouveau « négativement » aux nouvelles annonces douanières, alors qu'il semblait y être immunisé depuis quelque temps.

Les menaces de Donald Trump sur l'indépendance de la Fed constituent une nouvelle ombre au tableau pour le dollar.

Vendredi, le président républicain a demandé le renvoi de la cheffe de la principale agence de statistiques économiques des États-Unis, l'accusant de manipuler les chiffres de l'emploi à des fins politiques, ce qui a surpris certains économistes.

Le même jour, l'une des gouverneurs de la Fed, Adriana Kugler, a annoncé sa démission, à quelques mois de la fin de son mandat.

Son successeur, qui sera désigné par Donald Trump, pourrait à terme remplacer le président de la Fed, Jerome Powell, lorsqu'il quittera son poste en mai prochain. Il sera probablement « plus enclin à acquiescer aux demandes de baisse des taux du président Trump », estime Kathleen Brooks, de XTB.

Le franc suisse continue de pâtir des droits de douane exorbitants de 39 % visant les importations suisses aux États-Unis, annoncés par Donald Trump le 1^(er) août.

La devise helvétique reculait de 0,53 % lundi, à 0,8083 franc suisse pour un dollar.

Les analystes s'attendent par ailleurs à ce que la Banque d'Angleterre abaisse son taux directeur d'un quart de point de pourcentage jeudi, pour le ramener à 4 %. 

Cours du lundi et celui du vendredi 

09:40 GMT – 21:00 GMT

EUR/USD: 1.1576 to 1.1587

EUR/JPY: 170.97 – 170.79

EUR/CHF: 0.9357 – 0.9315

EUR/GBP: 0.8699 – 0.8725

USD/JPY: 147.69 to 147.40

USD/CHF: 0.8083–0.8040

GBP/USD: 1.3306/1.3279


Pétrole : dernière salve de l'Opep+ avant une pause

Une réunion virtuelle a eu lieu en marge de la 38e réunion ministérielle de l'OPEP et des pays non membres de l'OPEP. (Photo Fournie)
Une réunion virtuelle a eu lieu en marge de la 38e réunion ministérielle de l'OPEP et des pays non membres de l'OPEP. (Photo Fournie)
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  • En pleine reconquête de parts de marché, Ryad, Moscou et six autres producteurs de pétrole de l'Opep+ se réunissent dimanche pour, selon toute attente, augmenter une nouvelle fois leurs quotas.
  • Bousculé à la fois par la politique commerciale erratique de Donald Trump et par les tumultes géopolitiques mondiaux qui menacent l'approvisionnement, l'avenir du marché pétrolier est difficile à prédire pour les experts.

LONDRES : C'est devenu un rendez-vous mensuel : en pleine reconquête de parts de marché, Ryad, Moscou et six autres producteurs de pétrole de l'Opep+ se réunissent dimanche pour, selon toute attente, augmenter une nouvelle fois leurs quotas.

La rencontre en ligne des huit ministres de l'Énergie doit fixer l'objectif pour septembre et parachever une série de hausses entamée en avril.

Début juillet, ils avaient déjoué les pronostics en accélérant le rythme à 548 000 barils par jour (b/j), contre 411 000 les mois précédents. Ils devraient poursuivre sur cette cadence, selon les analystes interrogés par l'AFP.

Selon Giovanni Staunovo d'UBS, cette hausse est « largement prise en compte dans les prix » et il ne prévoit pas de remous à la réouverture des marchés lundi.

Le cours du Brent, référence mondiale, évolue actuellement autour de 70 dollars. Si l'on est loin des sommets à 120 dollars atteints au printemps 2022 à la suite de l'invasion russe de l'Ukraine, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (Opep+) préfèrent désormais se concentrer sur la reconquête du terrain.

Ils ont opéré ce tournant ces derniers mois, après avoir longtemps lutté contre l'érosion des prix en organisant une raréfaction de l'offre via plusieurs coupes de production.

C'est l'une d'entre elles, de 2,2 millions de barils par jour, consentie par l'Arabie saoudite, la Russie, l'Irak, les Émirats arabes unis, le Koweït, le Kazakhstan, l'Algérie et Oman, qui est actuellement réintroduite sur le marché. 

- « Trouver un équilibre » -

Une hausse de 548 000 barils par jour signifierait le retour complet de cette tranche, avant des horizons plus incertains.

« Notre scénario de base parie sur le fait que le groupe marquera ensuite une pause dans ses hausses », avance Warren Patterson, chez ING.

Les prix du pétrole ont mieux résisté que prévu au début de la réouverture des vannes en avril, soutenus par une demande estivale traditionnellement forte et une prime de risque géopolitique élevée, notamment depuis le début de la guerre entre l'Iran et Israël.

De plus, entre mars et juin, l'augmentation effective de la production a été moindre que celle des quotas affichés sur la même période, comme le soulignait récemment M. Staunovo dans une note.

Cependant, « le marché devrait connaître un excédent important d'offre de pétrole à partir du quatrième trimestre de cette année, et l'Opep+ devra veiller à ne pas aggraver cet excédent », estime M. Patterson.

« L'alliance s'efforce de trouver un équilibre entre regagner des parts de marché et éviter une chute brutale des cours du pétrole », ajoute Tamas Varga, de PVM.

L'Arabie saoudite, son membre le plus influent, compte particulièrement sur la rente pétrolière pour financer ses projets d'investissement et de modernisation du pays.

Pour l'instant, le retour des autres coupes de production (environ 3,7 millions de barils par jour) doit être discuté lors de la prochaine réunion ministérielle de l'Opep+ fin novembre, avec l'ensemble des 22 membres cette fois. 

- Environnement instable -

Bousculé à la fois par la politique commerciale erratique de Donald Trump et par les tumultes géopolitiques mondiaux qui menacent l'approvisionnement, l'avenir du marché pétrolier est difficile à prédire pour les experts.

Dernier rebondissement en date, le président américain a donné mardi un délai de « dix jours » à Moscou pour mettre un terme au conflit en Ukraine, sous peine de sanctions américaines contre la Russie.

« Nous allons imposer des droits de douane et d'autres choses », a averti le milliardaire républicain, qui avait précédemment évoqué une surtaxe indirecte de 100 % sur les pays qui achètent des produits russes, notamment des hydrocarbures, afin d'assécher les revenus de Moscou.

Le locataire de la Maison Blanche a notamment ciblé l'Inde, deuxième importateur de barils russes avec environ 1,6 million de barils par jour depuis le début de l'année.

Cela pourrait inciter l'Opep+ à poursuivre son offensive. Mais elle « ne réagira qu'en cas de perturbations réelles de l'offre », estime Giovanni Staunovo.