Une année «catastrophique» met le transport aérien à la merci des variants de la Covid

Avec les restrictions aux mouvements décidées pour tenter de maîtriser la pandémie, les liaisons intérieures ont mieux résisté (-48,8%) que le trafic international (-75,6%). (AFP)
Avec les restrictions aux mouvements décidées pour tenter de maîtriser la pandémie, les liaisons intérieures ont mieux résisté (-48,8%) que le trafic international (-75,6%). (AFP)
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Publié le Jeudi 04 février 2021

Une année «catastrophique» met le transport aérien à la merci des variants de la Covid

  • «L'année dernière a été catastrophique, il n'y a pas d'autre façon de la décrire. Quelle qu'ait été la reprise dans l'hémisphère nord pendant la saison estivale, celle-ci a calé à l'automne et la situation s'est spectaculairement aggravée»
  • La chute de 66% de la fréquentation, calculée en passager-kilomètre, représente le «plus gros choc que le secteur aérien ait jamais vécu», a renchéri Brian Pearce, économiste en chef de l'Iata, lors d'une visioconférence

PARIS : Assommées par la perte des deux tiers de leur trafic passagers en 2020 sous l'effet de la Covid-19, les compagnies aériennes abordent 2021 avec inquiétude, les nouveaux variants du virus, synonymes de fermetures de frontières, risquant de doucher les espoirs d'une reprise rapide.

«L'année dernière a été catastrophique, il n'y a pas d'autre façon de la décrire. Quelle qu'ait été la reprise dans l'hémisphère nord pendant la saison estivale, celle-ci a calé à l'automne et la situation s'est spectaculairement aggravée» en fin d'année, a constaté le directeur général de l'Association internationale du transport aérien (Iata), Alexandre de Juniac, mercredi dans un communiqué.

La chute de 66% de la fréquentation, calculée en passager-kilomètre, représente le «plus gros choc que le secteur aérien ait jamais vécu», a renchéri Brian Pearce, économiste en chef de l'Iata, lors d'une visioconférence.

Avec les restrictions aux mouvements décidées pour tenter de maîtriser la pandémie, les liaisons intérieures ont mieux résisté (-48,8%) que le trafic international (-75,6%).

Le trafic était tombé en avril à 5% de son niveau normal, avant de se reprendre pendant l'été, pour ensuite rechuter sous l'effet de nouvelles vagues de contaminations. En décembre, la baisse du trafic sur un an atteignait encore 70%, tirant la moyenne annuelle vers le bas.

L'Iata, qui regroupe 290 compagnies aériennes dans le monde, a en outre prévenu que les perspectives d'une reprise en 2021 étaient «assombries» par l'émergence de nouveaux variants du virus responsable de la pandémie, sans pour autant formellement réviser à la baisse ses prévisions pour l'année.

Elle table toujours officiellement sur un trafic en hausse de 50% en 2021 par rapport à 2020. Cela permettrait de retrouver seulement la moitié du trafic de 2019.

Reprise à «plusieurs vitesses»

M. Pearce a aussi évoqué «le risque d'un scénario» encore moins optimiste si les variants du virus conduisaient les gouvernements à maintenir des restrictions où à en décréter de nouvelles: un rebond de seulement 13% en 2021, qui ne permettrait d'arriver qu'à 38% du trafic de 2019.

«L'optimisme sur une reprise rapide et ordonnée des voyages aériens dans le monde, né d'une arrivée des vaccins, a été douché par de nouvelles vagues de contaminations et de nouvelles mutations» du virus, a déploré M. de Juniac.

«Les passagers doivent faire face à un ensemble de restrictions en évolution rapide et sans coordination à l'échelle mondiale», a-t-il poursuivi, exhortant les gouvernements à travailler avec le secteur pour établir des critères communs, en vue de faciliter la reprise une fois la menace du virus circonscrite.

M. Pearce a formulé l'espoir de voir le déploiement des vaccins susciter une reprise de la demande d'ici à la fin de l'année. Mais celle-ci sera «à plusieurs vitesses», étant donné le rythme très différent des vaccinations selon les différentes régions du globe, a-t-il prévenu.

Ces craintes font écho à celles manifestées le 15 janvier par l'aviation civile internationale (OACI), agence de l'ONU qui avait évalué à 60% la chute du nombre de passagers en 2020 et mis en garde contre des perspectives sombres à court terme.

Seule petite lueur pour le secteur en 2020, le transport de fret a mieux résisté que celui des passagers. Son repli, mesuré en tonne par kilomètre, étant limité à 10,6% par rapport à 2019 selon l'Iata. Il s'agit néanmoins de sa pire chute depuis qu'il a commencé à être mesuré, en 1990.

Le choc de la Covid-19 a eu des conséquences immédiates pour les comptes des compagnies aériennes, dont la rentabilité est suspendue à une utilisation à plein de leurs coûteuses flottes: elles ont subi des pertes cumulées de 370 milliards de dollars américains l'année dernière, selon l'OACI.

Aux États-Unis, Delta Air Lines a perdu 12,4 milliards de dollars, ses concurrentes American Airlines et United respectivement 8,9 et 7,1 milliards. En France, les analystes compilés par Factset s'attendent à voir le groupe Air France-KLM, déjà aidé par les gouvernements français et néerlandais, subir une perte nette de plus de 7 milliards d'euros pour 2020.

 


Le ministre saoudien des communications appelle à combler le fossé mondial de l’IA

Le monde doit agir de manière décisive pour combler les fossés afin qu'aucune nation ne soit laissée pour compte, a déclaré le ministre Abdullah Al-Swaha. (SPA)
Le monde doit agir de manière décisive pour combler les fossés afin qu'aucune nation ne soit laissée pour compte, a déclaré le ministre Abdullah Al-Swaha. (SPA)
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  • À l'ère de l'IA, a-t-il dit, il existe actuellement des lacunes dans l'infrastructure informatique, la disponibilité des données et les algorithmes qui pourraient ralentir les avancées nécessaires pour soutenir le progrès humain
  • M. Al-Swaha a réitéré "l'engagement inébranlable" de l'Arabie saoudite à soutenir et à diriger les efforts internationaux visant à combler les fractures technologiques émergentes

GENÈVE : Le ministre saoudien des communications et des technologies de l'information a appelé à une "collaboration internationale décisive" pour remédier à l'inégalité des infrastructures informatiques qui pourrait laisser d'autres nations à la traîne à l'ère de l'intelligence artificielle.

Dans un discours prononcé à l'occasion du 160e anniversaire de l'Union internationale des télécommunications (UIT) à Genève, le ministre Abdullah Al-Swaha a évoqué "la concentration de la puissance informatique dans quelques régions, le manque d'infrastructures d'intelligence artificielle dans de nombreux pays et la participation limitée des pays du Sud à l'élaboration des cadres de gouvernance et des politiques de réglementation".

Aujourd'hui, le monde est confronté à un "fossé existentiel" en raison des disparités alarmantes dans l'accès aux technologies de l'IA, a déclaré le ministre, selon l'agence de presse saoudienne.

M. Alswaha a déclaré que le monde pouvait tirer des leçons des phases précédentes de la transformation technologique : l'ère analogique, qui a pris plus d'un siècle pour connecter 800 millions de personnes, et l'ère numérique, qui a connecté 5,5 milliards d'individus en seulement 50 ans, mais qui a laissé 2,6 milliards d'individus sans connexion.

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Le ministre Al-Swaha a déclaré que l'Arabie saoudite sous le roi Salmane et le prince héritier Mohammed ben Salmane avait positionné le Royaume en tant que leader mondial à l'ère de l'IA grâce à une série d'initiatives audacieuses. (SPA)

À l'ère de l'IA, a-t-il dit, il existe actuellement des lacunes dans l'infrastructure informatique, la disponibilité des données et les algorithmes qui pourraient ralentir les avancées nécessaires pour soutenir le progrès humain.

M. Al-Swaha a réitéré "l'engagement inébranlable" de l'Arabie saoudite à soutenir et à diriger les efforts internationaux visant à combler les fractures technologiques émergentes.

Il a souligné les efforts déployés par l'Arabie saoudite pour combler ces fossés, en citant l'autonomisation numérique des femmes dans le Royaume - qui ont maintenant un taux de participation d'environ 35 % - et le fait que le Royaume se soit classé en tête du classement mondial en matière de compétitivité numérique pendant deux années consécutives.

Il a également souligné que les chercheurs de l'université saoudienne King Abdullah University of Science and Technology (KAUST) se classent parmi les premiers pour cent au niveau mondial en matière de citations scientifiques, ce qui laisse espérer l'avenir de l'IA.

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Le ministre Abdullah Al-Swaha et sa délégation. (SPA)

Il a également souligné les progrès réalisés par le Royaume en matière de réglementation sur la protection des données et le développement de "modèles linguistiques qui favorisent un accès inclusif à la technologie pour diverses communautés".

M. Al-Swaha a en outre cité le projet HUMAIN lancé par le prince héritier et Premier ministre saoudien Mohammed ben Salmane "pour fournir tout le spectre des capacités d'IA, des processeurs avancés aux meilleurs talents, et pour positionner le Royaume en tant que pionnier mondial de l'IA."

"Les efforts du Royaume sont une réponse directe aux défis mondiaux urgents", a-t-il déclaré.

M. Al-Swaha a souligné que les dix prochaines années seront déterminantes pour combler les fossés. Il a appelé à des "partenariats multinationaux sous l'égide de l'UIT pour construire un écosystème de l'IA équitable, sûr et inclusif qui soutienne le développement durable et améliore le bien-être humain".

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La plateforme Booking épinglée en France pour «pratiques restrictives de concurrence»

La plateforme de réservation en ligne Booking a été épinglée en France pour "pratiques restrictives de concurrence" envers les hôteliers français par la Répression des fraudes, qui lui ordonne sa mise en conformité d'ici fin 2025, a annoncé cette dernière jeudi dans un communiqué. (Photo capture d'écran Booking)
La plateforme de réservation en ligne Booking a été épinglée en France pour "pratiques restrictives de concurrence" envers les hôteliers français par la Répression des fraudes, qui lui ordonne sa mise en conformité d'ici fin 2025, a annoncé cette dernière jeudi dans un communiqué. (Photo capture d'écran Booking)
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  • Booking a jusqu'au 31 décembre au plus tard pour mettre en conformité les "clauses et pratiques non conformes" dans ses contrats avec les hôteliers, sous peine d'une "astreinte financière journalière "
  • Cette décision s'appuie sur une législation européenne, le règlement P2B, qui oblige les plateformes à davantage de transparence envers les entreprises, ainsi que sur le code du commerce français

PARIS: La plateforme de réservation en ligne Booking a été épinglée en France pour "pratiques restrictives de concurrence" envers les hôteliers français par la Répression des fraudes, qui lui ordonne sa mise en conformité d'ici fin 2025, a annoncé cette dernière jeudi dans un communiqué.

Booking a jusqu'au 31 décembre au plus tard pour mettre en conformité les "clauses et pratiques non conformes" dans ses contrats avec les hôteliers, sous peine d'une "astreinte financière journalière dont le montant total pourra atteindre 69,35 millions d'euros", précise dans son communiqué la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF).

Cette décision s'appuie sur une législation européenne, le règlement P2B, qui oblige les plateformes à davantage de transparence envers les entreprises, ainsi que sur le code du commerce français.

Selon la DGCCRF, les conditions générales de prestations (CGP) de Booking "comportent des clauses manifestement déséquilibrées au détriment des hôteliers français".

La Répression des fraudes souligne que, selon le code du commerce, "il est interdit de tenter de soumettre ou de soumettre l'autre partie à des obligations créant un déséquilibre significatif dans les droits et obligations des parties". Or, "le fait d'entraver la liberté commerciale et tarifaire des hôteliers contrevient notamment à cet article", note-t-elle.

Le règlement P2B, lui, oblige les plateformes à "garantir l'accessibilité des conditions générales, lesquelles doivent être rédigées de manière claire et compréhensible", et à "notifier aux entreprises utilisatrices, sur un support durable, tout changement envisagé de leurs conditions générales".

"La plateforme se doit d'indiquer et de décrire, dans ses conditions générales, les principaux paramètres déterminant le classement des biens et services proposés en justifiant l'importance relative de ces paramètres par rapport aux autres", indique encore la DGCCRF.

Et "en cas de suspension ou de résiliation du compte d'une entreprise utilisatrice, la plateforme doit systématiquement lui transmettre un exposé des motifs", ajoute l'administration.

L'Umih, principale organisation professionnelle dans l'hôtellerie et la restauration, a salué jeudi dans un communiqué l'"avancée significative" que constitue cette injonction, qui doit permettre "un rééquilibrage des relations entre les plateformes numériques et les professionnels du tourisme".

Booking, dont la maison mère est aux Pays-Bas, a indiqué à l'AFP que "bien que Booking.com soit en désaccord avec les conclusions de l'enquête", l'entreprise s'emploie "activement à dissiper toutes les préoccupations".

Elle assure avoir "collaboré étroitement avec la DGCCRF afin de répondre à ses préoccupations et d'élaborer des solutions qui continuent de stimuler la demande pour (ses) partenaires d'hébergement en France, tout en satisfaisant les besoins des consommateurs".


Tutelle du FMI: «nous n'en sommes pas là», dit le gouverneur de la Banque de France

Une intervention du FMI, comme en Grèce au tournant des années 2010, parait improbable, d'autant que l'Union européenne a depuis mis en place ses propres dispositifs d'intervention d'urgence, à travers le Mécanisme européen de stabilité (MES) et la Banque centrale européenne (BCE). (AFP)
Une intervention du FMI, comme en Grèce au tournant des années 2010, parait improbable, d'autant que l'Union européenne a depuis mis en place ses propres dispositifs d'intervention d'urgence, à travers le Mécanisme européen de stabilité (MES) et la Banque centrale européenne (BCE). (AFP)
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  • Le Fonds monétaire international "intervient dans une situation extrême, quand un pays ne peut plus s'en sortir tout seul. Nous n'en sommes pas là, nous avons dans les mains notre destin, mais c'est maintenant qu'il faut agir"
  • "Je redis avec un peu de gravité, avec toute l'indépendance de la Banque de France, qu'il y a là un sujet d'intérêt national"

PARIS: "Nous n'en sommes pas là", a répondu jeudi le gouverneur de la Banque de France, interrogé sur le risque agité par le gouvernement d'une mise sous tutelle de la France par le FMI en cas de dérive des comptes, à quelques jours de l'annonce d'un grand plan d'économies par Matignon.

Le Fonds monétaire international "intervient dans une situation extrême, quand un pays ne peut plus s'en sortir tout seul. Nous n'en sommes pas là, nous avons dans les mains notre destin, mais c'est maintenant qu'il faut agir", a dit François Villeroy de Galhau en présentant devant la presse le rapport annuel de la balance des paiements à la Banque de France à Paris.

"Je redis avec un peu de gravité, avec toute l'indépendance de la Banque de France, qu'il y a là un sujet d'intérêt national", a affirmé le gouverneur, selon qui "il y a un lien très direct entre le niveau de notre dette et la liberté de la France".

"J'espère que nous n'avons pas besoin du FMI pour réaliser que le sujet est extrêmement sérieux", a-t-il poursuivi, précisant qu'il n'avait lui-même "jamais employé cette expression", à propos du mot tutelle.

La ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a de nouveau pointé mercredi le risque "qu'un jour, les institutions internationales décident pour nous", après avoir à plusieurs reprises ces dernières semaines évoqué le risque d'une "tutelle" des institutions internationales, dont le FMI, en cas de dérive des comptes publics.

Ces mises en garde surviennent avant que le gouvernement annonce, le 15 juillet, un grand plan d'économies qui doit représenter un effort budgétaire de 40 milliards d'euros.

"Il faut évidemment tout faire pour éviter ça, notre destin budgétaire, il est entre nos mains", a dit M. Villeroy de Galhau.

Une intervention du FMI, comme en Grèce au tournant des années 2010, parait improbable, d'autant que l'Union européenne a depuis mis en place ses propres dispositifs d'intervention d'urgence, à travers le Mécanisme européen de stabilité (MES) et la Banque centrale européenne (BCE).

L'économiste en chef de l'institution de Washington, interrogé mi-juin, avait affirmé que "la question pourrait se poser mais, j'ai envie de dire, ni demain ni après-demain. Si vraiment rien n'était fait (...), s'il n'y avait aucune volonté d'infléchir la trajectoire de la dette, évidemment qu'à un moment donné, la question se poserait", avait estimé Pierre-Olivier Gourinchas.