Navalny : colère en Russie après la répression, l'émissaire de l'UE attendu

Un homme tenant un drapeau russe protestecontre la décision de justice ordonnant l'emprisonnement du chef de l'opposition Alexei Navalny pendant près de trois ans, au centre-ville de Moscou. (AFP)
Un homme tenant un drapeau russe protestecontre la décision de justice ordonnant l'emprisonnement du chef de l'opposition Alexei Navalny pendant près de trois ans, au centre-ville de Moscou. (AFP)
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Publié le Jeudi 04 février 2021

Navalny : colère en Russie après la répression, l'émissaire de l'UE attendu

  • Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, arrive jeudi soir pour un échange le lendemain avec le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. La rencontre s'annonce difficile, Moscou ayant qualifié les critiques occidentales d'«ingérence»
  • Alexeï Navalny a été condamné mardi à deux ans et huit mois de prison pour avoir enfreint les termes d'un contrôle judiciaire datant de 2014. Il affirme que le président Vladimir Poutine cherche à le faire taire, après qu'il a survécu à un empoisonnement

MOSCOU : Société civile et médias russes se sont élevés jeudi face à l'ampleur de la répression visant les partisans de l'opposant Alexeï Navalny, un dossier qui est au coeur d'une visite en Russie du chef de la diplomatie européenne.

Ce dernier, l'Espagnol Josep Borrell, arrive jeudi soir pour un échange le lendemain avec le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. La rencontre s'annonce difficile, Moscou ayant qualifié les critiques occidentales d'«ingérence».

Alexeï Navalny a été condamné mardi à deux ans et huit mois de prison pour avoir enfreint les termes d'un contrôle judiciaire datant de 2014. Il affirme que le président Vladimir Poutine cherche à le faire taire, après qu'il a survécu à un empoisonnement l'été dernier.

Il sera en outre jugé vendredi dans une autre affaire, pour diffamation. La plupart de ses proches collaborateurs ont été arrêtés ou poursuivis.  Jeudi soir, le domicile de Lioubov Sobol, assignée à résidence, a été à nouveau perquisitionné par la police, ont indiqué sur Twitter le mari et l'avocat de cette alliée de M. Navalny.

«Surmonter la peur»

Dans sa première réaction argumentée depuis sa condamnation, l'opposant a appelé jeudi ses partisans à «surmonter leur peur» et à libérer la Russie »des voleurs».

«Ne vous laissez pas avoir par cette illusion de force», a-t-il écrit, dans un message publié sur Instagram.

Des dizaines de rédactions de médias et d'ONG ont dénoncé la brutale répression des manifestations pro-Navalny des 23 et 31 janvier ainsi que du 2 février. Elles ont donné lieu à plus de 10.000 arrestations émaillées de violences policières.

Les interpellations de journalistes, comme celle de Sergueï Smirnov, le rédacteur en chef du site internet d'information Mediazona, condamné à 25 jours de prison, ont aussi été vivement dénoncées. 

«Nous appelons les autorités russes à faire cesser les violences policières, les atteintes massives aux droits fondamentaux», ont écrit 25 personnalités d'organisations de défense des droits humains.

Conséquence de l'ampleur des arrestations, les centres de détention moscovites sont surpeuplés de personnes accusées ou condamnées pour avoir manifesté sans autorisation, une infraction passible de 15 jours de prison. 

Faute de place, des dizaines d'entre elles ont été incarcérées dans un centre de rétention pour migrants à 66 kilomètres de la capitale, à Sakharovo. Des proches y font la queue, parfois plusieurs jours, pour leur remettre des colis.

Au préalable, les détenus ont passé des heures dans des fourgons cellulaires sans eau ni toilettes, a raconté l'ONG spécialisée OVD-Info. 

«Il n'y a pas d'Etat de droit en Russie», a dénoncé Denis Bondarenko, un juriste de 27 ans présent pour remettre des produis de première nécessité à des proches emprisonnés.

 «Pas de répression»

La Russie, déjà visée par de multiples sanctions occidentales, reste sourde aux critiques.

«Il n'y a pas de répression, juste des mesures de police visant ceux qui enfreignent la loi», a afirmé Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin.

Le message porté par le chef de la diplomatie européenne n'a donc guère de chance d'être entendu. Il espère néanmoins rencontrer M. Navalny. Une porte-parole de la justice russe, citée par l'agence de presse TASS, a indiqué qu'une telle rencontre ne pouvait être autorisée que par un tribunal.

Certains Etats de l'UE évoquent la possibilité de nouvelles sanctions, notamment l'Allemagne.

Le projet de gazoduc sous-marin russo-allemand Nord Stream 2 est un levier de pression. La France demande son abandon, auquel Berlin rechigne.

Pourtant, «l'arrêt de Nord Stream est un enjeu pour Poutine. Il le craint», selon l'analyste russe Alexeï Malachenko.

La mission de Josep Borrell met en tout cas fin au gel des contacts diplomatiques au niveau européen depuis 2017. D'autres dossiers que celui de M. Navalny seront évoqués, les différends ne manquant pas sur l'Ukraine, la Syrie ou encore la Libye.

«La relation avec la Russie est complexe. Il y a de nombreux enjeux de sécurité à discuter», résume M. Borrell. M. Peskov a pour sa part assuré que Moscou souhaitait «discuter franchement des désaccords».

Aux Etats-Unis, un conseiller de Joe Biden a lui mis en garde jeudi Moscou, indiquant que Washington allait prendre des «décisions» pour que la Russie »rende des comptes» pour ses activités «déstabilisatrices».

 


Pompe exceptionnelle pour la deuxième visite d'Etat de Trump au Royaume-Uni

Le président américain Donald Trump (C) et la première dame américaine Melania Trump débarquent d'Air Force One après avoir atterri à l'aéroport de Stansted, dans l'est de l'Angleterre, le 16 septembre 2025. (AFP)
Le président américain Donald Trump (C) et la première dame américaine Melania Trump débarquent d'Air Force One après avoir atterri à l'aéroport de Stansted, dans l'est de l'Angleterre, le 16 septembre 2025. (AFP)
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  • Donald Trump entame une visite d'État de deux jours au Royaume-Uni, marqué par un faste inédit à Windsor malgré des manifestations annoncées à Londres
  • Alors que le gouvernement de Keir Starmer tente de tirer profit de cette visite par des annonces d’investissements technologiques majeurs, la rencontre est aussi ternie par l’affaire Epstein

LONDRES: Tour en calèche, garde d'honneur géante, défilé aérien inédit: le Royaume-Uni sort le grand jeu pour la deuxième visite d'Etat de Donald Trump, reçu mercredi à Windsor par Charles III, à l'abri des manifestations.

"Cela va être un très grand jour", a commenté M. Trump en arrivant au Royaume-Uni mardi soir, se réjouissant de voir le roi, son "ami de longue date".

Encadrée par un dispositif de sécurité exceptionnel, cette visite d'Etat de deux jours débute par un déploiement spectaculaire de faste royal, dont le dirigeant républicain est friand, et une cérémonie militaire d'une ampleur sans précédent, impliquant 1.300 membres des forces armées britanniques.

"On dit que le château de Windsor, c'est le top, non? Donc ça va être chouette", avait lancé Donald Trump, 79 ans, avant son départ de Washington, se félicitant aussi d'être le seul président américain à avoir deux fois les honneurs d'une visite d'Etat au Royaume-Uni. La première avait eu lieu en 2019.

Le président et son épouse Melania seront accueillis à la mi-journée dans ce domaine royal situé à l'ouest de Londres, d'abord par le prince héritier William et son épouse Catherine, puis par le roi Charles III, 76 ans, et la reine Camilla, 78 ans.

Une incertitude entoure toutefois la présence de Camilla: la reine consort se remet d'une sinusite aiguë qui l'a empêchée d'assister à des funérailles royales mardi.

Après une salve royale tirée du château et depuis la Tour de Londres, les trois couples doivent participer à une procession en calèche, mais toujours dans l'enceinte du domaine, et non dans les rues de la ville comme cela avait été le cas lors de la visite d'Etat du président français Emmanuel Macron en juillet.

- Fanfare et cornemuses -

Donald Trump aura l'unique privilège de passer en revue une garde d'honneur comprenant exceptionnellement trois régiments de la Garde royale, accompagnée d'une fanfare, tambours et cornemuses dans la cour carrée du château.

Après un déjeuner en privé avec la famille royale, le couple Trump déposera des fleurs sur la tombe de la reine Elizabeth II, décédée en septembre 2022, dans la chapelle St George.

Un défilé aérien, alliant de façon inédite des avions de combat F35 britanniques et américains, et la patrouille acrobatique des "Red Arrows", précèdera le traditionnel banquet royal avec quelque 150 invités.

Une profusion d'honneurs de nature à flatter l'ego du milliardaire américain, qui s'est plus tôt cette année lui-même comparé à un monarque.

Mais à 40 km de là, des milliers de manifestants sont attendus dans le centre de Londres, pour protester contre la venue d'un président très impopulaire dans le pays. Le rassemblement à l'appel de la coalition "Stop Trump", prévu à partir de 14H00 (13H00 GMT), sera encadré par plus de 1.600 policiers. D'autres sont prévus ailleurs au Royaume-Uni.

Le deuxième jour de la visite, jeudi, sera consacrée à une séquence plus politique, qui se déroulera à Chequers, résidence de campagne du Premier ministre Keir Starmer.

La conférence de presse pourrait donner lieu à des questions embarrassantes pour les deux dirigeants, relatives notamment à l'affaire Jeffrey Epstein. Elle est revenue hanter cette semaine Keir Starmer, qui a limogé son ambassadeur à Washington Peter Mandelson, après des révélations sur ses liens avec le délinquant sexuel américain, mort en prison en 2019.

Un sujet dont se passerait bien Donald Trump, qui voit sa présidence également empoisonnée par l'affaire Epstein depuis des semaines.

Des images du financier américain ont d'ailleurs été diffusées mardi soir par un groupe anti-Trump sur une tour du château de Windsor.

De son côté, le gouvernement de Keir Starmer, fragilisé sur le plan économique et en pleine crise politique, cherche à tirer parti de cette visite pour multiplier les annonces, entre accord sur la tech et investissements américains.

Il a déjà enregistré un investissement massif de 30 milliards de dollars (25 milliards d'euros) de Microsoft, un autre de 5 milliards de livres (5,8 milliards d'euros) de Google et l'annonce d'un partenariat incluant OpenAI et Nvidia pour développer des infrastructures dédiées à l'IA dans le nord-est de l'Angleterre.

Un partenariat plus général pour doper la coopération technologique dans l'IA, le quantique et le nucléaire doit être signé pendant la visite, mais ses contours sont encore flous.

Les espoirs d'accord pour faire baisser les droits de douane actuellement appliqués sur le whisky (10%) et l'acier (25%) semblent en revanche avoir été douchés, selon la presse britannique.


Des milliers de morts cet été en Europe à cause du changement climatique, avancent des chercheurs

Plus de 15.000 morts pourraient être attribuées au changement climatique à l'issue de cet été dans les principales villes européennes, avancent des chercheurs dans un travail encore préalable mais dont l'intérêt a été salué par d'autres scientifiques. (AFP)
Plus de 15.000 morts pourraient être attribuées au changement climatique à l'issue de cet été dans les principales villes européennes, avancent des chercheurs dans un travail encore préalable mais dont l'intérêt a été salué par d'autres scientifiques. (AFP)
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  • Il s'agit de la première estimation de si grande ampleur sur les impacts sanitaires d'un été marqué en Europe par des températures particulièrement élevées
  • Plusieurs canicules ont été observées et l'été s'est révélé le plus chaud jamais enregistré dans plusieurs pays, comme l'Espagne, le Portugal et le Royaume-Uni

PARIS: Plus de 15.000 morts pourraient être attribuées au changement climatique à l'issue de cet été dans les principales villes européennes, avancent des chercheurs dans un travail encore préalable mais dont l'intérêt a été salué par d'autres scientifiques.

"Centrée sur 854 villes européennes, cette étude conclut que le changement climatique est à l'origine de 68% des 24.400 morts qui seraient liées à la chaleur cet été", souligne mercredi le communiqué des deux instituts britanniques auxquels appartiennent les auteurs, l'Imperial College London et la London School of Hygiene & Tropical Medicine.

Ils concluent donc qu'entre 15.013 et 17.864 décès liés cet été à la chaleur n'auraient pas eu lieu sans le réchauffement climatique, dans ces villes qui ne représentent par ailleurs qu'un petit tiers de la population européenne.

Il s'agit de la première estimation de si grande ampleur sur les impacts sanitaires d'un été marqué en Europe par des températures particulièrement élevées. Plusieurs canicules ont été observées et l'été s'est révélé le plus chaud jamais enregistré dans plusieurs pays, comme l'Espagne, le Portugal et le Royaume-Uni.

Or, les effets sur la santé des chaleurs sont bien connus: aggravation des troubles cardiovasculaires, déshydratation, troubles du sommeil... Et les plus âgés sont, de loin, les plus à risque d'en mourir.

"Il suffit que les canicules soient plus chaudes de 2 à 4°C pour que des milliers de personnes passent de vie à trépas", a souligné Garyfallos Konstantinoudis, co-auteur de l'étude, lors d'une conférence de presse, qualifiant les pics de chaleur de "tueurs silencieux".


Gaza: une commission de l'ONU accuse Israël de «génocide»

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  • La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produi(sai)t à Gaza et continu(ait) de se produire" dans ce territoire palestinien,
  • "La responsabilité incombe à l'État d'Israël", a-t-elle ajouté en présentant un nouveau rapport

GENEVE: Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre et d'autres responsables israéliens.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produi(sai)t à Gaza et continu(ait) de se produire" dans ce territoire palestinien, a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

"La responsabilité incombe à l'État d'Israël", a-t-elle ajouté en présentant un nouveau rapport.

Israël a "rejeté catégoriquement" ce "rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate" de la commission, a réagi son ministère des Affaires étrangères.

Sa publication intervient près de deux ans après le début de la guerre, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël. Depuis, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a juré de détruire le mouvement islamiste qui a pris le pouvoir en 2007 à Gaza.

La commission d'enquête a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

"Intention de détruire" 

"Il est clair qu'il existe une intention de détruire les Palestiniens à Gaza par des actes répondant aux critères énoncés dans la Convention sur le génocide", a relevé dans un communiqué Mme Pillay, qui fut présidente du Tribunal pénal international pour le Rwanda et juge à la Cour pénale internationale (CPI).

Les plus hauts dirigeants israéliens "ont orchestré une campagne génocidaire", a ajouté la Sud-Africaine de 83 ans, ancienne Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme.

La commission n'est pas une instance juridique mais ses rapports peuvent accroître la pression diplomatique et servent à recueillir des preuves que les tribunaux peuvent utiliser.

La commission a conclu un accord de coopération avec la Cour pénale internationale (CPI) avec laquelle "nous avons partagé des milliers d'informations", a expliqué Mme Pillay à l'AFP.

"La communauté internationale ne peut rester silencieuse face à la campagne génocidaire lancée par Israël contre le peuple palestinien à Gaza. Lorsque des signes et des preuves manifestes de génocide apparaissent, l'absence d'action pour y mettre fin équivaut à une complicité", a souligné Mme Pillay.

La campagne de représailles militaires dans le territoire palestinien a fait près de 65.000 morts, selon des données du ministère de la Santé de la bande de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas, données jugées fiables par l'ONU.

Depuis le début de la guerre, Israël a été accusé à plusieurs reprises de commettre un génocide à Gaza, par diverses ONG, des experts indépendants de l'ONU, et jusque devant la justice internationale, à l'initiative de l'Afrique du Sud.

Les autorités israéliennes ont toujours vigoureusement rejeté ces accusations.

L'ONU n'a pas qualifié la situation de génocide, mais le chef des opérations humanitaires a exhorté à la mi-mai les dirigeants mondiaux à "agir pour empêcher un génocide".

A La Haye, la Cour internationale de justice (CIJ) avait sommé Israël dès janvier 2024 de prévenir tout acte de génocide. Quatre mois après, le procureur de la CPI avait demandé que des mandats d'arrêt soient délivrés à l'encontre de MM. Netanyahu et Gallant, soupçonnés de crimes contre l'humanité et crimes de guerre.

La CPI est depuis dans le collimateur de Washington qui a pris des mesures contre des magistrats ayant autorisé la Cour à émettre ces mandats d'arrêt, notamment l'interdiction d'entrée sur le sol américain et le gel des avoirs détenus aux États-Unis.