Russie: Navalny envoyé en prison pour près de trois ans malgré la contestation

L'organisation de l'opposant russe Navalny appelle à une manifestation immédiate à Moscou (Photo, AFP)
L'organisation de l'opposant russe Navalny appelle à une manifestation immédiate à Moscou (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 03 février 2021

Russie: Navalny envoyé en prison pour près de trois ans malgré la contestation

  • Emmanuel Macron a jugé mardi «inacceptable» la condamnation de l'opposant russe Alexei Navalny à près de trois ans d'emprisonnement et a appelé à sa «libération immédiate»
  • Alexeï Navalny a aussi répété que M. Poutine était celui qui avait ordonné au FSB, les services de sécurité, de le tuer en l'empoisonnant en août à l'aide d'un agent neurotoxique

MOSCOU: Un tribunal moscovite a ordonné mardi l'emprisonnement pour près de trois ans de l'opposant Alexeï Navalny, entraînant la condamnation unanime de l'Occident, sur fond de répression d'un mouvement de contestation.

Etats-Unis, UE, Allemagne, France, Royaume-Uni... : tous ont appelé à sa « libération immédiate ».

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Vadim Kobzev et Olga Mikhailova, avocats du chef de l'opposition russe Alexei Navalny, s'adressent aux médias devant le tribunal de district de Babushkinsky à Moscou le 20 janvier 2021 (Photo, AFP)

Le ministère russe des Affaires étrangères a dénoncé des réactions occidentales « déconnectées de la réalité » et une ingérence « dans les affaires d'un Etat souverain ».

La juge Natalia Repnikova avait estimé mardi soir que celui qui s'est imposé en dix ans comme le principal détracteur de Vladimir Poutine avait violé son contrôle judiciaire et devait en conséquence purger une peine de trois ans et demi de prison avec sursis datant de 2014, moins une dizaine de mois passés cette année-là assigné à résidence.

Selon son avocate, Olga Mikhaïlova, son client devrait donc effectuer "environ" deux ans et huit mois de prison. Mais il fera appel.

Près de 700 personnes ont été arrêtées dans la journée lors de diverses actions pro-Navalny, l'essentiel dans la soirée à Moscou et Saint-Pétersbourg, selon l'ONG spécialisée OVD-Info. 

Des médias russes ont signalé des interpellations de protestataires et de journalistes frappés violemment à coups de matraque.

Il s'agit de la première sentence longue pour M. Navalny, qui s'est spécialisé dans les enquêtes sur la corruption des élites et accuse le président russe d'avoir ordonné son empoisonnement en août.

Dès l’annonce de cette peine, son organisation, le Fonds de lutte contre la corruption, a appelé à une manifestation immédiate au pied du Kremlin.

Une foule de policiers casqués et des fourgons cellulaires ont été rapidement déployés sur les lieux, selon des journalistes qui ont été témoins d'interpellations. 

« Poutine voleur! », ont scandé plusieurs centaines de manifestants en centre-ville.

« Il n'y a pas de justice dans ce pays », a réagi Oksana, 36 ans.

LES ÉTATS CONDAMNENT L’EMPRISONNEMENT DE L’OPPOSANT RUSSE NAVALNY

Emmanuel Macron a jugé mardi « inacceptable » la condamnation de l'opposant russe Alexei Navalny à près de trois ans d'emprisonnement et a appelé à sa « libération immédiate ». 
« La condamnation d'Alexeï Navalny est inacceptable. Un désaccord politique n'est jamais un crime. Nous appelons à sa libération immédiate. Le respect des droits humains comme celui de la liberté démocratique ne sont pas négociables », a réagi le président dans un tweet. 
Le Royaume-Uni a appelé mardi à la »libération immédiate et sans condition » de l'opposant russe Alexei Navalny, dénonçant la décision »perverse » de la justice russe de l'emprisonner pour plus de deux ans. 
« Le Royaume-Uni appelle à la libération immédiate et sans conditions d'Alexeï Navalny et de tous les manifestants pacifiques et journalistes arrêtés ces deux dernières semaines », a déclaré le chef de la diplomatie britannique Dominic Raab dans un communiqué, estimant que la décision »perverse » de la justice russe montre que le pays ne remplit pas les « engagements les plus élémentaires attendus de la part de tout membre responsable de la communauté internationale ». 
Les Etats-Unis ont exprimé mardi leur « profonde préoccupation » après la condamnation à plus de deux ans de prison de l'opposant russe Alexeï Navalny, appellant la Russie à le libérer »immédiatement et sans conditions ». 
« Tout en travaillant avec la Russie pour défendre les intérêts des Etats-Unis, nous allons nous coordonner étroitement avec nos alliés et partenaires afin que la Russie rende des comptes pour n'avoir pas respecté les droits de ses citoyens », a déclaré le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken dans un communiqué. 
« Comme tout citoyen russe, M. Navalny doit jouir des droits garantis par la Constitution russe », a-t-il dit. 
« Nous réitérons notre appel au gouvernement russe afin qu'il libère immédiatement et sans conditions M. Navalny, ainsi que les centaines d'autres citoyens russes injustement arrêtés ces dernières semaines pour avoir simplement exercé leurs droits, notamment le droit à la liberté d'expression et de réunion pacifique », a-t-il ajouté. 
Le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas a demandé mardi la libération immédiate d'Alexei Navalny, qualifiant la peine de prison infligée à l'opposant au Kremlin de « coup sévère » porté à l'Etat de droit en Russie. 
« Le verdict d'aujourd'hui contre Alexeï Navalny est un coup sevère contre les libertés fondamentales et l'Etat de droit en Russie », a déclaré M. Maas dans un tweet. « Navalny doit être libéré immédiatement ». 

Le chef de la diplomatie de l'UE a réclamé la « libération immédiate » de Navalny. 
L'organisation de l'opposant russe Navalny a appellé à une manifestation immédiate à Moscou. 

Empoisonneur de slips 

« On en emprisonne un pour faire peur à des millions » de gens, a proclamé l'opposant, incarcéré depuis le 17 janvier. 

Il a aussi dénoncé les milliers d'arrestations lors de manifestations de soutien ces deux derniers week-ends, les rassemblements d'opposition les plus importants depuis des années. 

« Vous ne pourrez pas emprisonner tout le pays! », a-t-il martelé. 

Alexeï Navalny a aussi répété que M. Poutine était celui qui avait ordonné au FSB, les services de sécurité, de le tuer en l'empoisonnant en août à l'aide d'un agent neurotoxique. 

Il « entrera dans l'histoire comme l'Empoisonneur de slips », a-t-il lâché.  

En décembre, M. Navalny avait affirmé dans une vidéo avoir piégé au téléphone un agent du FSB qui révélait que le poison avait été appliqué sur un de ses sous-vêtements dans son hôtel en Sibérie. 

Les autorités ont rejeté toutes ces accusations. Des laboratoires européens ont eux confirmé l'usage d'un poison de type Novitchok, substance développée à l'époque soviétique à des fins militaires.  

L'affaire examinée mardi concernait une plainte des services pénitentiaires qui accusaient M. Navalny de ne pas avoir respecté son contrôle judiciaire dans le cadre de sa condamnation avec sursis. 

M. Navalny a dit avoir informé les autorités de sa convalescence en Allemagne. Il a été arrêté dès son retour en Russie mi-janvier. 

Il avait été condamné en 2014 pour des détournements dans la filiale russe du groupe français Yves Rocher, via une entreprise de transport qu'il détenait avec son frère. La Cour européenne des droits de l'Homme avait dénoncé ce jugement. 

La tentative d'assassinat puis son interpellation ont déclenché une volée de critiques occidentales et le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, est attendu vendredi à Moscou où il a demandé à voir l'opposant. 

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a estimé mardi que ce serait « une bêtise » de lier les relations entre UE-Russie au sort de M. Navalny. 

Plus de 300 personnes demandant sa libération ont en outre été arrêtées mardi dans la journée, selon l'ONG spécialisée OVD-Info. 

Affaires en pagaille 

M. Navalny est la cible de multiples procédures. Vendredi, il comparaîtra pour « diffamation » envers un ancien combattant. Il est aussi accusé d'escroquerie pour avoir, selon les autorités, détourné des dons à son organisation. 

Nombre de ses alliés et collaborateurs ont eux été assignés à résidence, incarcérés ou poursuivis. 

L'opposant a néanmoins réussi à mobiliser des dizaines de milliers de partisans les 23 et 31 janvier dans une centaine de villes russes. 

Cette contestation d'une ampleur inédite depuis des années intervient à l'approche de législatives à l'automne et sur fond d'impopularité du parti du pouvoir. 

Elle est aussi alimentées par la diffusion d'une enquête de M. Navalny accusant Vladimir Poutine d'être le bénéficiaire d'un « palais » monumental, vue plus de 100 millions de fois sur YouTube. 


Les forces américaines restent «dans une posture défensive» au Moyen-Orient annonce la Maison Blanche

Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X. (AFP)
Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X. (AFP)
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  • "Ce que vous voyez en temps réel, c'est la paix par la force et l'Amérique d'abord. Nous sommes en position défensive dans la région, pour être forts, dans la poursuite d'un accord de paix, et nous espérons certainement que c'est ce qui se passera"
  • "Et le président (Donald) Trump l'a dit clairement, c'est sur la table. La question est de savoir si l'Iran l'acceptera"

WASHINGTON: Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X.

"Nous défendrons les intérêts américains" dans la région, a-t-il ajouté, alors que le conflit entre Israël et l'Iran se poursuit pour la cinquième nuit consécutive.

"Ce que vous voyez en temps réel, c'est la paix par la force et l'Amérique d'abord. Nous sommes en position défensive dans la région, pour être forts, dans la poursuite d'un accord de paix, et nous espérons certainement que c'est ce qui se passera", a déclaré de son côté le ministre de la Défense, Pete Hegseth, interrogé sur la chaîne Fox News.

"Et le président (Donald) Trump l'a dit clairement, c'est sur la table. La question est de savoir si l'Iran l'acceptera", a-t-il ajouté.

Le président américain va écourter sa participation au sommet du G7 au Canada pour rentrer à Washington dans la soirée en raison de la situation au Moyen-Orient, a indiqué la Maison Blanche.

Ces déclarations sur la posture "défensive" des forces américaines surviennent alors que des informations diffusées par des médias israéliens ont fait état d'une supposée participation directe des Américains aux frappes contre l'Iran.

Entretemps, le porte-avions américain Nimitz, qui croisait en mer de Chine méridionale, a mis le cap à l'ouest et prend la direction du Moyen-Orient, a confirmé un responsable du Pentagone.

Il remonte actuellement le détroit de Malacca, entre l'île indonésienne de Sumatra et la Malaisie.

Des sites qui géolocalisent en temps réel les positions des avions dans le monde entier ont identifié pour leur part dans la nuit de dimanche à lundi le mouvement d'une trentaine d'avions ravitailleurs américains, qui ont décollé des Etats-Unis et se sont dirigés vers différentes bases militaires en Europe.

Israël, allié des Etats-Unis, a lancé vendredi une campagne aérienne massive d'une ampleur sans précédent contre l'Iran, en ciblant des centaines de sites militaires et nucléaires, avec l'objectif affiché de l'empêcher de se doter de l'arme nucléaire. L'Iran tire depuis des salves de missiles en riposte.

Le président américain a appelé sur son réseau Truth Social "tout le monde à évacuer Téhéran immédiatement".

"L'Iran aurait dû signer l'+accord+ quand je leur ai dit de signer. Quel dommage et quel gâchis de vies humaines. Pour le dire simplement, L'IRAN NE PEUT PAS AVOIR D'ARME NUCLEAIRE", a-t-il aussi écrit.

Les Etats-Unis aident déjà Israël à intercepter les missiles iraniens visant son territoire.

 

 


Conflit Israël-Iran: Trump quitte prématurément le G7

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  • Le président américain, dont le séjour dans les Rocheuses canadiennes devait se prolonger jusqu'à mardi en fin de journée et se conclure par une conférence de presse, "rentre à Washington pour s'occuper de nombreux sujets importants"
  • Cette annonce vient peu après que Donald Trump a écrit sur son réseau Truth Social: "Tout le monde devrait évacuer Téhéran immédiatement."

KANANASKIS: "A cause de ce qui se passe au Moyen-Orient, le président Trump va partir ce soir après le dîner" avec les autres dirigeants du sommet du G7 au Canada, un jour plus tôt que prévu, a annoncé lundi sa porte-parole Karoline Leavitt sur X.

Le président américain, dont le séjour dans les Rocheuses canadiennes devait se prolonger jusqu'à mardi en fin de journée et se conclure par une conférence de presse, "rentre à Washington pour s'occuper de nombreux sujets importants", a-t-elle déclaré par ailleurs dans un court communiqué.

Cette annonce vient peu après que Donald Trump a écrit sur son réseau Truth Social: "Tout le monde devrait évacuer Téhéran immédiatement."


Trump reproche à Macron de ne pas avoir « compris » ses intentions concernant le conflit Iran-Israël

Le président français Emmanuel Macron, le premier ministre canadien Mark Carney, le président américain Donald Trump et le premier ministre britannique Keir Starmer participent à une photo de groupe devant les Rocheuses canadiennes au Kananaskis Country Golf Course lors du sommet des dirigeants du G7, le 16 juin 2025 à Kananaskis, en Alberta.(Getty Images via AFP)
Le président français Emmanuel Macron, le premier ministre canadien Mark Carney, le président américain Donald Trump et le premier ministre britannique Keir Starmer participent à une photo de groupe devant les Rocheuses canadiennes au Kananaskis Country Golf Course lors du sommet des dirigeants du G7, le 16 juin 2025 à Kananaskis, en Alberta.(Getty Images via AFP)
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  • Donald Trump a assuré lundi que son départ anticipé du G7 n'avait « rien à voir avec un cessez-le-feu » entre Israël et l'Iran.
  • Il a reproché au président français Emmanuel Macron de ne pas avoir « compris » ses intentions.

CALGARY, CANADA : Donald Trump a assuré lundi que son départ anticipé du G7 n'avait « rien à voir avec un cessez-le-feu » entre Israël et l'Iran, et a reproché au président français Emmanuel Macron de ne pas avoir « compris » ses intentions.

« Le président Emmanuel Macron, de France, a dit par erreur, dans le but de faire de la publicité, que j'avais quitté le sommet du G7 au Canada pour retourner à Washington afin de travailler à un cessez-le-feu entre Israël et l'Iran. Faux ! Il n'a aucune idée de la raison pour laquelle je suis maintenant en route pour Washington, mais cela n'a certainement rien à voir avec un cessez-le-feu. C'est beaucoup plus gros que ça », a-t-il tempêté sur son réseau Truth Social.

« Emmanuel ne comprend jamais rien, que ce soit volontairement ou non », a asséné le président américain, peu après avoir quitté le rassemblement des chefs d'État et de gouvernement du G7 dans les Rocheuses canadiennes, un jour plus tôt que prévu.

Le président français avait affirmé plus tôt, lors d'un point presse en marge du sommet, qu'« une offre avait été faite » de la part des Américains pour « une rencontre et des échanges » avec les Iraniens, ajoutant : « Si les États-Unis peuvent obtenir un cessez-le-feu, c'est une très bonne chose. » 

Ces dernières heures, Donald Trump a envoyé des signaux confus sur le conflit en cours entre Israël et l'Iran, alors que les spéculations vont bon train sur un éventuel engagement militaire direct des États-Unis.

Tout en exhortant l'Iran à conclure un « accord » sur son programme nucléaire « avant qu'il ne soit trop tard », il a aussi appelé à « évacuer » Téhéran dans un message particulièrement alarmiste sur Truth Social.

Le gouvernement américain a toutefois assuré que la posture des forces américaines dans la région restait « défensive ».

Selon le site Axios, l'exécutif américain n'a pas abandonné la voie diplomatique et discute d'une possible rencontre entre l'émissaire spécial pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, et le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi.