Covid-19: premier jour des vacances d'hiver sur le fil du rasoir, les variants progressent

Une infirmière prépare une dose du vaccin d’AstraZeneca dans un hôpital de la banlieue lyonnaise (Photo, AFP).
Une infirmière prépare une dose du vaccin d’AstraZeneca dans un hôpital de la banlieue lyonnaise (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 07 février 2021

Covid-19: premier jour des vacances d'hiver sur le fil du rasoir, les variants progressent

  • Les vacances d’hiver ont démarré samedi pour une partie des écoliers français, dans un climat morose pour le tourisme et un contexte épidémique extrêmement fragile
  • «L'heure n'est pas au relâchement de nos efforts», a prévenu jeudi le Premier ministre Jean Castex

PARIS: Les vacances d’hiver ont démarré samedi pour une partie des écoliers français, dans un climat morose pour le tourisme et un contexte épidémique extrêmement fragile, l’agence sanitaire jugeant que de nouvelles mesures restrictives seront nécessaires dans un avenir proche.

Les vacanciers de Lyon, Bordeaux ou encore Grenoble (zone A), qui ont ouvert le bal de cette période des congés étalés jusqu'au 8 mars, peuvent se déplacer librement entre régions, le gouvernement ayant choisi de ne pas les limiter à l'intérieur du pays.

À Grenoble, le hall de la gare sonnait étrangement creux samedi matin. « D'habitude, le premier samedi des vacances, ça grouille de monde », raconte un agent de la SNCF, bras croisés. A quelques mètres de là, Henrique et Alain patientent devant leurs taxis, les mains dans les poches. « Depuis ce matin, pas un client. Et ça fait deux heures que je suis là », soupire ce dernier.

Ceux qui partent sont appelés à la plus grande prudence, comme ils l'avaient déjà été pendant les fêtes de fin d'année. « L'heure n'est pas au relâchement de nos efforts », a prévenu jeudi le Premier ministre Jean Castex.

Sans remontées mécaniques dans les stations de ski, avec un couvre-feu maintenu à 18H00, les rideaux des bars et restaurants toujours baissés et les lieux culturels fermés, ces vacances s'annoncent en sous-régime pour le tourisme.

Plus de 20 000 nouveaux cas, pression hospitalière toujours forte

Plus de 20 000 nouveaux cas de contaminations à la Covid-19 ont été enregistrés en 24 heures en France, où la pression hospitalière reste élevée sur fond de progression de variants plus contagieux, selon les données de Santé publique France publiées samedi.

Le nombre de nouveaux cas confirmés est de 20 586 sur 24 heures, en baisse par rapport à la veille (22 139), mais toujours sur un plateau élevé, fluctuant entre 20 000 et 26 000 depuis janvier. 

Le taux de positivité (personnes positives par rapport à l'ensemble des personnes testées) est de 6,6% samedi, stable par rapport à la veille, et en repli par rapport à sept jours auparavant (6,9%).

La situation reste tendue sur le front des hôpitaux, qui accueillent actuellement 27 327 patients (-245 par rapport à vendredi), dont 1 126 nouvelles admissions. Le samedi précédent, les hôpitaux comptaient 27 242 patients. 

Parmi les personnes hospitalisées, 3 215 cas graves sont soignés dans les services de réanimation (-20 par rapport à la veille), dont 168 nouvelles admissions ces dernières 24 heures, contre 112 la veille. 

Lors des précédentes vagues, le nombre de patients en réa avait atteint 7 000 au printemps et 4 900 à l'automne. 

En 24 heures, 191 personnes sont décédées des suites de la Covid-19 à l'hôpital (contre 296 la veille), ce qui porte le bilan des morts à 78 794 depuis le début de l'épidémie en France.

Quelque 1 843 763 de personnes avaient reçu au moins une première dose de vaccin vendredi (les chiffres sont publiés avec un décalage d'une journée), et 233 274 avaient reçu deux doses.

Vacanciers indécis

A Azet, dans les Hautes-Pyrénées, près de la frontière espagnole, le gîte de Sylvie Guinet, d'habitude complet en cette période de vacances, n'a qu'une chambre sur cinq de réservée.

« C'est vraiment pas évident. Si je fais 20% de mon chiffre d'affaires de la saison dernière ce sera déjà bien », confie-t-elle. « Les gens réservent puis annulent au dernier moment, notamment avec toutes les incertitudes liées à l'annonce ou pas d'un confinement », souffle-t-elle, tout en comprenant les vacanciers indécis « pour qui ce n'est pas évident de rester enfermés dans leur chambre à partir de 18H00 ».

Le moral semble un peu meilleur à Cauterets, petite station-village des Pyrénées. Ski de fond, raquettes, ski de randonnée... : le domaine permet aux familles de profiter de la neige en se passant des remonte-pentes, relève Vincent Doutres, le directeur de l'office de tourisme de Cauterets. Mais « il ne faut pas se leurrer, on est en sous-activité », souligne-t-il.

Aux Antilles, destination soleil des vacances d'hiver, « c'est un véritable effondrement », se désole Patrick Vial-Collet, président de la CCI de Guadeloupe. Depuis le 2 février, il faut un « motif impérieux » pour se rendre dans les îles françaises des Caraïbes, un séisme pour le tourisme local, confronté à une cascade d'annulations.

Tout va dépendre de la progression du variant anglais, selon le Pr Fontanet

« D'éventuelles nouvelles restrictions » vont dépendre de « notre capacité à contrôler la progression du variant anglais », estime l'épidémiologiste Arnaud Fontanet, membre du Conseil scientifique, dans un entretien au Journal du dimanche.

« Tout se jouera sur notre capacité à contrôler la progression du variant anglais. C'est désormais lui qui donne le la, et qui imposera de nouvelles restrictions le cas échéant », déclare le professeur.

« Si on continue sur cette trajectoire (...), on atteindra 30-35% à la mi-février et le nombre d'admissions à l'hôpital sera alors autour de 2 000 par jour. Le variant deviendra majoritaire autour du 1er mars », indique ce membre du Conseil scientifique, dont les recommandations guident l'exécutif.

Il a par ailleurs détaillé les lieux de contamination relevés par la 3e étude ComCor pour l'Institut Pasteur, étude qui confirme les conclusions des deux premières. « La transmission se fait beaucoup en famille ou entre amis », relève-t-il.

« Le télétravail protège mais les contaminations sont moins fréquentes au bureau qu'en octobre », sans doute grâce à une meilleure application des gestes de protection et au port du masque, selon lui.

Les commerces, lieux religieux et transports publics n'accroissent pas « non plus le risque d'infection », contrairement au covoiturage, « sans doute car l'espace est réduit et le port du masque pas systématique ».

Interrogé sur la décision du président Emmanuel Macron de ne pas confiner les Français, Arnaud Fontanet déclare qu'un confinement, « s'il avait été accepté par la population, aurait permis de soulager les hôpitaux et de reprendre le contrôle de l'épidémie ».

« Mais le coût économique, social et scolaire aurait été très élevé », a-t-il souligné. « Du coup, le gouvernement a choisi de laisser une dernière chance au non-reconfinement, au risque de voir la situation sanitaire se dégrader encore et d'être contraint plus tardivement au reconfinement ».

Crainte d'une aggravation

Si le gouvernement a de nouveau écarté à ce stade de confiner le pays, sauf à Mayotte, la menace de mesures plus restrictives persiste, au regard du contexte sanitaire extrêmement tendu.

La circulation du coronavirus s'est stabilisée « à un niveau très élevé », a relevé vendredi Santé publique France (SpF) dans son bulletin hebdomadaire. Samedi, 20 586 nouveaux cas ont ainsi été confirmés.

Cette situation « ne permet pas d'écarter l'hypothèse d'une aggravation de la situation épidémiologique dans les prochaines semaines, liée à la poursuite de la circulation (des) variants » plus contagieux du coronavirus, note l'agence sanitaire.

Dans ce cas, des mesures « plus strictes » deviendront « nécessaires », a expliqué Daniel Levy-Bruhl, responsable de l'unité infections respiratoires de SpF vendredi.

La part des cas suspectés d'être des variants (anglais, sud-africain ou brésilien) du virus SARS-CoV2 s'élevait à 14% de tous les cas détectés en France au 27 janvier, avec un taux proche de 20% en Ile-de-France, selon des résultats préliminaires publiés jeudi. Au 7-8 janvier, la proportion du variant britannique avait été mesurée à 3,3% des cas positifs.

La pénétration en France est « beaucoup plus lente » que dans d'autres pays, « probablement par la combinaison d'un certain nombre de mesures qui ont été prises et de freins », a analysé le virologue Bruno Lina, chargé de cette cartographie.

Troisième vaccin

La campagne de vaccination se poursuit, sur fond d'approvisionnements toujours limités et de contraintes logistiques. Et le troisième vaccin disponible dans l'Union européenne, celui d'AstraZeneca, a commencé à être utilisé samedi, en priorité pour des soignants de moins de 65 ans. 

A l'hôpital Edouard Herriot (HEH) de Lyon, Elodie Carabajel, assistante hospitalo-universitaire à l'école dentaire, 28 ans, a ainsi été parmi les premiers à recevoir sa piqûre samedi. La jeune femme a souhaité se faire vacciner car « professionnelle de santé et, en plus en dentaire, on travaille dans la bouche des patients ».

Les hospices civils de Lyon ont reçu 7 700 doses d'AstraZeneca, un vaccin « beaucoup plus facile » en terme de logistique pour la cheffe-adjointe de la pharmacie de HEH, Carole Paillet, car il se conserve en chambre simple froide, à la différence du vaccin Pfizer qui nécessite une conservation à -80°C.


En Nouvelle-Calédonie, situation «plus calme» mais vie quotidienne difficile

Des personnes font la queue pour acheter des provisions dans un supermarché alors que des articles carbonisés précédemment incendiés sont visibles à la suite des troubles de la nuit dans le quartier de Magenta à Nouméa, territoire français de Nouvelle-Calédonie dans le Pacifique, le 18 mai 2024. (Photo Delphine Mayeur AFP)
Des personnes font la queue pour acheter des provisions dans un supermarché alors que des articles carbonisés précédemment incendiés sont visibles à la suite des troubles de la nuit dans le quartier de Magenta à Nouméa, territoire français de Nouvelle-Calédonie dans le Pacifique, le 18 mai 2024. (Photo Delphine Mayeur AFP)
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  • Vendredi en fin de soirée, l'arrivée de 1.000 renforts supplémentaires, en plus des 1.700 déjà déployés, a montré la détermination des autorités françaises pour reprendre le contrôle de la situation
  • Le gouvernement de Nouvelle-Calédonie a recensé 3.200 personnes bloquées en raison de l'absence de vols commerciaux au départ de et vers l'archipel

NOUMÉA, France : La vie quotidienne des Néo-Calédoniens devient de plus en plus difficile samedi, malgré une situation «plus calme» sur la majeure partie de l'archipel français du Pacifique Sud, au sixième jour des émeutes causées par une réforme électorale qui a provoqué la colère des indépendantistes.

Vendredi en fin de soirée, l'arrivée de 1.000 renforts supplémentaires, en plus des 1.700 déjà déployés, a montré la détermination des autorités françaises pour reprendre le contrôle de la situation.

Mais pour les habitants, les dégâts de plus en plus étendus compliquent le ravitaillement dans les commerces, ainsi que le fonctionnement des services publics, notamment de santé.

Le danger subsiste par ailleurs dans les quartiers où les émeutiers sont les plus nombreux et les mieux organisés.

Dans l'un d'eux, la Vallée du Tir à Nouméa, un motard s'est tué vendredi en fin d'après-midi dans un accident de la route en heurtant une épave de voiture, selon le procureur de la République de Nouméa, Yves Dupas.

Le gouvernement de Nouvelle-Calédonie a appelé lors d'une conférence de presse à cesser barrages et barricades.

«On est en train de s'entretuer et on ne peut pas continuer comme ça», a déclaré Vaimu'a Muliava, membre du gouvernement chargé de la fonction publique.

«Des gens meurent déjà non pas à cause des conflits armés, mais parce qu'ils n'ont pas accès aux soins, pas accès à l'alimentation», a-t-il ajouté.

Le gouvernement de Nouvelle-Calédonie a aussi recensé 3.200 personnes bloquées en raison de l'absence de vols commerciaux au départ de et vers l'archipel.

Les autorités françaises espèrent que l'état d'urgence en vigueur depuis jeudi va continuer à faire reculer les violences, qui ont débuté lundi après une mobilisation contre une réforme électorale contestée par les représentants du peuple autochtone kanak.

Depuis, la crise qui frappe ce territoire colonisé par la France au XIXe siècle a fait cinq morts, dont deux gendarmes et trois civils kanaks, et des centaines de blessés au cours de violentes nuit d'émeutes. En réponse, le gouvernement a envoyé des renforts policiers, interdit TikTok - réseau social prisé des émeutiers -, et déployé des militaires.

- Strict minimum -

Devant les rares magasins de Nouméa qui n'ont pas été ravagés par les flammes ou pillés, les files d'attente restaient très longues samedi.

«Cela fait plus de trois heures qu'on est là», soupirait Kenzo, 17 ans, en quête de riz et de pâtes.

Selon la Chambre de commerce et d'industrie de Nouvelle-Calédonie, les violences ont «anéanti» 80% à 90% de la chaîne de distribution commerciale de la ville.

Le représentant de l'Etat français en Nouvelle-Calédonie, Louis Le Franc, a promis la mobilisation de l'Etat pour «organiser l'acheminement des produits de première nécessité» et un «pont aérien» entre la métropole et son archipel, séparés de plus de 16.000 km.

De son côté, un responsable de l'hôpital de Nouméa, Thierry de Greslan, s'est alarmé de la dégradation de la situation sanitaire. «Trois ou quatre personnes seraient décédées hier (jeudi) par manque d'accessibilité aux soins», en raison notamment de barrages érigés dans la ville, a-t-il avancé sur la radio France Info.

Face à la «gravité» de la situation et afin «de répondre aux besoins sanitaires de la population», l'Etablissement français du sang (EFS) a annoncé vendredi l'envoi de produits sanguins.

- «Grande fermeté» -

A Paris, le ministre de la Justice a demandé au parquet «la plus grande fermeté à l'encontre des auteurs des exactions». Eric Dupond-Moretti a aussi indiqué qu'il envisageait de transférer les «criminels» arrêtés sur le «Caillou» en métropole «pour ne pas qu'il y ait de contaminations (...) des esprits les plus fragiles».

Parallèlement, la justice française a ouvert une enquête sur «les commanditaires» des émeutes, ciblant notamment le collectif CCAT (Cellule de coordination des action de terrain), frange la plus radicale des indépendantistes, déjà mis en cause par le gouvernement.

«J'ai décidé d'ouvrir une enquête visant notamment des faits susceptibles de concerner des commanditaires», parmi lesquels «certains membres de la CCAT», a déclaré le procureur Yves Dupas, pointant «ceux qui ont instrumentalisé certains jeunes dans une spirale de radicalisation violente». Au total, depuis dimanche, 163 personnes ont été placées en garde à vue, dont 26 ont été déférées devant la justice, selon le parquet.

Jeudi, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin avait qualifié la CCAT d'organisation «mafieuse».

Vendredi, ce collectif a demandé «un temps d'apaisement pour enrayer l'escalade de la violence». Sur la radio RFI, un de ses membres, Rock Haocas, a assuré que son organisation «n'a pas appelé à la violence», attribuant ces émeutes à une «population majoritairement kanak marginalisée».

Sur le front politique, après l'annulation d'une visioconférence avec tous les élus calédoniens jeudi, le président français Emmanuel Macron a commencé vendredi à avoir des échanges avec certains d'entre eux mais son service de communication a refusé d'en dire plus.

Présentée par son gouvernement, la réforme constitutionnelle qui a mis le feu aux poudres vise à élargir le corps électoral aux élections provinciales, cruciales sur l'archipel. Les partisans de l'indépendance estiment que cette modification risque de réduire leur poids électoral.

Paris a par ailleurs détaillé ses accusations portées contre l'Azerbaïdjan «d'ingérences» en Nouvelle-Calédonie, archipel stratégique pour la France qui veut renforcer son influence en Asie Pacifique et de part ses riches ressources en nickel.

Paris a évoqué une «propagation massive et coordonnée» de contenus relayés par des comptes liés à Bakou et accusant la police française de tirer sur des manifestants indépendantistes.

 

 


Rouen: un homme armé tentant de mettre le feu à une synagogue tué par la police

"A Rouen, les policiers nationaux ont neutralisé tôt ce matin un individu armé souhaitant manifestement mettre le feu à la synagogue de la ville. Je les félicite pour leur réactivité et leur courage", écrit M. Darmanin sur X. (Reuters).
"A Rouen, les policiers nationaux ont neutralisé tôt ce matin un individu armé souhaitant manifestement mettre le feu à la synagogue de la ville. Je les félicite pour leur réactivité et leur courage", écrit M. Darmanin sur X. (Reuters).
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  • Selon une source proche du dossier, l'homme était armé «d'un couteau et d'une barre de fer»
  • «Il aurait menacé un policier d’un couteau et ce dernier a fait usage de son arme et l’individu est décédé», a précisé le procureur

ROUEN: Des policiers ont abattu vendredi matin un homme armé notamment d'un couteau qui tentait de mettre le feu à une synagogue à Rouen et les menaçait, a annoncé le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.

Vers 6h45, les policiers sont "intervenus sur un signalement de dégagement de fumée près de la synagogue", située rue des Bons enfants dans le centre historique de Rouen, a détaillé une source policière à l'AFP.

"Un individu a mis le feu à la synagogue de Rouen. Il aurait pris à partie les policiers et les pompiers", a pour sa part indiqué à l'AFP le procureur de Rouen, Frédéric Teillet.

Selon une source proche du dossier, l'homme était armé "d'un couteau et d'une barre de fer".

"Ensuite, il aurait menacé un policier d’un couteau et ce dernier a fait usage de son arme et l’individu est décédé", a précisé le procureur.

Une première enquête a été ouverte pour "incendie volontaire" visant un lieu de culte, "violences volontaires sur personnes dépositaires de l’autorité publique confiée à la DGPN, a fait savoir le parquet.

Un autre enquête a été ouverte sur les circonstances du décès de l'individu armé pour "violences volontaires avec armes ayant entrainé la mort sans intention de la donner", confiée à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN).

"A Rouen, les policiers nationaux ont neutralisé tôt ce matin un individu armé souhaitant manifestement mettre le feu à la synagogue de la ville. Je les félicite pour leur réactivité et leur courage", a écrit M. Darmanin sur X.

L'homme abattu par les forces de l'ordre n'a pas été immédiatement identifié, a-t-on précisé de source policière.

Sollicité par l'AFP, le Parquet national antiterroriste indique être en train d'évaluer s'il se saisit du dossier.

De nombreux pompiers et policiers étaient déployés sur place vendredi matin, a constaté un journaliste de l'AFP.

«Sous le choc»

Selon le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, les pompiers maîtrisaient vendredi matin le départ de feu et il n'y aurait "pas d'autres victimes que l'individu armé".

"A travers cette agression et cette tentative d'incendie de la synagogue de Rouen, ce n'est pas seulement la communauté israélite qui est touchée. C'est toute la ville de Rouen qui est meurtrie et sous le choc", a réagi  le maire sur X.

"Tenter de brûler une synagogue, c'est vouloir intimider tous les Juifs. Une nouvelle fois, on veut faire peser un climat de terreur sur les Juifs de notre pays. Combattre l'antisémitisme, c'est défendre la République", a affirmé sur X le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) Yonathan Arfi.

Gérald Darmanin avait demandé le 14 avril dernier aux préfets de renforcer la sécurité devant les lieux de culte juifs ainsi que devant les écoles confessionnelles, au lendemain de l'attaque menée par l'Iran contre Israël.

Les opérations militaires lancées par l'Etat hébreu contre la bande de Gaza, qui ont causé la mort de plus de 35.000 personnes, en représailles à l'attaque des combattants du Hamas contre Israël le 7 octobre dernier ont provoqué une forte hausse des actes d'antisémitisme en France.

Début mai, le Premier ministre Gabriel Attal avait annoncé que "366 faits antisémites" avaient été enregistrés au premier trimestre 2024, soit "une hausse de 300% par rapport aux trois premiers mois de l'année 2023".

Face à cette hausse, "pas un acte ne doit rester impuni, pas un antisémite ne doit avoir l'âme tranquille", avait affirmé le chef du gouvernement en promettant de "faire preuve d'une fermeté exemplaire à chaque acte".


Des Français musulmans s'exilent à l'étranger, fuyant la « morosité ambiante »

Sur plus de 1.000 personnes répondant à un questionnaire relayé par l'intermédiaire de réseaux militants, 71% ont cité le racisme ou les discriminations pour expliquer ce choix, selon cette enquête, intitulée "La France, tu l'aimes mais tu la quittes". (AFP).
Sur plus de 1.000 personnes répondant à un questionnaire relayé par l'intermédiaire de réseaux militants, 71% ont cité le racisme ou les discriminations pour expliquer ce choix, selon cette enquête, intitulée "La France, tu l'aimes mais tu la quittes". (AFP).
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  • Une étude de sociologie publiée le mois dernier rapporte que des Français de culture musulmane, hautement qualifiés, souvent issus de l'immigration, quittent la France pour un nouveau départ
  • Ses amis, sa famille, la culture française lui manquent, mais il raconte avoir fui "l'islamophobie" et le "racisme systémique" entraînant des contrôles policiers à répétition à son encontre

PARIS: Après avoir échoué à 50 entretiens d'embauche pour un job de consultant, en dépit de ses qualifications et diplômes, Adam, Français de confession musulmane, a fait ses valises pour commencer une nouvelle vie à Dubaï.

"Je me sens beaucoup mieux ici qu'en France", estime désormais ce trentenaire d'origine nord-africaine.

"Ici on est tous égaux. On peut avoir comme patron une personne indienne, une personne arabe, un Français", témoigne-t-il à l'AFP, ajoutant que sa religion est "plus acceptée".

Une étude de sociologie publiée le mois dernier rapporte que des Français de culture musulmane, hautement qualifiés, souvent issus de l'immigration, quittent la France pour un nouveau départ dans des villes telles que Londres, New York, Montréal ou Dubaï.

Sur plus de 1.000 personnes répondant à un questionnaire relayé par l'intermédiaire de réseaux militants, 71% ont cité le racisme ou les discriminations pour expliquer ce choix, selon cette enquête, intitulée "La France, tu l'aimes mais tu la quittes".

En France, "vous devez faire deux fois plus d'efforts quand vous venez de certaines minorités", reprend Adam, qui ne donne pas son nom de famille, comme tous ceux interrogés par l'AFP.

Ses amis, sa famille, la culture française lui manquent, mais il raconte avoir fui "l'islamophobie" et le "racisme systémique" entraînant des contrôles policiers à répétition à son encontre.

'Plafond de verre'

La France, ancienne puissance coloniale et pays d'immigration, compte une importante population d'origine maghrébine et africaine.

Les enfants d'immigrés venus chercher une vie meilleure ou appelés à constituer une main d'oeuvre bon marché dans les années 60 sont Français. Mais nombre d'entre eux se sentent étrangers dans leur propre pays, considérés comme des "citoyens de seconde zone". En particulier depuis les attentats jihadistes de 2015 en France.

"Le climat en France s’est largement dégradé. En tant que musulman on est pointé du doigt", estime sous couvert de l'anonymat un banquier franco-algérien de trente ans, qui s'apprête à quitter son pays en juin, direction Dubaï.

Il évoque notamment certaines chaînes d'info et éditorialistes assimilant tous les musulmans à des extrémistes religieux ou des fauteurs de troubles.

Ce fils d'une femme de ménage algérienne, titulaire de deux masters, estime en outre s'être heurté à un "plafond de verre" dans son parcours professionnel en France.

En France, les statistiques ethniques et religieuses sont interdites. Mais de nombreuses enquêtes documentent depuis des années les discriminations frappant les personnes d'origine immigrée dans la recherche d'emploi, de logement, les contrôles policiers...

Un candidat au nom français a près de 50% de chances supplémentaires d’être rappelé par un employeur par rapport à un candidat au nom maghrébin, rappelle ainsi l'Observatoire des inégalités dans son rapport 2023.

'Morosité'

Le rapport très particulier de la France à la laïcité, les polémiques récurrentes sur le voile musulman, provoquent aussi le malaise chez certains.

"Il y a une vraie spécificité française sur cette question. Dans notre pays, une femme qui porte le voile est reléguée à la marge de la société et il lui est notamment très difficile de trouver un emploi. Des femmes portant le hidjab qui veulent travailler sont donc assez logiquement amenées à quitter la France", explique Olivier Esteves, l'un des auteurs de l'étude, au Monde.

"On étouffe en France", raconte à l'AFP un Français de 33 ans d'origine marocaine, qui s'apprête à émigrer en Asie du sud-est avec sa femme enceinte, "pour vivre dans une société plus apaisée et où les communautés savent vivre ensemble".

Cet employé dans la tech veut fuir "la morosité ambiante" et les "humiliations" du quotidien liées à son patronyme et ses origines.

"On me demande encore aujourd’hui ce que je fais dans ma résidence", où il vit depuis plusieurs années. "Et c’est pareil pour ma mère quand elle me visite. Mais ma femme qui est blanche de peau n’a jamais eu cette question", raconte-t-il.

"Cette humiliation constante est d’autant plus frustrante que je contribue net à cette société en faisant partie des hauts revenus qui paient plein pot", s'insurge-t-il.

Paradoxalement, la société française est pourtant "plus ouverte qu'il y a vingt ans" et "le racisme recule", souligne le dernier rapport annuel de l'Observatoire des inégalités, notant que 60% des Français déclarent n'être "pas du tout racistes", soit deux fois plus qu'il y a 20 ans.

Et la part de ceux qui pensent qu’il y a des "races supérieures à d’autres" a été divisée par trois, de 14% à 5%.