Colère à Ankara face aux demandes américaines de libérer Osman Kavala

L'homme d'affaires et philanthrope turc Osman Kavala est détenu depuis octobre 2017. Il fait face à des accusations liées à la tentative de coup d'État ratée de 2016, et aux manifestations anti-gouvernementales de 2013. (Photo, AFP/Archives)
L'homme d'affaires et philanthrope turc Osman Kavala est détenu depuis octobre 2017. Il fait face à des accusations liées à la tentative de coup d'État ratée de 2016, et aux manifestations anti-gouvernementales de 2013. (Photo, AFP/Archives)
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Publié le Vendredi 12 février 2021

Colère à Ankara face aux demandes américaines de libérer Osman Kavala

  • La Turquie s’insurge face à «l'ingérence étrangère» dans les affaires intérieures
  • Erdogan a accusé la femme de l'activiste d'avoir déclenché des manifestations étudiantes dans une prestigieuse université d'Istanbul

ANKARA: La Turquie a réagi aux demandes américaines de libérer le militant et philanthrope emprisonné Osman Kavala, derrière les barreaux depuis plus de trois ans, et qui attend toujours un jugement.

Innocenté quant aux accusations liées aux manifestations antigouvernementales de 2013, Kavala est relâché. Il est arrêté à nouveau pour espionnage après la tentative de coup d'État ratée de 2016. La cour d'appel annulera l’acquittement précédent.

Le Département d'État américain a déclaré mercredi que les «accusations sans fondement à l’encontre Kavala, sa détention, les perpétuels ajournements qui retardent le verdict de son procès, ainsi que regroupement des poursuites contre lui, portent atteinte au respect de l'État de droit et de la démocratie».

La Turquie s’est insurgée face à «l'ingérence étrangère» dans les affaires intérieures. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Hami Aksoy a qualifié les propos du département d'État de «sans scrupules et incohérents».

Aksoy a par ailleurs affirmé qu'aucun État ne peut dicter les processus judiciaires, qui sont menés «de façon indépendante» par les tribunaux turcs.

Il n'y a eu jusqu’à présent aucun appel téléphonique entre le président Joe Biden et le président Recep Tayyip Erdogan, ou entre le secrétaire d'État américain Antony Blinken et son homologue turc Mevlut Cavusoglu.

Les propos du département d’État font suite à une lettre de 50 sénateurs adressée à Biden qui lui demande d’accorder une plus grande importance aux questions des droits de l’homme en Turquie. La missive fait allusion à un problème plus profond qui se profile à l’horizon entre les deux pays sous la nouvelle administration américaine.

Le 27 juillet, millième jour de la détention, Washington «a sommé Ankara de respecter ses propres engagements en faveur de la justice et de l'État de droit, et de libérer Osman Kavala».

Kavala est par ailleurs accusé d'avoir collaboré avec Henri Barkey, un universitaire américain, afin de renverser l'ordre constitutionnel en Turquie. Les deux hommes nient ces accusations en bloc.

«Nous constatons aussi avec inquiétude l’implication du citoyen américain Dr. Henri Barkey dans ces procédures judiciaires injustifiées», a indiqué le Département d’État. «Nous pensons que les accusations portées contre le Dr Barkey sont sans fondement».

La demande de libération de Kavala a été rejetée vendredi dernier par un tribunal turc, un jour après qu'Erdogan ait accusé la femme de l'activiste d'avoir déclenché des manifestations étudiantes dans une prestigieuse université d'Istanbul.

«L'administration Biden semble placer la démocratie et les droits de l'homme au premier plan dans la diplomatie, comme le montrent les sanctions imposées au Myanmar en réponse au dernier coup d'État», a déclaré Ozgur Unluhisarcikli, directeur du bureau d'Ankara d Fonds allemand Marshall des États-Unis, à Arab News.

Unluhisarcikli affirme qu’il n’est donc pas surprenant que l'administration Biden soit beaucoup catégorique au sujet des poursuites judiciaires prolongées en Turquie.

Unluhisarcikli fait le lien entre les avertissements de cette administration concernant la détention de Kavala, et le traitement de l’emprisonnement du pasteur Andrew Brunson alors que le président Donald Trump était en fonction.

«L'administration Trump a été très franche à l’égard de l’affaire du pasteur Brunson, non pas parce que les droits de l'homme priment dans sa stratégie. La détention de Brunson était un problème qui interpellait la base évangélique du Parti républicain, et sa libération a été considérée comme un succès de l'administration Trump par la même base.

«Osman Kavala et Henri Barkey n'ont pas la même influence aux États-Unis, donc l'administration Trump a fermé les yeux sur leurs cas. Il y a maintenant une nouvelle administration à Washington qui n'ignorera certainement pas ces problèmes».

Unluhisarcikli affirme que l'argument de la Turquie selon lequel les gouvernements étrangers ne doivent pas se mêler de ses procédures judiciaires aurait été plus crédible si le système judiciaire du pays n'avait pas été politisé, et si son état de droit ne s’était pas considérablement détérioré.

Selon l'enquête Dimensions de la polarisation en Turquie 2020, 41,5% des Turcs disent faire confiance au système judiciaire du pays.

«Cela soulève vraiment la question de savoir pourquoi d’autres personnes devraient faire confiance au système judiciaire turc, si les Turcs eux-mêmes n’en sont pas capables», a ajouté Unluhisarcikli.

«Bien que je ne m'attende pas à ce que l'administration Biden fasse preuve d'une réaction sévère comme celle de Trump en 2018, ces affaires judiciaires déteignent sur les relations de la Turquie avec l'Europe et les États-Unis, à moins d'être résolues très rapidement, conformément aux droits de l'homme et à l’État de droit».

Max Hoffman, un spécialiste des affaires turques au Centre pour l’évolution américaine à Washington, explique que les propos du département d'État indiquent que l'administration Biden va insister de plus en plus sur les questions de démocratie et d’État de droit en Turquie.

«Si le gouvernement turc entendait l'appel, il comprendrait l’importance de ce message politique. Mais le cas du politicien kurde emprisonné Selahattin Demirtas et des autres prisonniers politiques continueraient de poser problème», a déclaré Hoffman à Arab News.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le prince héritier saoudien s'envole pour les États-Unis

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a quitté le royaume lundi pour se rendre aux États-Unis, a rapporté l'agence de presse saoudienne. (Photo Arab News)
Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a quitté le royaume lundi pour se rendre aux États-Unis, a rapporté l'agence de presse saoudienne. (Photo Arab News)
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  • Le prince héritier effectuera une visite officielle de travail à l'invitation du président américain Donald Trump
  • Au cours de cette visite, il rencontrera M. Trump pour discuter des relations entre leurs deux pays et des moyens de les renforcer dans divers domaines. Des questions d'intérêt commun seront également abordées

RIYAD : Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a quitté le royaume lundi pour se rendre aux États-Unis, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Le prince héritier effectuera une visite officielle de travail à l'invitation du président américain Donald Trump.

Au cours de cette visite, il rencontrera M. Trump pour discuter des relations entre leurs deux pays et des moyens de les renforcer dans divers domaines. Des questions d'intérêt commun seront également abordées. 

 


Liban: un mort dans une nouvelle frappe israélienne 

Une frappe israélienne a fait un mort dimanche dans le sud du Liban, théâtre récurrent de tirs malgré le cessez-le-feu en vigueur entre Israël et le Hezbollah libanais, a indiqué le ministère libanais de la Santé. (AFP)
Une frappe israélienne a fait un mort dimanche dans le sud du Liban, théâtre récurrent de tirs malgré le cessez-le-feu en vigueur entre Israël et le Hezbollah libanais, a indiqué le ministère libanais de la Santé. (AFP)
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  • Plus tôt dimanche, la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) avait accusé l'armée israélienne d'avoir ouvert le feu sur ses membres dans le sud du pays, Israël assurant ne pas avoir visé les Casques bleus "délibérément"
  • Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024, à l'issue de plus d'un an d'hostilités avec le Hezbollah, Israël continue de mener des attaques régulières contre les bastions du mouvement pro-iranien au Liban

BEYROUTH: Une frappe israélienne a fait un mort dimanche dans le sud du Liban, théâtre récurrent de tirs malgré le cessez-le-feu en vigueur entre Israël et le Hezbollah libanais, a indiqué le ministère libanais de la Santé.

"Une frappe ce soir de l'ennemi israélien sur une voiture dans la ville d'Al-Mansouri, située dans le district de Tyr, a tué un citoyen", a annoncé le ministère dans un communiqué.

Selon l'Agence de presse officielle libanaise Ani, cette frappe de drone a tué le directeur d'une école locale nommé Mohammed Shoueikh.

L'armée israélienne n'a pas réagi dans l'immédiat à ces informations.

Plus tôt dimanche, la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) avait accusé l'armée israélienne d'avoir ouvert le feu sur ses membres dans le sud du pays, Israël assurant ne pas avoir visé les Casques bleus "délibérément".

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024, à l'issue de plus d'un an d'hostilités avec le Hezbollah, Israël continue de mener des attaques régulières contre les bastions du mouvement pro-iranien au Liban en l'accusant de chercher à reconstituer ses capacités militaires.

La Finul oeuvre avec l'armée libanaise à l'application de cet accord de cessez-le-feu ayant mis fin le 27 novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre le Hezbollah et Israël.

Le Hezbollah a été très affaibli par la dernière guerre avec Israël et les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour le désarmer, ce que le mouvement islamiste refuse.

 


Accident de car en Arabie saoudite: 45 pèlerins tués selon la police indienne

45 pèlerins musulmans en majorité de nationalité indienne sont décédés dans un accident de car survenu pendant la nuit près de la ville sainte de Médine, en Arabie saoudite, a indiqué lundi la police indienne. (AFP)
45 pèlerins musulmans en majorité de nationalité indienne sont décédés dans un accident de car survenu pendant la nuit près de la ville sainte de Médine, en Arabie saoudite, a indiqué lundi la police indienne. (AFP)
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  • "L’accident tragique d'autocar impliquant des pèlerins indiens en Arabie saoudite est bouleversant"
  • 45 pèlerins musulmans en majorité de nationalité indienne sont décédés dans un accident de car survenu pendant la nuit près de la ville sainte de Médine, en Arabie saoudite, a indiqué lundi la police indienne

NEW DELHI: 45 pèlerins musulmans en majorité de nationalité indienne sont décédés dans un accident de car survenu pendant la nuit près de la ville sainte de Médine, en Arabie saoudite, a indiqué lundi la police indienne.

"L’accident tragique d'autocar impliquant des pèlerins indiens en Arabie saoudite est bouleversant", a déclaré V.C. Sajjanar, commissaire de police de Hyderabad, la ville du centre de l'Inde d'où seraient originaires un grand nombre de victimes.

Lors d'un point presse, il a indiqué que "selon les premières informations, 46 personnes se trouvaient dans le bus et malheureusement une seule personne a survécu"."