Une réfugiée congolaise prend la tête de l'université d'Édimbourg

Debora Kayembe, 45 ans, avocate des droits de l'homme née en République démocratique du Congo et résidant en Écosse, vient d’être nommée première rectrice noire de l'université d'Édimbourg. (Andy Buchanan / AFP)
Debora Kayembe, 45 ans, avocate des droits de l'homme née en République démocratique du Congo et résidant en Écosse, vient d’être nommée première rectrice noire de l'université d'Édimbourg. (Andy Buchanan / AFP)
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Publié le Dimanche 14 février 2021

Une réfugiée congolaise prend la tête de l'université d'Édimbourg

  • L'avocate aujourd'hui âgée de 45 ans a demandé l'asile au Royaume-Uni, fondé une famille et s'est installée en Ecosse où, militante politique, elle s'est spécialisée dans les dossiers de droits humains
  • Debora Kayembe s'apprête à devenir rectrice de la vénérable université d'Édimbourg, qui sera pour la première fois dirigée par une personne noire

ÉDIMBOURG, Royaume-Uni : Plus de 16 ans après avoir fui la République démocratique du Congo, recherchée par un groupe armé qu'elle a contribué à démasquer, Debora Kayembe s'apprête à devenir rectrice de la vénérable université d'Édimbourg, qui sera pour la première fois dirigée par une personne noire.

Depuis ce temps-là, l'avocate aujourd'hui âgée de 45 ans a demandé l'asile au Royaume-Uni, fondé une famille et s'est installée en Ecosse où, militante politique, elle s'est spécialisée dans les dossiers de droits humains.

Malgré son parcours, elle estime que rien ne l'avait préparée à se voir proposer de prendre la tête de l'université d'Édimbourg, fondée au XVIe siècle.

En novembre dernier, elle avait été approchée pour savoir si elle envisagerait d'accepter le poste, jamais occupé par une personne noire. Elle a accepté, mais pensant que ses chances étaient minces.

Sa nomination l'a laissée sans voix.

"C'est quelque chose que ne n'avais jamais imaginé", confie à l'AFP Debora Kayembe. "C'est quelque chose que je n'ai jamais cherché, c'est arrivé sur un plateau".

Sabotage

Plusieurs mois avant sa nomination, elle s'était retrouvée mêlée à un conflit qu'elle avait d'abord voulu éviter.

Elle avait déjà été victime de racisme auparavant en Ecosse. Mais les attaques ont atteint leur paroxysme en juin dernier, en pleine mobilisation mondiale contre le racisme après la mort de George Floyd, Américain noir mort lors de son arrestation par la police aux États-Unis

Debra Kayembe se rendait en voiture à un rendez-vous professionnel quand sa voiture a violemment quitté la route. En inspectant le véhicule, elle s'est rendu compte que des clous avaient été mis sur les quatre pneus de sa voiture.

"Les fois précédentes, je pouvais dormir tranquille", explique-t-elle. "Parfois il faut faire le dos rond et laisser passer les choses, mais ce qui m'est arrivé ce jour-là est inacceptable."

Elle a raconté ce qui s'était passé sur les réseaux sociaux. Mais plutôt que de chercher la confrontation, elle a choisi d'adopter un message de tolérance et de dialogue avec ses agresseurs.

"Je leur ai dit, écoutez, ces choses font partie du passé", explique-t-elle. "On a dépassé ça, si vous ne comprenez toujours pas, il va falloir qu'on dialogue. C'était ça mon message. Rien d'autre".

Peu de temps après, sa fille est revenue de l'école en larmes, une enseignante lui avait demandé de faire une danse d'esclave devant ses camarades de classe.

Après des explications avec l'école, elle a lancé une pétition pour que le Parlement écossais s'attaque d'urgence au racisme dans le système éducatif.

Le Parlement a accepté, la question sera débattue dans les mois qui viennent.

C'est justement le message de dialogue et de tolérance qui a attiré l'attention de l'université d'Édimbourg, qui compte parmi ses anciens étudiants Premiers ministres, prix Nobel et athlètes olympiques.

"Ils m'ont dit qu'en tant que rectrice de l'université, votre message ira loin et le monde entier écoutera", rapporte-t-elle. "C'est pour ça que nous voudrions que vous preniez le poste".

Fierté nationale

Selon Debora Kayembe, née à Kinshasa et élevée par son oncle médecin, sa famille en RDC a été submergée d'émotion en apprenant la nouvelle.

"Il y a un sentiment de fierté nationale, ils attendent la cérémonie inaugurale cet été pour venir en Ecosse voir ça de leurs propres yeux", raconte-t-elle.

Sa priorité après son installation le 1er mars sera de s'assurer que l'université attire "les esprits les plus brillants en Ecosse" pour l'aider à se remettre après le coronavirus.

La pandémie a eu pour vertu d'ouvrir les possibilités d'enseignement à distance, une opportunité pour l'Afrique, selon Debora Kayembe.

Membre du barreau congolais depuis 2000, elle n'est pas retournée dans son pays depuis qu'elle a fui. Là-bas, sa vie est toujours menacée.

Elle espère pouvoir grâce à son poste de rectrice promouvoir un meilleur enseignement pour le continent.

"L'Afrique a besoin de l'éducation, de la meilleure éducation", souligne-telle, "mon rôle sera de m'assurer que ce soit tout en haut de l'agenda".

 


Pourparlers sur l'Ukraine: Kiev et l'Europe voient des avancées mais encore beaucoup de travail

Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre". (AFP)
Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre". (AFP)
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  • Les discussions entre Ukrainiens, Américains et Européens, convoquées dimanche dans l'urgence, se sont tenues sur la base du projet de plan en 28 points de Donald Trump, considéré comme largement favorable à Moscou
  • Américains et Ukrainiens ont affirmé qu'un "futur accord" de paix devrait respecter la souveraineté de l'Ukraine

KIEV: Le chancelier allemand a insisté lundi pour que la Russie rejoigne la table des négociations sur un plan de paix pour l'Ukraine, au lendemain de pourparlers à Genève ayant donné lieu à un "nouvel élan", mais qui nécessitent encore "du travail" selon Kiev et l'UE.

Les discussions entre Ukrainiens, Américains et Européens, convoquées dimanche dans l'urgence, se sont tenues sur la base du projet de plan en 28 points de Donald Trump, considéré comme largement favorable à Moscou. Américains et Ukrainiens ont affirmé qu'un "futur accord" de paix devrait respecter la souveraineté de l'Ukraine.

L'Ukraine, qui lutte depuis près de quatre ans contre l'invasion de la Russie, est de nouveau au coeur d'échanges lundi à Luanda en marge d'un sommet entre l'UE et l'Union africaine. Et la "Coalition des volontaires", qui réunit les alliés de l'Ukraine, se réunira mardi en visioconférence.

"La Russie doit être présente à la table (des négociations)", a affirmé le chancelier allemand Friedrich Merz, jugeant néanmoins improbable "une percée" diplomatique cette semaine.

Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre".

Salué par le président russe Vladimir Poutine, le texte initial du plan Trump reprenait plusieurs exigences cruciales pour Moscou. Le Kremlin a dit lundi n'avoir aucune information à l'issue des pourparlers de Génève, mais savoir que des "modifications" avaient été apportées.

Si M. Zelensky a salué lundi des avancées, il a estimé qu'il fallait "beaucoup plus" pour parvenir à une "paix réelle" avec la Russie et mettre fin au conflit le plus meurtrier en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

Atmosphère "constructive"

Le dirigeant ukrainien s'est néanmoins félicité de l'inclusion d'éléments "extrêmement sensibles": la libération totale des prisonniers ukrainiens selon la formule de "tous-contre-tous" et des civils, et le retour des "enfants ukrainiens enlevés par la Russie".

Un haut responsable ukrainien a indiqué à l'AFP que l'hypothèse d'une visite de Volodymyr Zelensky à Washington était "au stade de la discussion", sans date fixée.

L'atmosphère à Genève était "parfois tendue, parfois plus légère mais dans l'ensemble constructive", a-t-il décrit, évoquant une ambiance "typique des négociations extrêmement importantes".

Depuis Luanda, les alliés européens de Kiev se sont dit prudemment optimistes.

"Il reste encore du travail à faire mais il y a une base solide pour avancer", a dit la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Le président du Conseil européen, Antonio Costa, a lui salué un "nouvel élan".

Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a aussi noté les "progrès significatifs" réalisés à Genève.

Aucune nouvelle version du texte n'a pour l'heure été publiée.

"Nous continuons tous à travailler avec nos partenaires, en particulier les États-Unis, et à rechercher des compromis qui nous renforcent et ne nous affaiblissent pas", a dit M. Zelensky lors d'une conférence virtuelle en Suède, ajoutant que son pays se trouve à un "moment critique".

Le président américain a semblé se réjouir de l'issue de la rencontre à Genève. "Est-ce vraiment possible que de grands progrès soient réalisés dans les pourparlers de paix entre la Russie et l'Ukraine??? Ne croyez que ce que vous voyez, mais quelque chose de bon pourrait bien se produire", a-t-il écrit sur son réseau Truth Social.

A Genève, son secrétaire d'Etat Marco Rubio s'était dit dimanche "très optimiste" sur la possibilité de conclure "très vite" un accord, estimant que "les points qui restent en suspens ne sont pas insurmontables".

Les Russes auront "leur mot à dire", avait-il aussi assuré.

Lors d'un entretien téléphonique lundi entre Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, le dirigeant russe a réitéré son opinion selon laquelle le plan initial des États-Unis pourrait "servir de base à un règlement de paix final".

La poussée lente, mais progressive, des troupes russes accentue la pression sur Kiev.

Moscou a revendiqué lundi la prise d'un village dans la région de Zaporijjia (sud), tandis que des frappes aériennes russes ont fait au moins quatre morts à Kharkiv.

La Russie cible quasi quotidiennement le pays au moyen de drones ou de missiles. Les infrastructures énergétiques sont particulièrement visées, faisant craindre un hiver difficile en Ukraine. Kiev vise de son côté régulièrement des dépôts et raffineries de pétrole et d'autres installations côté russe.

 


L'IA générative, un potentiel «Frankenstein des temps modernes», prévient le chef des droits humains de l'ONU

Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes. (AFP)
Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes. (AFP)
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  • "Le modèle économique actuel des plateformes de médias sociaux alimente déjà la polarisation, l'extrémisme et l'exclusion. De nombreux pays peinent à endiguer ce phénomène", a souligné M. Türk
  • Et si l'IA générative est porteuse d'"immenses promesses", les droits humains peuvent en "être les premières victimes", a-t-il estimé

GENEVE: Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes.

"L'IA générative recèle un immense potentiel, mais son exploitation à des fins purement politiques ou économiques peut manipuler, déformer et détourner l'attention", a déclaré le Haut Commissaire Volker Türk lors d'une réunion à Genève (Suisse), soulignant que "sans garanties et réglementations adéquates, les systèmes d'IA pourraient se transformer en un monstre de Frankenstein des temps modernes".

"Le modèle économique actuel des plateformes de médias sociaux alimente déjà la polarisation, l'extrémisme et l'exclusion. De nombreux pays peinent à endiguer ce phénomène", a souligné M. Türk lors d'un forum sur les entreprises et les droits humains.

Et si l'IA générative est porteuse d'"immenses promesses", les droits humains peuvent en "être les premières victimes", a-t-il estimé.

L'exploitation de cette technologie "à des fins purement politiques ou économiques" fait peser une menace "sur plusieurs droits humains, notamment le droit à la vie privée, la participation politique, la liberté d'expression et le droit au travail".

Le Haut Commissaire a averti que ces menaces "pourraient se concrétiser en préjudices qui compromettent les promesses des technologies émergentes et pourraient engendrer des conséquences imprévisibles".

"Il est de la responsabilité des gouvernements de s'unir pour éviter un tel scénario", a insisté M. Türk.

Par ailleurs, le chef des droits humains de l'ONU a mis en évidence une autre menace représentée par la concentration croissante du pouvoir des entreprises et l'"accumulation massive de richesses personnelles et d'entreprises entre les mains d'une poignée d'acteurs".

"Dans certains cas, cela dépasse le poids économique de pays entiers", a-t-il déclaré, insistant sur le fait que lorsque "le pouvoir n'est pas encadré par la loi, il peut mener à des abus et à l'asservissement".

 


L'UE promet 88 millions d'euros en faveur de l'Autorité palestinienne

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  • "Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica
  • Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël

BRUXELLES: Les pays de l'Union européenne vont verser quelque 88 millions d'euros pour aider l'Autorité palestinienne, pressée de se réformer par les Européens, soucieux de son rôle futur dans le cadre du plan Trump pour la région.

"Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica, à l'issue d'une conférence des donateurs à Bruxelles.

Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël.

"Aujourd'hui, nous avons présenté les progrès réalisés dans le cadre de notre programme de réforme nationale, qui est mis en œuvre, pas seulement promis, mais mis en œuvre et en avance sur le calendrier, ce qui a été reconnu par nos partenaires", a indiqué de son côté le Premier ministre palestinien Mohammed Mustafa.

Et cela "en dépit d'un environnement défavorable", a-t-il ajouté, accusant Israël de chercher "à affaiblir l'Autorité palestinienne ainsi que sa capacité à fonctionner".

Mme Suica a réitéré sur ce point les appels lancés par l'Union européenne pour qu'Israël accepte de libérer les recettes fiscales dues à l'Autorité palestinienne, indispensables à son fonctionnement.

"Cela a été dit par tous les participants", a-t-elle assuré.

Concernant Gaza, M. Mustafa a assuré que l'Autorité palestinienne avait un plan, soutenu par les pays arabes pour sa reconstruction. "Nous gouvernerons, nous réformerons et nous dirigerons la reconstruction de Gaza", a-t-il assuré.

L'Union européenne est le principal soutien financier de l'Autorité palestinienne. Elle conditionne toutefois le versement futur de cette aide à des réformes, qu'elle juge indispensables pour que cette Autorité soit en mesure de jouer pleinement son rôle dans le cadre de la solution à deux États, israélien et palestinien, que les Européens défendent depuis des années.

"Tout notre soutien à l'Autorité palestinienne est lié aux efforts pour poursuivre l'agenda des réformes", a rappelé Mme Suica.