En immersion dans le service Covid-19 de l'hôpital Rafic Hariri de Beyrouth

Le directeur de l'hôpital gouvernemental Rafic Hariri, Firas Abiad, sourire aux lèvres, reçoit le vaccin Pfizer le 14 février 2021. (AFP).
Le directeur de l'hôpital gouvernemental Rafic Hariri, Firas Abiad, sourire aux lèvres, reçoit le vaccin Pfizer le 14 février 2021. (AFP).
Le vaccin est enfin là, comme le montre fièrement cette infirmière de l'hôpital gouvernemental Rafic Hariri. (AFP).
Le vaccin est enfin là, comme le montre fièrement cette infirmière de l'hôpital gouvernemental Rafic Hariri. (AFP).
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Publié le Lundi 15 février 2021

En immersion dans le service Covid-19 de l'hôpital Rafic Hariri de Beyrouth

  • Arab News en français s'est rendu à l'hôpital universitaire Rafic Hariri pour suivre en immersion le quotidien du corps soignant. Un quotidien plus marqué par la mort et la résignation que par l'espoir
  • Ce qui n'empêche pas infirmiers et médecins de se battre chaque jour, au-delà de leurs forces pour sauver le plus de patients. Finalement, l'arrivée du vaccin ne change pas grand-chose à leur amer quotidien

BEYROUTH: C’est l’image du jour : le directeur de l’Hôpital Rafic Hariri, Firas Abiad, qui se fait vacciner devant la presse, le ministre de l’Intérieur et celui de la Santé. Des dizaines de journalistes venus voir les premières doses du vaccin Pfizer/BioNTech inoculés au personnel soignant du plus grand hôpital public de Beyrouth. Samedi soir, à l’aéroport de la ville, une boîte blanche sort d’un avion, elle contient 28 500 doses arrivées tout droit de Belgique. Le lendemain, les doses sont réparties dans plusieurs hôpitaux du pays accrédités “centres de vaccination” afin de débuter la campagne.

Alors que la campagne de vaccination a débuté au Liban, les professionnels de santé espèrent voir la tension redescendre dans les hôpitaux. Les libanais eux, peuvent se faire vacciner à partir d’aujourd’hui.

Arab News en français s'est rendu à l'hôpital universitaire Rafic Hariri pour suivre en immersion le quotidien du corps soignant. Un quotidien plus marqué par la mort et la résignation que par l'espoir. Ce qui n'empêche pas infirmiers et médecins de se battre chaque jour, au-delà de leurs forces pour sauver le plus de patients. Finalement, l'arrivée du vaccin ne change pas grand-chose à leur amer quotidien.

Hussein l'infirmier
“Je ne ressens pour l’instant aucune mutation de mon ADN”, plaisante Hussein Khazeml infirmier de 25 ans qui vient d'être vacciné. (Photo capture d'écran).

L’espoir suscité par cette campagne a gagné toute la société libanaise. Sur les réseaux sociaux, le 13 février était comparé au 24 décembre, puis, par le corps médical, vacciné en premier. “Je me sens chanceux d’être dans les premiers à être vacciné. Ce vaccin, c’est le début de la fin de cette pandémie, même s’il faut maintenir la distanciation sociale et le port du masque”, explique Hussein Khazem, infirmier de 25 ans qui s’est fait vacciner ce dimanche, vers 11 heures du matin, accompagné de sa mère. “Je ne ressens pour l’instant aucune mutation de mon ADN”, plaisante-t-il.

"Ici, la mort est partout"

Alicia Reijy, la soixantaine, est fraîchement vaccinée. “Je suis contente d’avoir reçu le vaccin, je n’ai pas peur, tout le monde doit se faire vacciner, et il faut bien une première personne !” explique cette salariée de l’hôpital, qui travaille dans la logistique du nouveau centre de vaccination. Le tout premier vacciné, lui, est un acteur à la retraite, Salah Tizani, arrivé fièrement du haut de ses 93 ans, le poing levé, aidé d’une canne.

Le Liban est actuellement dans sa première phase de déconfinement, après des mesures très strictes prises par les autorités à la mi-janvier. Seuls les magasins de première nécessité sont ouverts, et le pays enregistre toujours plus de 2 000 cas positifs et une cinquantaine de décès par jour en moyenne.

“J’ai l’aval des patients pour les mettre n’importe où, on oublie malheureusement l’intimité, la dignité. Là où il y a une source d’oxygène, il y a un patient”

“Nous espérons qu’avec ce vaccin, nous aurons un peu moins de patients dans nos unités”, explique la responsable de l’unité 2 de soins intensifs. L’hôpital Rafic Hariri compte 4 unités de soins devenues Covid-19, pour une quarantaine de places au total. Cependant, aujourd’hui c’est plus d'une centaine de patients qui sont à l’hôpital, intubés ou avec assistance respiratoire. 

 “J’ai l’aval des patients pour les mettre n’importe où, on oublie malheureusement l’intimité, la dignité. Là où il y a une source d’oxygène, il y a un patient”, explique l’un des responsables des urgences Covid-19 de l’hôpital. “Nous avons entre 60 et 100 personnes qui viennent par jour, nous leur faisons passer un examen médical, puis environ une vingtaine est hospitalisée, d’abord dans la salle des urgences, puis, dès qu’une place se libère dans les unités de soin intensifs, on les transfère”, ajoute-t-il.

Ces unités de soin sont composées de pièces fermées, où des patients, parfois conscients, parfois non, respirent difficilement, allongés sur leur lit. Les médecins et infirmiers, eux, sont sur le qui-vive, réagissant au moindre son des machines qui diffère de la norme. Il est près de midi, le cœur d’un homme de 70 ans lâche. Hussein Khazem revêt une protection supplémentaire et part aider ses collègues qui se relaient pour lui faire un massage cardiaque, accompagné d’injections d'adrénaline.

“Toutes les deux minutes, on change de personne”, explique Hussein. Au bout d’une dizaine de minutes, l’homme se réveille, son cœur repart. L’équipe est soulagée. Au même moment, à quelques mètres de là, une salle vide est nettoyée à la vapeur, technique de désinfection. “Un de nos patients est décédé ce matin, à 7 heures, nous libérons la salle”, explique la médecin en chef. Ici, la mort est partout. “Tous nos patients meurent, soupire Mariam, derrière son ordinateur où elle vérifie les niveaux de saturation d’oxygène des différents patients. C’est la déprime !” Ce jour-là, soixante-six personnes décéderont du Coronavirus. La plupart ont plus de 60 ans, mais des jeunes sont aussi présents à l’hôpital, dans un état critique.

Hussein Khazem revêt une protection supplémentaire et part aider ses collègues qui se relaient pour faire un massage cardiaque à un patient, accompagné d’injections d'adrénaline.

“Nous avons l’un de nos collègues qui est sous oxygène actuellement, raconte Ali Awarki, l’un des infirmiers urgentistes, il a 35 ans. Dieu merci, son état est stable”. Hussein lui, s’occupe d’une patiente de 35 ans également. “Elle était enceinte, on a dû la faire accoucher par césarienne, cela fait deux semaines qu’elle est là, elle se remet de ses infections”. La patiente la plus jeune a dix ans de moins, elle est dans une autre unité, intubée elle aussi, et respire avec difficulté. 

L’unité Covid-19 de l’hôpital est accessible par une porte différente. Devant, des familles de patients attendent des nouvelles. Un homme sort alors en chaise roulante. “Mon héros !” hurle son ami, les larmes aux yeux, il est guéri. Puis, une voiture arrive en trombe en klaxonnant, une femme sort, aidée par son mari, elle a du mal à respirer. “Corona ?”, demande le gardien ; “Oui !”, répond son mari paniqué. Elle sera admise à l’hôpital pour passer des examens médicaux.


Turquie: le chef kurde Öcalan veut agir avec «sérieux et responsabilité»

 Le chef emprisonné de la guérilla kurde Abdullah Öcalan appelle à agir avec "sérieux et sens des responsabilités" pour mener le processus de paix en cours avec la Turquie à son terme, dans un message publié mardi par des députés turcs. (AFP)
Le chef emprisonné de la guérilla kurde Abdullah Öcalan appelle à agir avec "sérieux et sens des responsabilités" pour mener le processus de paix en cours avec la Turquie à son terme, dans un message publié mardi par des députés turcs. (AFP)
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  • "Pour passer à une phase positive, il est essentiel que chacun agisse avec sensibilité, sérieux et sens des responsabilités"
  • Abdullah Öcalan, qui a appelé en février son mouvement à se dissoudre, est détenu à l'isolement depuis 1999 sur l'île prison d'Imrali, au large d'Istanbul

ISTANBUL: Le chef emprisonné de la guérilla kurde Abdullah Öcalan appelle à agir avec "sérieux et sens des responsabilités" pour mener le processus de paix en cours avec la Turquie à son terme, dans un message publié mardi par des députés turcs.

"Pour passer à une phase positive, il est essentiel que chacun agisse avec sensibilité, sérieux et sens des responsabilités", écrit le leader historique du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), auquel une délégation du parti prokurde DEM a rendu visite lundi.

Abdullah Öcalan, qui a appelé en février son mouvement à se dissoudre, est détenu à l'isolement depuis 1999 sur l'île prison d'Imrali, au large d'Istanbul.

Le PKK a annoncé le 26 octobre le retrait vers le nord de l'Irak de ses derniers combattants présents en Turquie, complétant ainsi la première phase du processus de paix initié un an auparavant par Ankara.

Lors d'une cérémonie en juillet, une trentaine de combattants en treillis avaient symboliquement brûlé leurs armes.

Le parti prokurde, troisième force au Parlement, a appelé à "passer à la deuxième phase, à savoir les étapes juridiques et politiques".

"Nous nous efforçons de développer une phase positive, et non une phase destructrice et négative", poursuit M. Öcalan. "L'intégration du phénomène kurde dans toutes ses dimensions dans le cadre légal de la République et un processus de transition solide doivent en constituer le fondement", écrit-il.

Une commission parlementaire transpartisane planche depuis août sur une traduction légale et encadrée de cette transition vers la paix.

Elle doit notamment décider du sort d'Abdullah Öcalan et de possibles garanties de sécurité pour ses combattants.

La libération du leader kurde âgé de 76 ans est au cœur des demandes du PKK. Il a été autorisé en septembre à rencontrer ses avocats pour la première fois en six ans.

Selon des analystes, le PKK est affaibli par des décennies de guérilla qui ont fait au moins 50.000 morts, selon un bilan officiel. Et la communauté kurde, qui représente selon des estimations 20% de la population turque sur 86 millions d'habitants, est épuisée par un long conflit.


Un hôpital de Gaza déclare avoir reçu les corps de 15 prisonniers palestiniens

L'hôpital Nasser, dans le sud de la bande de Gaza, a annoncé mercredi avoir reçu les corps de 15 prisonniers palestiniens dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu avec Israël. (AFP)
L'hôpital Nasser, dans le sud de la bande de Gaza, a annoncé mercredi avoir reçu les corps de 15 prisonniers palestiniens dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu avec Israël. (AFP)
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  • Sur les 28 otages décédés que le Hamas avait accepté de remettre à Israël dans le cadre de l'accord, 21 ont été restitués à ce jour. Israël exige toujours la restitution des sept dernières dépouilles
  • Le mouvement islamiste palestinien a également libéré le 13 octobre les 20 derniers otages vivants retenus dans la bande de Gaza, en échange de la libération de près de 2.000 prisonniers palestiniens

KHAN YOUNES: L'hôpital Nasser, dans le sud de la bande de Gaza, a annoncé mercredi avoir reçu les corps de 15 prisonniers palestiniens dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu avec Israël.

"La dixième série de dépouilles de martyrs palestiniens, soit 15 martyrs", est arrivée "dans le cadre de l'échange de dépouilles entre la partie palestinienne et l'occupation israélienne", a déclaré l'hôpital en précisant que 285 dépouilles ont été reçues dans la bande de Gaza depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre.

Sur les 28 otages décédés que le Hamas avait accepté de remettre à Israël dans le cadre de l'accord, 21 ont été restitués à ce jour. Israël exige toujours la restitution des sept dernières dépouilles.

Le mouvement islamiste palestinien a également libéré le 13 octobre les 20 derniers otages vivants retenus dans la bande de Gaza, en échange de la libération de près de 2.000 prisonniers palestiniens.

Mardi, la branche armée du Hamas a fait parvenir aux autorités israéliennes la dépouille d'une personne, identifiée mercredi comme Itay Chen, un soldat israélo-américain tué à l'âge de 19 ans.

Dans la bande de Gaza, des proches de personnes arrêtées par Israël et qui attendent leur retour ont dit lors de plusieurs remises de dépouilles par Israël que les corps étaient très difficiles à identifier.

Le service de presse du gouvernement du Hamas à Gaza a de nouveau accusé mercredi les autorités israéliennes de refuser de transmettre des listes de noms des personnes dont les dépouilles arrivent dans le territoire palestinien.


Soudan: 40 morts au Kordofan, les combats s'intensifient dans la région

Une attaque dans la ville stratégique d'El-Obeid, capitale régionale du Kordofan-Nord au Soudan, a fait au moins 40 morts, a annoncé mercredi l'ONU, pendant que les violences continuent dans la région voisine du Darfour. (AFP)
Une attaque dans la ville stratégique d'El-Obeid, capitale régionale du Kordofan-Nord au Soudan, a fait au moins 40 morts, a annoncé mercredi l'ONU, pendant que les violences continuent dans la région voisine du Darfour. (AFP)
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  • L'attaque, qui a visé un enterrement, s'est produite mardi sur la ville assiégée par les paramilitaires des Forces de Soutien Rapide (FSR), alors que les combats pour le contrôle de cette région du centre du Soudan se sont intensifiés ces derniers jours
  • "Des sources locales rapportent qu'au moins 40 civils ont été tués et des dizaines de blessés hier dans une attaque sur un rassemblement lors de funérailles"

PORT-SOUDAN: Une attaque dans la ville stratégique d'El-Obeid, capitale régionale du Kordofan-Nord au Soudan, a fait au moins 40 morts, a annoncé mercredi l'ONU, pendant que les violences continuent dans la région voisine du Darfour.

L'attaque, qui a visé un enterrement, s'est produite mardi sur la ville assiégée par les paramilitaires des Forces de Soutien Rapide (FSR), alors que les combats pour le contrôle de cette région du centre du Soudan se sont intensifiés ces derniers jours.

Le conflit entre l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les FSR de Mohammed Daglo a éclaté en avril 2023 et se concentre désormais au Kordofan, région stratégique car située entre la capitale Khartoum, contrôlée par les militaires, et le Darfour, aux mains des paramilitaires.

"Des sources locales rapportent qu'au moins 40 civils ont été tués et des dizaines de blessés hier dans une attaque sur un rassemblement lors de funérailles" à El-Obeid, a déclaré le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha).

Les violences continuent aussi au Darfour, selon l'Ocha, qui fait état de "multiples frappes aériennes et de drones" survenues dimanche, sans pouvoir donner de bilan du fait de l'accès limité au terrain et des difficultés de communications.

"Viols collectifs" 

Depuis la chute aux mains des paramilitaires le 26 octobre de la ville d'El-Facher, dernier bastion de l'armée au Darfour, l'ONU a fait état de massacres, viols, pillages et déplacements massifs de population.

"Nous nous réveillons en tremblant de peur, les images du massacre nous hantent", a témoigné Amira, mère de quatre enfants réfugiée à Tawila, une ville à environ 70 kilomètres d'El-Facher, où s'entassent les déplacés sous des bouts de tissus transformés en tentes ou en auvent.

"C'étaient des viols collectifs. Des viols collectifs en public, devant tout le monde, et personne ne pouvait les arrêter", a-t-elle raconté.

Des images satellite analysées par le Humanitarian Research Lab (HRL) de l'université américaine de Yale, qui documente la situation à El-Facher depuis le début du siège il y a 18 mois, ont permis de mettre en évidence des atrocités sur place.

Ces rapports ont déclenché l'"indignation générale", a déclaré à l'AFP Nathaniel Raymond, directeur du HRL qui croise les vidéos postées par des paramilitaires "en train de tuer des gens à un volume record" avec les images satellites afin de géolocaliser les exactions.

Le patron de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, s'est indigné des "attaques continues visant le système de santé", affirmant que quatre personnes, dont des enfants, avaient été tuées à l'hôpital pédiatrique de la région de Kernoi, au Darfour, près de la frontière du Tchad.

Pourparlers ou combats ? 

L'émissaire américain pour l'Afrique, Massad Boulos, s'est efforcé ces derniers jours, lors d'un déplacement au Caire, de finaliser une proposition de trêve humanitaire formulée mi-septembre sous son égide par un groupe de médiateurs incluant aussi l'Egypte, l'Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis.

Ce groupe de médiation, dit du Quad, travaille sur un plan global de paix pour le Soudan, mais ses dernières propositions sont restées lettre morte.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, avait pourtant exhorté mardi les belligérants à "venir à la table des négociations" et "mettre fin à ce cauchemar de violence".

Mais après avoir étudié la proposition de cessez-le-feu, les autorités pro-armée ont affirmé que la guerre allait continuer.

"Les préparatifs pour la bataille du peuple soudanais se poursuivent", a déclaré le ministre de la Défense, Hassan Kabroun.

Le Conseil de souveraineté présidé par le chef de l'armée, le général al-Burhane, a néanmoins présenté un plan pour "faciliter l'accès à l'aide humanitaire" et "la restauration de la sécurité et de la paix dans toutes les régions du Soudan", selon le compte-rendu du ministre.

 "Malnutrition sévère" 

"La situation sur le terrain est très compliquée", a reconnu la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt.

Plus de 71.000 civils ont fui El-Facher depuis sa chute et quelque 12.000 arrivées ont été enregistrées à Tawila, selon l'ONU.

La guerre entre l'armée et les FSR a déjà fait des dizaines de milliers de morts et près de 12 millions de déplacés, selon l'ONU.

La situation des populations déplacées reste critique, a averti l'Unicef en soulignant que 14,6% des enfants de moins de cinq ans souffraient de malnutrition sévère.