Engagement militaire français au Sahel: une stratégie à redéfinir

 Le président français Emmanuel Macron prend la parole lors d'une réunion par vidéoconférence avec les dirigeants du G5 Sahel alors qu'ils assistent à un sommet de deux jours à N'Djaména, au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 15 février 2021. (Ludovic MARIN/AFP)
Le président français Emmanuel Macron prend la parole lors d'une réunion par vidéoconférence avec les dirigeants du G5 Sahel alors qu'ils assistent à un sommet de deux jours à N'Djaména, au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 15 février 2021. (Ludovic MARIN/AFP)
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Publié le Lundi 15 février 2021

Engagement militaire français au Sahel: une stratégie à redéfinir

  • À Pau, la tendance était au renforcement de la présence militaire française, aujourd’hui, il est plutôt question d’un «réajustement» de cette présence
  • Selon l’Élysée, la victoire ne sera finalement que politique, or les États de la région «sont fragiles et pauvres, il faut donc les aider économiquement»

PARIS: Crise sanitaire oblige, c’est en visioconférence que le président français, Emmanuel Macron, s’est entretenu avec ses homologues du Mali, de la Mauritanie, du Burkina Faso, du Niger et du Tchad, au premier jour du sommet du G5 Sahel. L’un des objectifs de cette rencontre est le «réajustement» de l’engagement militaire français dans la région.

Prévu pour durer deux jours, le sommet se tiendra demain en format élargi avec la participation de plusieurs chefs d’État et de gouvernement, et des dirigeants d’organisations internationales engagées dans la coalition pour le Sahel.

Il y a un an, lors d’un même sommet réuni sous présidence française dans la ville de Pau, Emmanuel Macron avait décidé qu’un «sursaut» était nécessaire dans la lutte contre le djihadisme dans la région. Ce sursaut s’est traduit par l’envoi de 600 militaires français, pour renforcer le dispositif Serval déployé sur la zone, comptant 5 100 soldats.

Selon le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, qui s’exprimait devant le Sénat, le sommet actuel qui se tient sous la présidence du Tchad, sera également l’occasion d’un «sursaut diplomatique, politique et de développement». De quoi s’agit-il?

D’un sursaut à l’autre, il semble que la France s’inscrit désormais dans une logique différente. À Pau, la tendance était au renforcement de la présence militaire française, aujourd’hui, il est plutôt question d’un «réajustement» de cette présence.

«Une réflexion est en cours» sur ce sujet, selon l’Élysée, «le président la mène en lien avec ses homologues sahéliens» et elle sera échelonnée sur plusieurs mois.

C’est une tâche qui doit s’accomplir avec la plus grande prudence, «si on se replie demain, tout repart», affirme l’Élysée.

Plus explicite, la ministre française des Armées, Florence Parly, indique: «Si nous sommes toujours présents dans le Sahel, c’est parce que le projet des groupes terroristes est inchangé: faire régner la charia.»

Les propos de Florence Parly ne signifient pas que depuis le lancement des opérations contre l’État Islamique et Al-Qaïda au Sahel (sous le mandat de l’ancien président François Hollande), aucun progrès n’a été accompli.

Bien au contraire, affirme l’Élysée, qui soutient que le groupe État Islamique est affaibli, divisé et nombre de ses chefs éliminés. Toutefois, le Rassemblement pour la victoire de l’Islam et des musulmans (RVIM) progresse.

Il s’agit d’un groupe proche d’Al-Qaïda, qui enrôle des combattants de force et qui est responsable des pertes françaises sur le terrain. Pour L’Élysée, l’affaiblissement de ce groupe est un objectif prioritaire, mais il est important que le pilier militaire soit soutenu par un pilier politique, d’où la nécessité d’un renforcement des autorités locales.

Sur ce sujet, l’Élysée constate que l’affaiblissement de l’État Islamique dans la zone des trois frontières (Mali, Niger, Burkina Faso), n’a pas engendré le retour souhaité de l’autorité des États dans la région.

Ce nécessaire regain d’autorité sera donc un sujet central au menu du sommet, de même que l’obligation de donner une perspective économique sans laquelle les populations locales seront forcées de se tourner vers les groupes armés.

Selon l’Élysée, la victoire ne sera que politique, au bout du compte, or les États de la région «sont fragiles et pauvres, il faut donc les aider économiquement».

D’où la nécessité de mobiliser les bailleurs de fonds, et d’insister auprès de la communauté internationale sur le fait que sa sécurité est en jeu au Sahel.

Un autre élément nécessaire pour permettre à la France de réussir le «réajustement» de ses troupes au Sahel, c’est de miser sur la montée en puissance de la force européenne «Tabuka».

Lancée à l’initiative de Paris, cette force composée d’unités d’élites et comptant à ce stade quelques centaines d’éléments français , tchèques et estoniens, sera chargée d’accompagner l’armée malienne.

Il est donc clair que ce sommet est celui d’une remise en question du rôle joué par la France au Sahel, pour des raisons multiples.

L’engagement militaire français s’avère long et coûteux, en vies humaines et en moyens financiers.

En moins d’une semaine, la France a perdu cinq de ses soldats au Mali au mois de janvier; quant au coût, il s’élève à environ un milliard d’euros par an.


Laurent Wauquiez dépose une proposition de loi pour interdire le voile aux mineures

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  • Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public
  • Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier

PARIS: Le chef des députés Les Républicains Laurent Wauquiez a déposé lundi une proposition de loi pour interdire aux mineures de porter le voile dans l'espace public, mais son examen rapide semble peu probable et sa constitutionnalité mise en doute par des juristes.

M. Wauquiez veut interdire "à tout parent d'imposer à sa fille mineure ou de l'autoriser à porter, dans l'espace public, une tenue destinée à dissimuler sa chevelure", selon l'article unique de sa proposition de loi.

Il s'appuie notamment sur un rapport sur les Frères musulmans commandé par le gouvernement et publié en mai dernier, relatant l'augmentation "massive et visible du nombre de petites filles portant le voile".

Il estime que "le voilement de jeunes filles" heurte les principes républicains "les plus fondamentaux", tels que la "protection de l'enfant", "la liberté de conscience" et "l'égalité entre les hommes et les femmes".

Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public.

Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier.

En outre, des professeurs de droit public interrogés par l'AFP émettent de sérieuses réserves quant à la conformité avec la Constitution de cette proposition déjà formulée, tout en la circonscrivant aux moins de 15 ans, par le patron des députés macronistes Gabriel Attal en mai - même si celui-ci n'avait pas déposé de texte.

Pour la constitutionnaliste Anne-Charlène Bezzina, elle n'a "aucune chance d'être conforme", rappelant que la loi sur la dissimulation du visage que son texte vient modifier a un motif de "sécurité à l'ordre public" et ne "vise aucune religion en particulier".

Or, M. Wauquiez cible très clairement le voile islamique dans l'espace public, contrevenant "au principe de liberté de religion", ajoute l'enseignante.

Jean-Philippe Derosier, professeur de droit public à l’Université de Lille, se dit également "très réservé".

Bien que le texte se heurte au principe de liberté religieuse, Laurent Wauquiez justifie sa démarche par la "préservation des droits de l’enfant", ce qui est "assez habile", reconnaît-il, mais insuffisant pour garantir sa conformité constitutionnelle.

Assimiler le port du voile par une mineure à "une forme d’asservissement" reste juridiquement fragile. "Incontestablement, une fillette de 9 ans pourrait le faire par mimétisme ou sous l'effet d’une instrumentalisation", observe-t-il. "Mais une adolescente de 16 ans peut davantage le porter par conviction personnelle."

Il rappelle par ailleurs que l’interdiction de dissimulation du visage est justifiée par des raisons de sécurité, avec la nécessité de pouvoir "identifier les personnes", un raisonnement difficilement transposable au fait de se couvrir la chevelure.


Quatre associations musulmanes portent plainte contre un sondage Ifop

Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
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  • Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop
  • Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021

PARIS: Quatre associations du culte musulman ont porté plainte lundi pour dénoncer le manque d'objectivité supposé d'un sondage Ifop sur le rapport des fidèles à l'islam, ont annoncé leurs avocats à l'AFP.

Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop "Etat des lieux du rapport à l'islam et à l'islamisme des musulmans de France".

Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021.

Ce sondage "viole le principe d'objectivité posé par la loi du 19 juillet 1977 relative à la publication et la diffusion des sondages d'opinion", se "fonde sur des questions orientées" et se "focalise sur des résultats minoritaires mis en avant à des fins polémiques", accusent les avocats Mes Raphaël Kempf et Romain Ruiz, dans un communiqué.

Selon eux, le sondage distille "le poison de la haine dans l'espace public", renforçant "les amalgames".

Contacté par téléphone, François Kraus, directeur du pôle politique/actualités de l'Ifop, a indiqué qu'il répondrait à l'AFP par écrit, ce qu'il n'avait pas fait dans l'après-midi.

Le CFCM avait déjà dans un communiqué vendredi déploré "une nouvelle mise à l’index des citoyens français de confession musulmane et de leurs pratiques religieuses", avec des analyses et données "contestables".

L'enquête Ifop, basée sur un échantillon de 1.005 personnes de religion musulmane, a été commandée par le média confidentiel "Ecran de veille", qui se présente comme "le mensuel pour résister aux fanatismes".

L'attention médiatique et politique s'est beaucoup focalisée sur le sous-échantillon des 15-24 ans, constitué de 291 personnes, et révélant une forte pratique (87% se considèrent religieux, 67% disent prier "au moins une fois par jour", 83% font le ramadan)

François Kraus écrit dans sa conclusion sur le site de l'Ifop que "cette enquête dessine très nettement le portrait d'une population musulmane traversée par un processus de réislamisation, structurée autour de normes religieuses rigoristes et tentée de plus en plus par un projet politique islamiste".

Le sondage a provoqué de vives réactions, l'extrême droite y voyant un signe d'"islamisation", tandis que des représentants de la communauté musulmane ont regretté "une stigmatisation".

"A mal poser les questions, on finit toujours par fabriquer les peurs qu’on prétend mesurer", affirmait dans son billet hebdomadaire le recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz.

Le politiste Haouès Seniguer qualifie pour sa part de raccourci "grossier et réducteur" l'idée, sous-jacente selon lui au sondage, qu'une observance stricte de l'islam soit la porte d'entrée mécanique vers l'islamisme.


Macron invité de RTL mardi matin

 Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
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  • Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat Français a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine
  • Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire

PARIS: Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué.

Le président de la République sera notamment interrogé sur la situation internationale, alors qu'une nouvelle réunion de la "coalition des volontaires" au soutien de l'Ukraine est prévue mardi en visioconférence.

Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine.

M. Macron sera aussi interrogé sur "les menaces qui pèsent sur la France", selon le communiqué de RTL.

Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire.