Le président libanais critique Hariri pour ses «informations inexactes et incorrectes»

Le président libanais Michel Aoun (Photo, AFP).
Le président libanais Michel Aoun (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 16 février 2021

Le président libanais critique Hariri pour ses «informations inexactes et incorrectes»

  • Les deux dirigeants sont incapables de se mettre d’accord sur la formation d’un gouvernement et chacun rejette la faute sur l’autre pour l’absence de progrès
  • Le gouvernement continue d’expédier les affaires courantes

BEYROUTH: Le président libanais a critiqué le premier ministre désigné Saad Hariri pour un discours comprenant des « informations inexactes et incorrectes ».

Les deux dirigeants sont à couteaux tirés depuis plusieurs mois. En effet, ils sont incapables de se mettre d’accord sur la formation d’un gouvernement et chacun rejette la faute sur l’autre pour l’absence de progrès.

Hariri est retourné au poste de premier ministre désigné en octobre, presque un an après sa démission sous la pression des revendications de la rue. Quant au gouvernement libanais, il a démissionné après l’explosion du port de Beyrouth le 4 août et  continue d’expédier les affaires courantes.

Dimanche, Hariri a donné un discours télévisé pour commémorer le 16e anniversaire de l’assassinat de son père.

Il a affirmé qu’il n’était pas responsable du blocage politique qui compromettait la capacité du pays à faire face aux nombreux problèmes auxquels il était confronté, notamment la pandémie de coronavirus, une économie en crise et les conséquences de l’explosion du port.

Le premier ministre désigné s’est par ailleurs défendu contre les allégations qui l’accusent d’enfreindre les prérogatives du président quant à la formation d’un cabinet, et de violer les droits des chrétiens, mais a ajouté qu’il « n’a pas permis au président de la République de choisir ses ministres, et particulièrement les ministres chrétiens ».

Un accord non écrit de 1943, le Pacte national libanais, conclu entre le Président Bechara El-Khoury et le premier ministre Riad Al-Solh, a fondé un Liban indépendant en tant qu’État multiconfessionnel.

Il s’agissait d’un accord de partage de pouvoir entre chrétiens et musulmans qui exige que le président soit toujours être un chrétien maronite, le premier ministre un musulman sunnite, et le président du parlement un chiite.

Aoun a répondu à Hariri dans un communiqué.

« Hariri a exploité l’anniversaire du martyre de son père et a inclus dans son discours de nombreuses informations inexactes et incorrectes. Hariri tente d’imposer de nouvelles normes qui sont contraires aux principes, à la constitution et au Pacte national libanais », a indiqué le président.

L’ancien ministre Salim Jreissati a noté que le discours de Hariri était « marqué par une témérité infinie », ajoutant que  « Les droits des chrétiens, que Hariri dit défendre, sont garantis dans le Pacte national, dans la constitution et dans l’accord de Taëf, qui stipule la parité, et personne n’a le droit de dire qu’il a accordé une faveur aux chrétiens et garanti leurs droits ».

L’équipe de Hariri a déclaré lundi qu’elle attendrait les contributions des alliés de Aoun pour surmonter les obstacles associés au président pour faciliter la formation d’un nouveau gouvernement.

Selon le bureau politique du mouvement chiite libanais Amal, les progrès dans la formation du gouvernement ont révélé la « stérilité du débat » qui place les intérêts privés avant l’intérêt national suprême.

Le député du Courant du Futur, Mohammed Hajjar, estime que le Courant patriotique libre, qui est dirigé par le gendre de Aoun, Gebran Bassil, et qui est allié au Hezbollah, tentait d’éviter de former le gouvernement pour se focaliser sur d’autres questions.

« Ils ont toujours cherché à transformer le débat politique en débat confessionnel sous prétexte de protéger les droits des chrétiens », explique-t-il à Arab News.

Hajjar a souligné qu’il était nécessaire que tout le monde assume la responsabilité du blocage politique, en particulier le Hezbollah, et que Hariri avait proposé à Aoun une liste de noms qui devait être discutée.

Hariri continuerait à attendre jusqu’à « Dieu sait quand » parce qu’il est convaincu que son insistance sur un gouvernement de spécialistes non partisans était dans l’intérêt du Liban, arrêterait l’effondrement du pays et permettrait au Liban de recevoir les aides dont il a désespérément besoin de la part de la communauté internationale, a ajouté Hajjar.

Des confrontations armées ont eu lieu dans plusieurs régions du Liban alors que les responsables politiques se battaient pour la formation d’un nouveau gouvernement.

L’un de ces affrontements a eu lieu dans la banlieue sud de Beyrouth entre deux familles pro-Hezbollah.

Il a éclaté dans la nuit du dimanche, et des mitrailleuses et des missiles ont été utilisés. Il a repris lundi à l’aube, faisant un mort et plusieurs blessés. L'armée libanaise est intervenue pour mettre fin à ce conflit.

Il y a également eu un échange de tirs après un incident isolé dans la vieille ville de Sidon, blessant une personne, et les forces de sécurité ont travaillé pour le contenir.

Lundi, des manifestants se sont rendus au port de Beyrouth, au tribunal militaire, au Palais de Justice et à la Place des Martyrs afin de demander que les arrestations cessent et que les responsables de l’explosion du port soient tenus pour responsables.


Liban: plus de 90% de l'infrastructure du Hezbollah démantelée dans le sud

De la fumée s'élève du site d'une attaque israélienne à Ghazieh, près de Sidon, le 18 avril 2025. (AFP)
De la fumée s'élève du site d'une attaque israélienne à Ghazieh, près de Sidon, le 18 avril 2025. (AFP)
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  • Le Hezbollah a retiré ses combattants du sud du Liban et l'armée libanaise y a démantelé la grande majorité de ses infrastructures militaires
  • Un accord de cessez-le-feu a mis fin le 27 novembre dernier à plus d'un an d'hostilités, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le Hezbollah libanais pro-iranien, qui en est sorti très affaibli

BEYROUTH: Le Hezbollah a retiré ses combattants du sud du Liban et l'armée libanaise y a démantelé la grande majorité de ses infrastructures militaires, a affirmé mercredi à l'AFP un responsable de sécurité.

Un accord de cessez-le-feu a mis fin le 27 novembre dernier à plus d'un an d'hostilités, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le Hezbollah libanais pro-iranien, qui en est sorti très affaibli, sa direction quasiment décimée.

L'accord prévoit notamment le démantèlement de l'infrastructure militaire du Hezbollah entre le fleuve Litani et la frontière israélienne, à une trentaine de km au sud, ainsi que le retrait des forces israéliennes du sud du Liban.

L'armée israélienne s'est maintenue dans plusieurs positions méridionales au Liban et continue de mener des frappes meurtrières dans ce pays, disant cibler le Hezbollah.

Seuls l'armée libanaise et les Casques bleus de l'ONU doivent être déployés dans cette région conformément à l'accord.

"Nous avons achevé le démantèlement de plus de 90% de l’infrastructure du Hezbollah au sud du fleuve Litani. Il est possible qu'il y ait encore des sites dont nous ignorons l'existence mais si nous les trouvons nous prendrons les mesures nécessaires", a déclaré le responsable de sécurité sous le couvert de l’anonymat.

Il a ajouté: "le Hezbollah s'est retiré et a dit +Faites ce que vous voulez+. Le mouvement n'a plus de présence militaire au sud du fleuve Litani".

Le responsable a affirmé que l'armée avait "comblé et scellé de nombreux tunnels" creusés par le Hezbollah qui avait construit un vaste réseau souterrain dans le sud du Liban, frontalier du nord d'Israël.

Selon lui, les soldats libanais contrôlent désormais les accès à la région au sud du fleuve "pour empêcher le transfert d'armes du nord au sud du Litani".

De son côté, le président libanais Joseph Aoun a affirmé, dans une interview diffusée par la chaîne Sky News Arabia, que l'armée contrôlait désormais plus de 85% du sud du pays.

M. Aoun, en visite aux Emirats arabes unis, a affirmé que "l’armée remplit son rôle sans aucun problème ni aucune opposition".

Il a précisé que la raison pour laquelle elle ne s’est pas encore déployée sur toute la frontière est "l’occupation par Israël de cinq points frontaliers" stratégiques, alors que l'accord prévoit son retrait complet du Liban.

Le responsable de sécurité a affirmé que la plus grande partie des munitions du Hezbollah rassemblées par l'armée était hors d'usage, "soit endommagée" par les bombardements israéliens, "soit en si mauvais état qu'il est impossible de les stocker" et que l'armée les faisant détoner.


La diplomatie française estime qu'Israël doit faire preuve de « la plus grande retenue » au Liban

Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
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  • l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, Hezbollah.
  • Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

PARIS : La France a exhorté mercredi Israël « à faire preuve de la plus grande retenue » au Liban après la frappe israélienne qui a touché Beyrouth dimanche dernier, et a souligné que le démantèlement des sites militaires du Hezbollah revenait « exclusivement aux forces armées libanaises ».

Malgré un cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après plus d'un an de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, très affaibli, qui affirme de son côté respecter l'accord.

Le week-end dernier, Israël a assuré avoir visé un entrepôt de missiles.

Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

« La France rappelle que le respect du cessez-le-feu s'impose à toutes les parties sans exception afin de garantir la sécurité des populations civiles des deux côtés de la Ligne bleue », la frontière de facto délimitée par les Nations unies, a souligné mercredi Christophe Lemoine, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

« La France appelle donc Israël à faire preuve de la plus grande retenue et à se retirer au plus vite des cinq points toujours occupés sur le territoire libanais », a-t-il ajouté lors d'un point presse.

Une commission regroupant le Liban, Israël, les États-Unis, la France et l'ONU est chargée de superviser l'application du cessez-le-feu.

Beyrouth presse la communauté internationale de faire pression sur Israël pour qu'il mette fin à ses attaques et se retire des cinq positions frontalières où il s'est maintenu dans le sud du pays, malgré l'accord.


Les services de sécurité des Émirats déjouent un transfert illégal d'armes vers le Soudan

Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
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  • Les services de sécurité ont réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises 
  • Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays

ABU DHABI: Les services de sécurité des Émirats arabes unis ont déjoué une tentative de transfert illégal d'armes et d'équipements militaires aux forces armées soudanaises, a déclaré mercredi le procureur général des Émirats arabes unis, Hamad Saif al-Chamsi.

M. Al-Chamsi a déclaré que les services de sécurité avaient réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises après l'arrestation de membres d'une cellule impliquée dans la médiation non autorisée, le courtage et le trafic illicite d'équipements militaires, sans avoir obtenu les licences nécessaires auprès des autorités compétentes.

Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays.

L'avion transportait environ cinq millions de munitions de type Goryunov (54,7 x 62 mm).

Les autorités ont également saisi une partie du produit financier de la transaction en possession de deux suspects dans leurs chambres d'hôtel.

M. Al-Chamsi a déclaré que l'enquête avait révélé l'implication de membres de la cellule des chefs militaires soudanais, notamment l'ancien chef des services de renseignement Salah Gosh, un ancien officier de l'agence de renseignement, un ancien conseiller du ministre des Finances et une personnalité politique proche du général Abdel Fattah al-Burhan et de son adjoint Yasser al-Atta. Plusieurs hommes d'affaires soudanais ont également été impliqués.

Selon les enquêteurs, les membres de la cellule ont conclu un marché d'équipement militaire portant sur des fusils Kalachnikov, des munitions, des mitrailleuses et des grenades d'une valeur de plusieurs millions de dollars.

Les armes ont été transférées de l'armée soudanaise à une société d'importation des Émirats arabes unis en utilisant la méthode de transfert des HAWALADARS.

La transaction a été facilitée par l'intermédiaire d'une société appartenant à un membre fugitif de la cellule travaillant pour les forces armées soudanaises, en coordination avec le colonel Othman al-Zubair, responsable des opérations financières au sein de l'armée soudanaise.

De faux contrats et de fausses factures commerciales ont été utilisés pour prétendre que les paiements concernaient un contrat d'importation de sucre.

L'enquête a conclu que ces transactions avaient été effectuées à la demande du comité d'armement des forces armées soudanaises, présidé par Al-Burhan et son adjoint Al-Atta, en toute connaissance de cause et avec leur approbation. Les membres de la cellule ont été directement chargés de négocier et de finaliser les transactions par Ahmed Rabie Ahmed al-Sayed, une personnalité politique proche du commandant en chef soudanais et responsable de la délivrance des certificats et des approbations des utilisateurs finaux.

Les enquêteurs ont confirmé que Salah Gosh jouait un rôle central dans la gestion du trafic illégal d'équipements militaires aux Émirats arabes unis, en coordination avec d'autres membres de la cellule.

Le groupe a réalisé une marge bénéficiaire de 2,6 millions de dollars (1 dollar = 0,88 euro) par rapport à la valeur réelle des deux transactions, qu'il s'est répartie entre lui et plusieurs complices. La part de Gosh a été retrouvée en possession du suspect Khalid Youssef Mukhtar Youssef, ancien officier de renseignement et ex-chef de cabinet de Gosh.

La cargaison saisie était arrivée à l'aéroport des Émirats arabes unis à bord d'un avion privé en provenance d'un pays étranger.

L'avion s'était posé pour faire le plein et avait officiellement déclaré qu'il transportait un lot de fournitures médicales.

Cependant, la cargaison militaire a été découverte sous la supervision du ministère public, sur la base de mandats judiciaires émis par le procureur général.

Les autorités ont également saisi des copies des contrats relatifs aux deux transactions, de faux documents d'expédition, ainsi que des enregistrements audio et des messages échangés entre les membres de la cellule.

L'enquête a permis de découvrir plusieurs sociétés appartenant à un homme d'affaires soudano-ukrainien, dont une opérant aux Émirats arabes unis.

Ces sociétés ont fourni à l'armée soudanaise des armes, des munitions, des grenades et des drones, en collaboration avec les membres de la cellule et le responsable financier de l'armée.

L'une des sociétés figure sur la liste des sanctions américaines.

Les enquêtes en cours ont révélé que les intérêts financiers et les profits du groupe sont étroitement liés à la poursuite du conflit interne au Soudan.

Le procureur général a souligné que cet incident représentait une grave atteinte à la sécurité nationale des Émirats arabes unis, en faisant de leur territoire une plateforme pour le trafic illégal d'armes à destination d'un pays en proie à des troubles civils, en plus de constituer des infractions pénales punissables par la loi.

Il a conclu en déclarant que le ministère public poursuivait ses procédures d'enquête en vue de déférer les suspects à une procédure judiciaire d'urgence.

Les résultats définitifs seront annoncés à la fin de l'enquête.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com