Les Houthis «menacent le Yémen d’une nouvelle crise humanitaire», avertit l’ONU

Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence de l’ONU, Mark Lowcock, a mis en garde contre l’impact des attaques de Marib sur la population (Photo, AFP).
Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence de l’ONU, Mark Lowcock, a mis en garde contre l’impact des attaques de Marib sur la population (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 17 février 2021

Les Houthis «menacent le Yémen d’une nouvelle crise humanitaire», avertit l’ONU

  • L'intensification des combats a forcé des centaines de personnes qui vivent dans des camps de réfugiés près des champs de bataille à fuir vers d'autres abris à l'intérieur de Marib
  • Un assaut contre la ville «mettrait deux millions de civils en danger avec des conséquences humanitaires inimaginables»

AL-MUKALLA: Le Yémen est au bord d'une nouvelle crise humanitaire alors que les Houthis soutenus par l'Iran poursuivent leur offensive de grande envergure sur la ville centrale de Marib, où plus de 750000 personnes déplacées ont cherché refuge, préviennent des responsables de l'ONU et du Yémen.

Mark Lowcock, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires de l’ONU, a mis en garde contre l’impact des attaques de Marib sur les personnes qui ont fui les combats dans leur ville natale.

«Un assaut contre la ville mettrait 2 millions de civils en danger, et des centaines de milliers pourraient être contraints de fuir, avec des conséquences humanitaires inimaginables. Il est maintenant temps de désamorcer le conflit, de ne pas ajouter encore plus à la misère du peuple yéménite», a déclaré mardi le responsable de l'ONU dans un message sur Twitter, sans évoquer les Houthis.

Plus tôt ce mois-ci, la milice rebelle a repris une offensive militaire majeure sur Marib, le dernier bastion du gouvernement internationalement reconnu dans le nord du pays et une ville riche en pétrole et en gaz, déclenchant de violents combats avec les troupes de l'armée et les tribus alliées qui ont coûté la vie des centaines de combattants des deux côtés.

L'intensification des combats a forcé des centaines de personnes qui vivent dans des camps de réfugiés près des champs de bataille à fuir vers d'autres abris à l'intérieur de Marib.

Évoquant les inquiétudes des Nations Unies concernant la situation humanitaire dans la ville, les responsables du gouvernement yéménite et les travailleurs humanitaires affirment que l’offensive des Houthis a déclenché une nouvelle vague de déplacements de la région de Marib à Serwah pendant que les rebelles cherchent à briser les défenses gouvernementales.

«J'ai vu aujourd'hui quatre familles s'entasser dans une voiture et fuir les combats à Al-Zor dans la région de Serwah», a affirmé mardi Yahiya Hussein, un agent aérien local de Marib, à Arab News par téléphone.

Des dizaines de familles se dirigent encore vers les camps bondés de Marib pour échapper aux combats, a-t-il ajouté.

Hussein, qui a fui Sanaa, la ville contrôlée par les Houthis, en 2016, a révélé que les attaques des milices contre les camps de déplacés se sont multipliées au cours des deux dernières semaines et que de grandes explosions ont contraint de nombreuses personnes à fuir ces camps.

«Les gens ici ont vraiment faim. Ils vivent dans la panique et la peur et n'ont pas de travail », a-t-il confié.

Contrairement à de nombreuses régions yéménites qui connaissent une situation chaotique, Marib jouit de la paix et de la stabilité depuis le début de 2015, devenant un refuge important pour des centaines de milliers de personnes qui ont fui les combats et la répression des Houthis.

Les travailleurs humanitaires locaux et internationaux ont averti que l'invasion de Marib par les Houthis entraînerait certainement un énorme déplacement de la ville vers les autres zones contrôlées par le gouvernement ou même vers les pays voisins.

Hussein a souligné que seule la pression des organisations internationales sur les rebelles peut sauver la ville et le pays d’un réel désastre.

«Les organisations internationales et les groupes de défense des droits de l’homme devraient intervenir sérieusement et fortement en faisant pression sur les Houthis afin qu'ils arrêtent leur offensive contre Marib», a-t-il expliqué.

Les combats se sont intensifiés sur tous les fronts à Marib mardi après une brève accalmie la veille au moment où les forces gouvernementales repoussaient les attaques des milices et réalisaient des gains limités dans la région de Serwah.

Le ministère de la Défense du Yémen a déclaré que les troupes de l'armée et les membres des tribus alliées se sont livrés à de violents combats avec les Houthis, stoppant les progrès des rebelles.

Les avions de guerre de la coalition arabe ont effectué plusieurs sorties, ciblant des renforts militaires houthis qui se dirigeaient vers les champs de bataille de Marib, a indiqué le ministère.

Les frappes aériennes des avions de guerre de la coalition ont fait pencher la balance de la guerre en faveur des forces gouvernementales et ont arrêté les progressions de la milice à Marib ainsi que sur d’autres champs de bataille.

Plusieurs députés yéménites ont appelé le gouvernement à se retirer de l'Accord de Stockholm et à reprendre une offensive militaire contre la ville de Hodeidah, dans l'ouest du pays, dant le but d’atténuer la pression des rebelles sur les forces gouvernementales à Marib.

Mohsen Basurah, vice-président du parlement, a indiqué que les Houthis poursuivaient leur offensive contre Marib malgré qu’ils ont subi de lourdes pertes.

Basurah a également exhorté le président yéménite à lancer une mobilisation générale et à déplacer les unités militaires des zones libérées du sud du Yémen vers Marib de manière à soutenir les forces gouvernementales.

«L'histoire ne nous pardonnera jamais si les Houthis entrent à Marib», a affiché Basurah sur Twitter lundi.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Congrès américain approuve la levée définitive des sanctions contre la Syrie

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
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  • Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar
  • Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis

WASIHNGTON: Le Congrès américain a approuvé mercredi la levée définitive des sanctions imposées par les Etats-Unis contre la Syrie du temps de Bachar al-Assad, devant permettre le retour d'investissements dans ce pays ravagé par des années de guerre civile.

L'abrogation d'une loi dite "Caesar", adoptée en 2019 lors du premier mandat de Donald Trump et qui imposait ces sanctions, figure en effet dans le texte sur la stratégie de défense (NDAA), que le Sénat américain a approuvé mercredi par 77 voix pour et 20 contre.

La Chambre des représentants s'était déjà prononcée la semaine dernière et le texte attend désormais d'être promulgué par le président américain.

Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar. Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis.

Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, a salué sur Telegram le vote du Sénat comme "ouvrant de nouveaux horizons pour la coopération et le partenariat entre notre pays et le reste du monde".

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars.

Bien que son application soit suspendue, de nombreux responsables américains jugeaient qu'elle pouvait nuire à la confiance des investisseurs tant qu'elle n'était pas abrogée.

Le dirigeant syrien Ahmad al-Chareh a été reçu le 10 novembre à la Maison Blanche par le président Trump, une première pour un chef d'Etat syrien depuis l'indépendance du pays en 1946 et une consécration pour l'ancien jihadiste qui, en moins d'un an au pouvoir, a sorti son pays de l'isolement.

Donald Trump l'avait déjà rencontré lors d'un voyage dans le Golfe en mai, annonçant alors la levée des sanctions américaines.

Après 13 ans de guerre civile, la Syrie cherche à garantir des fonds pour sa reconstruction, dont le coût pourrait dépasser 216 milliards de dollars, selon la Banque mondiale.

"L'abrogation aujourd'hui de la loi Caesar est une étape décisive pour donner au peuple syrien une véritable chance de se reconstruire après des décennies de souffrances inimaginables", s'est félicité la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen.


Les principales villes du Soudan privées de courant après des frappes de drones sur une centrale

Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
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  • Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale
  • Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des FSR

PORT-SOUDAN: Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP.

Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale.

Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Le gouvernement de l’État du Nil a confirmé la mort des deux secouristes dans un communiqué officiel.

Cette station est un nœud stratégique du réseau électrique soudanais, recevant l’électricité produite par le barrage de Merowe — la plus grande source d'énergie hydroélectrique du pays — avant sa redistribution vers plusieurs régions.

Des témoins ont également indiqué qu’aux alentours de 02H00 (minuit GMT), les forces de l’armée régulière avaient activé leurs systèmes de défense antiaérienne, rapportant avoir vu des flammes et de la fumée s'élever au-dessus de la ville contrôlée par l'armée en guerre depuis avril 2023 contre les FSR.

Les coupures d’électricité se sont étendues à plusieurs États, notamment ceux du Nil, de la mer Rouge — où se trouve Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement pro-armée — ainsi qu’à la capitale Khartoum, selon des témoins, l'incendie n'étant toujours pas maitrisé.

Les FSR n’ont jusqu'à présent pas commenté l'attaque.

Ces derniers mois, les FSR ont été accusées de lancer des attaques de drones sur de vastes zones contrôlées par l’armée, visant des infrastructures civiles et provoquant des coupures de courant affectant des millions de personnes.

La guerre, qui a éclaté en avril 2023, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué "la pire crise humanitaire au monde", selon l'ONU.


Série de raids israéliens sur le Liban, Israël dit viser le Hezbollah

Des soldats libanais sécurisent le site d'une frappe israélienne par drone qui a visé un camion dans le village de Jadra, au sud de Beyrouth, au Liban. (AFP)
Des soldats libanais sécurisent le site d'une frappe israélienne par drone qui a visé un camion dans le village de Jadra, au sud de Beyrouth, au Liban. (AFP)
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  • Israël a mené des raids aériens contre le sud et l’est du Liban, affirmant viser des infrastructures militaires du Hezbollah
  • Ces frappes surviennent à la veille d’une réunion du mécanisme de surveillance du cessez-le-feu, toujours fragile

BEYROUTH: L'aviation israélienne a lancé jeudi matin une série de raids contre le sud et l'est du Liban, selon l'agence de presse officielle libanaise, Israël affirmant viser des infrastructures du Hezbollah pro-iranien.

Ces frappes interviennent à la veille d'une réunion du groupe de surveillance du cessez-le-feu en vigueur depuis fin novembre 2024, qui comprend, outre le Liban et Israël, les Etats-Unis, l'ONU et la France.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani), des raids ont visé plusieurs régions du sud du Liban, frontalier d'Israël, ainsi que des zones montagneuses de la Békaa (est), un bastion du Hezbollah.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a affirmé avoir frappé "plusieurs structures militaires du Hezbollah où des armes étaient stockées, et à partir desquelles les terroristes du Hezbollah ont continué d'opérer récemment".

Deux personnes avaient été tuées mardi dans deux frappes israéliennes qui avaient visé une camionnette au sud de Beyrouth et une voiture dans le sud du Liban. L'armée israélienne avait affirmé avoir visé des membres du Hezbollah.

Malgré le cessez-le-feu qui a mis fin il y a plus d'un an à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier poursuit ses frappes au Liban, qui ont fait environ 340 morts selon une compilation de l'AFP sur la base des chiffres du ministère de la Santé.